Reportage

Amenra - Un privilège ardent

Liège (La Zone), le 29-06-2019

Dimanche 30 juin 2019



Amenra
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a fait son Metallica
Metallica


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: sold-out en quelques minutes. Et pour cause : habituée à remplir des salles beaucoup plus grandes, la formation courtraisienne s’est pourtant ce soir exécutée dans une Maison de Jeunes. Alors que certains bruits affirmaient que le groupe profiterait de cette date atypique pour ne jouer des morceaux issus que des trois premiers albums, Amenra
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a finalement proposé une setlist certes plus ou moins classique, mais dans une ambiance aussi root que tropicale.


Cela fait quelques jours que le soleil cogne dur sur la Belgique. La soirée commence à pointer le bout de son nez et pourtant le thermomètre flirte encore avec les 30 degrés. Dans le centre de Liège, un attroupement sombrement vêtu est adossé à une façade bétonnée. Excepté un petit écriteau disposé en hauteur, rien n’indique que [i]la Zone, espace culturel underground de résistance, a ses quartiers aménagés en sous-sol. Il est un peu plus de 20 h lorsque l’épais grillage métallique se lève. Les murs, peints en noir, sont ornés de fresques et de graphes. Ça et là, des affiches rappellent qu’il s’agit ici d’un lieu de respect, de tolérance et que l’ouverture d’esprit est le seul dress code de rigueur. En ces temps de montée des extrêmes, ce type de poche d’air réconforte. Une volée d’escaliers mène à la salle, tapie dans l’obscurité. Pas une fenêtre aux murs, mais uniquement quelques néons et loupiottes rouges. Il fait déjà chaud. Ça promet.

Il revient aux Gantois de Gagged
Gagged


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de mettre du charbon dans la fournaise. Quatuor d’hardcore punk aussi brutal que décapant, la formation accueille notamment dans ses rangs Kristof Mondy, ancien bassiste d’Amenra
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. Un fait qui aurait pu être un gage de qualité, et pourtant… Le show débute au quart de tour, assénant des compositions violentes et sans concession. Dès le deuxième titre, Jenci, vocaliste du band, saute de scène. Il fait les cent pas de gauche à droite dans la fosse, quand il ne se plante pas devant quelqu’un de public en le toisant, vociférant sa haine au micro. C’est un peu gros, mais ça passe. Par contre, lorsque le guitariste Niels repousse vigoureusement deux spectateurs aux premiers rangs, puis finit par descendre des planches et flanquer un coup de coude en plein thorax de notre photographe afin de lui intimer à sa façon d’arrêter de shooter, l’attitude provocatrice dépasse alors la ligne rouge. La puissance de morceaux se dégage d’elle-même et n’a nullement besoin d’un comportement déplacé pour se manifester. Après une dizaine de titres exécutés en à peine vingt minutes, le groupe éteint ses machines et quitte la stage brutalement, ne manquant pas de bousculer quelques personnes sur leur chemin. Linéarité du set, comportement irrespectueux : on n’en retiendra pas grand-chose. Il est surtout temps de passer à autre chose.

La saturation progressive de l’air ambiant ne pousse qu’à une chose : se rafraîchir le gosier. Mais lorsqu’une centaine d'êtres décide de faire la même chose au même moment et qu’il n’y a qu’une seule pompe à bière, forcément, ça bouchonne. Tant et si bien qu’il faudra finalement se résigner, au risque sinon de rater les premières minutes du show d’Amenra
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.


Tout le monde est à présent amassé dans la petite salle, suant et collant. Les valves à fumigènes sont ouvertes, un épais brouillard envahit le lieu. Chaque musicien est à sa place, concentré afin de ne faire plus qu’un avec le son. Wiegedood
Wiegedood


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étant actuellement en tournée, c’est Tim De Gieter (Fär
Fär


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, Every Stranger Looks Like You
Every Stranger Looks Like You


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et maître des machines du Much Luv Studio) qui s’empare ce soir de la basse, à la place de Levy Seynaeve. Bjorn Lebon débute la cérémonie. Le batteur se munit de deux tubes métalliques, ferme les yeux et les fait s’entrechoquer par un double à-coup. Avec un hochement de tête marquant la rythmique, Mathieu Vandekerckhove démarre un rif hypnotique, suivi par Lennart Bossu. L’ambiance monte graduellement, le fil finit par rompre : Boden ouvre les portes du set. Ça joue fort. Les corps bravent la fournaise et se balancent d’avant en arrière. Les hurlements toujours si chargés en émotions de Colin H. Van Eeckhout traversent le public de part en part. Face à la batterie, son corps est recroquevillé sur lui-même et opère à son tour un mouvement de balancier, tel un oscillateur qui chercherait la fréquence parfaite sur laquelle se calquer.



L’âme désormais devenue réceptive, le processus se poursuit avec le puissant Razoreater. Les parties les plus énervées endossent leur rôle cathartique, véritable saignée des sens, tandis que les espaces minimalistes sont autant de respirations où le chamboulement de ressentis qui a précédé vous prend à la gorge. Il y a des jeunes, des moins jeunes. Des hommes et des femmes. Des piercé·es, des tatou·ées, des monsieurs et mesdames tout le monde. Un député fédéral est même présent dans l’assemblée réduite. Mais toutes et tous ne forment désormais plus qu’un ensemble d’individus, indistinguables. Certains sont parfois traversés par une décharge, repoussant leurs congénères, mains levées vers le bas plafond, avant de s’engluer à nouveau dans la masse communiante. D’autres brisent le précieux silence entre les morceaux, vite rappelés à l’ordre par des «chut» ulcérés ou par quelque regard noir lancé par Tim De Gieter. Le show a beau être intimiste, l’élément perturbateur relève apparemment de la constante universelle.

Plus près de toi. Raté, faux départ. Les musiciens se regardent, l’air interrogatif. Bjorn Lebon se recentre et donne cette fois-ci le bon départ. Nouvelle salve de fumigènes, brouillant un peu plus les pistes. Vu le taux d’humidité ambiant, la chape de plomb qui s’abat sur les corps, on pourrait ne pas être loin d’être victime d’hallucinations ou d’un bad trip collectif. Mais bien plus qu’un concert, une représentation d’Amenra
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est toujours unique. Un combat intérieur. Qui dit prestation atypique dit également setlist particulière, la formation gratifiant son public de deux morceaux plus rarement interprétés : The Pain It is Shapeless et Thurifer Et Clamor Ad Te Veniat. Si la fosse est réceptive, le groupe semble l’être tout autant et prend la liberté d’allonger certains titres, transformant la fin de certaines compositions en un mantra hypnotique. Retour sur les rails en fin de concert, avec Terziele, Am Kreuz et Diaken, trois titres devenus des classiques des shows de cette année. Noir. Encore haletant·es, les spectateurs et spectatrices acclament Amenra
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autant par respect que remerciement sincère. Le public se sépare en deux, laissant place aux musiciens qui traversent la salle afin de regagner leur loge. Il n’y a plus qu’à recoller les morceaux.



Vu le succès rencontré par leur dernier opus, Mass VI, Amenra
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ne cesse d’écumer les scènes. En Belgique, en Europe, à l’international. Mais cela ne les a pourtant pas empêché de s’exécuter ce soir dans cette petite salle underground, habitée par des valeurs proches, si pas les mêmes que celles partagées par Amenra
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. Par ce concert, le message véhiculé par la formation est clair : peu importe si ça fonctionne bien pour nous en ce moment, on reste fidèle avec nous-mêmes et en adéquation avec l’éthique qui nous a construits. Et au passage, offrir une ambiance exceptionnelle par le biais d’une proximité à échelle humaine. Comme le racontera un des participants à la sortie des lieux : j’ai vécu cela comme un privilège.

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Merci aux organisateurs de la Zone et à Laurent Burnier pour les photos[/i]
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AUTEUR : Sekhorium
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près ...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouve...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musica...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....

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