Interview

ADAM ELMAKIAS

Lundi 25 juin 2012

Salut Adam, est-ce que tu peux nous dire comment tu t’es intéressé à la photo et comment tu es devenu si intégré à la scène hardcore ? Tu l’étais déjà avant de shooter tous ces groupes ?

J’ai commencé à aller aux concerts quand j’avais 14-15 ans, puis vers 16 ans j’ai eu un premier appareil photo que j’ai commencé à apporter aux concerts. Je suis allé à une tonne de concerts hardcore, nous avions une assez bonne scène dans le midwest des Etats-Unis – le Wisconsin en l’occurence. En fait tu peux voir toutes mes vieilles photos ici : http://prints.adamelmakias.com/Other.
Ca fait tellement de concerts ! Mais ouais, c’est comme ça que ça a commencé. Je n’arrive pas à croire que ça fasse plus de cinq ans maintenant, mais mec ça fait vraiment longtemps. En fait pour être honnête j’ai commencé à prendre les groupes en photo parce que je voulais faire partie d’un groupe. Je ne savais rien faire d’un côté purement musical donc j’ai essayé de commencer à faire quelque chose pour la scène et la photo est devenu mon truc. Au début c’était juste pour se marrer mais au fil des années c’est de plus en plus devenu une passion. L’année dernière je n’ai pas tellement fait de vrais travaux de presse, j’ai surtout fait des photos sur la route, ce que je préfère.



Sur plusieurs portraits on peut ressentir une sorte de complicité entre le modèle et toi, et même de l’amitité dans leurs yeux. Est-ce que tu apprends à connaître personnellement chaque personne que tu shootes avant le shooting ?

La plupart du temps, oui. Il y a quelques exceptions, comme le shooting de Steve Aoki ou Tiesto. Je ne connaissais pas Tiesto et j’avais réellement rencontré Steve quelques minutes auparavant. Mais tous les autres sont principalement des gens que je connais depuis quelques années. La plupart des photos sont prises avec une lumière naturelle sur le vif, et certaines avec un speedlite (flash externe sur l’appareil) ou un alienbee (flash sur pied) installé en backstage. Ensuite quand l’artiste a un moment libre je les prends à part et fais quelques photos. Si je ne les connaissais pas du tout je ne prendrais certainement pas de photos si sérieuses avec eux. Je trouve que les artistes que je connais pas bien font souvent des grimaces quand je demande une pose. C’est surtout qu’ils se sentent sûrement un peu gênés, ou ne savent pas ce que je vais faire. Ca aide si les gens savent comment tu travailles avant que les shootes. C’est comme aller à un concert d’un groupe que tu connais et dont tu connais toutes les paroles – tu es beaucoup plus connecté au groupe. C’est pareil dans l’autre sens.



Certaines séries de photos ont un thème spécifique, comme celle de A Day To Remember
A Day To Remember


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que tu as faite dans un vivarium. Dans ce cas, qui choisit le thème ?

Dans ce cas précis c’est le label qui est venu avec quelques idées. Ils voulaient un concept qui mettait en scène l’état d’où est originaire le groupe – la Floride. Je suis parti sur l’idée d’un stand de jus d’orange mais la veille du shooting ils m’ont appelé et m’ont dit “alligator farm” – je n’avais honnêtement jamais entendu parler d’une “alligator farm”. Je viens du Wisconsin et on a des vaches, pas d’alligators. J’ai dit “cool”, ai appelé quelques endroits et à un moment l’un d’entre eux m’a rappelé en me disant “bien sûr” ! C’est comme ça que ça marche d’habitude, le client me donne quelques idées. Ensuite c’est mon boulot d’en faire quelque chose et de voir ce qui peut se passer. Ceci dit, presque chaque shooting que j’ai fait a été fait en dernière minute et dans l’empressement – c’est simplement comme ça qu’est l’industrie. Alors on ne fait malheureusement pas autant de trucs qui tuent que je voudrais. Les directives que je reçois en général ce n’est pas “Alligator Farm” mais plutôt quelque chose du genre “Un truc en ville, pas de plage, vertical et sombre”. C’est simplement que la plupart des boulots sont fait à la va-vite. Malgré tout quand j’ai un truc plus conceptuel, j’adore ça. J’aimerais en faire plus ! Bientôt j’espère.



Si tu ne pouvais choisir qu’un seul appareil photo et un objectif à apporter en concert, que choisirais-tu ?

Mec, au niveau de l’appareil, je pense que ce serait simplement génial d’en avoir un qui gère mieux le bruit que mon boîtier actuel. J’ai un Canon 5D pour l’instant et il m’en faudrait un nouveau – honnêtement presque tout boîter est meilleur sur ce point. L’objectif... mec j’adore le Canon 24-70 2.8. Mais je pense que ce que je préfère pour shooter en concert c’est le 35mm 1.4. Grand angle, précis, rapide et simple. L’inconvénient c’est que c’est une focale fixe donc je devrais être très près du groupe... mais je prendrai ça comme un challenge : me bouger le cul juste à côté de mon sujet pour avoir ce que je veux.

Tu as une sacré paquet de dates de concerts, comme pas mal de groupes (et même plus que certaines d’entre eux). Qui t’engage ? Les groupes eux-mêmes ou plutôt les labels ou les Tour Managers ?

On me pose souvent cette question. La vérité est que je m’engage souvent moi-même. La plupart des tournées que j’ai faites, à l’exception de deux en fait, je n’ai pas été payé. Je compte énormément sur mon réseau de contacts dans les magazines et sur un suivi online pour me faire vivre. J’adore être sur la route mais personne ne m’engage à proprement parler. Qui donne son accord ? Les groupes, je ne serais sur aucune de ces tournées si les groupes eux-mêmes n’appréciaient pas ma compagnie. On s’entend assez bien et dans la plupart des cas on a le même âge, donc ça aide vraiment. J’ai surtout tourné avec Pierce The Veil
Pierce The Veil


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, A Day To Remember
A Day To Remember


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, Of Mice & Men
Of Mice & Men


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, Asking Alexandria
Asking Alexandria


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, et Breathe Carolina. Mais j’ai aussi voyagé avec Whitechapel
Whitechapel


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, Bring Me The Horizon
Bring Me The Horizon


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, The Devil Wears Prada
The Devil Wears Prada


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et quelques autres. Ils assurent tous.



Personnellement, c’est quoi les groupes que tu préfères toi ?

Eh bien, j’aime tous les groupes avec lesquels je voyage parce que ce sont des amis. C’est comme aller au match de foot de ton fils : tu es simplement fier d’eux et de ce qu’ils font. Musicalement, mes groupes préférés du moment sont Bon Inver, Macklemore, Drake et City And Color. J’aime aussi le rap et de la musique chill. The Starting Line est un de mes préférés de tous les temps, tout comme Number One Fan, mais ils ont splitté !

Je suis assez surpris de voir que tu n’as pas encore sorti de livre. Comment ça se fait ?

Merde ! Je devrais ! Quel genre de livre ? Des photos ? Ou écrit ? C’est difficile d’en retirer de l’argent alors c’est difficile d’y investir alors que j’essaie de trouver de quoi gagner ma vie ! Les livres c’est chouette mais c’est tellement cher à imprimer en petite quantité qu’il est difficile d’en sortir. J’envisage de sortir des livres Ipad sur mes blogs, commentés et tout. On verra !



Tu vas sortir un DVD appelé « The Music Photographer » (ndlr : entre temps il est sorti mi-juin 2012). A quoi peut-on s’attendre ?

Oh mec, ça va être génial ! Je ne me sens plus, concrètement tout est prêt mais il doit encore être rédigé – l’étape finale. Ca fait presque 2 ans qu’on travaille dessus et c’est de la folie que je puisse enfin le partager avec les gens. L’idée derrière le DVD est de transporter les gens à travers tout ce qui compose ma journée de travail en 30 minutes, puis les emmener à un shooting, et ensuite leur montrer comment se passe le traitement d’images. La première section intitulée « industrie » est pleine d’informations sur moi, des trucs fun et des exemples et expériences de ce qu’on peut rencontrer quand on fait ce que je fais. La deuxième section me suit sur un shooting de deux jours avec A Day To Remember
A Day To Remember


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– celui avec l’alligator justement. Cela montre ce que je cherchais à faire comme images, l’éclairage, tout cela enregistré et commenté par mes soins. En plus de cela j’ai mis environ 45 minutes d’images « behind the scenes » du shooting avec A Day To Remember
A Day To Remember


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pour que tout le monde puisse voir comment on travaille ensemble. J’espère que les gens en retireront et apprendront beaucoup et qu’ils passeront un bon moment. C’est marrant, informatif et 100% génial, je le promets ! Et pour les gens qui n’habitent pas les Etats-Unis il y aura moyen de simplement télécharger le DVD, pour éviter les frais de port.

Tu as aussi sorti des bracelets de silicone inspirés des bagues d’objectifs Canon et Nikon, ainsi que des pantalons de photographes, avec des petites poches partout pour les capuchons d’objectifs, les cartes mémoire etc. Est-ce qu’on peut considérer que t’es en train de lancer un business « photographe à photographe » ?

Oui ! J’ai créé les Lens Bracelet et les Photography Pants. (http://www.lensbracelet.com et http://www.photographypants.com). Les Lens Bracelets étaient au départ supposés être une espèce de carte de visite « photographe à photographe » mais ça a décollé un peu plus que prévu. J’y ai consacré beaucoup de temps ces quelques dernières années et maintenant ils se vendent dans plein d’endroits dans le monde. C’est génial ! Les pantalons en sont toujours à leurs premières heures mais j’espère qu’ils vont décoller assez rapidement aussi. Il y a véritablement un gros marché pour les produits dédiés à la photo, et tant que les gens aiment les produits je continuerai à en faire !



Comment peut-on se procurer tes produits en Europe ? Tu as des distributeurs par ici ?

Oui ! Nous avons un tas de magasins, la liste est ici http://www.lensbracelet.com/stores et maintenant je livre aussi mes photos vers l’étranger : prints.adamelmakias.com – les pantalons, par contre, sont uniquement disponibles aux USA car les frais de port coûtent cher !

Qu’aimes-tu photographier à part les musiciens ?

En ce moment, rien. Je suis en train de m’aventurer dans de nouveaux horizons. J’ai quelques projets pour des trucs plus personnels dans quelques prochaines semaines et j’ai vraiment hâte ! Je pars pour le Warped Tour dans un mois (le Warped Tour commençait début juin) donc j’ai peu de temps, mais on verra. Mes idées personnelles sont un peu extrêmes donc j’ai été un peu hésitant par le passé à vraiment les concrétiser pour ne pas perdre mes clients mais maintenant je réalise que les vrais clients n’en auront rien à faire et resteront !



Quel est le meilleur conseil que tu puisses donner à un photographe de musique débutant ?

Shootez, shootez, shootez et continuez à shooter pour vous. C’est facile de se faire connaître et de faire des photos de ce que les gens demandent mais finir par ne faire que ça, c’est le meilleur moyen de laisser tomber. Autrement ce qui était une passion deviendra votre ennemi et ensuite que reste-t-il dans la vie ? Aussi, avoir un bon réseau de contacts c’est très important. Ca vous mène partout dans la scène ! Ce sont les principaux tuyaux pour se faire engager, alors gardez le contact et aussi… n’envoyez jamais un e-mail de plus d’un paragraphe, c’est le meilleur moyen de ne jamais avoir de réponse.
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AUTEUR : Erik
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentr...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentré sur le développement du site, il est moins présent sur le front. ...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentré sur le développement du site, il est moins présent sur le front. ...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentré sur le développement du site, il est moins présent sur le front. ...

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