Reportage

Black Country, New Road en pleine lumière et sans Sunglasses

Bruxelles (Botanique), le 24-10-2021

Mardi 26 octobre 2021



Intronisés next big thing de la bouillonnante scène Post-Punk anglaise, sur la foi d’un double single, les Black Country, New Road
Black Country, New Road


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faisaient gentiment monter la pression depuis 2019 et entretenaient intelligemment le buzz autour de la parution de leur premier long-format. Un clip (réussi) par-ci, une live session à la BBC (réussie aussi) par-là, doublés d’une communication discrète mais efficace, on voyait bien que la machine huilait ses rouages et que tout le monde se préparait pour la déferlante BCNR. Et puis le Covid est arrivé là-dessus, la machine s’est grippée, tout le monde est rentré chez soi et ce sont les tutoriels dédiés à la confection de masques qui se sont mis à faire le buzz sur internet. La première véritable tournée européenne programmée au printemps 2020 a été logiquement annulée. Et quant à la tournée organisée en support de l’album finalement paru en février dernier, un peu en catimini : eh bien la voici enfin, avec huit mois de retard.

La bonne nouvelle est que la crise sanitaire n’aura pas eu raison de la mise sur orbite du phénomène Black Country, New Road
Black Country, New Road


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: l’immense majorité des 32 dates de ce For the First Time Tour affiche sold out, dont, bien sûr l’étape bruxelloise.

Lorsque les Anglais.e de Drug Store Romeos investissent la scène d’une Orangerie encore clairsemée, on se demande spontanément ce qui a bien pu leur arriver pour les mettre dans un état pareil. Le visage fermé, le regard perdu dans le vague, le trio n’a vraiment pas l’air dans son assiette et lance son set d’une manière très mécanique qui se marie mal avec le son Dream Pop qu’il propose. Musicalement, les vocaux féminins très éthérés évoquent immanquablement Beach House
Beach House


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, avec un peu plus de sucre dans les mélodies et un côté enfantin parfois, tandis que les claviers oscillent entre Lo-Fi et Easy Listening, la section rythmique apportant une touche Psyché bien sentie. Le ton est juste et la balance parfaitement équilibrée. Mais voilà, les Anglais.e sont là tout en donnant l’impression qu’ils pourraient aussi bien être ailleurs. De fait, cette rencontre avec le public belge sonne assez comme un rendez-vous manqué.



Entre-temps, l’Orangerie s’est bien remplie. Parmi le public, qui n’est pas aussi uniformément jeune qu’on aurait pu le penser a priori, on aperçoit quelques tee-shirts de Tool
Tool


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ou d’Amenra
Amenra


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, signe que les Anglais.e.s essaiment bien au-delà de leur cercle Indie Rock de référence.

L’entrée en scène se fait en file indienne sous une intro Hip-Hop pour les quatre garçons et trois filles de Black Country, New Road
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, modèle d’une parité suffisamment rare dans le monde de la musique pour être signalée. Quand on entend la clameur qui s’élève alors de l’Orangerie pleine à craquer, on se dit que la partie est déjà gagnée. Une impression confirmée dès les premières notes d’Instrumental, la plage d’ouverture de For the First Time. Avec cette composition chamarrée aux intonations Klezmer, qui résonne d’un écho festif bien agréable par les temps qui courent, les BCNR rappellent d’emblée que leur définition du Post-Punk dépasse très largement le cadre d’un style encore très axé sur les guitares et les accords barrés.

Athen’s, France, l’un des deux singles qui ont mis le feu aux poudres en 2019, déboule ensuite et produit son petit effet sur un public prêt à démarrer au quart de seconde. Pourtant, malgré l’enthousiasme qui monte du parterre, les musicien.ne.s ne se dérident pas, demeurant très statiques et évitant même de regarder leur auditoire pourtant tout acquis à leur cause. À l’exception du batteur et du saxophoniste qui sont tous deux complètement en phase avec l’espace scène et qui prennent un plaisir visible à être là, les autres membres entretiennent une réserve surprenante et, pour le dire franchement, plutôt déconcertante vue de la salle. Intimidation ? Pression du live ? Ou plus simplement mauvaise journée ? Nous ne le saurons pas, ce d’autant plus qu’Isaac Wood, le chanteur guitariste qui paraît bien isolé à l’extrémité jardin de la scène, ne communique guère entre les morceaux.



Un premier titre de l’album à paraître en février 2022 est interprété et révèle une facette Folk teintée de mélancolie tzigane, un peu à la Beirut ; un titre qui tutoie la dizaine de minutes, organisé autour de plusieurs séquences, dont un très beau dialogue entre le saxophone et le violon, et qui laisse augurer du meilleur pour la suite. Chaos Space Marine, le premier single teasé depuis mi-octobre, confirme que les Black Country, New Road
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ont aussi envie de compositions plus directes, plus simples diront certain.e.s. Et sur ce titre, on a un peu l’impression que le collectif reprend les choses là où Arcade Fire
Arcade Fire


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n’aurait jamais dû les laisser il y a une quinzaine d’années. Avec cette British touch très caractéristique en plus.

On comprend dès lors que cette tournée est autant celle du premier album que du second à paraître dans trois mois et on se prépare donc à quelques surprises. Mais il y a toujours cette retenue, cette espèce de crispation latente sur scène qui font que le plaisir n’est pas total côté salle.

Et puis, de façon complètement inattendue, le groupe semble comme trouver son second souffle au tournant de la première demi-heure. La matière prend forme, la narration gagne en souplesse et en fluidité, la musique respire, on sent la vie sur scène, enfin ! et le set prend un tour totalement différent.



Cette deuxième partie de concert sera quasi-exclusivement axée sur Ants from Up There à paraître le 4 février prochain chez Ninja Tune. Interpréter des nouveaux morceaux non-encore publiés est souvent synonyme de pression. En l’occurrence, cela n’est absolument pas le cas. Les musicien.ne.s semblent même comme libéré.e.s d’un poids tout à coup, les premiers sourires apparaissent enfin sur les visages, le lâcher-prise est manifeste, palpable, et c’est assez spectaculaire à voir et à entendre. Cela signifie-t-il que le collectif en aurait déjà assez de son premier opus et serait pressé de passer à la suite ? C’est une possibilité qui expliquerait également le parti-pris de ne pas jouer Sunglasses, le titre qui a pourtant tout lancé et que, très honnêtement, personne dans la salle n’était préparé à ne pas entendre ce soir.



Toujours est-il que, dès lors, la performance s’envole crescendo jusqu’au dantesque Basketball Shoes et ses quinze minutes d’explorations sonores tous azimuts qui laissent à penser que les Black Country, New Road
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en ont autant sous le pied que sous le cuir chevelu. À lui seul, ce morceau, qu’on découvre pourtant, fait oublier l’absence de Sunglasses et une entame de concert en demi-teinte. En dix titres sans rappel, les Londonien.ne.s sont encore parvenu.e.s à porter à 75 minutes un set annoncé pour durer 1 heure, transformant cette soirée en petit privilège pour les quelque 650 spectateur.rice.s qui ont pu y accéder.

Si la pochette de leur premier album montrait des jeunes gens s’élançant vers le sommet d’une colline, au vu de la prestation délivrée ce soir au Botanique, on peut légitimement penser que c’est une montagne que les Black Country, New Road
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s’apprêtent à gravir. On les reverra sans doute très vite (et avec grand plaisir) ; dans une salle de cette capacité, c’est beaucoup moins sûr.
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AUTEUR : Olivier
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le me...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux presta...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....

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