Reportage

Little Steven & The Disciples of Soul : Made In U.S.A.

Bruxelles (Ancienne Belgique), le 07-06-2019

Lundi 17 juin 2019



Fidèle compagnon de route de Bruce Springsteen au sein du E Street Band, Steven Van Zandt alias Little Steven
Little Steven


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appartient à une espèce d’artistes en voie de disparition. Enfilant des casquettes aussi diverses que chanteur, producteur, propriétaire de label, scénariste, réalisateur, compositeur et bien sûr guitariste sans oublier un passage mémorable devant les caméras en tant qu’acteur dans les séries à succès Les Soprano et Lilyhammer, le touche à tout amerloque est également un activiste convaincu. On lui doit notamment, en 1985, la fondation de l’Artists United Against Apartheid regroupant quelques grandes stars de l’époque afin de protester contre cette terrible politique raciale qui fit rage en Afrique du Sud. Mais c’est surtout en compagnie du Boss et de son ami d’enfance Southside Johnny qu’il est connu et reconnu pour s’être attelé à populariser ce que l’on appellera le « Jersey Shore Sound », un mélange contagieux de rock, de soul et de rhythm and blues allégé à la sauce doo-wop. C’est dans ce contexte musical couronné de succès avec Springsteen que l’envie de créer son propre projet se fait grandement ressentir et n’ayant jamais caché ses influences pour les grandes revues soul de la belle époque Stax et des écuries Motown, il fonde, au début des années 80, le collectif 'Disciples of Soul' afin de se consacrer pleinement à ses créations et ces mélodies rétro qui lui trottent dans la tête. Avec l’album « Summer of Sorcery » sorti cette année, le gnome du New Jersey nous revient, deux ans après un dernier passage sur les planches de la Roma (Anvers), avec du tout nouveau matériel pour la première fois depuis 20 ans et un passage par l’Ancienne Belgique était donc forcément des plus attendus.


Les lumières s’éteignent sur le coup de 20h00 et les premiers musiciens (section rythmique et claviers) prennent place sur scène. On assiste d’entrée à une gigantesque procession dirigée par trois charmantes vocalistes au look résolument disco/funk portant parasols à plumes bien kitsch suivies par une ‘section cuivre’ composée de cinq trompettistes affublés de chemises colorées dignes des plus beaux bands sud-américains. Une mise en scène qui tient légèrement plus du Carnaval de Rio qu’autre chose mais bref. Tout ce beau monde n’attend plus que Little Steven
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qui nous arrive bien vite dans sa longue cape d’un mauve éclatant qui aurait beaucoup plu à un certain Prince Rogers Nelson, son éternel bandana sur le front, bagues et boucles d’oreilles apparentes et long foulard ‘à l’américaine’. Le ton est donné avec une ambiance des plus détendues à la vue des petits pas de danse entamés par notre hôte du soir. Le premier morceau, Communion, et son approche mêlant soul et garage rock voit déjà l’ensemble se construire son propre mur du son, très spectorien sur les bords. Si la voix éraillée de Little Steven
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, quelque part entre Tom Petty et le grand Bruce, n’est pas son plus gros atout, son enthousiasme et sa faculté à mettre en valeur ses compagnons de jeu, notamment son guitariste Marc Ribler, en font un efficace chef d’orchestre. Sur l’ancien morceau Camouflage of Righteousness, on aurait tout de même préféré se passer d’un solo tout bonnement inutile n’apportant pas la réelle plus-value escomptée. Après une grande respiration, ça vire à l’exotisme sur Party Mambo!, de quoi se secouer le popotin de plus belle sur ce récital de cuivres.



Après ce court séjour dans les îles, les musiciens prennent la parole tour à tour dans un long speech nous souhaitant une bonne soirée en leur compagnie. Comme on s’en doutait, c’est majoritairement au nouvel album que le show du soir est consacré. A travers ce disque, l’artiste a voulu retranscrire l'été au cours duquel il est tombé amoureux pour la première fois et c’est après un Love Again empreint de nostalgie que le lutin prend pour la première fois la parole : « Nous allons célébrer l’été tous ensemble, ça tombe bien, dehors c’est le bordel ! ». On sourit à la vue de la chorégraphique quelque peu bancale de nos charmantes choristes sur Education mais ce morceau résolument funky permet d’admirer une nouvelle fois toute la palette sonore et la richesse que compose l’ensemble du groupe. Van Zandt n'a pas pour habitude de présenter individuellement chacun de ses musicos (d’autant plus qu’avec 15 hommes et femmes sur scène, ça prendrait pas mal de temps) mais une petite exception sera faite pour Lowell « Banana » Levinger, claviériste et fondateur légendaire de The Youngbloods dont la chanson On Sir Francis Drake sera interprétée dans la foulée. On est ensuite transporté dans le fin fond du Mississippi avec le bien nommé I Visit the Blues avant que des claviers stratosphériques et des chœurs organiques ne nous fassent prendre la première navette direction Gravity. Fort heureusement, les harmonies de cuivres nous font redescendre sur la terre ferme. On amorce un virage 80’s avec Los Desaparecidos pour lequel Marc Ribler sort un solo tranchant à la Jimi Hendrix
Jimi Hendrix


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avant de ralentir considérablement le rythme. Little Steven
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, après avoir énuméré les grands groupes qui ont fait son éducation musicale (The Shangri-Las, The Ronettes et on en passe), va nous concocter une petite sélection de standards écrits avec son ami Southside Johnny & The Asbury Jukes (Little Girl So Fine, Trapped Again, Love on the Wrong Side of Town) mais aussi tirés de son propre répertoire (A World of Our Own). Autant de pastiches et d’exercices de style composés à la manière de cette époque dorée de l’Histoire de la musique pour le plus grand plaisir du public.



Avec son approche calme et lancinante, Suddenly You apparaît comme une respiration, au parfum bossa nova fort bien venu. Mais tout ceci est malencontreusement terni par les sirènes de police qui constituent l’intro du morceau Vortex, délicieusement épique. Impossible de ne pas évoquer le penchant engagé de Little Steven
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qui nous est alors rappelé avec une série de commentaires et de chansons au message politique fort tels que « Je voudrais attirer votre attention sur le fait que la profession d’enseignant(e) est une des plus sous-estimées et sous-payées au monde, et pourtant notre avenir en dépend ! » ou encore « L'environnement et le bon fonctionnement de l'économie ne doivent pas se gêner mutuellement. Vous pouvez être à la fois patriote et citoyen du monde » qu’il scande avant d’entamer I Am A Patriot sur fond de reggae rendant au passage hommage à Greta Thunberg, jeune militante pour le climat. Des sujets aussi graves que l’Apartheid (Sun City) ou encore l’exploitation d’êtres humains (Bitter Fruit) seront également évoqués à travers leurs chansons dédiées au cours du concert. Mais Steven Van Zandt ne tient pas à ce que les spectateurs repartent de son concert avec le moral dans les chaussettes. C’est pourquoi l’on sort les sombreros pour Superfly Terraplane, sorte d’écho aux travaux du grand Chuck Berry et l’on admire la virtuosité du percussionniste Anthony Almonte au cours d’un impressionnant solo avant de se quitter une première fois avec Forever, tube en puissance sous une bruyante standing ovation réservée à Little Steven
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et ses ‘Disciples de l’Esprit’. Toutes guitares acoustiques dehors, le band revient nous servir un Summer of Sorcery dans la lignée de ce qu’il a pu produire avec le Boss durant ses premières années. L’esprit de Sam Cooke rôde sur Soul Power Twist et le groupe prend définitivement congé du public sur le radio-friendly Out of the Darkness.



Traversant des territoires funk et soul intemporels, le p’tit gars du New Jersey a offert à son public deux heures et demi de rock’n’roll old school, organique et passionnant. Avec un cœur énorme, le maestro aura passé en revue les grandes heures d’une carrière des plus honorables faisant preuve d’une humilité remarquable et déclamant de bien belles valeurs qu’il ne serait pas inutile de partager par les temps qui courent… Chapeau l’artiste !

Remerciements à Greenhouse Talent

Photos live : Jean-Pierre Vanderlinden (merci beaucoup !)
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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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