Interview

SORCERER (F)

« Amenez vos potes ''normies'' à des shows, dans 6 mois ils feront des spinkicks »


Lundi 15 avril 2024

Les Parisiens de Sorcerer (F)
Sorcerer (F)


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sortent ce vendredi leur tout premier album nommé Devotion. Nous avons profité de cette occasion pour questionner Guillaume (guitare) et Dom (chant) sur plusieurs thématiques qui les entourent. Entre la scène parisienne, le Hellfest et la Belgique, le groupe s’est dévoué à tout nous livrer.




Salut ! Tout d’abord, comment allez-vous ? Et ensuite, on ne pouvait pas passer à côté de la sempiternelle question : qui est Sorcerer (F)
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et d’où venez-vous ?


Guillaume : Salut ! Tout roule, le printemps arrive, c’est toujours cool. Sinon, on est 5 gars qui viennent principalement de Paris, on s’est formé en 2020.

Ce 19 avril, vous allez sortir votre premier album, Devotion, chez Frozen Records et Delivrance Records. Comment s’est passé l’enregistrement et pendant combien de temps avez-vous travaillé sur le projet ?

Guillaume : On a enregistré l’album chez Amaury Sauvé, ce qui fait que nos prises sont des prises live. C’est un tout autre délire que les enregistrements « traditionnels » qu’on avait connus jusqu’ici, mais on est très heureux de cette formule qui nous a amenés au résultat escompté. Pour se préparer au mieux, on est passé par une phase de préprod chez Amaury, ce qui nous a permis de jouer une première fois tous ensemble l’album et d’identifier les points à travailler en vue du vrai rec. Ensuite l’enregistrement de l’album a duré 8 jours ; c’était une pure expérience. Donc entre ça, la post prod et la phase de compo je dirais que le travail sur l’album s’est étalé sur 1 an et demi, voire 2 ans.

Cet album vous a permis d’expérimenter de nouvelles perspectives musicales, notamment le travail fait sur les ambiances. Comment composez-vous un morceau et que cherchez-vous à mettre en avant ?

Guillaume : On avait déjà ce goût dès le départ dans Sorcerer (F)
Sorcerer (F)


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, l’idée a toujours été d’apporter une dimension cinématographique à de la compo plus brut. Du coup, là on n’a fait que pousser ce délire un peu plus loin. L’enjeu de l’album niveau compo était surtout d’équilibrer tout ça ; le fait est qu’on voulait vraiment faire un skeud de hardcore, mais en s’autorisant à aller explorer ailleurs, vers d’autres styles, pour nourrir le tout et faire sortir les compos du bain parfois un peu standardisé du hardcore d’aujourd’hui. Donc en additionnant cet état d’esprit avec le fait de faire des prises de son « live » lors du rec, l’idée était avant tout de créer une musique agressive, tout en restant riche et organique.



Le premier single, « Devotion », happe directement l’auditeur autant pour son côté sombre que lumineux. Pourquoi avez-vous également choisi ce titre pour l’album ?

Guillaume : Le choix des singles est toujours une petite prise de tête. « Devotion » est la chanson la plus « emo » de l’album, mais elle est aussi assez courte et énergique. C’est une chanson plus personnelle que les autres, je crois, au niveau des lyrics, mais le titre nous semblait assez emblématique pour englober tout l’univers de l’album.

Dom : On a toujours joué avec l'iconographie religieuse et ses symboles souvent lourds de sens. La dévotion est un acte très lié à la foi mais on peut aussi être dévoué à quelqu'un ou à une émotion. Le morceau éponyme parle très clairement d'amour ou plutôt d'un amour auquel on n’aurait pas accès. Le fait de se jeter avec passion dans une histoire qui va nous faire souffrir, c'est un peu ça le résumé de ce morceau.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans votre long format ? Et en quoi sont-ils importants pour vous ?

Dom : Pour l'album, j'avais besoin d'écrire des paroles plus sombres et personnelles que sur nos précédentes sorties. Non pas que c'était le bonheur absolu jusqu'ici, mais je me suis permis de faire part d'angoisses et de pensées plus intimes et moins évidentes à mettre en mots. La dépression, l'isolement social ou psychique et les idées noires sont les principaux sujets abordés. Même si j'adore les paroles plus galvanisantes et « tough guy » du hardcore, je trouve intéressant d'aller à contre-pied de tout ça et d'exposer ses faiblesses. J'arrive quand même aussi toujours à glisser un morceau sur la souffrance animale, le groupe étant majoritairement végan et végétarien.



Votre artwork dénote complétement avec ce qu’on retrouve habituellement dans le style. Pourquoi ce choix et que représente-il pour vous ?

Guillaume : On a un peu suivi notre instinct, comme d’habitude. En tous cas, il ne s’agissait pas de dénoter juste pour dénoter. C’est sûr qu’on voulait quelque chose d’impactant, mais aussi d’intemporel. On a toujours kiffé la dimension médiévale qu’induisait le nom du groupe et c’est assez naturel pour nous de jouer avec ça, en termes d’ambiances, d’imageries, c’est très riche. On voulait surtout quelque chose qui ressemble à notre musique, quitte à faire un pari un peu risqué. La figure du chevalier parle à tout le monde, c’est très enraciné, et le fait de la présenter dans le cadre d’une photo à la texture moderne nous semblait bien représentatif de ce qu’on fait.

Dom : Depuis le début du groupe, Guillaume et moi avons toujours été raccords sur ce désir de ne rien faire « à l'arrache » ou d'opter pour le chemin le plus simple, que ce soit musicalement ou visuellement. Un groupe est censé être une entité artistique sur tous les aspects, si on avait sorti une énième illustration de Doré ou Bruegel, ça aurait été « cool » mais sans aucun intérêt sachant que des groupes l'ont déjà fait il y a 30 ans...

Vous avez une approche musicale aussi bien moderne que old school. Quelles sont vos influences principales venant des scènes Metal et Hardcore ?

Guillaume : À force, on ne sait plus trop à vrai dire, mais y’a quelque chose qui revient toujours, c’est le No Surrender de Kickback
Kickback


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. C’est un album qui mélange plein de choses et qui va choper des trucs ailleurs. De la même façon, on a certaines vibes qui connectent un peu à ce que pouvaient faire Oathbreaker
Oathbreaker


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, ou bien Converge
Converge


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en termes de dissonances et d’harmonies. Je trouve qu’on peut penser parfois à certaines ambiances de Gojira
Gojira


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, mais aussi Deafheaven
Deafheaven


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… Tout ça n’est pas vraiment « hardcore » au sens strict du terme, à chaque fois il y a du metal ou d’autres choses dans un coin. En termes de hardcore, ce qui nous a constitués, c’est aussi bien Trapped Under Ice
Trapped Under Ice


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, Agitator
Agitator


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, Harm’s Way
Harm’s Way


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, Brutality Will Prevail
Brutality Will Prevail


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Sorcerer (F)
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est loin d’être un groupe uniquement tourné vers le Metal et le Hardcore (comme en témoigne votre EP en compagnie de Pencey Sloe
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), est-ce que le Shoegaze fait partie de vos influences ? Et sinon, êtes-vous influencés par d’autres genres musicaux ?


Guillaume : Ouais carrément, même si le but n'est pas de partir dans tous les sens. Je parlais de Deafheaven
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plus haut, ça s’inscrit là-dedans. Après de là à dire que le Shoegaze nous influence, je ne pense pas, c’est justement parce que c’est assez loin de nous qu’on a fait ce split avec Pencey Sloe
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. J’évoquais aussi l’aspect cinématographique des compos, donc j’imagine qu’on peut parler de la musique de film, mais je pense que si c’est une influence, elle est plus inconsciente qu’autre chose. On recherche juste une certaine musicalité, comme valeur ajoutée à des riffs plus bas du front.



Depuis quelques années, la scène Hardcore parisienne commence à prendre de l’ampleur. Qu’en pensez-vous et pourquoi précisément à Paris ?

Guillaume : Il y a eu une forte émulsion à la sortie du Covid, beaucoup de projets se sont montés et ont popé à ce moment-là, en profitant aussi de l’élan de groupes installés depuis plus longtemps et qui généraient déjà de l’intérêt. Je pense évidemment à Worst Doubt
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qui mettait déjà tout le monde d’accord depuis quelque temps. Mais je ne sais pas, cette énergie s’est propagée, et puis il y a surtout eu l’arrivée de beaucoup de nouvelles têtes, des kids déchainés. C’est à ça qu’on mesure la santé d’une scène : au dévouement des jeunes. Les bons groupes, les bonnes orga c’est cool mais le facteur x c’est vraiment le nombre de gens qui viennent sans se la jouer trop select, parce que ça peut aller vite d’être blasé, ici où il y a tout le temps plein de concerts.

Après pourquoi Paris… parce que c’est grand, qu’il y a plus de monde, et donc mathématiquement plus de projets, et de bons projets. Ça correspond (malheureusement ou pas, je ne sais pas) à comment le pays fonctionne de manière générale aussi. En tous cas, je trouve personnellement qu’il y a un bien meilleur état d’esprit à Paris que lorsque je suis arrivé il y a dix ans, donc ça doit jouer. Mais respect aux autres scènes qui se la donnent, en particulier à Lyon, autour de Lille, et récemment Montpellier.

Quels sont les groupes avec qui vous rêveriez de partager la scène ? Et avez-vous déjà eu la chance de la partager avec certains d’entre eux ?

Guillaume : L’avantage dans le Hardcore c’est que c’est pas un truc de superstars donc tu as vite fait de partager la scène avec la plupart des « poids lourds ». On a joué avec des grosses machines comme Terror
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, Sick of It All
Sick of It All


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, Hatebreed
Hatebreed


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, Unearth
Unearth


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… Mais dernièrement, j’ai été particulièrement saucé de jouer avec Jesus Piece
Jesus Piece


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, j’adore. Après c’est sûr, perso j’aimerais bien jouer avec Gojira
Gojira


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ou Slipknot
Slipknot


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, histoire de.

Dom : Je crois que je n’ai pas spécialement de groupe avec qui je rêverais de jouer. Je suis plus attiré par des zones géographiques et des scènes locales que par des noms. Par exemple, je préférerais largement tourner 5 jours avec un petit groupe au Japon plutôt que de faire 10 dates françaises avec un groupe immense.

Cette année, vous êtes programmés sur l’affiche du Hellfest. Que ressentez-vous à l’idée de jouer sur une scène aussi importante ?

Guillaume :
C’est hyper cool. Pour moi, c’est un gros accomplissement qui arrive assez tôt dans la vie du groupe, mais j’estime qu’on a bien travaillé pour en arriver là, donc on est assez fiers, c’est sûr. On fera certainement moins les malins quand on sera dessus, on nous a bien prévenu d’à quel point c’est immense. C’est marrant de se dire qu’on va jouer « avec » Foo Fighter et Queen of the Stone Age en tous cas.

Dom : La seule fois où j'y suis allé, c'était en 2009. J'avais vu Kickback
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pour la première fois mais aussi Immolation
Immolation


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ou Wolves in the Throne Room
Wolves in the Throne Room


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, que des purs souvenirs. Du coup, c'est assez ouf de m'imaginer là-bas 15 ans plus tard au milieu de la fine fleur du game.



Début juillet, vous serez en Belgique et plus précisément à Ypres pour le compte de l’Ieperfest. Vous étiez déjà là l’année dernière pour la pré-soirée. Cette fois-ci, vous êtes à l’affiche du « vrai » festival. Que pensez-vous justement de l’Ieperfest et avez-vous des attentes particulières pour cette année ?

Guillaume : La pour le coup, il y a beaucoup d’affects, c’est vraiment trop bien. Mes premiers Ieperfest, c’était y’a plus de 10 ans. Ça a énormément nourri le hardcore kid que j’étais et que je suis devenu, c’est vraiment un festival mythique, le plus important d’Europe. Et pour ne rien gâcher, l’affiche cette année est mortelle. Je suis très content que le festival ait pu se renouveler parce qu’à un moment, c’était quand même un peu mal barré. On adore jouer en Belgique et on l’a déjà pas mal fait, donc on espère que les moshers belges se motiveront à bouger tôt.

Dom : C'est presque plus excitant que le Hellfest pour moi. C'est un festival qu'on a tellement poncé que c'était devenu le rendez-vous annuel. La taille est parfaite, le line up aussi et je me sens toujours plus à l'aise sur une scène accessible au public que devant des crash barrières.

Est-ce que vous connaissez un peu la scène Hardcore / Metalcore belge ? Et si oui, avez-vous des coups de cœur ?

Guillaume : Forcément, oui, c’est une scène qui a été très marquante avec le H8000. Je n’ai pas grandi avec ça à proprement parler, mais je trouve ça vraiment cool car c’étaient des mecs qui faisaient leur sauce, sans trop pomper du côté des US, ce qui est parfois un peu systématique dans le hardcore (et c’est bien normal). On va croiser plusieurs fois Arkangel
Arkangel


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dans les prochains mois, on est bien content. Aujourd’hui, il y a un nouveau vivier bien solide. On a nos potes de Mindwar
Mindwar


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qui sont les patrons, mais aussi Game Changer
Game Changer


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, Weak Link
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, Everything Ends
Everything Ends


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qui arrivent fort…

La scène belge est hyper importante pour nous tant musicalement qu’humainement ! On se sent toujours à la maison quand on joue chez vous et on a conscience de l'impact qu'ont eu des groupes comme Congress
Congress


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dans les années 90 pour le reste de l'Europe et du monde.

Big up à Instructor
Instructor


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et Crucified
Crucified


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aussi.



Sur une note un peu moins sérieuse, je remarque que vous venez régulièrement en Belgique, qu’est-ce que vous préférez le plus chez nous ?

Guillaume : Facile, les gens sont trop sympas, et comme le pays est petit, on les croise souvent, donc par la force des choses, on devient potes plus facilement.

Je vous remercie pour le temps que vous m’avez accordé et je vous laisse le mot de la fin.

Guillaume : Non bah merci à toi ! Allez écouter notre album et dosez-vous en concert, ça nous fera plaisir. Les paroles sont cools à apprendre et puis il y a toujours des moments un peu émotionnels et introspectifs pour faire le point entre deux moshparts.

Dom : Soyez cools avec les kids, faites pas les gatekeeper. Amenez vos potes ''normies'' à des shows, dans 6 mois ils feront des spinkicks.
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AUTEUR : Maxime
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant of...
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leur...
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
Après avoir fait son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....

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