Interview

HUNHUMN

Interview de Hunhumn :


Jeudi 21 mai 2020



The Second Attention (2020) est le premier album de HunHumn
HunHumn


Clique pour voir la fiche du groupe
sorti le mois dernier sur Homo-Sensibilis Records. Il retrace le voyage spirituel et les batailles internes de chacun. De la musique électronique profonde, mais légère. C'est un voyage méditatif, ésotérique contre l'égo.
Afin de mieux comprendre l'intention de cet album, j'ai eu la chance de pouvoir poser quelques questions à l'artiste derrière le projet.

Salut Hunhumn, merci pour ton temps. Peux-tu te présenter et présenter ton projet ?


Salut,
Avec plaisir, merci de prendre le temps de m’écouter!
Hunhumn est un projet qui est en constante évolution, conscient de l’impermanence des choses, il est instable de ses motivations, de ses directions à son nom.
Il est passé par plusieurs strates: Animan, Hanuman, un-Human et puis maintenant Hunhumn…
Il a débuté avec un but plutôt thérapeutique. Son commencement est l’aboutissement d’une quête personnelle qui était alors une nécessité proche de la survie.
Le projet est un tout, entre rituel personnel, recherches sonores, message à transmettre, déconstruction de mes propres mythes et un profond travail sur l’amour du soi (et sa volonté inconditionnelle). Pratiquement c’est un condensé de tout ce qui m’inspire dans la matière ou dans le monde des idées. Ça permet, à la fois, d’oser aller dans n’importe quelle direction parce qu’instable, mais aussi d’avoir un tout harmonieux à la fin parce que profondément intime.

Comment et avec quel matériel travailles-tu ?

Je bosse à la maison, sur ma mezzanine, avec un clavier, Ableton Lite et un micro!


As-tu un rituel productif ?

Non ! Je travaille impulsivement, quand je sens que c’est le moment. Je produis beaucoup pendant une courte période puis plus rien jusqu’à la fois suivante, lorsque je n'ai pas de contraintes. Je travaille par concept. Je fais des morceaux qui se suivent et se ressemblent où suivent une certaine logique. Je finis souvent par les mixer ensemble. C’est un travail un peu alchimique. J’aime ou non le résultat et sinon je déconstruis et reconstruis jusqu’à ce que je trouve « LE » truc. Souvent, c’est là où l’erreur commence, là où il y a un défaut sonore, que j’arrive a atteindre quelque chose qui me plaît.
C’est très amusant de voir dans le hasard une destinée, une synchronicité qui articule la création.


Parlons maintenant de ton excellent album : The Second Attention. Quelle était l'intention ?


Je voulais transmettre quelque chose de difficile à expliquer: Des souhaits et des impressions,
je parlais de quête personnel un peu plus tôt.
J’avais besoin, à l’époque, de déconstruire toutes les choses que je connaissais, sur lesquelles j’avais batti ma vie afin de me soigner. Sortir de mes nœuds psychiques, sociaux, familiaux. J’ai tenté différentes directions: le voyage, la méditation, les médecines chamaniques, les psychédéliques, différentes lectures. Tout ce qui pouvait requestionner le mythe dans lequel je vivais.
Tous ces différents enseignements m'ont mené vers une seule et même vérité personnelle: « ma perception est le fruit de mon conditionnement culturel, politique et social ».
Toutes ces médecines ont travaillé à les déconstruire. C’est alors qu’un livre m’est tombé dans les mains: L'art de Rêver par Carlos Castaneda.
En gros, ça raconte l’apprentissage d’un anthropologue auprès d’un sorcier Yaqui. Ce dernier lui apprend par le rêve lucide à dépasser les barrières de sa propre perception jusqu’à pouvoir modifier son monde réel a travers lui.
Tout est possible puisqu’il n’y a aucune différence entre le rêve et la réalité. Nous faisons tous un rêve, plus ou moins le même. Le but ultime que je cherchais finalement était de me réveiller de ce rêve commun, de mon propre mythe.
Carlos Castaneda a nomé cette part du rêve éveillé où l'on dépasse son identification à ses propres perceptions, « La Seconde Attention », tout simplement.


Tu apportes une importance particulière aux rêves, à l'univers onirique et aux rêves lucides.
Dans le premier track de l'album éponyme, il y a des voix qui disent « It is really important that you wake up » et qui invitent au réveil. Cet album est-il donc un rêve lucide ? Un voyage spirituel ?

Oui ! Je voulais que ce track sonne comme une invitation au réveil, à la lucidité dans le rêve que nous pensons être notre réalité. Étendre notre conscience plus loin et plus haut que nos routines et nos problèmes. Et même plus loin: dépasser notre corps, nos yeux, notre ressenti, tout ce qui nous fige.
Ce morceau est pour moi comme un orgasme spirituel semblable à des ressentis qui peuvent être atteints dans certains états méditatifs et bien sûr en voyage psychédélique.
L’album est pour moi comme un voyage dans la vie, parfois sombre, parfois lumineux, souvent sur le fil entre les deux: entre bad trip et plénitude. Que ce soit sensuel, sensoriel, malaisant et réconfortant. Parfois pleinement dans le rêve, parfois désillusionné. Mais oui, c’est une belle invitation a tripper ! Mes inspirations indiennes, chamaniques, psychédéliques et même religieuses sont très très présentes. Je ris beaucoup en le réécoutant. Affectueusement…

Le morceau Tracking est le plus « pulsionnel » de l'album. Comme un voyage pour se connaître. Comment le ressens-tu ? Est-il lié à un voyage initiatique que tu as fait ?

Oui, au départ il s’appelait Superficial . Il parle de l’envie qu’on a de plaire, de faire des choses uniquement pour être aimé des autres. Un sentiment qu’on lie à l’enfance alors qu’il reste pour certains très tard et parfois même toute leur vie. Abandonner ce sentiment c’est laisser beaucoup derrière soi, c’est dépasser une grosse partie des problèmes. C’est pour cela qu’il s’articule en deux partie. La première au rythme déconstruit qui traduit pour moi la lutte intérieure entre qui je suis et qui je devrais être pour l’autre, la seconde est le dépassement du soi. Je me dépasse, je n’ai plus besoin d’être reconnu parce que « je suis ». Et ce « je suis » (qui a mes yeux pré existe au « je pense » du cogito) n’a pas de limites pouvant être atteinte, si ce n’est celles que j’ai décidé de me mettre. Je l’ai appelé Tracking finalement parce qu’il ressemble a une chasse a quelque chose sans forme définie. A cette chose qui pourrait nous faire basculer dans la seconde attention.


Dans Lesson, il y a une atmosphère assez sereine. Tu appelles à la Mère. Peux-tu expliquer pourquoi cette phrase qui revient souvent : « Knowledge is a curse ? », parles-tu de la connaissance en elle-même, de la connaissance de soi-même, ou du caractère intarissable de l'apprentissage ?

J’ai écrit ce morceau quelques jours après le décès d’un ami. Il parle de la transmutation des événements de la vie en apprentissage. Par là, je veux dire qu’on peut choisir de voir les événements de la vie comme une fatalité ou alors comme une leçon.
Un apprentissage inéluctable qui a pour but de nous faire grandir, de nous montrer le chemin a chaque fois un peu plus affiné vers une connaissance un peu plus profonde de nous même.
Cela change la vie de voir dans la peine, la souffrance et la mort, des clés pour comprendre nos réactions face à certains événements.
La mort reste pour moi le plus grand des mystères et de fait, le plus grand des apprentissages: nous y sommes confrontés chaque jour et ce sera, un jour, notre fin inéluctable.
c’est ça le « knowledge is a curse ». Se rappeler, même si on en a pas envie, que la souffrance et la mort sont inévitables dans nos vies.
La Mère est pour moi ce qu’on appelle Dieu. La source de vie est pour moi pleinement féminine, mais c’est par choix, car je pense que tout ce qui transcende notre perception a dépassé nos dualité, même de genres…
Et dans la mort, nous convergeons finalement vers notre origine.

Dans le morceau intitulé Knowledge, tu parles de la dualité que tu essayes de fuir. Peux-tu en dire plus ?

C’est un track très compliqué pour moi, il me met très mal à l’aise. Il joue sur la corde de l’angoisse et de la folie. Il vient chipoter à mes synapses, là où se situent tous mes doutes.
Il parle d’un double concept de la dualité:
celui de l’accord entre le bien et le mal, ce qui est bien ce qui n’est pas bien, ce qui est bon et ce qui n’est pas bon. Comment sortir de là, alors que toute notre existence est basée sur le bien et le mal. Ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Pourtant tout nous indique que le bien et le mal travaillent ensemble main la main pour créer l’existence. Mais dépasser cela semble au dessus des forces. C’est pour moi la déconstruction ultime.
Le second concept de dualité développé est celui de la répétition: je reviens donc a l’apprentissage. Le fait que les moments de malheur suivent des moment bonheur et ainsi de suite et que la répétition des événements est peut-être une mauvaise gestion de la compréhension. Repasser sans cesse dans la spirale de la répétition jusqu’à ce que l’on parvienne a sortir du concept de dualité. C’est quelque chose qui m’a toujours terrifié mais que la vie, sans cesse, par sa logique, me rappelle. La dualité est un apprentissage infini, ce qui est bien n’est peut être pas si bien et ce qui est mal ne l’est peut-être pas tant qu’on le croit.


As-tu des projets vidéo pour venir illustrer l'album ?

Un millier ! Mais absolument pas les moyens de les réaliser ! Mais j’ai quelques atouts dans la manche que je m’empresse tout bientôt de sortir.


Pour finir, à quoi ressemblerait une configuration live ? Y as-tu déjà pensé ? Ou est-ce purement de la musique studio ?

C’est une question très délicate, parce que je n’avais pas du tout pensé, durant le façonnage de l’album, à une configuration live.
Du coup, avec mes nouvelles créations, je tente de réfléchir à cela. Et puisque la suite est en route, et que mon projet ne peut pas être une fin en soi, j’y pense sérieusement. Je vois pleins de choses, j’ai quelques nouvelles machines, ça pourrait le faire!
De toute façon, vu la situation actuelle, j’ai tout le temps de développer tout ça.




Merci
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AUTEUR : Reshma Goolamy
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décén...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les con...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les concerts des scènes citées en Belgique. ...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les concerts des scènes citées en Belgique. ...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les concerts des scènes citées en Belgique. ...

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