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Pourquoi soutenir les Pussy Riot ?

Un engouement presque sans précédent aux quatre coins de la planète oui mais... pour qui, pour quoi ?

Jeudi 16 août 2012

Vous avez sans doute eu l’occasion de croiser sur les réseaux sociaux et aux détours du net un article, une photo, un lien, une pétition, concernant la libération des Pussy Riot

Pussy Riot

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. Comme vous n’avez peut-être pas eu / pris le temps de vous y intéresser à ce moment, nous avons voulu remettre le couvert pour, si besoin est, attirer votre attention sur leur cas et marquer notre soutiens pour le mouvement.

Trois membres du groupe punk russe Pussy Riot

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sont maintenues en prison depuis mars 2012 et elles doivent être libérées. Nous ne sommes bien sûr par les seuls à le penser puisque partout dans le monde des mouvements de contestation ont émergé pour soutenir les trois femmes. Ce 17 août sera même intitulé le « Pussy Riot Global Day », jour pendant lequel tous ces mouvements accentueront leur action par une sortie, une manif, ou quoi que ce soit qui puisse faire du bruit, interpeller le peuple et apporter un peu d’eau au moulin.

En Belgique, Andy suit le cas depuis le début et se bat pour faire parler du dossier Pussy Riot

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, d’abord via les réseaux sociaux (qui ose encore doute de l’efficacité de Facebook pour propager rapidement un message ?) et maintenant via une action prévue ce vendredi soir à Tournai. Nous lui avons donc demandé de nous éclairer sur l’idéologie du groupe et de revenir sur les raisons de leur détention.

Toute l’histoire est partie d’une prière punk, contre Poutine. Elles lui reprochent quoi au juste ?

Comme tu le dis, l’histoire autour des Pussy Riot

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a démarré avec une prière punk, sous la forme d’un morceau Anti-Poutine. A l’époque, on est alors en février de cette année, Poutine n’était pas encore réélu à la tête du gouvernement russe, et les Pussy Riot

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voulait protester contre sa réélection. Dans le morceau incriminé, elles mettent en avant surtout la position de l’église orthodoxe, qui soutient Poutine, alors qu’elles estiment que l’église ne devrait pas se mêler de telles affaires politiques. Ce avec quoi, personnellement, je suis plutôt d’accord. Et pour rappel, la Russie est censée être un état laïque et démocratique… Elles chantent en russe, mais les paroles sont disponibles, traduites en anglais, sur le net, et je vais les traduire en français cette semaine, notamment pour notre action de vendredi sur Tournai.

Et qu’est-ce qu’on leur reproche à elles ? D’avoir fait ça dans une église ou c’est juste le fait d’avoir scandé des slogans anti-Poutine ?

Alors pour remettre dans le contexte, il faut savoir que les Pussy Riot

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sont un collectif d’une dizaine de femmes, qu’elles utilisent l’expression musicale mais qu’elles passent également via des actions de type performances publiques. Pour le clip de leur prière punk, elles ont décidé de filmer à l’arrache alors qu’elles se produisaient dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. Sans autorisation évidemment. Cela étant, j’estime que ça ne mérite pas de finir en prison. Elles ne sont restées que quelques minutes à l’intérieur, le temps d’outrer les nonnes du coin et d’ameuter le service de sécurité qui les a rapidement virées. Le réel problème – si on peut dire - se trouve dans leurs paroles, où elles dénoncent, comme je te l’ai dit, autant Poutine que le fait que l’église se soit mouillée avec lui dans la sphère politique. Et ça, c’est très mal passé. La Russie, ce n’est pas l’Europe. Ni même les USA. Concrètement, elles sont donc là accusées de « hooliganisme et d’appel à la haine envers une communauté religieuse ».

Ce qui est totalement faux et détourné. Elles n’incitent notamment absolument pas à détester les croyants orthodoxes. Et elles n’ont pas incendié la cathédrale. Ni tabassé qui que se soit.

Ceux qui lisent cet article et qui ont envie de faire quelque chose, même un petit quelque chose... ils peuvent faire quoi ?

Je conseillerais aux gens qui s’intéressent au cas des Pussy Riot

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, et qui veulent les soutenir, de passer sur http://www.pussyriot.org - là, ils ont accès à la liste des événements organisés pour soutenir les Pussy Riot (Global action day ce vendredi 17 août), mais aussi à un lien direct pour la lettre d’Amnesty international et à une collecte de fonds pour les Pussy Riot

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. Deux d’entre elles ont des enfants, et un petit coup de pouce peut être utile. Après, les formes d’actions, aussi dérisoires soient-elles, peuvent toujours avoir un impact. Des photos en soutien aux Pussy Riot

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et qui circulent sur le net peuvent toucher le chaland, faire passer le message, rien que d’en parler c’est déjà un premier pas. Moralement, leur détention est difficile (je passe les détails mais ça passe par fouilles à nu plusieurs fois par jour, et pas en douceur, peu de sommeil, manque d’espace, sous-alimentation, etc.), et de se sentir soutenues, ça les aide aussi. Leurs avocats leur transmettent un maximum d’infos, de messages, tout ça ensemble, ainsi que la pression internationale, qu’elle soit politique, médiatique ou citoyenne, agit en faveur des Pussy Riot ou leur permet simplement de tenir le coup.

Côté action, toutes les idées sont bonnes à prendre, il n’y a pas de lignes directrices établies pour agir, je pense que les initiatives, et c’est encore mieux si c’est original, sont toutes les bienvenues. N’hésitez pas, lâchez-vous.

Je rajouterai que simplement, j’ai posté via mon compte Facebook personnel, une photo des Pussy Riot

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en cage (ndla : Nadejda avec son tee-shirt No Pasaran) accompagnée de quelques liens utiles, tout ça en post public. En une semaine, les partages se sont montés à + de 2900, et ça continue. Si quelques centaines ont effectivement signé rien que la lettre d’Amnesty International, ce sont toutes ces lettres en plus qui sont tombés sur le bureau des magistrats et autres politiques du Kremlin. Et l’efficacité d’Amnesty n’est plus à prouver à ce niveau, quoi qu’on en dise. Je continue à penser que c’est un bon moyen de pression. Parmi tant d’autres. Evidemment, cela peut rester anecdotique, comme les pétitions en ligne, qui permettent de croire qu’on peut sauver le monde en un clic. Agir concrètement est plus important, et cela passe par informer, s’affirmer, protester, monter des projets, refuser et s’opposer, etc…

La mobilisation que tu fais dans ta région et le fait d’en parler ici dans notre petit pays, ça peut mener à quoi ?

L’idée est surtout d’agir au niveau local. Je pense que toute forme d’action commence par soi-même et son environnement, et peut éventuellement être portée ensuite à plus grande échelle. Dans mon cas, j’ai choisi de me dire qu’en plus d’en parler sur le net (activement bien sûr, un « j’aime » sous une photo ou un article c’est assez ridicule, et ça ne change rien), je voulais aller vers les gens autour de moi, agir dans ma ville ou ma région (voire mon pays vu la taille du nôtre) et pourquoi pas, conscientiser, informer et toucher des gens que les médias ou internet ne touchent pas. Le contact direct est toujours plus riche, en rencontres, et en résultats. Je ne pense pas sauver le monde, si je peux apporter quelque chose à quelques personnes, je n’aurai pas perdu ma soirée. Et tout ça sans être enfermé dans une image pesante de l’activisme, on compte bien s’amuser au passage. Si nous pouvons également casser quelques images reçues, c’est tant mieux.

Bon, si on se réfère aux habitudes du gouvernement russe, on a vraiment une chance de faire bouger les choses ?

Les russes… difficile d’en débattre ici en faisant court. Et je risque de me perdre dans des conjectures, ou de m’avancer sur des points que je ne maitrise pas assez. Je pense que la Russie restera la Russie, et c’est une culture que j’apprécie beaucoup, tout comme globalement une bonne partie des peuples slaves, il n’y a donc rien de péjoratif dans mon constat. Il est difficile d’agir de l’extérieur sur ce qu’on pourrait leur reprocher, c’est à eux d’être maitres de leur changement, et c’est exactement ce que les Pussy Riot

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ont fait, et font. Fondamentalement, ce qui est en cause ici est la liberté d’expression, et ma vision est radicale à ce sujet : tout doit être dit, je refuse que l’on interdise à quelqu’un de s’exprimer, même au pire des racistes, fascistes ou qui que se soit d’autres. Avec la censure, on empêche les idées d’émerger, et bien pire : d’être confrontées. Et donc argumentées, contre-argumentées, creusées. Mais la censure n’empêchera jamais de penser, ou de faire passer ses idées en sous-mains, et de les cultiver dans l’ombre. La Censure est une absurdité inutile. C’est un instrument de l’Idiot. Et pour moi, des plus abscons et obsolètes à notre époque. Le net permet de la mettre bien à mal d’ailleurs, ce qui est plutôt plaisant.
Cet article, malheureusement en anglais, résume bien les choses, et laisse la place aux principales intéressées, en l’occurrence les 7 membres des Pussy Riot qui ne sont pas en prison pour l’instant : http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-19255291

Disons, pour faire court et se tenir à notre sujet et ta question, que je pense qu’ils ne peuvent être sourds et aveugles à l’effervescence internationale autour de ce procès, engouement qui est en faveur des Pussy Riot. Elles risquaient 7 ans de camp de travail (sic), le procureur a réclamé 3 ans la semaine dernière, et j’espère bien que tout ceci, peut être pas à l’issue de ce procès, je pense et j’espère qu’il y aura un appel, mais dans un avenir proche, sera considéré avec rigueur, cohérence et avec une réelle justice (le procès a été totalement bâclé, voici un article parmi tant d’autres : http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/08/14/le-proces-des-pussy-riot-revele-l-arbitraire-qui-ronge-la-russie-de-poutine_1745772_3232.html ).

La vérité est simple, il faut les relâcher, sans conditions. Ces 3 ans dans des camps de travail, c’est loin d’être une colonie de vacances, ou une prison en Belgique. Moralement et physiquement, cela va être très difficile à supporter, sans compter les abus et autres sévices sexuels. Pour faire court. Ça ne va pas être propre.

Pour en revenir à ta question, Poutine a également demandé d’être clément… Il essaie de suivre un peu la pression internationale, histoire de… à sa manière de russe intransigeant (aucun jugement de valeur, j’apprécie particulièrement l’intransigeance en général). Je ne préfère donc pas me prononcer sur l’issue du procès, mais en étant réaliste, elles vont prendre forcément une peine… Cela dit, je me bats pour cela, j’essaie donc de rester positif, et d’envisager aussi une victoire à fêter vendredi soir, mais pour l’instant, je préfère rester réaliste. Et déjà penser à la suite.

Pour finir, j’aurais aimé pouvoir faire tout un exposé et argumenter mon avis sur cette histoire mais je pense que les nombreux articles et informations sur le net permettront à chacun de se faire sa propre opinion.

Merci à toi Erik au passage. Et n’hésitez pas à venir discuter avec nous, je serais ravi d’étayer mon avis et d’en discuter plus longuement avec n’importe qui, prendre quelques photos ou brandir vos pancartes, échanger vos cagoules, ce vendredi à Tournai (+ d’infos sur le groupe Facebook : FREE PUSSY RIOT – Tournai).

Pour rejoindre le groupe Facebook créé par Andy : http://www.facebook.com/groups/217152435077364/

Pour participer à Free Pussy Riot Session de Tournai du vendredi 17 août : http://www.facebook.com/events/372254449510600/

Celle de Paris : http://www.facebook.com/events/477310605615546/

Celle de Marseille : http://www.facebook.com/events/347401892005724/

Le site « officiel » militant pour la libération des Pussy Riot : http://www.freepussyriot.org/

La pétition sur le site d’Amnesty International : http://takeaction.amnestyusa.org/siteapps/advocacy/ActionItem.aspx?c=6oJCLQPAJiJUG&b=6645049&aid=517749

Vidéo de leur action qui a mené à leur emprisonnement : https://www.youtube.com/watch?v=ALS92big4TY

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