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Le Camp Action Climat va créer l'évènement à Liège !

Interview de Zoï...


Mercredi 7 juillet 2010

Du 29/07 au 4/08 se prépare à Liège dans un lieu tenu encore secret, un Camp Action Climat.
Alors pour ceux qui ne savent pas ce que c'est, ou pour ceux qui souhaitent une information différente sur la crise climatique,
voilà l'interview rêvée pour ne pas passer à côté d'un évènement majeur qui se déroulera dans notre région.
Les organisateurs de cette édition espèrent d'ailleurs y rencontrer le même succès que l'été dernier à Anvers, où 400 militants s'étaient donné rendez-vous !
Pour cette occasion Shoot Me Again était présent à la séance d'information, afin d'y rencontrer une des participantes...


Place à toi Zoï...


1) Salut Zoï, je ressors de la séance d'information du camp climat, j'en sais maintenant un peu plus, mais j'aimerais que tu résumes aux lecteurs de Shoot Me Again ce que sont ces camps ?

Bonjour aussi! Alors, un camp climat (ou "Camp Action Climat") est un grand rassemblement de quelques jours, autour de l'opinion collective que le changement climatique est l'un des (dramatiques) symptômes démonstrateurs de la nocivité générale du système capitaliste. Les différentes grandes crises actuelles - écologique, climatique, économique, sociale,...- sont en effet causées par ce système ne visant qu'un seul but: le profit; quoi que cela en coûte, sur n'importe quel plan. Ces camps sont donc organisés dans l'idée d'élargir et de fortifier le mouvement altermondialiste, tant par des actions de désobéissance civile (visant à dénoncer les fausses solutions à la crise climatique proposées par le capitalisme), que par la recherche de réelles alternatives et l'échange de savoirs, afin d'opérer des changements concrets dans notre vie quotidienne. Dans cette optique, ils sont d'ailleurs auto-suffisants en énergie et les repas y sont végétariens ou végétaliens (objectif neutralité en émissions carbone). Ils sont ouverts au plus grand nombre de sympathisants (tous âges et familles avec enfants bienvenu-e-s!!).



2) Peux tu nous expliquer l'origine des camps climat ?

Le premier camp climat fut organisé en 2006 en Grande Bretagne, où déjà 600 militants affluèrent pour bloquer la gigantesque centrale à charbon de Drax. Depuis, au moins une puis plusieurs éditions se sont reproduites chaque été; d'abord dans les îles britanniques puis, depuis l'an dernier, dans plusieurs pays européens et du monde anglo-saxon. Ils s'inscrivent dans la lignée des fêtes de rue « Reclaim the Streets », du réseau altermondialiste « Rising Tide » (fort développé dans le monde anglo-saxon), et de manière générale, de tout le mouvement international qui lutte pour la justice sociale et "climatique" (c'est-à-dire, en très bref, que les responsables du changement climatique assument pleinement leur responsabilité), dont diverses initiatives d’irrévérence burlesque aux forces de l’ordre au service des grandes corporations : les groupes de percussions sambas « Rythms Of Resistance », les brigades de clowns activistes,...



3) Il y a déjà eu plusieurs camps en Europe et dans le monde, tu nous as parlé de celui qui s'est déroulé à Anvers, mais toi qui est liégeoise, qu'attends tu plus particulièrement de celui qui se déroulera bientôt dans ta ville ?

Je pense que n'importe quelle région pourrait accueillir un camp climat, mais le fait que Liège ait été choisie pour accueillir ce second camp climat belge représente d'après moi une belle occasion de faire connaître ce moyen d'action formidable à la francophonie. En effet, jusqu'ici, peu de wallons et bruxellois avaient conscience de l’existence de ces camps et de leurs effets (plusieurs campagnes des camps climat ont participé à opérer de réels changements de décisions au niveau politique). J'aime aussi le fait que dans cette lutte, nous n'avons que faire des frontières régionales qui sont censées diviser les flamands des francophones: toute l'organisation du camp s'effectue ensemble, et outre les campeurs internationaux, des campeurs de toute la Belgique viendront participer aux différentes actions et activités proposées. On espère que chacun-e se sentira le/le bienvenu/e. La principale langue du camp est donc l'anglais, mais divers volontaires assureront les traductions des ateliers et débats de et vers les deux principales langues nationales (français et néerlandais).



4) Peux tu nous expliquer de tout ce qui va s'y passer ?

Hormis les montage et démontage (activités non négligeables puisqu'il s'agira de monter des chapiteaux, toilettes sèches, « douches » et lavabos, cuisine,...), se dérouleront diverses activités, que l'on pourrait classer en quatre catégories:
- des ateliers théoriques, échanges de savoirs et débats : les modes de vie soutenables, en quoi les solutions au changement climatique proposées par le capitalisme sont de fausses solutions, les possibles alternatives, les luttes existantes,...
- des ateliers pratiques, appelés DIY: « Do It Yourself ». Il s'agit d'échanges de savoir-faire, d’apprentissages manuels et concrets (confection d'un four à pain, d'un compost, préparation de produits d'entretien à base d'ingrédients naturels,...)
- des formations et entraînements à l'action directe non-violente, gestion de la presse, facilitation de réunions en structure horizontale, ...
- et enfin (last but not least!), diverses actions directes, c'est-à-dire des actions visant à empêcher de manière directe les crimes climatiques de continuer à se produire. Elles se feront de manière non-violente et ont pour second but d'alerter les citoyens ; de mettre le focus sur des agissements parfois tout à fait banals et acceptés de la majorité, alors qu'ils sont extrêmement néfastes pour tout le vivant. La plus grosse action, pour laquelle on espère un maximum de participants, aura lieu le lundi 02 août. Mais afin de ne pas permettre à l'entreprise visée de trop se préparer à notre arrivée, la « cible » et les raisons de ce choix ne seront dévoilées qu'une fois le camp débuté.
Tout au long du camp, un programme spécial est prévu pour les enfants : une équipe de volontaires se chargera, avec les parents en tournantes, d’animer divers jeux et activités : bricolage-recyclage, atelier cirque, terre glaise, jeux de ballon,




5) Actuellement au niveau de l'écologie, qu'est ce qui te met hors de toi ?

J'ai envie de parler de la récupération stratégique du dérèglement climatique par le capitalisme. Durant des décennies, de nombreux écologistes et scientifiques ont tiré toutes les sonnettes d'alarme qu'ils pouvaient. Mais leurs constats faisant obstacle à la course au profit, ils furent marginalisés, repoussés à l'arrière-plan de la scène régie par les lois du marché. Tu te souviens de l'opinion générale vis-à-vis des écologistes dans les années '80? C'étaient vraiment des « originaux », alors que les connaissances à cette époque permettaient déjà clairement de prévoir les bouleversements écologiques et climatiques actuels. Maintenant que ceux-ci sont devenus aussi difficiles à cacher que le soleil derrière un doigt, les défenseurs du système capitaliste ne pouvant plus nier l'indéniable, cette crise planétaire a soudainement éclaté au grand jour comme si tout était arrivé d'un coup, et sert désormais les intérêts capitalistes: au nom de la panique ainsi créée, on te vend tout et n'importe quoi, du moment que c'est « vert ». Les injustices sociales continuent de s'accentuer, ce sont les mêmes abus de pouvoir sur les populations les plus défavorisées, les mêmes pressions économiques sur les gouvernements, les mêmes viols de droits humains au profit de l'argent ainsi gagné, la même course effrénée qui ne prend pas en compte les réels besoins humains.... mais en tous cas, si tu bazardes ta voiture actuelle pour une voiture qui consomme 2 litres de moins (ou bientôt une voiture électrique alimentée au nucléaire), alors tu es à la fois cool et sauveur de planète... Ça me fout littéralement les boules.

6) Comment se passe l'organisation d'un camp ?

Ce camp, comme tous les camps climat, est organisé en autogestion de manière bénévole, par divers individus comme toi ou moi qui ont décidé de donner de leur temps et de leur énergie pour rendre ce rassemblement possible. La structure en est horizontale: pas de directeur/trice ni de coordinateur/trice, pas de hiérarchie, mais un groupe qui chemine dans la préparation en prenant les décisions par consensus et non par vote: tant que tout le monde n'est pas d'accord, on tente de modifier; de peaufiner la proposition afin que chacun-e se sente en accord avec ce qui se construit. Lorsque le camp commence, l'organisation de celui-ci est alors gérée par l'entièreté des participants: gestion des espaces sanitaires, des conflits, des assemblées générales, des actions directes, des ateliers, des débats, des animations,...




7) Pour toi le camp idéal, ce serait quoi ?

Hm... J'aimerais d'abord être surprise du grand nombre de participants (il s'agira assurément d'une surprise puisqu'il n'y a pas d'inscription formelle, ni de devoir d'assister à l'entièreté du camp; tout au plus demanderons-nous sur le site web de compléter une mini-inscription non engageante et anonyme, histoire d'avoir une idée de la fréquentation possible)... Et puis surtout, je souhaite que ceux-ci y vivent une expérience des plus positives; riche en échanges et inspirations pour la suite, car l'après-camp est en fait plus important que le camp lui-même, qui ne dure qu'une semaine... Aussi, je souhaite que l’événement fasse un maximum de bruit: notre intention est bien de jeter un pavé dans la marre, de susciter le débat, de participer à briser la chape de plomb qui semble nous embrigader à n'envisager des pistes de possibles qu'au sein du système capitaliste, alors que rien d'autre ne nous y oblige que notre trop grand nombre à y être soumis... Si tous les insatisfaits de ce système pouvaient trouver le courage d'en sortir véritablement, il n'y aurait plus de capitalisme, parce que ce système ne peut exister qu'à la condition d'avoir une masse exploitable. Si la masse se barre, le reste ne peut que se dissoudre... DONC: on compte sur les médias pour relayer l'information! Et sur Shoot Me Again! :)




8) J'ai été impressionné lorsque tu as pris la parole, de ta force de conviction, comment es tu devenu une activiste dans le domaine de l'écologie ?

Ne venant pas d'une famille particulièrement scrupuleuse de son empreinte écologique, ni très politisée, c'est d'abord en voyageant que je me suis forgée ma propre opinion. Au sortir des humanités, j'ai vécu quatre ans en Amérique du Sud (principalement au Pérou). Cette expérience m'a marquée au fer rouge, car c'est depuis le Sud que j'ai commencé à observer de manière critique les rapports mondiaux. De retour en Europe, c'est lors d'un stage en Flandre que j'ai commencé la préparation d'actions de désobéissance civile, dans le domaine de l'armement nucléaire, chez Voor Moeder Aarde (« Pour Mère Terre », devenus Friends of the Earth Flanders). Plusieurs autres expériences glanées en Belgique et dans différents pays européens m'ont finalement amenée à entrer dans la fin du processus de préparation du premier camp climat belgo-hollandais, qui a eu lieu près d'Anvers l'été dernier. Il fut tellement apprécié et bénéfique, que j'ai eu envie de participer à réitérer l'expérience cette année... en Wallonie cette fois!

9) Qu'attends tu d'un média comme le nôtre ?

Ceci ! Que vous nous offriez un peu de place parmi vos articles, que vous nous interviewiez, que vous permettiez ainsi à tou-te-s vos lecteurs/trices de nous rejoindre si le cœur leur en dit… Et que vous nous rejoigniez carrément sur le camp si le cœur vous en dit ! Pour info, il y a une équipe média qui travaille déjà d’arrache-pied, et ils se feront un véritable plaisir de vous y accueillir.




10) Je sais que vous avez besoin de pas mal de choses, alors vas y.....

La liste est fort longue, même si nous avons la chance d’être bien soutenus jusqu’ici. Le mieux, afin d’avoir les infos les plus actualisées concernant nos besoins, est d’aller voir sur le site : incessamment sous peu, il devrait y figurer un « Job Shop » (= « atelier/magasin à tâches », pour volontaires de la dernière averse !), et une « Wish List », reprenant tout le matos dont nous aurons besoin : des grands tissus pour les bannières au papier toilette, en passant par 200m de tuyaux pour l’acheminement de l’eau, les outils et clous de toutes tailles, les jeux pour enfants,… Mais surtout, on a besoin de VOUS (tou-te-s)! Alors bienvenu-e-s….



http://www.campactionclimat.be

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