Reportage

On (re)part en live avec Crack Cloud !

Rotterdam (Maassilo), le 09-09-2021

Mardi 14 septembre 2021

Après deux annulations successives, en 2020 (pour les raisons que chacun.e imagine) et en 2019 (parce que le groupe préférait rentrer à la maison et se consacrer à la réalisation de son premier album), on nourrissait quelques doutes légitimes quant à la bonne tenue de cette tournée, montée à la hâte en plein mois d’août. Le routing hasardeux et les nombreux day-off ne rassuraient pas vraiment. Et l’annonce du maintien jusqu’au 20 septembre (au moins) des mesures de restrictions sanitaires dans les concerts aux Pays-Bas n’allait rien arranger. Car le Rotown, club bien connu du centre de Rotterdam, n’est pas en capacité de respecter la règle du 1m50 entre chaque spectateur.rice. Aussitôt « reportée à une date ultérieure », l’étape rotterdamoise des Canadiens de Crack Cloud
Crack Cloud


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semblait dès lors bien compromise, d’autant que le second concert en terres hollandaises, prévu le lendemain, se voyait lui purement et simplement annulé. Autant dire qu’une forte odeur de sapin commençait à nous chatouiller les narines. Et, pour être tout à fait honnêtes, à la lumière de l’expérience accumulée depuis mars 2020, on avait déjà fait une croix sur cette date-là aussi ; c’est quelque chose qu’on maîtrise bien maintenant, la croix sur les dates de concert dans l’agenda.

Pourtant, contre toute attente, cette improbable tournée s’est bel et bien tenue, presque comme prévu, et elle s’est clôturée à Rotterdam, le 9 septembre, moyennant quelques adaptations certes mais de fort belle manière. Et il faut saluer ici le sens de l’engagement d’un groupe (dont on doutait un peu, c’est vrai), ainsi que la ténacité de l’équipe du Rotown qui aurait tout aussi bien pu jeter l’éponge, avec le seau et l’eau encore, parce qu’après 18 mois passés à organiser/reporter/annuler on imagine que la lassitude doit commencer à se faire sentir !


C’est donc au Maassilo, un ancien silo à grains reconverti en lieu de culture et de fête, que Crack Cloud
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donnera son unique concert européen hors UK. De l’extérieur, le bâtiment implanté en bordure de quai en impose et se marie très bien à l’imagerie post-apocalyptique véhiculée par les clips et visuels du groupe ; une fois franchi le porche au passé industriel soigneusement préservé, on inspire profondément et on garde son calme, parce qu’après des mois de disette culturelle, se retrouver dans un complexe qui compte une dizaine d’espaces jaugeant de 100 à 2000 spectateur.rice.s et penser aux possibilités que cela offre, ça peut faire monter la tension de quelques points.

La salle est parfaitement aménagée, avec une vaste scène et une hauteur sous grill qui permet de travailler un light-show de qualité ; des chaises sont disposées par deux en quinconce sur le parterre. Assister à un concert de Post-Punk assis, c’est un peu comme aller voir Cannibal Corpse
Cannibal Corpse


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avec une minerve, mais enfin…


Le groupe est arrivé avec beaucoup de retard, nous explique-t-on, si bien qu’une bonne partie du soundcheck se fera en présence du public. Un exercice qui ne semble pas perturber les sept musiciens, mais qui ne rassure pas vraiment côté salle, car le son est loin d’être excellent. Une basse proéminente domine le spectre sonore à un point tel que les cuivres et les claviers sont difficilement audibles.

La première partie est assurée par Military Genius, un projet porté par le multi-instrumentiste Bryce Cloghesy, également membre de Crack Cloud
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. Les compositions, de facture très classique, lorgnent aussi bien du côté de l’Ambient que de la Dream Pop, du Néo-Prog, voire même de l’Americana. Si bien que le set prend très vite des allures de fourre-tout et peine à décoller. Le public réserve un accueil poli, mais on sent bien que chacun.e attend la suite.

Une suite qui ne tardera pas à venir. Peu avant 22h00, l’un des trois guitaristes monte sur scène et procède à quelques ultimes réglages à plein volume, des réglages qui s’avèrent être en fait le riff d’intro de Crackin’ Up, l’un des titres enregistrés durant les sessions de Pain Olympics et finalement écarté de la tracklist définitive de l’album. Les six autres musiciens rejoignent leur poste en ordre dispersé et le set démarre sans effet d’annonce.

Manifestement, l’ingé son a tiré les (bonnes) conclusions de la balance brouha-hesque, si bien que dès le deuxième titre le mix est parfaitement équilibré et rend justice à chaque instrumentiste. C’est particulièrement frappant lorsque les saxophonistes alto et ténor exécutent une partition conjointe. Les deux (parfois trois) guitares se complètent habilement, la section rythmique est parfaitement en place avec une basse ronflante comme il faut et une batterie sèche et précise, seul le claviériste semble un peu en retrait, mais cela tient sans doute pour beaucoup au fait que l’homme passe un temps conséquent à faire le show, entre séances de headbanging et promenades sur la scène en pogo solitaire – ceci n’étant qu’un constat, pas une critique. On pensait en effet se retrouver face à un collectif de francs-tireurs prêts à en découdre, toutes guitares en avant en mode Punk énervé, mais c’est en réalité un groupe de musiciens très appliqués qui se présente à nous. La palme de la discrétion revenant au batteur-chanteur et frontman Zach Choy, qui mène le navire Crack Cloud
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d’une main de maître mais sans aucun effet de manche. Et pour ce qui est de (re)partir en live, la configuration assise imposée par les circonstances ne dénote finalement pas trop avec la tonalité de cette soirée.

Les morceaux de Crack Cloud
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sont généralement brefs et laissent souvent une impression de temps contracté, de minutes qui passent bien vite. Ceci est encore plus évident en live ! Ce d’autant plus que la setlist est impeccablement construite et distille intelligemment les incontournables de la formation. De Post Truth, aux accents très Art-Rock, au groovy Bastard Basket, en passant évidemment par l’imparable Image Craft et son riff gimmick irrésistible. Si l’ombre de David Byrne et ses Talking Heads plane ostensiblement sur les travaux studio du groupe, c’est en revanche nettement moins flagrant sur scène et c’est une identité artistique très prometteuse pour la suite que Crack Cloud
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décline ce soir. Les trois nouveaux titres dévoilés dans une forme manifestement très work-in-progress ne laissent pas un souvenir impérissable, mais ils indiquent au moins que le collectif de Vancouver est resté actif et créatif depuis la publication de son premier album en juillet 2020, et c’est en soi une excellente nouvelle !


Les morceaux s’enchaînent le plus souvent sans temps mort, au gré d’une performance au cordeau. Dans la salle, ça dodeline de la tête, ça remue doucement sur les chaises, ça ondule un peu sur les titres les plus énergiques, mais au global chacun.e respecte les consignes en vigueur. Et, déjà, l'excellent Swish Swash, étiré durant plus de huit minutes tout en tension contenue, met un terme à un set incandescent, aussi bref qu’intense. Le groupe quitte alors la scène comme il l'a investie : en toute simplicité et sans un mot.

Même si Crack Cloud
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est connu pour ne pas faire de rappel et alors que toutes les lumières sont rallumées, le public ne quitte pas les lieux et en redemande. Après plusieurs minutes de cris et d'applaudissements nourris, les sept Canadiens remontent sur scène, s'emparent de leurs instruments, se concertent brièvement : 2 titres ? 3 titres ? Plutôt 3 semble indiquer le batteur de la main. Zach Choy frappe ses baguettes, amorce un morceau fantôme qui ne dure qu'une demi-mesure, lance un tonitruant Thank you very much ! et tout le monde regagne les backstage en courant, en mode on les a bien eu.e.s – et laissant celles et ceux qu’ils ont effectivement bien eu.e.s un poil consterné.e.s tout de même.

Le final en forme de gag potache est diversement apprécié, la note positive étant que le groupe est tout de même remonté sur scène pour remercier son public – à sa manière très discutable et manifestement très discutée parmi les spectateur.rice.s qui ont très vite entrepris de se presser vers la sortie sans plus rien demander.

La cinquantaine de minutes laisse évidemment un sérieux goût de trop-peu, relevé d’une pointe d’amertume quand on jette un œil à la pendule, car le groupe a réussi le tour de force consistant à monter sur scène avec trois-quarts d’heure de retard et à boucler son set dix minutes avant le couvre-feu. Mais on se dit aussi (et surtout) que ce concert aux airs de mirage-miracle aurait tout aussi bien pu ne pas avoir lieu. On retiendra donc plutôt la grande maîtrise de l’espace scène et le sens très développé de la construction d’un groupe encore tout jeune et qu’on a hâte de revoir dans un contexte plus favorable.

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AUTEUR : Olivier
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le me...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux presta...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....

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