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Mais qui a décoré l'intérieur et peint la façade du DNA?

Rencontre avec Marc De Meyer.


Dimanche 7 octobre 2012

Né en 1959, Marc De Meyer commence à peindre sur toile vers l’âge de 14-15 ans. Très vite il laissera les toiles de côté afin de se consacrer en grande partie à la peinture sur mur. Depuis quelques années, Marc De Meyer, s’il est méconnu du grand public, fait indiscutablement partie du paysage artistique bruxellois. L’homme est notamment connu pour avoir décoré la façade et l’intérieur du DNA à Bruxelles. Après l’annonce de la réouverture de ce café mythique de Bruxelles, nous avons voulu aller à sa rencontre. Il nous livre un témoignage et une partie de l'histoire du DNA que les moins de 30 ans ne peuvent pas avoir connue.



SMA : Quel a été ton parcours artistique ?

Marc : Très tôt j’ai opté pour des études artistiques. J’ai fait l’architecture d’intérieur à Saint Luc. Très jeune j’ai commencé à faire des peintures murales d’abord chez mes parents qui s’arrachaient les cheveux (rires). Ça m’a très vite plu de peindre des très grands formats et j’ai fait ma vie en partant de ça.

SMA : Pourquoi cette attirance pour les grands formats et la peinture murale ?

Marc : Je pense que c’est le côté gestuel et le côté ludique qui m’on le plus attiré. Comme je suis grand j’ai une grande envergure. Donc les petits formats ça n’a jamais été mon truc. Je me suis vite rendu compte que le côté gestuel de la peinture me plaisait. Puis l’impact visuel des grands formats est plus important.

SMA : Comment qualifierais-tu ton style ?

Marc: Je ne sais pas vraiment le définir. On m’a souvent posé la question donc j’y ai souvent réfléchi sans vraiment trouver une réponse précise. En fait je travaille beaucoup sur commande donc je peux très bien faire de l’abstrait, de l’hyper réalisme, des effets de matière, de couleur ou du géométrique. Donc je ne crois pas que j’ai vraiment un style. Mais bon, les gens qui connaissent un peu mon travail reconnaissent ma touche. Donc voilà, je ne peux pas dire que je suis plus abstrait ou plus figuratif. C’est pareil quand je travaille pour moi, je touche à différents styles. J’essaye d’arriver à la limite entre l’abstrait et le figuratif. Donc ne pas avoir quelque chose de trop représentatif mais pas non plus un truc trop dans le jeu de couleur histoire d’avoir un résultat où chacun peut avoir son interprétation.



SMA : Parlons un peu du DNA. Dans les années 80 début 90 on te demande de décorer le DNA. Comment ça s’est passé ?

Marc : J’ai travaillé tout au début du DNA. Paul (NDLR : Paul Fokker, premier gérant du DNA) est un ami de longue date. Il m’a très vite demandé de travailler avec lui quand il a ouvert le café. Les premières peintures que sa mère, mamy (NDLR : Mamy Fokker, mère de Paul) m’a demandé de faire, c’était sur le mur en face de la porte d’entrée, là où il y a les grands portraits. Ça, c’est le premier boulot que j’ai fait pour le DNA, en 1987. Puis au début des années 90, Mamy m’a demandé de repeindre les murs qui étaient alors en rouge, noir et blanc. Là elle m’a demandé de les peindre en faux métal. A ce moment-là, j’avais déjà une idée de ce que voulais faire de la façade. J’avais fait un petit bout du plafond à l’intérieur dans le style de la façade histoire de lancer le mouvement. On a fait ensuite la façade en 1996. Puis en 1999 Paul a remis le DNA à des amis et à ce moment-là, eux m’ont demandé de rénover l’intérieur. C’est à cette époque qu’on a fait le bar et la ville renversée au plafond. Et au début, il y a avait un petit train électrique qui tournait à l’envers dans la ville. Mais un jour le transfo a grillé après trois quatre ans. Ca je ne sais pas si t’as connu ça (rires).

SMA : Quand tu repenses à tout ce que tu as fait pour le café, toi qui as connu la grande époque du DNA, qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Marc : C’est quoi la grande époque du DNA ? (rires) J’ai fréquenté ce bistrot à différentes époques. Pour moi le DNA a toujours été le DNA. C’est sûr qu’il y a surement eu des hauts et des bas mais je ne serais pas te sortir une époque spécifique comme LA grande période du DNA.

SMA : On parle souvent des années fin 80, début 90 où le DNA était le repère des Punks à Bruxelles. S’il y a une grande époque à retirer ça serait peut-être celle-là ?

Marc : Ouais c’est vrai qu’à l’époque le DNA était quasiment le seul café alternatif dans le centre-ville. Maintenant il y en a plein d’autres. C’est sûr que son ancienneté l’a rendu un peu mythique. Au début du DNA, tous les groupes qui jouaient à l’AB passaient après au DNA, ce qui a contribué à en faire un café mythique.

SMA : Tu as des anecdotes ?

Marc : Ouille! En 30 ans il y en a… Je passais près de 300 nuits par an au DNA, ce qui me fait environs 10 000 nuits en 30 ans (rires). J’ai des très bon souvenirs de Spacemen 3, Nick Cave, Philippe Leotard notamment mais il y en tant ! Pleins d’artistes venaient au DNA même si ils n’avaient pas de concerts de prévu à Bruxelles. Donc oui, des bons moments il y en a eu plein !



SMA : On parle des bons moments, comme toujours il y en a des moins bons. Quand on a annoncé la fermeture du café, ça t’a fait quelque chose ?

Marc : Connaissant bien Paul et Mamy, je l’ai senti venir. Par contre je n’ai jamais pensé que c’était la fermeture définitive du DNA. Là il y avait visiblement quelques problèmes de gestion, mais je me doutais bien qu’il y aurait des gens pour le reprendre. Quand on voit ce bistrot mythique et le nombre de personnes qui ont réagi à l’annonce de la fermeture, on ne pouvait pas douter qu’il n’allait pas être repris un jour !

SMA : La semaine passée, on a annoncé que le DNA allait être repris. Les nouveaux gérants t’ont recontacté pour que tu viennes participer aux rénovations. C’était important pour toi ? Tu peux nous en parler un peu ?

Marc : C’est encore un peu flou pour le moment. Oui, on m’a demandé de participer à créer une nouvelle déco. Mais je ne peux pas encore t’en dire plus car on doit encore y réfléchir. Le bar sera décroché du mur du fond, donc on pourra tourner tout autour. Donc je crois que je vais peindre le mur du fond, qui est le seul que je n’ai pas encore peint dans le DNA. La ville au plafond a dû être démontée sur ordre des pompiers. Mais bon elle était fort abimée et je ne me voyais pas la rénover. Donc à part ça je ne peux encore rien te dire si ce n’est que la nouvelle équipe fait quand même de gros travaux de réaménagements. Ils ont replafonné les murs, isolé le mur entre le DNA et le Plattesteen pour éviter les problèmes de bruits pendant les concerts. Pour l’ouverture, il n’y a pas encore de date précise mais je crois qu’il y en a encore pour un ou deux mois !



SMA : Revenons à ce que tu as fait à côté de la déco du DNA. Tu as aussi construit des décors de concerts notamment pour Front 242, le groupe emmené par ton frère Jean-Luc. Il y a une influence musicale dans ton art ?

Marc : Oui sûrement. Maintenant je ne sais pas si elle vient spécifiquement de Front 242 et du fait que mon frère chante dans ce groupe. Mais j’ai toujours été un grand fan de musique. Il fût une époque où j’allais presque tous les jours au concert donc oui, la musique a sûrement influencé ce que je fais !

SMA : J’ai vu sur ton site que tu avais créé une partie des décors du 25e anniversaire de Greenpeace. L’engagement, c’est quelque chose d’important dans ton art ?

Marc : Oui. Je travaille beaucoup sur commande, mais quand Greenpeace m’a contacté j’étais bien content de travailler pour eux. Le seul boulot que je refuse c’est de travailler pour la pub. Car c’est une question d’éthique. Je suis un peu anti-pub et pas en adéquation à 100% avec notre société (rires). Mais bon j’ai quand même fait une exception pour Ricard (rires). Comme je bois pas mal de pastis j’ai fait une exception pour eux.

SMA : Tu as des projets en plus de la rénovation du DNA ?

Marc : J’ai quelques autres commandes. Là je suis occupé à faire des toiles pour mettre sur le plafond du cabinet de mon dentiste (rires). Je lui disais toujours que son plafond n’était pas très divertissant. Un jour il m’a contacté pour le décorer. Sinon je décore mon intérieur. On dit toujours que les cordonniers sont les plus mal chaussés, j’ai décidé de tout peindre chez moi. Donc là j’en ai encore pour quelques années.
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