Interview

PUGGY

Mercredi 31 juillet 2013



Salut les mecs ! Un groupe belge, un webzine belge…mais on fait l’interview en France ! Vous avez déjà joué au Main Square en 2011. Vous connaissez donc déjà un peu les lieux. Qu’est-ce que vous pensez du festival ? De jouer avec de gros noms comme Archive
Archive


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ou Indochine ?


Matthew : En 2011, on avait joué sur la petite scène, la Green Room. Cette fois-ci, on a la chance de jouer sur la scène principale, c’est génial. On avait eu un bon accueil la première fois donc on s’attend à un bon concert encore une fois. En plus, le cadre est magnifique, avec la citadelle, ça change de d’habitude.

Vous jouez sur les scènes de très grands festivals mais aussi dans de grandes salles maintenant. Deux fois l’AB soldout en mai et là, vous avez prévu Forest National !

Matthew : On avait aussi rempli l’AB deux autres fois il y a un peu plus longtemps il me semble mais je ne me souviens plus des dates exactes. On a vraiment hâte de voir comment ça va se passer à Forest.

Ziggy : On va devoir repenser à toute notre mise en scène, c’est sûr, car la salle est bien plus grande.

Ce sera dans la configuration club ou carrément la salle complète ?

Matthew : On ne sait pas encore. Pour l’instant, on a booké le Club. C’est ce qui est écrit sur les tickets. Après, on verra bien comment les ventes se passent et où ça nous mène.

Des concerts non-stop, de plus en plus gros, ainsi que plusieurs albums. Tout ça en 6 ans grosso-modo. Vous ne prenez jamais de vacances ?

Matthew : Non ! Pas le temps ! A mon avis, dans une quinzaine d’années, on pourra prendre… une semaine de vacances ! Non mais bon, on voyage énormément donc ça nous arrive d’avoir quelques jours off, on en profite pour être chez nous, se détendre un peu. On adore ce métier, on adore tourner, on voyage beaucoup… Je t’avoue que la dernière chose à laquelle je pense quand je rentre chez moi, c’est partir en voyage ! (rire général)

Et justement, quand vous êtes en tournée, vous prenez le temps de visiter la ville où vous êtes ?

Matthew : De plus en plus.

Romain : On essaye de prendre le temps pour ça, oui. Bon, il y a de gros évènements comme aujourd’hui où on a plein d’interviews et de promo à faire toute la journée. On ne sait pas prendre le temps de visiter malheureusement. Mais hier, par exemple, on était en Bretagne, on a passé une journée super agréable. On essaye de se reposer comme un peu parce que si on bouge non-stop, on fatigue et à la fin, on ne tient plus le coup.



Désolé de vous prendre de votre temps aujourd’hui, surtout qu’il fait beau… votre dernier album est sorti il y a peu. Comment se passe l’écriture entre vous ?

Romain : Ça dépend. Généralement, Matt apporte ses idées. Et avec déjà une structure bien pensée, verse – chorus. Une idée déjà assez complète du morceau. On travaille sur base de ces idées-là. Ziggy aussi va apporter ses idées, on essaye de recoller des parties ensemble, voir ce que ça donne. Et après ça, c’est évidemment un long travail d’arrangement qui se modifie en fonction qu’on joue en concert aussi.

Et vous écrivez en général chez vous, en studio, pendant les concerts, un peu tout le temps ?

Matthew : Ça dépend, chaque morceau a sa propre histoire. Il faudrait voir pour ça chaque morceau individuellement. Ce qu’on essaye de faire, c’est de ne pas reproduire le même système de travail. Il y a des gens qui ont un système bien précis, ils écrivent toujours de la même façon. Nous, on essaye toujours d’éviter ça. Parfois, il y a des morceaux qui viennent d’un jam où il y a un riff qui tourne et puis, moi je vais le prendre, je vais aller le travailler un peu et puis voir où je peux aller avec, puis je le ramène au groupe et on voit ce qu’on sait en faire. On essaye aussi que nos chansons restent vivantes, dans le sens où on part sur le principe que nos chansons puissent vivre dans la production. On a jamais voulu laisser la prod’ prendre le dessus sur la composition. Dans le sens où on peut toujours rechanger, remodeler. On aime jouer avec les arrangements, que ce soient pour des lives normaux ou acoustiques. On aime pouvoir interpréter nos morceaux de manières différentes. Bien sûr, il faut quand même que les gens reconnaissent les chansons sinon ça ne rime à rien, l’âme du morceau reste la même mais pour le reste, on varie beaucoup de choses.

Justement, tu parles de production. Pour votre nouveau disque, vous avez travaillé avec Eliot James, qui a bossé avec Bloc Party
Bloc Party


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notamment. Pourquoi lui et pas un autre ?

Romain : Surtout pour son travail et son choix de groupe. Son CV est particulièrement éclectique. Il a travaillé avec plein de groupes, plein de gens différents. On savait qu’il avait l’ouverture d’esprit dont on avait besoin vu que notre propre musique est assez éclectique, il y a beaucoup de genres qui s’y mélangent. Du coup, on cherchait quelqu’un qui soit ouvert musicalement. En plus, il a fait des productions incroyables pour donner une énergie comme en live et on cherchait ça aussi. C’était le candidat idéal, on a tout de suite pensé à lui. Après, en studio, il fallait lui laisser de la place parce qu’on n’était pas habitué à travailler avec quelqu’un, ça a fait une grosse différence.

Et sur les autres albums, vous étiez sans producteur alors ?

Matthew : Exact. On n’a jamais eu de producteur au fait. On n’avait jamais eu la volonté de faire produire nos disques, on voulait tout faire nous-mêmes. Le premier parce qu’on n’avait pas les moyens. Le deuxième, on devait normalement le produire avec François Chevalier qui est mort au fait 2 semaines avant d’entrer en studio, malheureusement.

En écoutant l’album avant de venir, j’ai trouvé qu’il sonnait plus énergique, plus entrainant que les précédents. Est-ce qu’il a été pensé pour le live ou ce sont simplement les compositions qui ont sonnés ainsi directement ?

Matthew : Justement, une des raisons pour lesquelles on a choisi Eliot, c’est parce qu’on voulait capter cette énergie qu’on a en live et la mettre sur le CD. Et ce n’est vraiment pas quelque chose de facile à avoir, il faut avoir la compétence pour ça. Qu’on n’a pas mais que Eliot a. Et dans tous les disques qu’il avait produit, de A à Z, ça sonnait vraiment live et c’est ce qu’on voulait. Quand produisait nos disques nous-mêmes, on faisait tellement d’aller-retour entre la salle où tu joues et la salle où tu enregistres pour voir si le son est bon, si l’enregistrement est bon, ça nous prenait beaucoup d’énergie. Donc le fait d’avoir quelqu’un qui se charge de ça nous permet ainsi de se concentrer exclusivement sur notre façon de jouer, comme on le fait en live.

Vous avez choisi comme premier single, Last Day On Earth. Pourquoi cette chanson-là et pas une autre ?

Romain : A la base, ça ne devait pas être un single. Elle ne devait même pas être sur l’album je t’avoue. C’est vraiment Eliot qui est venu repêcher ce morceau qu’on avait un peu jeté à la poubelle. Ça faisait longtemps qu’on travaillait dessus mais on n’arrivait pas vraiment à quelque chose qu’on voulait donc on l’avait mis de côté. Et puis Eliot nous a un petit peu forcé la main. Puis, finalement, on a été très content de ce que l’enregistrement, l’arrangement, a donné. Le morceau était assez frais alors on s’est dit pourquoi pas et on l’a lancé comme single.

Et est-ce qu’il y a des morceaux que vous aimiez mais qu’Eliot refusait de voir sur le disque ? Ou l’inverse ?

Romain : En tout, on avait 30 morceaux donc il a fallu faire des choix effectivement. Ça a été un long débat car ce fut vraiment difficile de choisir mais bon voilà, il n’y avait pas qu’Eliot. Il y avait aussi nos amis, nos familles, notre label derrière. On est tous ensemble dans le projet et au final, on remarque que tout le monde aime bien ceux qu’on a finalement choisis donc tant mieux. Et puis, comme le dit souvent Matthew, une chanson n’est jamais perdue. On peut toujours la sortir plus tard à un moment donné dans notre carrière.

Faites un double album la prochaine fois, vous aurez moins de choix cornéliens à faire ! Pour en revenir à Last Day On Earth, le clip est bien drôle avec tous ces personnages. Quelqu’un peut m’expliquer le thème de cette chanson ?

Matthew : Au fait, le texte est très morbide, très cynique. Il y a des gens qui existent et que tu te dis que le monde serait tellement meilleur s’ils n’étaient pas là ! S’ils n’avaient jamais existé ou s’ils pouvaient nous faire le plaisir de crever, ce serait bien. Voilà, les paroles parlent de ça (« On chantera pour ta dernière journée sur Terre »). Il y a plein d’autres thèmes dans les autres chansons, je ne sais pas tout te dire maintenant. Il faudrait que je regarde les paroles et que je te dise, là on parle plutôt de ça ou ça. Ce qu’on aime beaucoup faire en tout cas, c’est faire un contraste entre les paroles et les mélodies, l’atmosphère. On aime bien tout ce qui est paradoxe, dualité. Que tout ait un double sens dans notre musique. Soit tu prends tout au premier degré et ça marche très bien aussi. Soit tu vas gratter, creuser pour découvrir tous les étages, tous les échelons différents qui sont dans notre musique. Pas qu’on cache des choses dans nos chansons mais juste qu’il y ait différentes lectures, auditions, possibles. Il y a beaucoup d’autodérision aussi. Il y a des choses que l’on prend très au sérieux sans non plus se prendre la tête. On essaye de relativiser qui on est, ce qu’on fait.



Tous ces jeux de mots ou autres paroles cyniques, tu les chantes en anglais. Pas en français. Pourquoi ?

Matthew : Je suis Anglais, je suis d’origine anglaise, je parle anglais dans ma famille, j’ai écouté de la musique anglophone toute ma vie donc pour moi, la musique française, ce n’est pas quelque chose dans laquelle j’ai bercé. Je ne connais pas très bien. Que ce soit Jacques Brel ou plus couramment Stromae. Ou encore Edith Piaf pour revenir aux plus vieux. Mais voilà, je ne connais pas plus que ça. Pour écrire en français, il faut vraiment être dans cette culture, ce qui n’est pas mon cas et donc me lancer là-dedans maintenant, ce serait dangereux. C’est plus naturel pour moi de chanter en anglais. Mais bon, qui sait dans le futur. On peut très bien tomber sur un parolier français qui fait des textes de dingue et qu’on aura juste envie de les interpréter, c’est tout à fait possible. Comme je te l’ai dit, on est très ouvert musicalement. Mais pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour.

On a parlé du titre de votre premier single mais j’aimerais aussi revenir sur le titre de l’album, To Win The World. Votre but est de conquérir le monde ?

Matthew : Le but était de se faire poser cette question par les journalistes ! (rire général)

Et la réponse est ?

Romain : C’était principalement pour ça. Non, plus sérieusement, comme l’a dit Matt, nos textes sont très cyniques, encore une fois ici. Voilà, on ne va pas conquérir le monde. On vient de Bruxelles, c’est complètement absurde de se dire ça…

On est quand même la capitale de l’Europe, officiellement !

Romain : C’est vrai, c’est vrai ! Mais bon, c’est vraiment le sentiment que tu as quand tu vas à Bruxelles, tu entres dans un bar et tu dis à tes potes que tu vas conquérir le monde, tout le monde va trouver que c’est une bonne blague, tout le monde va trouver ça très drôle. Puis, c’est aussi une chanson dans le disque qui a sa propre histoire. Donc voilà, on trouvait que le titre était bien, que c’était fort, hop on le met comme titre du disque, ça donne un petit côté ambitieux en plus !

Et votre but dans le groupe alors, ce serait quoi ?

Romain : On va continuer à faire notre musique et aller le plus loin possible. Déjà jouer dans des endroits, sur des scènes comme aujourd’hui, c’est génial, c’est quelque chose pour laquelle on s’est battu et on va continuer à le faire ! Ce n’est pas facile pour tout le monde d’arriver à ce niveau donc on est bien conscient de la chance qu’on a mais comme l’a dit Matthew tantôt, on veut continuer à voyager, à visiter, toujours plus loin et continuer l’aventure.

Matthew : Dès le début, notre but était de savoir vivre de notre musique. Maintenant qu’on commence à arriver à ce niveau-là, on a envie d’aller encore plus loin encore, c’est logique. Tu as toujours envie d’aller plus loin. Rencontrer de nouvelles personnes, travailler avec d’autres, voyager d’autres lieux. Avoir pu travailler pendant plus d’un mois avoir Eliot James, avoir pu le regarder travailler, c’est déjà quelque chose d’extraordinaire. Quand tu viens de Bruxelles, ce n’est pas évident d’en arriver là. Si tu commences un groupe et que tu dis un jour à tes potes que tu feras produire ton album par lui, les gens vont te dire « Tu es con ou quoi, arrête tes conneries. Hop, prends une bière, ce n’est pas grave, ça passera. » ! Mais voilà, une rencontre permet une autre rencontre, un voyage en permet souvent un autre aussi. Tu as fait un festival dans le sud de la France, bah ça te permettra peut-être de jouer ensuite en Corse ou dans le nord de l’Espagne. Et de là, tu rencontres des gens qui veulent te booker sur un autre festival. Là, tu rencontres un mec qui aime bien ton concert et veut te booker à un festival en Hongrie…



Vous parlez bien de Bruxelles, de la Belgique comme votre pays mais vous avez tous d’autres origines, non ?

Matthew : C’est vrai qu’on vient d’horizons différents. Romain est Français & Ziggy est Suédois. Mais on est Bruxellois dans l’âme, on se sent Belge assurément. Ça se voit un peu dans notre côté autodérision. C’est une culture très bien, on aime vivre à Bruxelles, c’est là que le groupe a été créé et a vécu ses débuts sur scène. Notre QG est toujours Bruxelles. En soi, le groupe est belge. Après, est-ce qu’on représente la Belgique, est-ce qu’on représente la culture belge quand on joue en concert, est-ce que le public belge trouve qu’on représente l’univers musical belge, c’est une question qu’il faudra plutôt poser à eux. Je ne pense peut-être pas. Ce qui est cool avec la Belgique en tout cas, c’est qu’il n’y a jamais de mouvance. Pour la Wallonie, je parle. La Flandres, je connais un peu moins. Tous les groupes wallons sont juste complètement différents. C’est ça qui est exceptionnel dans ce pays. C’est très propre à la Belgique. Quand tu regardes en Angleterre par exemple, tu auras souvent une mode où tous les groupes sonnent de la même manière pendant un an, puis ça changera l’année d’après. En Belgique, tu n’as pas ça et j’adore ça. Cela vient du fait que les Belges ne se prennent pas trop au sérieux et sont bien ouverts d’esprit.

C’est vrai qu’on est bien connu pour l’autodérision. Sinon, une dernière question sur notre petit pays cher à tous. Je ne sais pas si vous avez entendu parler de l’abdication du roi ? Un petit commentaire là-dessus ?

Matthew : Il a près de 80 ans il me semble, il est roi depuis très longtemps donc il me semble qu’il a bien le droit de prendre sa retraite comme tout le monde !

Merci à vous pour votre temps, bon concert tout à l’heure et j’espère qu’on ne vous poussera pas àa la retraite avant vos 80 ans aussi !


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