Chronique

GOJIRA
Magma

image
Roadrunner Records

10 titres, 43 minutes
Sorti le 17-06-2016


image
Jeudi 23 juin 2016

Magma. Un terme tellement adapté à Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
. Le magma, cette matière mouvante, incandescente mais alternant entre explosions furieuses et périodes de calme inquiétant. Si en live le groupe est une éruption de violence, il sait se faire plus subtil sur album, et ce depuis ses débuts, même si le référentiel et culte From Mars to Sirius avait révélé le groupe au monde à travers son aspect le plus rugueux, tellurique, destructeur.
Mais pour qui y était sensible, Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
avait déjà distillé dans ses albums des touches surprenantes, de sortie en sortie. The Link, déjà, présentait des aspects presque ésotériques, chamaniques, totalement différents du monstre présenté sur Terra Incognita (Over the Flows et son chant clair, déjà à l'époque !) et qui n'auguraient certainement pas la baffe From Mars To Sirius. Les sonorités électroniques de Liquid Fire (sur L'Enfant Sauvage, 2012) avaient déjà donné à The Way of All Flesh (2008) un de ses meilleurs morceaux, A Sight to Behold et son génial vocoder. Comme si, malgré des expérimentations de plus en plus osées, Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
tenait à garder un fil rouge dans son oeuvre, une âme commune à ses réalisations.

Pour autant, et malgré la présence de plusieurs « tubes » (Vacuity, Gift of Guilt...) sur les précédents albums, rien ne nous préparait à Stranded, premier morceau de ce Magma a être révélé. Un riff groovy, certes typé Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
(ce pincement de cordes caractéristique) mais moins massif que d'habitude, un chant un poil moins violent, un jeu de batterie nettement plus épuré de la part de Mario Duplantier, un refrain entêtant et – surtout – un final en chant clair, probablement le plus mélodique jamais proposé par Joe (et le plus mélodique sur cet album). Un titre déstabilisant, qui prend toutefois toute son ampleur et sa cohérence au fil des écoutes et, surtout, une fois replacé au coeur de Magma.
Silvera, deuxième titre révélé, donne presque l'impression d'être là pour rassurer l'auditeur lambda. Chant rageur, riff gojiresque au possible, tapping à la Gift of Guilt, même le refrain en chant clair (ou plutôt clair-obscur) ne nous sort pas d'une certaine zone de confort – ce qui n'empêche pas Silvera d'être un des moments forts de l'album et un futur indéboulonnable des setlists. Mais que ceux qui espéraient retrouver sur Magma d'autres titres du genre se le tiennent pour dit : sa zone de confort, Gojira en sort ici plus souvent qu'à son tour. Et ce dès l'entame de l'album.

The Shooting Star surprendra en effet d'entrée de jeu, car entièrement porté par le magnifique chant éthéré de Joe Duplantier, qui évoquera inévitablement Tool
Tool


Clique pour voir la fiche du groupe
ou les derniers opus de Mastodon
Mastodon


Clique pour voir la fiche du groupe
. Cette dernière référence est d'autant plus évidente que Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
, comme Mastodon
Mastodon


Clique pour voir la fiche du groupe
, a réussi l'exploit sur Magma de changer totalement la forme tout en conservant le fond, l'esprit, un peu comme les Américains lorsqu'ils ont sorti l'incroyable Crack The Skye. Un opus qui, à l'époque, avait été nommé en hommage à la soeur du batteur Brann Dailor, prénommée Skye. De la même façon, The Motherload, sur le dernier album de Mastodon, était le titre le plus surprenant et poignant de l'opus et avait été composé suite au décès de la mère du même Dailor.
Quel rapport avec Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
, me direz-vous ? La perte d'un être cher. Magma ne peut être compris qu'à travers le prisme du décès de la mère des frères Duplantier. L'album s'ouvre et se referme en effet sur des titres évoquant cet événement (You are in the sky (...)/ When you get to the other side please send a sign, déclame Joe sur The Shooting Star), Liberation étant une improvisation instrumentale mystique, quasi-bouddhiste, qui clôt l'album de façon étonnante.

Entre les deux, un univers totalement à part. La violence primaire est presque totalement absente de ce Magma ; même quand la bête Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
donne l'impression de se réveiller, c'est toujours avec retenue (The Cell et Pray, aux refrains plus classiques), un sentiment d'urgence remplaçant le rouleau compresseur habituel. Seul Only Pain tapera dur, mais le crissement de guitare, vite crispant, rappelle un peu trop Stranded.
Reste que le tout sonne presque plus « Gojiresque » que tout ce que le groupe a jamais fait jusqu'ici, comme ce titre éponyme très réussi, presque psychédélique, aux étranges sonorités de guitare parfois clairement proches de Tool
Tool


Clique pour voir la fiche du groupe
. Les Landais réussissent peut-être ici ce que tout groupe vise : « dépasser en conservant », ce qu'on appellerait aufhebung en philosophie hégélienne. Low Lands, dernier « vrai » morceau de Magma, l'illustre parfaitement : totalement planant (et avec les quelques premières paroles en français de l'histoire du groupe!), il montre la facette la plus novatrice de l'opus mais se conclut sur un passage nettement plus musclé, comme pour boucler la boucle.

Après plusieurs écoutes de Magma, on reste au final coincé entre deux sentiments. Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
nous offre un album vraiment réussi, riche en bons moments (Low Lands, Magma, Silvera, The Shooting Star) et surtout rempli d'âme, même s'il déstabilisera ceux qui espéraient un retour à une musique plus directe. Si on imagine mal le groupe changer son approche en live, où il reste une redoutable machine de guerre, on peut se demander si Magma représente l'instantané d'un Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
en quête de spiritualité et d'apaisement, dans une période difficile, ou s'il augure d'un tournant irréversible dans la musique du groupe.
Si l'avenir devait voir Gojira
Gojira


Clique pour voir la fiche du groupe
continuer dans cette voie, on serait en droit de regretter la puissance de From Mars To Sirius et The Way Of All Flesh, celle qui a permis aux Landais de devenir la référence qu'ils sont actuellement. Mais si cette voie nous réserve des albums de la qualité de Magma, le deuil devrait se faire rapidement...
TU AS AIME ? PARTAGE !
Google +
Twitter
Facebook
Whatsapp
E-mail
E-mail
Google +
Twitter
Facebook
AUTEUR : Florent
Chroniqueur depuis ses 16 ans, il a voulu se relancer après un break... et des études de journalisme. Percer dans le journalisme musical quand on é...
Chroniqueur depuis ses 16 ans, il a voulu se relancer après un break... et des études de journalisme. Percer dans le journalisme musical quand on écoute du metal est aussi simple que percer dans le journalisme sportif quand on est fan de cricket, mais l'envie d'écrire et de partager sa passion l'a poussé à rejoindre les rangs de Shoot Me Agai...
Chroniqueur depuis ses 16 ans, il a voulu se relancer après un break... et des études de journalisme. Percer dans le journalisme musical quand on écoute du metal est aussi simple que percer dans le journalisme sportif quand on est fan de cricket, mais l'envie d'écrire et de partager sa passion l'a poussé à rejoindre les rangs de Shoot Me Again!...
Chroniqueur depuis ses 16 ans, il a voulu se relancer après un break... et des études de journalisme. Percer dans le journalisme musical quand on écoute du metal est aussi simple que percer dans le journalisme sportif quand on est fan de cricket, mais l'envie d'écrire et de partager sa passion l'a poussé à rejoindre les rangs de Shoot Me Again!...
Chroniqueur depuis ses 16 ans, il a voulu se relancer après un break... et des études de journalisme. Percer dans le journalisme musical quand on écoute du metal est aussi simple que percer dans le journalisme sportif quand on est fan de cricket, mais l'envie d'écrire et de partager sa passion l'a poussé à rejoindre les rangs de Shoot Me Again!...

► COMMENTAIRES

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter !

Soit en deux clics via Facebook :

image

Soit via l'inscription classique (mais efficace) :

image

► A VOIR ENSUITE