Reportage

Blackberry Smoke : On dirait le Sud...

Bruxelles (Ancienne Belgique), le 29-10-2018

Dimanche 11 novembre 2018



En cette fin d’année où le froid reprend peu à peu ses droits, il est parfois bon de se plonger corps et âme dans l’antre des salles de concert, histoire de ressentir, l’espace de quelques heures, la chaleur d’un été bien trop vite oublié. Et pour ce qui est de se réchauffer les esgourdes, l’Ancienne Belgique avait tout prévu en programmant Blackberry Smoke
Blackberry Smoke


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, porte-étendard du rock sudiste depuis bientôt vingt ans et adepte d’un blues rock épicé à la sauce barbecue. Nous avons donc poussé la porte de ce gigantesque saloon qui sent bon le bourbon et où le jukebox nous a proposé une de ses meilleures sélections d’hymnes de southern rock.


On débute cette soirée avec Quaker City Night Hawks
Quaker City Night Hawks


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, un band arrivé tout droit du bon vieux Texas et qui vient balancer son heavy blues aux quelques curieux déjà présents. Avec le bien nommé Cold Blues propulsé par ses riffs hurlants et ses chœurs éthérés, on commence d’emblée sur des rythmes lents et planants qui ne s’atténuent pas avec Rattlesnake Boogie et sa guitare slide utilisée à profusion. On a immanquablement cette image d’un ZZ Top
ZZ Top


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usant de substances illicites dans une vallée remplie de serpents à sonnettes dont les frétillements sont reproduits à merveille par le lead guitariste David Mastler. Some of Adam’s Blues peine à nous emporter au contraire du calme Colorado aux solos stridents et ses chœurs à l’unisson. Sam Anderson, le guitariste rythmique reprend les rênes de bien belle manière pour Suit In The Black avant Beat The Machine au refrain entraînant et aux merveilleux arrangements de claviers, sans aucun doute le morceau le plus coloré proposé ce soir. Retour à un hard rock plus primaire sur Mockingbird où l’on craint de trouver le temps un peu long. Vient alors l’obsédant Prize to Find qui s'ouvre sur une harmonie à trois chants que domine la voix de velours d’Anderson tel un rayon de soleil luisant sur une rivière agitée. Alors que le salut commence à s’entrevoir, la guitare de Matsler nous plonge dans un abîme de distorsions. Il est trop tard pour la rédemption, le diable nous tient la tête sous l’eau. On profite une dernière fois du chant éraillé de Mastler sur Fox In The Hen House, regroupant l’entièreté des influences des natifs de Forth Worth à savoir : le boogie texan, la soul de Memphis et bien entendu le country rock du début des seventies. Telle une bouteille de whisky enfilée un samedi soir, la musique de Quaker City Night Hawks
Quaker City Night Hawks


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se déguste avec modération… attention à la gueule de bois et à la prière du lendemain matin…



Le southern rock a ceci d’amusant qu’il a toujours eu la particularité d’évoluer avec son temps. Fruit d’un brassage entre le blues, la country, la soul ainsi que le rock’n’roll et bénéficiant des retombées du rock psychédélique, il doit, entres autres, son éclosion et sa renommée populaire à Lynyrd Skynyrd
Lynyrd Skynyrd


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et The Allman Brothers Band, ces derniers définissant un son, des mélodies mais aussi un look bien particuliers (hommes blancs aux cheveux longs, à la barbe proéminente portant avec style chapeau et boots de premier choix) en suivant alors une progression globale vers le hard rock. Le genre est remis au goût du jour par The Black Crowes durant l’ère post-grunge grâce à un son blues rock en clin d’œil aux Allman Brothers, Grateful Dead et autres groupes de jam music des années 70. Et voici qu’enfin apparaissent depuis une vingtaine d’années, d’innombrables formations revendiquant cet héritage avec talent. Blackberry Smoke
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est de celles-là et peut même se targuer d’avoir acquis le statut de digne représentant d’un genre quelque peu en panne d’originalité auprès des nouvelles générations ! Après le succès mérité de « Like An Arrow » en 2016, les cadors d’Atlanta reviennent avec un sixième album studio (« Find A Light ») qui les voit repousser leurs limites créatives et couvrir ainsi beaucoup plus de terrain musicalement. Malheureusement, on peut déjà vous signaler qu’il ne sera pas aussi bien représenté qu’espéré puisque seuls trois morceaux seront joués ce soir dans cette Ancienne Belgique qui fait donc office d’étape belge pour cette tournée. Une odeur d’encens brûlant imprègne les lieux alors que les stars de la soirée rejoignent la scène recouverte de tapis d’Orient et de broderies afin d’entamer les débats avec un premier nouveau titre, Nobody Gives A Damn, au son honky-tonk savoureux. C’est déjà l’explosion et l’enchaînement est instantané avec le puissant Waiting for The Thunder au refrain bougrement sémillant.



Charlie Starr impose d’entrée de jeu son leadership grâce à un charisme débordant. Mais pas question de lever le pied puisque arrive Good One Comin’ On qui s’annonce déjà comme la bande-son de cette soirée. Le temps de reprendre leur souffle, le groupe remercie son public d’être venu en nombre et se laisse aller à une petite anecdote : « Nous jouions hier à Amsterdam, inutile de vous dire que tout le groupe se sent bien ! ». Clair, net et précis. Et c’est reparti pour une première envolée de hits en devenir avec notamment le magnifique Pretty Little Lie ou le boogie Rock and Roll Again. On se délecte des petits pas de danse de Starr pivotant sur la moquette, c’est lui qui fait le show ! Il faut dire aussi que ses acolytes ne font rien pour l’éclipser. Richard Turner à la basse, chapeau et lunettes de soleil, hoche occasionnellement la tête et ne parcourt de distance que pour régler son ampli situé derrière lui. Paul Jackson a de temps à autre des mouvements de guitare saccadés tandis que Brandon Still porte bien son nom puisqu'il reste bien sagement derrière ses claviers. On se doit de saluer le look méridional du batteur Brit Turner qui à lui seul se charge de rassembler tous les clichés inhérents au southern rock. Avec Let It Burn, le combo géorgien n’oublie pas de présenter ses hommages au maître Chuck Berry tandis que le funky Believe You Me et la ballade Medicate My Mind ralentissent considérablement le rythme jusqu’ici élevé et ont l’effet d’un léger coup de massue malgré leurs qualités musicales indéniables. On assiste ensuite à une interprétation quelque peu épique de Sleeping Dogs au cours de laquelle le groupe y intégrera quelques accords du Come Together des Beatles, incitant ainsi la salle entière à reprendre les paroles de ce classique mythique des Fab Four. Grâce à ses fréquents changements de guitare (il passe souvent d’une Gibson ES-335 à une Fender Telecaster), Charlie Starr obtient d’uniques distorsions notamment sur ses solos sans fin pendant Shakin’ Hands With The Holy Ghost.



L’heure est une nouvelle fois aux ballades avec Up The Road et l’exceptionnelle Ain’t Gonna Wait entrecoupées par un harmonieux et revigorant Up In Smoke. Vocalement, l’ami Charlie touche les cieux sur Ain’t Got The Blues rendant certainement fier le regretté Ronnie Van Zant. One Horse Town, titre remarquable qui décrit les rêves mornes des enfants de la province qui n’ont pas d’autre choix que de « ravaler leur fierté pour faire vivre leur famille », nous file la chair de poule. Le groupe tiendra encore à rendre deux hommages : le premier pour son équipe de tournée toujours aussi fidèle depuis toutes ces années ainsi qu’à Duane Allman, disparu il y a tout juste quarante-sept ans (Free On The Wing lui est donc dédié). Et l’on termine avec un cathartique Ain't Much Left of Me en guise d’apothéose à un concert qui n’aura pas manqué de panache. Tantôt sérieux, tantôt imprévisibles, Charlie Starr et sa bande auront tenu honorablement leur rang à coups d’envolées roots, de mélodies bluesy et de riffs entêtants comme ont pu le faire leurs illustres ancêtres avant eux. Le slogan présent sur leurs t-shirts vendus au stand merch ne peut que résumer de manière élégante la philosophie et la magie opérée par le groupe : « Too Rock For Country & Too Country For Rock » ! Et vous, où vous situez-vous ? En tout cas, le groupe a choisi son camp… ou pas !

Remerciements à l'Ancienne Belgique

Photos live : Jean Pierre Vanderlinden (Merci beaucoup !)
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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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