C'est de Lviv, en Ukraine, à seulement quelques kilomètres de la frontière polonaise, que nous vient Gravitsapa, groupe de math rock expérimental emmené depuis bientôt dix ans par Sasha Jabowsky. Lorsque l'on connaît l'effervescence de la scène métal dans cette grande ville universitaire (1914 et surtout Nonsun dont le dernier album, Black snow desert, est une grande réussite de l'année 2016) et les influences dont se revendique Gravitsapa (le jazzman Jim Black, les classiques Shostakovich et John Cage, le guitariste Robert Fripp, les réalisateurs Jodorowsky et Bela Tarr ou la théosophe Helena Blavatsky), une furieuse curiosité commence à nous consumer à l'heure d'écouter leur nouvelle production intitulée Demo 2.
Troisième démo pour un groupe qui, après des débuts math rock (avec vocaux) plutôt classiques, donne ici douze titres d'un style mieux défini ; mieux contenu. Cela reste du math rock, voire math core (Laughter as defence reaction), instrumental et beaucoup plus expérimental. Le premier titre, Tonik, donne le ton: guitares et drums très math rock, ruptures en tous genres et utilisation de nombreuses « tape reverse ». L'incroyable cohérence de cette démo, douze titres durant, est le petit supplément d'âme du nouveau Gravitsapa ; l'impression de la perpétuelle déclinaison d'un thème expérimental qui s'entrouvre et se délie aussitôt.
Petit bémol quant aux trop nombreuses « tape reverse » utilisées (à l'exception, quasi notoire, du très bon Ryb), mais si l'on est fan de Nitkowski et de Se'nam Palmer, c'est avec un réel plaisir que l'on découvrira la nouvelle cohérence, le nouveau son, en en mot la nouvelle unité du groupe ukrainien.
Gravitsapa a trouvé son créneau et cela donne envie de continuer à les suivre...
