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Le Réseau No Pasaran...

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Jeudi 29 avril 2010



1)Salut, peux tu nous expliquer le but du réseau No Pasaran ?

Le Réseau No Pasaran est issu du mouvement antifasciste radical. Son analyse de la montée de l’extrème droite et des idéologies xénophobes, sécuritaires et autoritaires, et son expérience de lutte antifasciste l’ont amené à élargir son champ d’intervention. Le Réseau est une organisation politique qui s'inscrit dans un mouvement plus large de transformations, de changement radicaux dans nos modes d'organisation, de production et de consommation, dans les rapports entre les peuples, basés sur l'égalité, la solidarité, la coopération, la mutualisation et l'autogestion qui prend source dans différentes théories et pratiques (libertaires, écologistes, autogestionnaires, communistes). Il lie étroitement sa réflexion , sur le système dominant et sur l’élaboration d’alternatives , et ses revendications aux pratiques militantes rupturistes qu’il développe. S’il agit ici et maintenant, de manière radicale et contribue à élaborer des espaces de contre-pouvoir, il se place aussi dans une perspective révolutionnaire.

2) Quelle est l'histoire du réseau ?

Le réseau est né en 1992; il est l'héritier de la Coordination nationale antifasciste créée en 1987. Nous sommes un mouvement assez jeune qui est né des mobilisations antifascistes lors de l'éclosion du Front national en 1984; Les groupes antifas radicaux ont ressentis la nécessité de s'organiser pour regrouper leur force, échanger, et construire une riposte collective.

3)Vous vous dites anti-capitaliste, peux tu nous en dire plus sur ce sujet d’actualité?

A l'heure de la marchandisation de l'ensemble des activités humaines, de la précarisation d'un nombre croissant de travailleur-euse-s, il s'agit non seulement de résister et de lutter pour obtenir des moyens de vivre tout de suite : revendications autour de la gratuité des services sociaux (transport, logement, énergie), un revenu garanti avec ou sans travail, etc., pour une relocalisation de l'ensemble des activités de productions (agricoles, industrielles), de dénoncer l'ensemble des mécanismes financiers libéraux, et aussi de proposer d'autres modes d'organisation.
Cela passe par une remobilisation active et un investissement dans des collectifs de base de lutte, ou dans des syndicats, qui doivent redevenir des outils de lutte et non de perpétuation d'une caste bureaucratique.
Notre anticapitalisme n'est pas seulement un combat contre la domination du Capital sur l'homme et les sociétés humaines, mais aussi pour l'émancipation. C'est-à-dire qu'au-delà de revendiquer la socialisation des richesses, la création de services publics pour tous les biens communs (eau, énergie, éducation...), nous défendons l'autogestion, la coopération et l'égalité économique et sociale au travers de structures à taille humaine. Car comme on l'a vu dans les pays "communistes", si l'exploitation n'existait plus sous sa forme capitaliste, les formes de domination se perpétuaient. Ou encore la question du patriarcat qui n'est pas réductible au capitalisme.
L'anticapitalisme n'est pas pour nous une revendication centré autour du "pouvoir d'achat" ou de croissance exponentielle du désir de consommer, mais d"Avoir une vie riche, pas une vie de riches ! "



4) Etes vous uniquement un mouvement en France ?

Notre mouvement n'est pas fédéré en tant que tel à d'autres en Europe ou dans le reste du monde; nous avons de nombreux contacts avec des groupes étrangers antifas ou libertaires avec qui nous participons à des mobilisations internationales, dans les contre-sommets.


5) Quelles sont les points d'actions sur lesquels il faut agir rapidement?

Ce n'est pas facile à dire; car en fait il y interdépendance entre toutes les questions qui se posent dans nos sociétés : la question sociale rejoint la question écologique et donc la question politique. Ce qui est certain, c'est que l'approfondisement des inégalités renforce des situtations d'exclusions et de mal-vivre; donc un combat prioritaire est celui des moyens de vivre qui ne se restreignent pas à un problème financier mais à une capacité à satisfaire des besoins sociaux comme le logement, la culture, l'éducation, le transport, etc. La lutte antifasciste comme le montre la situation dans le Nord de l'hexagone avec un FN ayant recueilli près de 23%, doit à la fois agir par une présence active (actions, sensibilisations au travers d'information, de manifestations, etc.) mais ne pas se cantonner dans un "antifascisme de réaction"; il doit prendre place dans le débat politique avec des revendications et s'intégrer dans les luttes. Il est aussi très important de réagir à l'ensemble des discours racistes qui ont repris de plus bel depuis les élections.

5bis)Quelles sont vos alternatives par rapport à ce que vous combattez ?

Des alternatives et des outils de transformation sociale sont déjà en cours dans nos sociétés, tant dans le domaine social au travers d'autres façons de produire d'une manière égalitaire et écologique, dans le domaine de l'agriculture (c'est peut-être ce niveau qu'il y en le plus), de la production et de la distribution, de la culture (voir toutes les productions alternatives de contre-culture) et dans le fonctionnement horizontal et autogestionnaire de dizaines d'associations et de regroupements de contre-pouvoirs. C'est bien dans la consolidation, dans la construction d'un rapport de force par ceux d'en bas, dans une capacité d'autonomie vis-à-vis des institutions et des pouvoirs publics que peut s'imaginer un autre Futur.





6)Quelle votre différence par rapport à d'autres mouvements contestataires?

Nos différences sont dans notre histoire propre à savoir l'antifascisme radical; mais il est peut-être pertinent aujourd'hui de reconsidérer nos multiples outils militants organisationnels; il n'est pas sûr que l'éparpillement soit le moyen le plus efficace de combattre et il y faudrait envisager de nouvelles coopérations politiques entre les mouvements contestataires; mais c'est plus facile à dire qu'à faire.



7)L'extrême droite française vient de faire une nouvelle percée, comment peux tu expliquer ça ?

Il faut faire attention aux effets médiatiques; certes le Front national est remonté lors de ces dernières élections mais au regard du nombre d'électeurs, il n'est pas revenu à ses scores de 2004; pour autant, il est certain qu'un ensemble d'éléments politiques explique cette dernière; comme nous l'avions maintes et maintes fois répété, les gens préféreront toujours l'original à la copie et en l'occurrence le FN à l'UMP; ce qui est sûr c'est que Sarkozy a décidé de barrer encore plus à droite et de continuer à draguer dans les eaux du FN; il n'est pas sûr qu'en 2012 cela suffise à faire revenir les électeurs vers lui. Avec une Marine Le Pen, c'est aussi une génération nouvelle qui s'annonce au FN comme il y a eu en Italie avec G. Fini et U. Bossi de la Ligue du Nord.

8)Quels sont tes plus grandes craintes par rapport à l'extrème droite, en France et en Europe ?

La crainte n'est pas une prise du pouvoir comme dans les années 30; il y a une montée de l'extrême droite mais cette dernière reste très "nationale". Ce qui est le plus inquiétant est l'avénement d'Etats autoritaires et plus globalement des politiques sécuritaires et xénophobes dans l'ensemble des pays européens (pas seulement ceux de l'Union européenne); Le capitalisme ultra libéral va agrandir le fossé entre les couches sociales ; L'exclusion de certaines populations, voire de régions et même de pays seront des espaces où l'extrême droite se présentera comme le dernier recours en l'absence de toute autre alternative - et sûrement pas la gauche social-démocrate qui n'a d'autre ambition qu'une régulation extrêmement légère du système. Cette montée des peurs et des replis identitaires est très difficile à combattre et nous place dans une position "anti", de réaction où l'on ne développe aucune imaginerie positive; cela, il faut absolument le changer. Il faut se rappeler comment autour de projets de transformation sociale au XIXe (dans ses diverses variantes socialistes, communistes, anarchistes), l'internationalisme a été porteur et fédérateur de luttes; aujourd'hui, à l'heure des mobilisations internationales dans les contre-sommets, soit anti G8/20 ou à Copenhague, lors des camps No Border, des Camps Actions Climat, du Réseau Antifa net nous commençons à élaborer des stratégies collectives, mais encore trop faibles.



9) Quelles sont vos moyens pour communiquer efficacement ?

On pourrait estimer qu'internet est devenu l'outil indispensable et le seul efficace; or, si il permet une circulation rapide de l'information, mais n'est en rien décisif pour construire des luttes et des mouvements; Et il peut laisser penser qu'un petit clic suffirait pour donner une grande claque à ce qui nous opprime; Il serait illusoire de penser que la vitesse d'internet efface le temps, qui un élément central dans l'élaboration de projets alternatifs; Internet au même titre que les journaux, les affiches, les stickers est un moyen d'informer, de sensibiliser, d'expression. Donc l'utiliser, mieux qu'on ne le fait aujourd'hui (promis on va refaire notre site), et comme toute technique ne pas le fétichiser. Pour le reste, il nous semble que la rencontre, la convivialité, dans des espaces collectifs sont nécessaires pour créer des conditions de réflexions et d'actions, pour qu'un mouvement soit ancré dans des réalités sociales et non dans le virtuel.

10) Vos coups de gueule pour 2010 ?

Coups de gueule et coups de colère toujours aussi vivaces à entendre ce qui se passe vis-à-vis des jeunes soumis aux contrôles et à la répression policière, des expulsions, des discours ultra-sécuritaires de la droite, de l'apathie des bureaucraties syndicales, des discours productivistes de la gauche et de la droite... Toujours se rebeller disait un des grand résistant Maurice Kriegel Valrimont, un des fondateur de la sécurité sociale en 1945. S'engager, résister, désobéir sont toujours autant d'actualité...



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