Interview

SHALL NOT KILL

Lundi 10 avril 2006

1.Salut les ami-e-s. Alors j'ai entendu dire que SHALL NOT KILL allait
arrêter? Pour quelle raison? Peut-être est-ce le moment de faire le point sur
votre discographie et de nous nourrir d'anecdotes au passage?


Julien : Et bien je vais essayer de répondre à ça de mon mieux. J’ai rejoint le groupe en 2000. Pendant la première année, on s’est pour ainsi dire « cherché », on a fait quelques concerts, enregistré des trucs assez horribles. Avec le recul on en rigole, sans reniement aucun. En 2002, on a sorti une démo CDr (« you and i between us »), puis en 2003 un split 7inch avec STRONG AS TEN et un 7inch. En 2004, on a enregistré pour des disques qui finalement n’on jamais vu le jour. On retrouve ces morceaux sur le 2xCD « 2001-2004 » regroupant tout ça, plus un disque de remixes. C’est sorti début 2005, en même temps qu’un 10inch. On a enregistré fin 2005 un CD, qui sortira en avril, et on s’apprête à enregistrer 2 morceaux et une reprise de HIATUS pour un split avec TEKKEN, FANTASTIKHOL HOLE et MOON. Ca sera notre dernier disque. Quelques morceaux inédits figurent sur quelques compil, comme la compilation CD-r made in Strasbourg de 2323 records.
Pendant ces quelques années, on a fait une centaine de concerts, voyagé un peu, rencontré énormément de gens formidables et appris énormément de ces rencontres. Cependant, nos modes de vie respectifs ne nous permettent plus vraiment à l’heure qu’il est d’envisager SHALLNOTKILL sans que des personnes dans le groupe ne soient frustrées. Nos situations familiales et/ou professionnelles par exemple limitent nos déplacements. Du coup, plutôt que d’avoir à statuer perpétuellement sur ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire, d’avoir à établir des consensus, et afin d’éviter de se prendre la tête à plus ou moins long terme, il nous a semblé que la solution la plus judicieuse était d’arrêter. Ce n’est pas quelque chose de facile, mais c’est libérateur en un sens.
Des anecdotes … Je suis pas très calé pour raconter des histoires. Je garde vraiment d’excellents souvenirs de moments passés sur les routes avec STRONG AS TEN, SHORT SUPPLY, GANTZ… Des centaines de bons moments. Plein d’amiEs.


2.Le nouvel album, encore une fois « self-titled », est en partie autoproduit.
Je veux dire par là que c'est une coproduction. Est-ce un souhait du groupe.
Ou est-ce une manière de travaillé appréciée par 213 Records. Est-ce
important pour vous et pour quelles raisons?


Julien : Il est vrai qu’à part les démos, aucun disque n’a de titre. On s’est parfois posé la question. J’avoue que j’ai jamais été très chaud à l’idée de mettre un titre à nos disques. Jamais on a eu de « déclic » sur un nom, d’évidence qui s’imposait. Et puis il n’y avait pas de confusion possible, car tous les formats sont différents. Le nouveau CD a tout de même un semblant de titre : « shallnotkill. », avec un point. Ce disque vient au moment où l’on décide d’arrêter.
Ce disque est une coproduction entre 213 Records, Impure Muzik et Fight For Your Mind. Préalablement, on avait déjà envisagé de faire des coprod’, mais personnes n’a jamais été partant jusqu’à la sortie du 10 », qui s’est fait avec MalaRaza, TeteDeMort et 213. On a jamais véritablement « cherché » à travailler en coprod’, bien qu’on apprécie le truc. On ne sait vraiment pas parler de notre groupe. 213 et SHALLNOTKILL sont deux choses bien distinctes. 213 a souvent contribué aux disques du groupe, car c’est notre groupe, et qu’on a toujours souhaité y mettre du notre. Des amiEs comme les gens de MalaRaza, Oli TeteDeMort, ou Mike et Joss de GANTZ nous ont proposé leur soutien, et c’était vraiment un honneur, on ne les remerciera jamais assez pour ce qu’ils ont fait et font encore pour nous.
J’aime les coprod’, j’apprécie que des gens se retrouvent autour d’un projet. Ce n’est pas quelque chose de simple, ça demande une certaine rigueur et pas mal de communication entre les différentes personnes impliquées afin de faire les choses au mieux. Mais c’est bien cela (la communication) qui m’intéresse. L’association de plusieurs personnes autour d’un projet commun, c’est vraiment chouette.
Christelle : A vrai dire, on n’a jamais été très forts pour faire la « promo » de Shallnotkill. Je veux dire par là que si les autres labels ne s’étaient pas proposés pour participer au disque, je pense qu’on l’aurait sorti sur 213. On n’a jamais vraiment eu cette démarche d’envoyer nos disques ou de faire des massmailing à des labels pour qu’ils sortent nos disques. Les seuls labels à qui on a déjà pu demander de participer à nos disques sont des labels de potes. En fait en mars 2005, on a fait quelques dates avec Gantz et le courant est super bien passé. Et les 2 groupes avaient pour projet de sortir leur disque respectif au même moment. Sachant que des membres de Gantz sont impliqués dans Impure muzik et que julien et moi le sommes dans 213, ça nous est paru assez naturel de nous filer un coup de main respectif. Et pour ce qui est de Fight for your mind, j’étais en contact avec Flox qui m’a demandé de lui envoyer les titres du skeud pour y jeter une oreille. Sachant qu’il avait déjà plein de projets en cours, on ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il se propose pour participer au disque, d’autant qu’on se disait que ça n’était pas vraiment son univers musical, donc à vrai dire, on y pensait même pas. Ca a donc été une très bonne surprise pour nous, et ça nous a fait d’autant plus plaisir qu’il se joigne au projet car comme je le disais, même si ça n’est pas le genre de trucs qu’il sort habituellement, il nous a fait confiance et ne s’est pas simplement limité au pur aspect musical de la chose (ce que bon nombre de personnes dans cette « scène » punk/hardcore semble omettre à mon avis).
Sinon au niveau de 213, c’est vrai qu’on apprécie de faire des coprods, même si parfois ça peut être un peu plus compliqué à gérer, mais jusque là ça s’est toujours bien passé. Je trouve ça toujours intéressant et enrichissant de se confronter à d’autres choses.


3.Pour faire suite à la question précédente...il y'a un esprit DIY fort présent dans la démarche du groupe et de votre label perso (à vous, Julien et
Christelle). Mais qu'est-ce donc pour vous le DIY? Comment le définissez vous? Et comment le vivez vous? Comment en êtes vous arrivez là, à cette démarche.


Julien : A vrai dire, je n’ai jamais envisagé les choses que de cette façon. Depuis que j’ai commencé à faire de la musique, à écrire, je n’ai jamais envisagé les choses qu’en dehors des logiques capitalistes. C’est le DIY qui m’a fait découvrir le punk. Adolescent, j’été très branché metal, mais je ne me retrouvais pas dans la démarche de beaucoup de ces groupes. Je suis hostile au copyright, à la propriété intellectuelle. Je ne conçois pas le DIY comme une « alternative », c’est une opposition radicale au système. Je m’inquiète sincèrement de voir que pour bon nombre de personnes, le DIY soit un « tremplin ». On voit énormément de groupes « profiter » des réseaux DIY pour tourner, diffuser leurs disques. Ca conduit à mon avis à une forme d’aseptisation des idées, et j’y entrevois parfois une forme de colonialisme insidieux. Par exemple, on a toutes et tous vu des groupes ricains tourner en Europe via les réseaux DIY, alors que ceux-ci sont sur de gros labels indépendants aux USA. Je trouve ça très ambiguë. Si le système dominant leur en donnait les moyens, bien des groupes n’hésiteraient pas à tourner dans des salles subventionnées, à demander un cachet fixe. Nous avons joué parfois dans ce genre de structures, mais je ne m’y sens pas particulièrement à l’aise. Nous ne faisons pas de spectacle. Nous aspirons à l’échange, à la réelle interactivité. Elle n’est possible que lorsque chacun est acteur de cet instant. Et cette dynamique est loin d’être favorisée par des salles de spectacles subventionnées.
Nous avons créé 213 en 2001. J’utilisais déjà ce nom sur les trucs que j’avais pu sortir tout seul auparavant, mais le premier véritable disque de 213 (soit Christelle et moi) fût la démo de SHALLNOTKILL. Nous aspirions à pouvoir filer des coups de mains à des groupes/amiEs dont la démarche nous touchait, les seules « principes » étant de se retrouver en une démarche libertaire et non-profit. On n’avait pas particulièrement de projets, « d’ambitions ». Les projets sont venus assez naturellement, d’échanges en rencontres. On a appris beaucoup. Il y a eu beaucoup de bonheur, quelques désillusions. J’espère qu’on poursuivra le plus longtemps possible.
Christelle : Pour moi le DIY ne se limite pas seulement à sortir ses disques et les distribuer par soi même. C’est bien plus que ça. C’est vouloir autre chose que ce que l’on nous propose tous les jours. C’est sortir de ces schémas consuméristes qui sont ancrés en nous depuis notre plus jeune enfance, combattre ces notions d’argent, de profit, et tous ces instruments capitalistes qui nous entourent pour laisser place au partage et à l’échange.
Et puis je me suis aussi dit que si je voulais que des choses se passent (et ça ne vaut pas que pour la musique mais pour la vie de tous les jours), c’était à moi de me prendre en main et de me bouger, et ne pas attendre qu’on le fasse pour moi.


4.J'aime beaucoup vos textes en français...(non, je fais pas le lèche cul!). Mais pourriez vous nous expliquez ce qui vous motive à écrire ces textes. Quels sont les sujets qui déchaîne votre plume. Qu'est-ce qui vous influence?


Julien : Les textes naissent bien souvent de situation politiques ou sociales, et de mon « analyse » de la chose. Il y a beaucoup de textes liés à la communication entre les individus, et sur l’album à venir, je pense que pas mal de choses sont liées à l’environnement. Ca reflète nos inquiétudes je pense. C’est la colère en général qui me fait prendre la plume.


5.Cette phrase, tirée de « justifier la ligne » n'est pas en
français...Néanmoins elle a un sense que j'aime beaucoup : « Imagination is
subversion. Action is liberation ». Que signifie-t'elle pour vous?


Julien : Je n’aime pas beaucoup les slogans, j’ai hésité à l’inclure dans le morceau, mais c’était la phrase qui avait été à l’origine du texte, et ça convenait aux autres. L’imagination est une arme. Les structures politico médiatiques cherchent à formater les consciences, à modeler la pensée. On est pas bien loin des prophéties de G. Orwell dans sont « 1984 » à mon avis. L’imagination est subversion, et la mise en œuvre de ce qui en découle est libératrice. Elle nous fait sortir de l’emprise de la morale, du « droit », du « devoir ». Nous reprenons par là le contrôle de nos vies. C’est ainsi que je vois les choses tout du moins…
Christelle : Notre imagination est l’une des seules choses que l’on ne peut nous enlever, qui peut nous permettre de rester libre. J’entends par là que par son biais, on peut tout se permettre, car même si l’on essaye de formater nos pensées, personne n’est dans notre tête pour contrôler ce qu’il s’y passe.


6.Vos paroles ont un coté fort mélancolique; Des textes pleins de
désillusions. Comme dans « Faire de l'ombre au soleil »...J'y ressent un
mal-être face à la compétition perpétuelle et actuelle, face au Darwinisme
social cher à nos libéraux de tous poils...Quel est votre idée, votre
message, ou ce que vous auriez envie d'ajouter!?


Julien : Mélancolique, je ne sais pas. J’y vois plutôt une tension dramatique. Mais je pense que l’espoir est sous-jacent. Réfléchir sur nos modes de vie, c’est sain. Je n’aime pas vraiment la mélancolie. Elle implique un brin de nostalgie. Je n’en ai aucune. Je suis assez peu optimiste, mais j’essaie d’agir contre cela, bouger mes fesses afin de ne pas me laisser broyer par la machine. Il est tellement facile de sombrer dans les habitudes. Aussi, la mélancolie est quelque chose de très égocentrique. Mon pire ennemi, c’est moi. Mais je n’aime pas beaucoup m’apitoyer sur mon sort. C’est pour cela qu’aucun de nos titres n’est écrit à la première personne.
En ce qui concerne « Faire de l’ombre au soleil », c’est bien vu ! J’ai développé ce texte en croisant plusieurs constatations. Celle dont tu fais état. Cette pyramide sociale. On y échappe difficilement. Si tu n’essayes pas de grimper, tu seras écrasé. L’arrivisme. Ce qui a en partie motivé ce texte, c’est aussi de voir qu’on retrouvait ça aujourd’hui dans le punk. De la compétition : « celle ou celui qui organisera les meilleurs concerts, qui sortira le plus de disques »… Je trouve ça pathétique.
Christelle : Personnellement, je ne peux pas me sentir bien dans une société où l’on nous demande que de travailler, consommer et fermer nos gueules, tout accepter sans ne rien dire, où les inégalités sont omniprésentes et que l’on ne fait rien pour en changer, où l’on nous parle des bénéfices ou pertes de grosses entreprises alors que tous les jours des gens meurent de faim, où la seule chose qui compte est l’argent et toujours l’argent, le profit, la rentabilité…Du coup, ça me paraît un peu compliqué de laisser transparaître dans nos morceaux que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais peut être que je suis trop pessimiste...


7.Vous avez tournez plusieurs fois avec des potes à moi, partageant une place
sur mon label comme SHORT SUPPLY ou encore GANTZ. D'ailleurs vous repartez
sous peu pour une dernière tournée d'adieu avec GANTZ. Quel est votre
relation avec eux?


Julien : SHORT SUPPLY, c’était une relation assez particulière. Certains d’entre eux sont des amis très proches, des gens avec qui nous partageons beaucoup de temps, d’idées, d’émotions encore aujourd’hui. Je n’aime pas ce que ce terme représente, mais au niveau des liens affectifs qui me lie à Flo ou Romain, je considère que ces gens sont ma « famille ». GANTZ, c’est une rencontre, qui s’est transformé en amitié. J’aime vraiment les gens qui composent ce groupe, j’aime vraiment tous les moments que je peux passer avec chacun d’eux. Il se dégage une telle générosité et une telle quiétude de leurs personnalités… Je les trouve beaux pour ça.
Christelle : Avec Gantz, on s’était déjà croisés plusieurs fois à des concerts mais sans jamais vraiment se parler. Mais tout a véritablement commencé le 27/11/04 lors d’un concert ensemble à Verdun. Pour la petite histoire, j’avais prêté mon hp à Mike (le bassiste) et au bout d’un morceau et demi je crois, je vois de la fumée sortir du baffle (qui sortait tout juste de réparation). Bref, le HP est mort, je crois qu’il n’a pas supporté la bière (je tiens à préciser que Mike n’y est pour rien). Donc fin du concert, tout le monde est un peu tendu et dégoûté, Gantz désappointés. Ils me filent un peu de tunes qu’ils prennent sur leur défraiement (geste que je trouve plutôt cool, ils auraient aussi pu ne pas le faire). Enfin bref, malgré ça le courant est super bien passé. Voilà pour l’anecdote. Du coup je reçois des mails réguliers de leur part suite à cette histoire pour savoir ce qu’il en est du matos et pour s’excuser encore 1000 fois. Bref cette histoire qui aurait pu mal partir nous a plutôt rapprochés. Et puis début 2005, ils nous proposent de faire quelques dates avec eux en Allemagne, on est carrément partants et on apprend à se connaître un peu mieux. On se voit assez régulièrement depuis (à des concerts ou individuellement), on a d’ailleurs enregistré le disque chez Stéph, le batteur, et finalement on participe avec nos labels à nos disques respectifs et avec SHALLNOTKILL on va faire nos dernières dates hors de france ensemble.
Ce sont des gens adorables, que j’apprécie vraiment beaucoup et que je considère comme des amis. Ils font partie de l’histoire du groupe.
Vincent : J’ai rencontré GANTZ pour la première fois quand on a joué avec eux à Verdun. J’adore vraiment leur musique. Et puis il y a eu une tournée en Allemagne. C’était mortel, trop de bons souvenirs. J’adore ces mecs, voilà.

8.Je sais que vous aviez ouvert un squat à durée indéterminée (mais déjà fermé) notamment avec Dan le chanteur de HYACINTH. Comment s'est passé ce projet. En avez vous d'autre du même type en tête. Pourquoi un squat? N'avez
vous pas peur des préjugez des gens face aux squats (drogues...)? Personnellement j'ai pu voir des squat devenu des lieux politiques et
culturels géniaux!


Julien : Christelle et moi avons participé au projet DeSchapp pour bien des raisons. C’était assez « logique », on ne s’est pas vraiment posé de questions. On est frontaliers, on habite à quelques kilomètres du Luxembourg. On sait bien qu’il n’y a pas d’espaces socioculturels autogérés au Luxembourg. Nous avons occupé l’espace quelques mois, et bien que ce soit aujourd’hui fermé, nous projetons de nouvelles occupations, et invitons quiconque à se joindre à nous.
Pourquoi le squat ? Parce qu’il est tellement de lieux inoccupés, et qu’on se fout bien de la propriété privée, vu les besoins en espaces, logements, etc.
Christelle : En fait l’un de nos amis connaissait la fille du propriétaire du local, donc suite à un accord passé avec lui, on a pu disposer du lieu et en faire ce que l’on voulait. Le problème est qu’il était situé sur un terrain appartenant à la CFL (société de chemins de fer luxembourgeoise). Donc peu de temps après avoir fini d’aménager le lieu, on nous a demandé de le quitter. Du coup, quelques trucs s’y sont passés (concerts, cuisine populaire, atelier de fimo qui venait juste de se mettre en place…) mais on n’a pas pu y faire tout ce que l’on souhaitait.
Donc du coup on est partants pour remettre ça, et quant aux préjugés, je pense que si l’on y porte trop d’attention, que ce soit pour n’importe quoi (squat ou autre), on n’a plus qu’à rester cloîtré chez soi, et perso, je n’ai pas vraiment envie de ça.


9.Et quand SHALL NOT KILL ne sera plus...Que comptez vous faire? Des projets
avec d'autres gens de la scène sur Nancy, ou la Belgique du Sud ou le
Luxembourg?


Julien : En ce qui me concerne, on va continuer à bricoler Christelle et moi sur DOGMICIDE. Ce n’est pas un groupe, mais juste un nom surtout ce qu’on peut entreprendre en duo musicalement. On a fait pas mal d’électro jusqu’à maintenant. On doit sortir une démo deux titres bientôt, quelque chose de plus organique, plus « rock » en un sens. Mais ça ne sera jamais un groupe.
Geoffrey (ex-PULSAR73, ex-DEAD FOR A MINUTE) nous a proposé de jouer avec lui. C’est un musicien talentueux. On n’a toujours pas de batteur. Let see. On a un projet bien concert de groupe avec Nina, une amie luxembourgeoise qui vie à Metz. Jusqu’à maintenant ça s’appelle RIEN, mais il semble que 1536984 groupes aient déjà ce nom, du coup, pas impossible qu’on en change. On répète depuis quelques semaines, et Nina n’avait jamais joué de batterie avant ça, donc c’est très embryonnaire, mais on s’amuse beaucoup, et c’est vraiment plaisant. Il n’y a aucun projet, si ce n’est celui du prendre du plaisir avec des gens qu’on aime. Je pense que de là naîtrons sans doute des choses.
Christelle : Oui donc, les projets dont Julien parle. Et je dois dire que jouer avec Nina est quelque chose de vraiment intéressant, malgré les difficultés que ça peut représenter (surtout pour elle, mais elle s’en sort vraiment pas mal). C’est une approche complètement différente de ce que j’ai pu vivre jusque là en musique, mais je pense que c’est très enrichissant, autant pour elle que pour julien et moi et que ça peut nous apporter beaucoup, surtout humainement parlant.
Vincent : ben moi, je déborde d’idées, j’ai envie d’explorer de nouvelles choses. Je vais laisser la zic bourrin de côté pendant un temps, mais pas trop longtemps quand même !


10. Alors quelles sont les groupes qui ont influencés les gens de SHALL NOT
KILL. Qu'est-ce qui vous mène dans le monde punk hardcore? Je me souviens
avoir lu que Christelle et Julien s'était connu sur un morceau de MORBID
ANGEL ou quelque chose du genre? (bah oui je suis un lecteur du zine
« Cliché »). On aurrait presque envie de dire « SHALL NOT KILL sont les BLACK
SABBATH du hardcore ». Attention musicalement, à moins que un « reality
show » du groupe soit déjà prévu sur MTV?


Julien : Je ne te félicite pas pour tes lectures ! Lire CLICHE. Ou va la littérature bordel ?! Costes édite chez Fayard, Houelbecq gagne des prix littéraires. Tu me diras, ça offre des perspectives à Flo. Ouais, c’est vrai on a flirté sur MORBID ANGEL. C’est marrant je trouve. Les influences de SHALLNOTKILL ? Très difficile. Depuis le début, peu de groupes font l’unanimité. Je dirais effectivement BLACK SABBATH (mais je crois que c’est universel), BOTCH, TRAGEDY et KEELHAUL pour les disques qu’on retrouverait chez les uns et les autres. A l’heure qu’il est et pour parler un peu de ma petite personne, j’aime particulièrement des choses lourdes et lentes, comme GRIEF, NOOTHGRUSH, THE MELVINS… et puis des choses plus punks, comme MOB47, CRASS, DEAD KENNEDY’S. Voilà ce que j’ai en haut de ma pile de LP en ce moment.
Comme je le disais précédemment, c’est le DIY qui m’a amené au punk. Musicalement, il y a eu une ouverture, mais pas vraiment de changement. J’ai pas de scrupules à écouter WHITESNAKE après FINGERPRINT. Je me retrouve simplement bien plus dans le second.
Christelle : Ce qui me mène dans le punk hardcore, c’est pas forcément la musique (même si j’y suis venue par là), mais plutôt le côté social de la chose, la dimension humaine qui s’en dégage. C’est quelque chose que je n’avais jamais connu auparavant, et ça m’a apporté beaucoup. Ca m’a amené à réfléchir sur plein de choses, sur moi-même aussi et à remettre pas mal de choses en question. Ca m’aide à avancer. Sinon pour ce qui est de nos influences, Black Sab on est d’accord. Pour le reste, à part les groupes cités par Julien, je ne pense pas que l’on ait beaucoup de disques en commun. On écoute tous des choses assez variées. Pour ma part, j’écoute des choses très différentes, des trucs assez barrés, du crust, du doom, des classiques comme Joy Division ou Bauhaus entre autres, du hip hop, des bons disques de black metal pour ne citer que ça, donc tu vois un peu, plein plein de choses quoi. Mais j’affectionne particulièrement tout ce qui est lourd, lent et gras.
Vincent : Je suis influencé par une multitude de groupes, mais par rapport à SHALLNOTKILL, je dirais : KEELHAUL, EYEHATEGOD, MOHO, BONGZILLA… Surtout pour mon jeu de batterie et les riffs de grattes.


11.Julien et Christelle, êtes vous toujours actif dans le « Burn Out » zine?
Si oui, sous quelle forme? Perso je pends toujours autant de plaisirs à
découvrir le zine de Phil, devenu un zine collectif...Hélas un des derniers
zines


Julien : « Actifs » est un bien grand mot. Je fais quelques chroniques, et j’ai préparé quelques interviews. Le zine existe toujours, il y a un numéro sur le feu, mais chacunEs est occupé par bien des trucs, et met un certain temps à se mettre en place. Je ne doute pas que ça se fasse, tout est question de temps… Comme tu le disais c’est un zine collectif. Pas mal de gens sont dessus, c’est vraiment chouette.
Depuis un moment je pense à refaire une zine perso. Ca tournerait autour de la thématique de l’éveil. J’ai quelques idées, mais j’pense que c’est pas prêt de voir le jour. Je suis fainéant, et j’manque pas mal de confiance en moi.
Christelle : Effectivement, active est un bien grand mot. J’ai juste écrit un texte dans le précédent numéro, et là, j’ai deux interview et un texte pour le prochain donc je dirais plutôt que j’y apporte une modeste contribution.


12.Existe-t'il un sujet ou plusieurs sujets que SHALL NOT KILL n'a jamais eu
l'occasion de coucher sur papier, ou que le groupe n'a pas encore eu le temps
de mettre en chanson? Si oui, c'est l'occasion d'en parler maintenant?


Julien : Je pense qu’il y en a des milliers ! J’ai vraiment du mal à exprimer bien des choses. Je trouve que j’écris de façon trop elliptique. Et ça m’emmerde de plus en plus. Je me fais violence pour que ça change, on verra ce que ça donnera, mais ce sera dans le cadre d’un autre projet.


13.J'ai l'impression de voir à travers votre groupe et plusieurs autres
groupes français une tradition de « groupes revendicatifs ». Des groupes à
textes et ayant des choses à dire en concerts...Chose qui se retrouve
beaucoup en France...et moins ailleurs en Europe ou en Belgique? Quel en est
votre vision?


Julien : Je ne pense que le punk a subit une certaine « gentrification », la France n’y échappe pas. Il y a pas mal de mépris, voir de désintérêt pour la chose politique depuis quelques années. Et ça me met assez en colère, donc ça me motive ! Je suis atterré quand je lis les textes de pas mal de groupes (quand ceux-ci se donnent la peine de les diffuser). Je chie sur ceux qui se « proclame » d’un punk/hardcore « apolitique », tout autant que sur les nouveaux moralisateurs emprunts de conservatisme.
Christelle : Je ne sais pas vraiment si l’on retrouve plus cela en France qu’ailleurs. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de plus en plus de groupes, mais que très peu ont encore des choses intéressantes à dire. Ecrire de belles chansons c’est bien, mais pour moi les textes ont une importance toute aussi grande. Je peux comprendre que pour certains les textes puissent passer après la musique, mais pas quand tu te dis être un groupe de punk hardcore. Car le punk pour moi, c’est loin d’être que de la musique. C’est aussi un vecteur d’idées, un « lieu » d’échange et de partage, et quand j’entends certains dire qu’il ne faut pas tout mélanger – punk et politique par exemple- ça me fait bien marrer (enfin non, pas du tout en fait). Je crois que beaucoup de gens se servent du punk par dépit, sans savoir vraiment ce que cela peut représenter…


14.Est-ce que SHALL NOT KILL s'est déjà retrouvé face à des attitudes
machistes envers Christelle lors de concerts ou webzines ou je ne sais quoi
d'autre?


Julien : On n’échappe pas à la viande saoule, et à leurs traditionnels « à poil ! ». J’entends et vois parfois des trucs salaces, mais c’est jamais très courageux. Tout dépend des endroits et de leur fréquentation à mon avis…
Christelle : Oui c’est déjà arrivé plusieurs fois lors de concerts. Ca ne fait jamais trop plaisir d’être considérée comme un simple morceau de viande, on ne fait pas attention à ce que tu fais mais à ce que tu es ou pourrais être (le quatre heure de certains par exemple comme ils peuvent le sous entendre). Ce genre d’attitude me fait vomir!
Vincent : Si je ne me trompe pas, je me rappelle d’une fois où Christelle s’est présentée en tant que bassiste du groupe, et la personne en face l’a regardé vraiment bizzare. Comme si une fille ne pouvait pas jouer dans un groupe hardcore, ou autres groupes bourrins.


15.Bon, et bien pour finir cette petite interview, je vous remercierez pour
tout : la musique, les paroles, votre sympathie, le fait de m'avoir hébergé
plusieurs fois chez vous, votre (hyper)activité musicale dans le monde DIY,
etc etc. Et je vous laisse le dernier mot en disant ceci : « you SHALL NOT
KILL the band please ». Bizzz à vous!


Merci pour tout ce que tu fais pour nous, pour ton soutien et ton amitié. Il va sans dire que tu es toujours le bienvenu ! Eh, si, « we shall kill the band », mais avant ça, quelques disques et quelques concerts. Le suicide est programmé le 24 juin à Reims avec CROWPATH et SUBMERGE (www.burnoutzine.net pour plus d’infos). 666 bises.
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AUTEUR : Julien
Co-créateur du site web avec Erik, rapidement rejoint par d'autres joyeux camarades mélomanes. Autres activités musicales? Ex-label boss de Hea...
Co-créateur du site web avec Erik, rapidement rejoint par d'autres joyeux camarades mélomanes. Autres activités musicales? Ex-label boss de Heart On Fire Records, mais aussi ancien gestionnaire d'une distro (VPC, etc) et ancien organisateur de concerts. J'ai également écrit par le passé un fanzine papier du nom de "My Dreams..." et d'autr...
Co-créateur du site web avec Erik, rapidement rejoint par d'autres joyeux camarades mélomanes. Autres activités musicales? Ex-label boss de Heart On Fire Records, mais aussi ancien gestionnaire d'une distro (VPC, etc) et ancien organisateur de concerts. J'ai également écrit par le passé un fanzine papier du nom de "My Dreams..." et d'autres petites newsletters. Blog : Matériel photo : Depuis peu un CANON EOS 350 D et avantç a, jusque mars 20...
Co-créateur du site web avec Erik, rapidement rejoint par d'autres joyeux camarades mélomanes. Autres activités musicales? Ex-label boss de Heart On Fire Records, mais aussi ancien gestionnaire d'une distro (VPC, etc) et ancien organisateur de concerts. J'ai également écrit par le passé un fanzine papier du nom de "My Dreams..." et d'autres petites newsletters. Blog : Matériel photo : Depuis peu un CANON EOS 350 D et avantç a, jusque mars 2006 un CANON EOS 300 argentique (avec un bon vieux scanner ensuite) !! Les droits s...
Co-créateur du site web avec Erik, rapidement rejoint par d'autres joyeux camarades mélomanes. Autres activités musicales? Ex-label boss de Heart On Fire Records, mais aussi ancien gestionnaire d'une distro (VPC, etc) et ancien organisateur de concerts. J'ai également écrit par le passé un fanzine papier du nom de "My Dreams..." et d'autres petites newsletters. Blog : Matériel photo : Depuis peu un CANON EOS 350 D et avantç a, jusque mars 2006 un CANON EOS 300 argentique (avec un bon vieux scanner ensuite) !! Les droits sur les photos : Pour plus d'infos : ...

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