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Cheap Satanism Records

Peut-être le dernier label indépendant belge...


Lundi 25 avril 2011

Partons à la découverte de ce qui sera peut-être le dernier label belge indépendant...
Vincent fondateur et homme à tout faire du label nous en dit un peu plus sur sa relation avec le malin.






Salut Vincent, commençons par une petite présentation… Dis nous un peu qui tu es.

Je crois que l’histoire me mentionnera comme l’un des derniers belges à avoir lancé une maison de disque.
Plus sérieusement, je ne suis pas un musicien. Je suis juste un passionné qui avait suffisamment d’économie à perdre pour se lancer dans l’industrie du disque.



Tu as créé le label bruxellois, Cheap Satanism Records. Comment t’est venue l’idée de monter un label ?

En observant b.y_records, un autre petit label indépendant dont je connaissais bien les fondateurs. J’ai trouvé cela passionnant. Cela a joué autant sur le plaisir qu’on pouvait retirer à faire connaître une musique qu’on apprécie vraiment que sur la satisfaction de se masturber intellectuellement sur des questions aussi insolubles que “Y aura-t-il une vie après le support physique?” J’ai d’ailleurs fait mes débuts dans le monde des labels sur b.y_records en m’occupant de la sortie du premier album de Mrs Okkido dans lequel on retrouvait déjà Gil Mortio et Clement Nourry de Joy As A Toy
Joy As A Toy


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. J’ai cependant rapidement éprouvé le besoin de lancer ma propre structure, car il y avait des groupes que je voulais sortir qui n’auraient pas spécialement cadrés avec la ligne éditoriale de b.y_records.





As-tu signé un pacte avec le diable pour connaître la gloire et le succès avec ton label ?

J’aimerais bien, mais toutes ses lignes sont occupées. Il est fort sollicité pour l’instant le garçon.
Ceci dit, le diable n’est peut-être pas le bon cheval sur lequel miser. Je ne sais pas si tu sais, mais l’un des hits en France de l’année 2010 a été le disque “Spritus Dei” interprété par un groupe nommé “Les prêtres”. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas une nouvelle potacherie comme la France nous en a livrée par palette entière. Ce sont vraiment des prêtres qui chantent des trucs d’Obispo, Cabrel et même Leonard Cohen
Leonard Cohen
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(http://en.wikipedia.org/wiki/Spiritus_Dei). J’espère qu’ils reprendront du Mayhem
Mayhem


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ou Bathory
Bathory


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sur le deuxième album.



Cheap Satanism Records, c’est un nom de label qui claque ! Est-ce juste un nom ou bien une « politique » affichée pour le label ?

Merci. Jusqu’à présent, le nom suscite rarement l’enthousiasme auprès des francophones. Ce sont surtout les étrangers qui accrochent au nom. Je crois que les francophones ont tendance à se focaliser sur le mot “satanism”. On est pourtant pas bien méchant, “Cheap Satanism Records” est une traduction littérale des “Disques de satanisme à 2 balles”. Le nom trouve son origine dans un mail du groupe Keiki
Keiki


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qui commençait par l’invitation “Bonjour les amis du satanisme à 2 balles”.
Cheap Satansim Records était donc juste un nom qui claque. C’est par la suite que j’ai défini une politique en accord avec le nom. C’est une politique très souple. Il faut juste que les groupes signés sur Cheap Satansim Records soient liés de près ou de loin avec le satanisme ou des mouvements anticléricaux. Ce lien peut se faire autant via le titre d’un morceau que sur une anecdote autour du groupe. En attendant, je suis intransigeant: ce lien doit exister d’une manière ou d’une autre.



Le label est encore jeune… Pourrais-tu nous présenter ton catalogue actuel ?

Le catalogue est déjà bien fourni. Le label n’a même pas un an et demi qu’il compte déjà 6 sorties. Je dois avouer que je suis moi-même surpris par la vitesse à laquelle elles se sont empilées.
Dans l’ordre, il y a d’abord Keiki
Keiki


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, duo de noisy pop quelque part entre Blonde Redhead
Blonde Redhead


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et The Kills
The Kills


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. Le groupe proclame jouer de la “satanic pop”. Ensuite est arrivé un duo canadien de synthpop nommé Trike. Il a composé un album dans une maison hantée par les fantômes de Vikings enterrés dans un cimetière voisin. Puis, on retrouve Joy As A Toy
Joy As A Toy


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, un trio de power rock aux accents progressif qui se vend comme héraut du “vampire rock”. Après, la chanteuse de Keiki
Keiki


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a formé Baby Fire
Baby Fire


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, un duo d’indie rock souvent catalogué “riot grrrl”. Le nom du groupe trouve son origine dans un entretien avec l’amant cannibale d’un tueur en série. Enfin, Vitas Guerulaïtis
Vitas Guerulaïtis


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, un trio français insaisissable quelque part entre le punk et le krautrock, est le dernier arrivé. Il m’a promis un morceau de 666 secondes.
Comme tu le remarqueras, un autre critère est occupé à s’imposer accidentellement: Cheap Satanism Records ne signe que des duos et trios.
J’aurais aussi pu parler de The Real Brussels Sound Revolution, une blague dont la sauce n’a pas prise. C’est parti d’un échange que j’ai eu avec Serge Coosemans (journaliste, blogueur et DJ). Lorsque le dernier gouvernement belge est tombé sur la question Bruxelles-Halle-Vilvoorde (BHV), on a rigolé sur l’idée de singer le hit new beat des années 80 "Qui?" en remplaçant le refrain “VDB / Tu ne vas pas crever” par “BHV / Tu vas nous faire crever”. Quelques semaines plus tard, j’étais dans le studio dans lequel a été enregistré “J’aime la vie” de Sandra Kim avec les musiciens de Joy As A Toy
Joy As A Toy


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. Ils m’ont pondu une version disco-latino-punk de la mélodie. On a ensuite mixé tout cela avec une série de samples que j’avais enregistrés lors de la soirée électorale qui a suivi. On espérait que ce truc devienne un buzz mais le compteur a péniblement dépassé les 550 vues. Bref, cela a été un plantage royal. Je reste néanmoins très fier du résultat.





Comment un groupe se retrouve-t-il sur Cheap Satanism Records ?

Il faut que j’aime vraiment bien la musique que le groupe aimerait / pourrait sortir sur Cheap Satanism Records et que le courant passe bien avec les membres du groupe. A mon échelle, je ne veux pas travailler avec des groupes avec qui les rapports seraient strictement professionnels. Quand ces conditions sont rencontrées et que le groupe est prêt à me suivre, on voit comment on peut les faire rentrer mes critères sataniques.
A part ça, cela t’intéressera peut-être de savoir qu’hormis Vitas Guerulaitis
Vitas Guerulaitis


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qui est venu vers moi, je suis allé chercher chaque groupe.



À ton avis, de combien de temps auras-tu besoin pour atteindre les 666 sorties du label ?

Plus vite que tu le penses. Je suis occupé à tricher histoire de dire que Cheap Satanism Records est vraiment satanique! Personne ne va peut-être s’en rendre compte, mais on a sauté la sortie numéro 5. Initialement, l’album de Baby Fire
Baby Fire


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devait sortir après une réédition digitale du premier album de Keiki
Keiki


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. Cette réédition aurait dû avoir le numéro de catalogue “CHEAP666/005”. Finalement, on n’a pas eu de temps à consacrer pour faire cette réédition convenablement. C’est donc l’album de Baby Fire
Baby Fire


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qui allait se prendre le numéro “CHEAP666/005”. Le hic est que Diabolita (la chanteuse de Baby Fire
Baby Fire


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) s’était déjà faite à l’idée que son album sortirait sous le numéro plus satanique “CHEAP666/006”. J’ai donc décidé qu’on sauterait les numéros de sortie multiples de 5. 5 a une symbolique trop catholique de toute façon.





On dit que l’industrie du disque va mal. Que internet et le téléchargement (illégal) tuent la musique. En tant que jeune label indépendant, quel est ton avis sur la question ?

Je crois que les études ont montré que c’est la conjonction du téléchargement illégal et l’arrivée de nouveaux produits culturels de masse que sont les DVD, les jeux vidéos et le marché autour des téléphones portable qui ont fait chuter de façon vertigineuse les ventes de disque. Je fais donc partie de ceux qui trouvent que le téléchargement illégal n’est qu’une petite partie du problème. C’est autant plus vrai que le téléchargement est occupé à faire place aux plateformes d’écoute “en streaming” comme Deezer, Spotify et cie qui, elles, sont légales. Je pense même que dans quelques années, le téléchargement illégal va même devenir un phénomène marginal. Les gens pourront écouter légalement toute la musique qu’ils veulent sans jamais télécharger quoi que ce soit grâce à Deezer, Spotify, Amazon et cie. Malheureusement, les petits seront pourtant toujours dans la même mouise, car le modèle économique derrière est vraiment désavantageux pour la majeure partie des labels indépendants qui sont - peu de gens en conscience - rétribués en millième de centime par écoute. Autant dire qu’avec un tel ratio, on n’arrive même pas à produire un album même en cumulant un million d’écoutes! Les majors et les gros indépendants, eux, ont le privilège de pouvoir négocier des licences avantageuses. De toute façon, je pense qu’ils ont encore quelques années avant que le nombre nombre de copies physiques vendues ne soit plus assez significatif pour que ce soit un business rentable. Pour les petites et moyennes structures, c’est bien entendu une autre histoire. L’effort à fournir pour vendre un disque est démesuré. J’ai bien peur qu’il y en a très peu d’entre nous qui rentre réellement dans leur frais.
Alors, je ne sais pas du tout vers où on va. Certains militent pour une licence globale qui serait en partie financée par des taxes sur les fournisseurs d’accès internet. Moi, je n’y crois pas du tout. Comment serait redistribué tout cet argent collecté? Si c’est via les sociétés de droit d’auteur, il risque encore d’avoir pas mal d’exclus. D’autres pensent qu’il faut tout miser sur le merchandising, mais dans ce cas, pourquoi ne pas faire du stylisme au lieu de la musique? Enfin, beaucoup pense que la scène est la solution. Là, si le public réalisait à quel point les cachets en vigueur sont généralement ridicules, peut-être qu’il se mettrait à racheter des albums pour soutenir les artistes qu’il aime



Cheap Satanism Records organise aussi des concerts. Une simple envie personnelle ? Une nécessité pour faire parler du label ? Une stratégie promotionnelle pour tes groupes ?

Les trois.
C’est souvent très chouette sur le plan humain de pouvoir inviter des groupes que l’on aime. Bon, des fois, il s’avère que ce sont des gros crétins, mais, à mon niveau, cela reste une exception.
Ensuite, de fait, l’espace médiatique est tellement rikiki en Belgique francophone que c’est vraiment utopique d'espérer se faire connaître par les médias. Les soirées Cheap Satanism Records permettent donc d’imposer le nom par la force.
Enfin, cerises sur le gâteau, cela permet d’offrir à mes groupes l’occasion de se produire en bonne compagnie.
Pour terminer, il faut aussi réaliser qu’à Bruxelles, un travail comme le mien commence vraiment à être important. Les gros acteurs que sont le Botanique et l’Ancienne Belgique sont de moins en moins aventureux dans leur programmation. C’est, je pense, principalement lié à la mode. Après des années de revival post-wathever en tout genre, on entre à nouveau dans une ère où une certaine pop insipide domine. Je ne citerai pas de noms. Il y a donc une série de groupes n’entrant pas du tout dans ce format-là qui tournent et qui n’auraient pas la possibilité de jouer dans la capitale s’il n’y avait pas des petits acteurs indépendants qui prenaient le risque de les inviter. Il suffit de voir, le nombre de groupes qui n’ont fait qu’une ou deux dates en Flandre sans passer par Bruxelles ces 2 dernières années pour s’en rendre compte.





Quel est l’avenir proche ou lointain de Cheap Satanism Records ? Des signatures en vue ? Des sorties prévues ? Des concerts programmés ?

Il y a le premier album de Vitas Guerulaïtis
Vitas Guerulaïtis


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qui sortira fin mai. A la rentrée, il y aura un nouveau Joy As A Toy
Joy As A Toy


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et Keiki
Keiki


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. Joy As A Toy
Joy As A Toy


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immortalisera sur disque le répertoire inspiré par Goblin que je leur ai commandé dans le cadre la 1ère ZomBIFFF Night. Le résultat a été largement au-dessus de mes espérances et nombreux sont ceux qui ont vu la prestation qui ont fini véritablement sur le cul. Keiki
Keiki


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impressionnera sûrement la galerie avec un album qui comptera quelques invités prestigieux. Le premier que l’on peut citer est Pete Simonelli d’Enablers
Enablers


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. Enablers
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sera d’ailleurs la tête d’affiche de la soirée des 2 ans de Cheap Satanism Records qui aura lieu le vendredi 21 octobre au Magasin 4.
Plus proche de nous, il y a une date que je fais en collaboration avec le Magasin 4 avec Joy As A Toy
Joy As A Toy


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, Extra Life
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et OvO
OvO


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. Le 21 mai, toujours au Magasin 4, je ferais un DJ set en after-party de la colonie de vacances (Marvin
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, Pneu
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, Papier Tigre
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, Electric Electric
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) sous le pseudo fin et subtil de La Coloscopie des Vacances.
A part ça, pas de signatures à dévoiler. Ce serait trop présomptueux de ma part.

http://www.cheapsatanism.com
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