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Cultures d'images, l'interview...

Interview du réalisateur...


Jeudi 28 avril 2011

Deux vidéastes, passionnés de musique, ont visité une quinzaine de lieux de musiques actuelles en France entre 2004 et 2007. Ils en ont tiré un documentaire d'une heure trente revenant sur la création des premiers lieux, leur développement et certaines problématiques actuelles. Ils seront ce vendredi 29 avril à Liège et plus précisement à la Zone pour la venue des Ramoneurs de Menhirs et pour y réaliser un reportage !



1)Comment vous est venue l'idée de ce projet de documentaire sur les lieux de musiques actuelles ?

A la base, nous faisions des courts et des moyens métrages de fiction et nous étions spectateurs de concerts dans des lieux du type de ceux du film comme le Plan, et nous avons eu l'idée de réunir ces deux passions pour la musique et la vidéo et d'essayer d'en savoir un peu plus sur ces lieux, d'où ils venaient, quelles étaient leurs activités, leur évolution au fil des ans etc.. Le hasard a fait que le Plan était justement l'un des premiers de cette génération à avoir été créé dans les années 80 et comme je m'intéresse à l'histoire, la dimension
historique est arrivée très vite...Par ailleurs, nous avons vu dans les années 90-2OOO, toute une série de documentaires long métrages qui nous ont marqué, avec des réalisateurs comme Marcel Ophuls qui se permet d'insérer dans "Veillées d'armes",un
documentaire sur la guerre de Yougoslavie, des images d'un film des Marx Brothers ou Johann Van der Keuken, qui dans "Vacances
prolongées" évoque autant sa vie personnelle que le sujet du film sur l'état de la planète. Bref, des documentaires qui osent une grande liberté, des mélanges entre réalité et fiction, subjectivité et objectivité. Tous ces éléments nous ont influencé. A notre niveau, nous avons essayé de recouper des infos sur le secteur avec des dimensions historiques, politiques,
sociologiques sous une forme où l'on se permet d'intervenir à l'écran, de pratiquer la rupture de rythme et de ton, de mélanger tous les points de vue, y compris le notre ...

2)Avez-vous fait des recherches ou une préparation avant le tournage ?

J'ai écrit un scénario, en gros composé des questions que l'on a posé aux personnes interviewées. Au final, tout le gros de la structure narrative du film était écrite avant la première interview.
Nous ne connaissions pas les réponses des personnes interviewées
évidemment, mais on savait sur quels thèmes le film allait partir. Nous avions aussi testé notre démarche sur un
premier moyen métrage "Live" autour de trois salles : l'Abordage à Evreux, l'Astrolabe à Orléans (certaines images
d'Alive datent de cette époque) et le Café Charbon à Nevers.

3)Comment s'est fait le choix des salles où vous avez filmé ?

Au départ, un peu par hasard. A part, le Plan et le Rack'am que l'on connaissait, nous avons été dans des lieux en province et en Ile de France en fonction des artistes que l'on souhaitait filmer et interviewer comme les Wampas à Bourges. Au bout d'un moment, nous avons voulu filmer dans les premiers lieux créés dans les années 80 comme le Confort Moderne, la Clef et le
Bikini. Et puis on a suivi l'histoire personnelle des gens qui sont passés d'un lieu à un autre. Il y a plein de lieux
où l'on n'a pas eu le temps d'aller.

4) Pourquoi ce titre "Alive" ?

Il s'agit d'un jeu de mots entre le côté "spectacle vivant" et "live" des concerts, d'une suite de "Live", notre moyen métrage précédent, et d'une sorte d'hommage à ces lieux de vie. Le titre est également à mettre en rapport avec une des thématiques principales du film qui est le développement et la professionnalisation des lieux qui présente de nombreux avantages, mais qui a aussi peut-être un peu gommé le
côté aventureux et la fraîcheur des débuts...

5)Comment voyez-vous cette évolution justement ?

Hervé du Bikini l'évoque dans le film. Ils sont partis de rien et aujourd'hui, ces lieux sont reconnus et leurs activités sont
devenues des métiers. Globalement, ce que l'on a ressenti c'est que d'un côté le travail se fait dans des conditions meilleures, même si tout est loin d'être parfait, et d'un autre côté, les lieux ont perdu un peu de leur âme des débuts. Le
côté professionnel et le fait que tout soit plus organisé et plus maîtrisé a pris un peu le pas sur le côté militant et engagé
des débuts...A mon sens, les lieux ont pu se développer et se professionnaliser par la conjonction de la reconnaissance et du
soutien des pouvoirs publics avec des courants artistiques majeurs comme le rock alternatif dont le développement
important de certains acteurs a bénéficié à l'ensemble des structures encore "underground" à l'époque. Par ailleurs, la professionnalisation s'est aussi accompagnée d'un encadrement
notamment juridique des activités des lieux, ce qui a engendré des effets pervers comme par exemple les normes sur le son qui sont parfois appliquées au détriment des activités elles-mêmes,
notamment dans les bars.

6)Qu'est-ce qui a changé selon vous par rapport à l'époque des débuts ?

Le monde a changé. A cette époque, la démarcation était forte entre le show business et le milieu underground. Les Burning Heads distinguent la rue et le show-business. La séparation entre ces deux univers a fortement bougé en 20
ans. En gros l'industrie a fortement progressé par rapport aux marges. Cela est certainement dû notamment à une
perte de repères et de modèles. Pour certains, le milieu musical
« indépendant » se retrouverait chez les artistes locaux, et la démarcation se serait décalée entre artistes locaux et
artistes reliés aux industries nationales et internationales...

7) Quels sont les autres thèmes du film?

A mon sens, le film possède plusieurs niveaux de lecture, un premier niveau historique et chronologique qui permet
d'acquérir des infos sur les débuts, l'évolution, avec des images d'archives, un second niveau plus basé sur la
problématique évoquée précédemment.
Il y a aussi des éléments sur les évolutions techniques et architecturales, via l'évocation des différentes phases de
travaux du Bikini, une thématique sur les évolutions esthétiques et artistiques,un passage montrant plusieurs studios de répétition. Enfin, le film possède aussi une dimension plus fun avec les extraits de concerts et quelques délires,
notamment à la fin ...

8) Les scènes de la fin du film sont plutôt en rupture avec
le reste du film …


En effet, les séquences de la fin sont en rupture du reste. Les séquences de la fin montrent le côté "Alive" des lieux, par exemple quand Astrid ( qui a réalisé les interviews avec Frédéric Sadaune) monte sur scène chanter à la place de Didier lors du concert des Wampas
Wampas


Clique pour voir la fiche du groupe
à bourges ..

9) Que s'est-il passé justement ?

Comme on a conservé notre âme de spectateur, après l'interview de Didier l'après-midi, Astrid est montée sur scène déguisée pour lancer des confettis pendant la chanson "Ce soir c'est noël" et Didier en a avalé par accident. Il ne pouvait donc plus chanter, alors il a passé le micro à Astrid et est parti recracher ses confettis derrière. En fait, on n'a rien vu sur le coup, mais on nous a expliqué après que l'on avait faillit
étouffer Didier...

10) Et enfin, quelle est votre vision personnelle des lieux
aujourd'hui ?


Même si beaucoup de choses ont changé ces dernières années, qu'il ne serait peut-être plus possible, comme c'est évoqué dans le film, de reproduire les mêmes initiatives que dans les années 80, les lieux ont conservé une ouverture qui nous a permis de réaliser ce projet, et qui permet à de nombreux groupes d'avancer dans le leur. Tout cela est fragile, mais cela reste des outils grâce auxquels tout reste possible pour
l'avenir.
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