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L'hiver approche, ils ont besoin de vous , aidez les !

Interview de Martine Maréchal de l'asbl Thermos.


Vendredi 24 septembre 2010

Que ce soit à Liège ou ailleurs, des asbl comme Thermos se démènent pour combattre la précarité et de rendre le sourire à ceux qui l'ont perdu, alors si vous avez un peu de temps à leurs consacrer, ne fermez pas les yeux, soyez solidaires...




1) Bonjour Mme Maréchal, vous êtes la responsable d'une asbl à Liège, pouvez vous nous expliquer de quoi il s'agit ?

Thermos Liège est une asbl active dans le domaine de l’accueil des personnes qui sont ou se sentent économiquement ou affectivement, momentanément ou durablement exclues de notre société. L’asbl, qui regroupe environ 300 bénévoles, offre de fin octobre à fin avril un repas ( tartines garnies, soupe, café, dessert ) à ceux qui ont faim et un toit et un lit à ceux qui sont sans abri. Notre accueil est inconditionnel et gratuit. Le but principal de notre action, au-delà du repas et de l’abri, est la rencontre entre les accueillis et les bénévoles, la chaleur humaine et l’écoute active qui permettront peut-être de rendre un peu de dignité à ceux qui sont dans la rue ou qui vivent des situations de détresse et de grande précarité.
2) Généralement comment se passe une journée chez Thermos ?
Thermos ne fonctionne qu’en soirée. En effet la plupart de nos volontaires travaillent et ne peuvent se libérer que le soir. De plus, en fonction du décret sur les abris de nuit, il ne peut pas y avoir d’activités en journée dans un abri de nuit.
Les bénévoles font partie d’une équipe et nous fonctionnons avec 14 équipes aussi bien à l’accueil repas qu’à l’abri de nuit.Chaque bénévole assure donc une soirée tous les quinze jours, ce qui n’est pas trop lourd comme engagement.
Les équipes repas ( une dizaine de bénévoles dans chaque équipe ) préparent de la soupe, des tartines, du café et des desserts pour une moyenne de 100 personnes chaque soir. On ne peut jamais savoir combien de convives seront présents mais personne ne repart sans avoir mangé. Le service commence à 20 h et se termine généralement vers 21 h 30. Les denrées proviennent en grande partie de la Banque Alimentaire mais aussi de généreux commerçants qui nous donnent différents ingrédients.
A l’abri de nuit, les équipes se composent de 8 bénévoles. Les demandeurs d’hébergement s’inscrivent à 20 h 30. L’entrée dans l’abri a lieu à 21 h. Contrairement aux repas, nous ne pouvons pas satisfaire toutes les demandes car nous ne disposons que de 24 lits. Il nous faut alors tenir une comptabilité très précise pour donner sa chance à tout lemonde de manière équitable. L’abri de nuit étant un dispositif d’urgence, les nouvelles personnes qui se présentent sont admises en priorité. Le bénévole qui gère les entrées a un travail très frustrant car tous les soirs il est obligé de laisser des personnes à la rue par manque de place.
Les personnes abritées reçoivent des draps pour leur lit, des essuies et un nécessaire de toilette pour prendre une douche. La soirée se passe à bavarder, jouer aux cartes ou autre jeu de société. Il y a toujours du café et des biscuits pour les petites faims. A 23h, c’est le couvre-feu. Les abrités vont se coucher et les bénévoles s’en vont sauf 3 d’entre eux qui restent dormir sur place.
Le matin, nous servons le petit-déjeuner et à 7h45, tout le monde s’en va.

3) Le but de votre asbl est de lutter contre l'exclusion, quel est justement votre avis sur ce problème ?

J’ai rejoint l’asbl Thermos car il m’a toujours semblé intolérable que des personnes se trouvent à la rue, sans avoir un endroit à soi où entrer, déposer ses affaires et dormir en sécurité. Beaucoup d’associations proposent de la nourriture ; très peu offrent un logement décent. Les personnes exclues de notre société ont le plus souvent de multiples problèmes ( assuétudes, faiblesse psychologique, manque de liens familiaux ou sociaux ). Notre société, basée essentiellement sur le « paraître » rejette ces gens qui n’offrent qu’une image d’échec. Certains bénévoles de Thermos se rendent dans des écoles pour parler avec les jeunes des problèmes que nous rencontrons. Il n’est pas rare d’entendre des remarques du style « s’ils sont à la rue c’est parce qu’ils le veulent bien ». Qui choisirait volontairement cette vie de pauvreté et d’errance ? Qui choisirait de dormir dehors sur un banc ou dans l’entrée d’un immeuble en plein hiver ?
Je pense que nous devons tous changer d’abord notre regard sur ces personnes puis essayer de construire une société plus solidaire pour soutenir les hommes et les femmes moins favorisés ou plus faibles psychologiquement et leur offrir une chance de ne pas tomber dans la précarité. Car il est plus difficile de sortir quelqu’un de la rue que de l’empêcher d’y arriver.

4) Votre asbl a plus de 20 ans, qu'avez vous vu comme changement ces dernières années ?

Les principaux changements de ces dernières années concernent l’âge des bénéficiaires de nos activités et leur provenance. Les personnes que nous recevons sont de plus en plus jeunes. L’âge moyen se situe aux alentours de 30 ans.
L’autre changement important concerne la provenance de ces personnes. Nous voyons de plus en plus de migrants en quête ou non d’une éventuelle régularisation. La plupart proviennent d’Afrique de Nord. Nous avons peu de moyen d’aider les personnes en situation illégale à sortir de leur condition. La politique d’immigration n’est pas claire en Belgique, comme dans la plupart des pays voisins. Et les associations ne peuvent pas accueillir tous les réfugiés.

5) Que proposez vous justement aux sans abris ?

Chez Thermos, nous n’avons pas d’objectif de réinsertion. Nous accueillons en première ligne les personnes qui ont besoin de nous. Nous sommes ouverts à toute demande d’aide et nous pouvons orienter les demandeurs vers d’autres services aptes à répondre pratiquement à ces demandes. Nous avons une assistante sociale qui peut accompagner les gens dans leurs démarches administratives ou autres.

6) Qu'attendez vous d'un média comme Shoot Me Again ?

Les média peuvent nous aider à faire connaître notre association et nos activités d’aide. Par ce biais, vous pouvez nous aider à trouver de nouveaux bénévoles, des donateurs, du matériel. Mais surtout, vous pouvez aider vos membres à prendre conscience de la difficulté dans laquelle vivent des personnes de tous âges parfois tout près de chez soi. Un vrai regard, un sourire, une parole peuvent parfois aider certains à reprendre confiance en eux.

7) Qu'avez vous besoin à l'approche de l'hiver ?

Comme chaque année à cette époque, nous avons avant tout besoin de bénévoles pour renforcer nos équipes. En effet, chaque année certains nous quittent pour des motifs divers ( déménagements, études à l’étranger, changement de lieu de travail etc. ).
Nous avons besoin également de chaussettes et de linge de corps car nous en distribuons chaque soir aux personnes qui prennent une douche et qui veulent se changer.
Nous cherchons des donateurs non seulement d’argent ( car les subsides ne sont pas suffisants pour couvrir nos frais de fonctionnement ) mais aussi de dons en nature ( mouchoirs en papier, médicaments de première nécessité comme le dafalgan, café, biscuits, gobelets en plastique, couverts jetables etc. )

8) Quelles sont les plus grandes difficultés que vous rencontrez en tant qu'asbl ?

Le financement de nos activités est un souci. Nous recevons des subsides mais ils sont insuffisants pour couvrir nos besoins. Il reste alors les dons ( fiscalement déductibles à partir de 30 € ) qui, en période de crise, ne sont évidemment pas garantis.
La gestion administrative de l’asbl n’est pas toujours facile car nous sommes tous bénévoles et pas toujours formés en droit ou en secrétariat.

9) Après toutes ces années quelles sont vos plus grandes satisfactions ?

La plus grande satisfaction pour nous est de voir les personnes que nous accueillons contentes d’être parmi nous pour un ou plusieurs soirs.
Une autre satisfaction qui tient parfois du miracle est de trouver chaque année des volontaires pour rejoindre nos rangs. Faire tourner une asbl comme la nôtre uniquement avec des bénévoles est un petit exploit qui nous prouve que beaucoup de gens ont le souci des autres moins chanceux.

10) Et votre plus grande déception ?

Notre plus grande déception est d’être de plus en plus nécessaires ce qui sous-entend que la précarité augmente ; c’est aussi de voir revenir des personnes d’année en année car elles ne trouvent pas d’autre solution que de vivre dans la rue.

11) Un coup de gueule et un appel à lancer ?

Je n’ai pas de coup de gueule à donner car j’espère toujours que chacun fait ce qu’il peut. Mais je souhaite partager avec toutes les personnes qui liront cet article une phrase de Albert Jacquard :

« La solidarité est un partage entre des personnes toutes riches de quelque chose »

http://www.thermos-liege.be/

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