Interview

DELWOOD

On voulait une griffe, un marqueur fort au-delà de notre première expérience à deux basses


Mercredi 22 décembre 2021

Indissociables de leurs ex-formations respectives TAIFUN
TAIFUN


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et FRANK SHINOBI
FRANK SHINOBI


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, ainsi que de l'infatigable collectif/label HONEST HOUSE , les frangins Julien et Grégory Dubois reviennent à la manœuvre avec le nouveau quartet DELWOOD
DELWOOD


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. À la croisée de la sortie d'un premier album éponyme et des premiers pas sur scène empreints d'une nouvelle palette sonore, c'est avec enthousiasme que le duo bassiste nous ouvre la porte de son QG partagé en terre liégeoise.




J'ai l'impression lointaine que l'aventure Delwood
Delwood


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s'inscrit à la fois dans la continuité et la marque de fabrique de la famille Honest House , mais aussi dans la volonté d'explorer de nouveaux terrains...

Greg: Oui, c'est exactement cela. Nous voulions refaire de la musique ensemble après une première expérience commune au sein de Coastline Truckers
Coastline Truckers


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. On voulait que naisse autre chose qu'un énième groupe Honest House . C'est pourquoi nous avons cherché d'autres musiciens. Alex a cette touche jazz intéressante dans son jeu de batterie et il s'adapte facilement. Puis, il bidouille mieux que nous, c'est-à-dire qu'il sait ouvrir une machine, taper un son et mettre un pad! Mais c'est Vince, le quatrième homme, qui donne la touche finale au projet, celle qu'on voulait, celle qui ouvre sur autre chose. Un peu dans un rôle à la Deathprod et ses éléments pyschés qui avaient façonné certains albums au début de Motorpsycho
Motorpsycho


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, dont tu le sais sans doute, nous sommes de très grands fans.
Ju: On voulait une griffe, un marqueur fort qui nous fasse sortir de notre première expérience à deux basses. Il s'avère que c'est exactement ce que Vince apporte avec les samples et claviers.

Quelle est la part de volonté précise et celle du ''laisser libre cours'' au sein de Delwood?
Greg: Vince a totale liberté dans le sens où nous ne composons que nos parties. Il se met en recherche de sons qu'il nous propose, puis on discute de la direction qui nous convient. Il existe des allers-retours entre les suggestions. Pour te donner un exemple de proposition contre-proposition, un jour il nous suggère un sample tiré de l'épisode des Macrales de la série Strip-Tease. C'était intéressant sur la musique, mais nous l'avons finalement abandonné car cela ne cadrait pas avec le côté sérieux donné au groupe. En fait, on a vite pensé que ce serait la personne qu'il fallait. Il y a des années, lorsqu'on commençait à faire de la musique entre amis, il était déjà dans ce type de recherche. Le voilà qui y revient en quelque sorte. On savait pourquoi on allait le chercher, mais il fallait l'amener sur ce terrain-là.
Ju: Ceci dit, on voulait de toute façon être tous les deux à la base de la composition et jouer un rôle fort en termes d'écriture. Le nom Delwood
Delwood


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en témoigne évidemment.
Greg: Au regard de notre expérience précédente ensemble, c'était aussi une manière de préserver l'identité du groupe en s'y inscrivant en tant que moteurs.

Je me souviens d'un concert lors de votre premier essai à deux basses, en trio, avec Coastline Truckers. En quoi cette expérience a-t-elle influé sur le fait de créer Delwood?
Ju: Ca nous titillait depuis cette expérience qui, malgré une fin malheureuse, reste globalement positive avec un EP qu'on a toujours du plaisir à réécouter.
Greg: Après un processus de maturation de quelques années et en affinant notre regard sur la musique, on s'est dit qu'il était temps de rejouer ensemble. Et je pense que ça se ressent dans le résultat.

D'ailleurs, par quoi êtes vous arrivés à la musique l'un et l'autre? Toujours été tous les deux bassistes?
Ju: Greg a commencé à l'adolescence, je suis cinq ans plus jeune et c'est lui qui m'a nourri. Il me filait des K7 de Sonic Youth
Sonic Youth


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et d'autres références indie. Comme lui, j'ai commencé à jouer de la basse aux alentours de la quatrième secondaire. C'était synonyme de liberté, trouver un moyen d'expression et faire parler la créativité.
Greg: À l'école secondaire, c'était l'époque où j'écoutais The Doors
The Doors


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… j'ai regardé le film d’Oliver Stone des dizaines de fois ! Ca nous a naturellement donné l'envie de faire de la musique entre potes. Dans la famille Honest House , il y a un peu deux générations, avec les grands et les petits frères. Je pense que nous avons deux jeux et du matériel différents, mais nous avons une référence commune, Modest Mouse
Modest Mouse


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avec Eric Judy et son jeu fort typé, très rythmique et très mélodique à la fois, très saccadé.

En tant que frères, j'imagine qu'il existe une dynamique spécifique à travers la relation familiale. En quoi cette caractéristique relationnelle joue favorablement/défavorablement quand une part de la relation se traduit en une musique commune?
Ju: Nous sommes complices dans la vie, notre relation est très forte. Par conséquent, créer ensemble coule de source.
Greg: Dans l'histoire familiale, avec ses aléas, notre relation s'est construite dans la solidarité, une écoute l’un de l’autre, avec toute sa dimension psychologique.
Ju: On n'a pas besoin de se chercher quand on joue.
Greg: Mais c'est la même chose avec Franky (ex-Taïfun
Taïfun


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, ex-Frank Shinobi
Frank Shinobi


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) avec qui nous avons chacun joué aussi. On n'a pas besoin de le chercher non plus. On ne se demande pas s'il va trouver un bon riff, on sait qu'il le sera. Et si ce n'est pas instantané, on sait que ça arrivera une répète plus tard. Ce qui reste assez confortable en somme.
Ju: Je pense qu'un dénominateur commun chez la majorité des groupes Honest House , c'est cette succession de riffs qui nous parlent fort et qui nous amènent d'un début à une fin. Nous marchons au riff et à la progression plutôt qu'avec des structures couplet-refrain.

J'ai l'impression que Delwood s'aventure dans des variations et contrastes, ombre et lumière, murmure et grondement... Chez vous, dans quelle mesure cela s'est-il concrétisé par des choix d'entourage et de production avec des artistes forts investis, différents qu'avec vos groupes précédents?
Greg: Oui, la palette de couleurs sur l'ensemble de l'album est plus large que ce que nous avons fait l'un et l'autre auparavant.
Ju: Cette fois, nous avons fait le choix fort de se faire accompagner par un producteur, Boris Gronemberger en l'occurrence. C'est un musicien hyper doué, qui possède une solide expérience avec Castus
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, River Into Lake, V.O.
V.O.
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, Raymondo
Raymondo
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, Françoiz Breut, qui a aussi joué drum dans Girls in Hawaï. Honest House a toujours porté une oreille attentive à ce qui sortait de là-bas, des productions Matamore à la base.
Greg: Il a aussi deux références qui comptent pour nous: Tortoise
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et Beak
Beak


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. Ce sont des groupes qui se sont notamment créés une identité à travers la production. Sans toucher à la composition, Boris a amené de quoi orienter et ouvrir certains morceaux pour ce petit plus indéniable. Jusqu'alors, cette notion de production était un peu floue, nous n'avions jamais travaillé de la sorte. Nous ne voulions pas un énième album dans le scénario que nous connaissions. Il y a quelques morceaux avec des instruments à vent et du violon qui apportent aussi autre chose.



Quelles sont les impulsions amenées par les autres musiciens? C'est un peu nouveau pour vous d'imbriquer un synthé, du violon, du saxo, des éléments électroniques, des samples. Y a-t-il une intention d'aller vers un rapport plus imagé à la musique?
Ju: Greg a mentionné la touche jazzy dans les signatures rythmiques d'Alex et son ouverture vers les éléments électroniques. Tandis que Vince est l'élément hyper créatif qui jongle naturellement avec les éléments sonores pour donner une couleur particulière.
Greg: Nous décrivons un peu notre musique comme 'cinématique'. Nous n'avons pas encore pris le temps pour le réaliser, mais nous aimerions construire des images qui soutiennent notre musique pour donner à voir en live dix tableaux vidéos en relation avec ces dix morceaux. C'était trop ambitieux d'envisager le tout dans un même timing, donc chaque chose en son temps.

Le fait d'utiliser deux basses reste atypique. J'imagine que cela nécessite de nouveaux automatismes?
Greg: Oui et non. Notre approche de la basse est très guitare si je peux dire, avec des arpèges, accords et effets. La grosse corde n'est pas omniprésente. Paradoxalement, il manque parfois de bas pour un groupe à deux basses. C'est un écho assez juste qu'on a entendu autour de nous. Ce qui change le plus, c'est le rôle solo endossé par l’un ou l’autre, selon qui amène la rythmique.
Ju: Mais il n'y a pas une distribution claire des choses. Encore une fois entre nous deux, ça se passe naturellement dans le local de répète. On marche avant tout à l’inspiration.

Qu'abordent vos textes, quel est le processus d'écriture, quelle importance et signification revêtent-ils pour vous, comment s'imbriquent-ils à deux voix?
Greg: Nous interrogeons notre rapport au monde et c'est rarement léger. Ju est prof d'anglais, ce qui permet de pousser nos recherches sémantiques à partir des idées. Les morceaux partent rarement d'un texte, ils émergent d'une partie de basse sur laquelle celui qui le sent place sa voix, puis on cherche du sens et on y met les mots.
Ju: La façon de procéder sur cet album était nouvelle pour moi. Je me suis retrouvé papa au printemps 2020 durant le confinement et je manquais de temps pour répéter en groupe. J'arrivais souvent à la fin et je restais avec le casque en écoutant les bandes enregistrées. Cela m'a permis d'écrire et d'agencer les textes. En fait, je les ai chantés en studio un an plus tard pratiquement sans les avoir éprouvés avant.
Greg: Il y a une forme d'intimité dans l'écriture. Ce fut assez similaire avec Vince. Il nous suggérait ce qu'il trouvait mais nous n'avons pratiquement pas joué à quatre avant de rentrer en studio.

Il s'agit d'une démarche inversée par rapport aux autres groupes dans lequel vous avez évolué précédemment...
Ju: Oui, c'est comme cela qu'on l'a voulu. Nous voulions arriver sur scène directement avec un disque à défendre.

Justement, quels sont vos impressions après vos deux premiers concerts dans des conditions différentes?
Greg: Quel bonheur de retrouver la scène! C'était l'excitation car on a beaucoup travaillé ces morceaux et nous voulions qu'ils revêtent une densité proche de l'album. Nous avons progressé comme musiciens et Vince gère assez facilement les éléments en live. Pour ces concerts, nous avons eu la chance d'avoir avec nous Damien Chierici au violon (Dan San
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) et Clément Dechambre (The Brums) au saxophone, qui ont enrichi 4 des 10 morceaux de l’album. Leur apport est tellement intéressant qu’on voulait une formule live qui les intègre.
Ju: Pour le premier au Centre Culturel de Chênée, les conditions étaient optimales avec une résidence de deux jours au préalable et John Ghost à l'affiche. Tandis que le KulturA est un lieu rock qu'on connaît bien, à l'occasion de l'anniversaire de notre collectif/label Honest House qui s'est enfin déroulé, avec Oiseaux-Tempête qu'on adore. On avait donc la rage au ventre!
Greg: Nous venons de vivre les deux facettes de ce dont on a envie, c'est-à-dire de belles scènes qui peuvent rendre le côté un peu classe qu'on veut donner à Delwood
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, sans perdre l'énergie rock qui reste dans notre ADN. On ne fait pas du hardcore, mais un espace comme le KulturA nous a poussé à plus mouiller le maillot.

Quelles sont vos ambitions vis-à-vis du public pour l'année à venir?
Greg: Jouer le plus possible sur des scènes de qualité. Les concerts, il va falloir aller les chercher. Nous rêvons de faire un ArcTanGent, un GuestWho ou un Dour... Ce ne sera peut-être pas pour cette année, mais ce serait génial. Faire circuler notre musique avant tout. Si elle parle, le reste ira simplement et on nous invitera. C'est comme ça qu'on fonctionne nous-mêmes en tant que programmateurs. Nous en ciblons certains en sachant toutefois que c'est l'embouteillage et que les places sont chères car il y a une surproduction dans le contexte actuel. Le seul risque serait d'avoir sorti le bon disque au mauvais moment, mais il est le même pour tout le monde.
Ju: Oui, on veut jouer un maximum, défendre l'album et prendre du plaisir sur scène.

Et en termes d'évolution en tant que groupe?
Greg: Il n'y a aucun plan de carrière. Nous voulons tirer un maximum de ce qu'on vient de réaliser, et lorsqu'on pensera qu'il est temps de retourner dans l'écriture, je suppose qu'on y reviendra naturellement. On doit aussi quelques concerts d'appartement à des gens qui ont contribué au crowdfunding. Donc, nous allons bosser à une adaptation plus légère de notre set et le proposer au printemps.
Ju: Ce qui pourrait nous amener à diversifier les lieux de concert et continuer à apprendre en se passant des pédales, en simplifiant ou en adaptant quelques passages.
Greg: Nous le prenons comme une opportunité à la fois de jouer plus et de s'exprimer différemment avec nos instruments.


Greg et Ju lors d'un concert de Motorpsycho dans un festival en Allemagne

Pour terminer, trois albums clés pour chacun de vous?
Greg: Blissard de Motorpsycho
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, The Bends de Radiohead
Radiohead


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et I'm Brazil de The Redneck Manifesto
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. Ju mettra un Modest Mouse
Modest Mouse


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dans la balance !
Ju: Trust Us de Motorpsycho
Motorpsycho


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, This Is a Long Drive for Someone with Nothing to Think About de Modest Mouse
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et Relationship of Command d'At The Drive-In
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.

Une découverte récente?
Ju: Le troisième album de Beak
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, celui avec les trois symboles bec.
Greg: Ce n'est pas une découverte récente, mais comme j'aime beaucoup ces gens et qu'ils m'ont fait passer un tellement bon moment pour les 15 ans d’ Honest House , j'ai envie de dire qu'il faut écouter From Somewhere Invisible de Oiseaux-Tempête
Oiseaux-Tempête


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car c'est un album formidable!

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