Reportage

Forever Pavot : ''Pan ! Pan ! Pan ! La Pantoufle ou la vie !''

Bruxelles (Botanique), le 13-03-2018

Vendredi 23 mars 2018



Pour celles et ceux qui l'ignoraient encore, cela fait près d'une double paire d'années que Forever Pavot
Forever Pavot


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, l'ambitieux projet d'Emile Sornin, s'approprie haut la main ce que l'on pourrait appeler une place de chef de file de la pop psyché baroque frenchy. Poulain du label Born Bad Records, il a sorti en 2014 un excellentissime et détonnant premier opus (« Rhapsode ») laissant déjà apercevoir un univers sonore des plus colorés et des plus riches qui soient. Et c'est avec brio qu'il passe le cap du ''toujours difficile'' deuxième effort avec un ovni intitulé « La Pantoufle » tout aussi convaincant, puissamment sixties, nappé de références cinématographiques onctueuses et arrosé d'une bonne dose d'autodérision. Y a pas à dire, ce rock made in France a de la gueule, devrions-nous dire, de la margoulette ! ... C'est donc non sans une certaine excitation de découvrir ce fameux phénomène en live que nous avons rallié le Botanique et sa Rotonde sans oublier bien sûr d'enfiler nos charentaises afin de passer un agréable et planant moment.


On verse dans l'absurde dès les premières mesures. Le band, après avoir pris possession de la scène, balance un premier titre à l'humour croustillant : La pantoufle est dans le puits... Ah oui j'oubliais ! Exit l'anglais pour ce second opus, place à la langue française et tout ce qu'elle peut nous offrir de narratif. C'est une véritable histoire qui nous est contée à chaque morceau, le tout dans une ambiance embrumée, à coups de grandes enjambées psychédéliques. L'ombre du Grand Serge plane inévitablement. Une première salve complètement barrée donc où l'on s'interroge sur ce qu'a bien pu devenir cette satanée pantoufle... Emile se tient assis derrière son clavier à droite sur la scène lui conférant une vue d'ensemble afin d'adresser de nombreux regards complices à ses musiciens. Ces derniers sont d’ailleurs particulièrement en verve. Un guitariste au t-shirt ‘Tamla Motown’ inspiré, un batteur tatoué détonnant, un bassiste particulièrement inventif sur ses lignes free-jazz sans oublier un claviériste au four et au moulin quand il s’agit de passer de la flûte aux percus. On n'en finit pas de déguster cette bande originale digne des meilleurs polars français des années 70 et l'on s'en ressert même une louche avec La soupe à la grolle, amusant hors-d’œuvre emmené par un somptueux son de clavecin sous cris de corbeaux avant qu’une délicate flûte ne vienne les rejoindre ('grolle' signifie en effet 'corbeau' en patois charentais dixit Sornin himself).



Ambiance ‘Faites entrer l’accusé’ pour la suite avec Hutre où la douce voix d’Emile se noie dans un tourbillon d’effets robotiques attendant qu’un gars de la PJ lui lise ses droits. On a l’effet d’un zapping frénétique entre un drame policier qui se joue sur la Une et un classique de science-fiction rétro sur la Deux quand on ne sait que choisir… Comme si Michel Legrand convoquait Philippe Katerine en pleine nuit (faut s’imaginer la scène !). On accélère légèrement la cadence avec Joe & Rose, véritable Ballade de Melody Nelson des années 2010 et voilà notre hôte qui passe derrière les fûts laissant se révéler à qui en doutait encore son sobriquet de ‘baladin touche à tout’. La rythmique est cinglante, puissante, complexe à la limite du prog’. Et les instruments analogiques y sont sans doute pour beaucoup à l’image d’un Ça lance au texte complètement barré. L’ambulance passe pendant le magnifique instrumental Les cordes où l’on se rend compte que serrer trop fort, ça peut aussi faire du bien (à bon entendeur). On aurait pu être rassasié à satiété mais voilà qu’arrive Le beefteak (sic), pavé au goût sublime, riche et luxuriant à l’image de ses arrangements et rythmiques (on en revient) habilement valorisés avant que les hypnotisants et planants Les cagouilles et Les cigognes nénuphars viennent apporter une légèreté bienvenue.



Revoilà ensuite une ligne de basse tonitruante qui introduit Cancre, un chef d’œuvre instrumental orageux qui aurait entièrement sa place dans les polars de Jean-Pierre Melville. C’est déjà l’heure pour nos troubadours de quitter une première fois la scène mais ils nous reviennent immédiatement pour entamer un morceau qui est toujours à l’étude et pas encore tout à fait terminé et dont le titre de travail est Bossa. Le moins que l’on puisse dire c’est que ça groove sec. Après une petite dédicace à son frère Baptiste présent dans la salle, la tête pensante du Pavot Pour Toujours clôture la promotion de son dernier bébé avec La belle affaire, 2 minutes de toute beauté : « C’est reposant ». Et le groupe ne pouvait tout simplement pas nous refuser leur sympathique version acoustique des Aventures de Tintin, le générique mythique du dessin animé de notre courageux reporter national. Le tout sonne incroyablement bien. Un énorme clin d’œil à François de Roubaix et ses compositions révolutionnaires pour le cinéma des sixties. On termine enfin en eaux orientales avec l’envoûtant Miguel El Salam.

Le talent de Forever Pavot
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est d’arriver à trouver le continuum espace-temps parfait permettant de délivrer du neuf avec des souvenirs anciens et surtout de parvenir à enchanter tout un public en proposant une palette instrumentale (synthétiseurs, flûte, basse rétro, clavecin, ondes Martenot et cuivres) des plus variées. Avec une sacrée influence cinématographique par-dessus le marché, ça fait mouche instantanément ! Et ce soir, on a pu se délasser devant cet illusionniste mélangeant autant d’éléments venus d’époques multiples : sons baroques, pop scintillante, psychédélisme lancinant, chanson française amusante et prog rock décapant ! Du tout grand art dans un cadre somptueux : du pavot à consommer sans modération !



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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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