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Les frères Vissol part 2 : Lorenzo, musicien philosophe qui rêve d’unir rythmes latins et metal

Vendredi 9 avril 2021

Lorenzo Vissol. Homme. Cheveux longs. Bruxelles. 25 ans. Batteur de Skelethal
Skelethal


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. Passionné (le mot est faible) de batterie. Diplômé de la Music Academy International de France. Fan d’Emmanuel Kant et de philosophie.
Projets qui vont sortir prochainement: Triagone
Triagone


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(death metal) et un album de heavy metal.



Crédit photo: Emilie Foudelman

Salut Lorenzo ! Quel est ton tout premier souvenir musical ?
Mes parents m'emmenaient souvent voir des concerts de musique classique ainsi que des opéras et j’adorais « Casse-Noisette » de Tchaïkovski. Cependant, mon véritable premier souvenir sensible c’est la cassette vidéo « Video Greatest Hits » de Michael Jackson. J’étais complètement fasciné. Chaque après-midi, en rentrant de l’école, je m'asseyais sur le tapis au plus proche de l’écran pour regarder cette cassette en boucle. J’essayais d’imiter ses danses et de rejouer les clips. Je connaissais les vidéos par cœur (rires). C’était une émotion assez particulière entre l’envie de mouvement et la libération de s’immerger dans un tout autre univers, en l'occurrence celui de Michael Jackson.

Pourquoi la batterie ?
Mon frère répétait les week-ends dans la cave de la maison avec son groupe de metal (qui deviendra Dehuman
Dehuman


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) et j’étais scotché, les yeux rivés sur le batteur. En parallèle, mon frère essayait de « m’éduquer » au metal et alimentait cet intérêt. Sachant jouer un peu de batterie à l'époque, il m’a montré quelques rythmes et m’a fait jouer sur la batterie du groupe. Après, j’ai ressenti l’envie de jouer tous les jours. J’attendais impatiemment le week-end pour regarder jouer à nouveau le batteur du groupe!

« Je pense que les instruments nous ressemblent beaucoup et je ne suis pas étonné d’avoir laissé le piano que je jouais à l'époque pour la batterie. J’ai toujours été beaucoup plus porté par le rythme et le mouvement du corps que la mélodie. »

Il y a aussi dans la batterie quelque chose de rassurant pour les gens plutôt introspectifs comme moi. On est physiquement caché derrière l’instrument, on n’a pas à se mettre en avant. Pour finir, le côté physique y est beaucoup plus important, c’est ce plaisir de sentir l’énergie parcourir le corps entier quand on joue. Quand je joue du metal, je ressens l'agressivité physiquement.

Quelle a été ta formation musicale ?
J’ai commencé avec le piano à cinq ans et des cours de solfège en académie. Aux alentours de douze ans, j’ai délaissé le piano pour la batterie. J’ai passé des heures à jouer à la maison, sur les bancs de l’école, dans les transports en commun, etc. C’est seulement vers seize ans que j’ai commencé à prendre des cours réguliers avec un des mastodontes de la batterie à Bruxelles, Dominique Hamet. Il a bouleversé mon expérience de l’instrument et a marqué un tournant. Ça a transformé une passion en une véritable obsession.
Un an après, je me suis inscrit à la Music Academy International (M.A.I.) en France. Une école professionnalisante de musique spécialisée dans les musiques actuelles. Durant un an, j’ai eu la chance d’étudier avec des professeurs venus de toute la France et d’ailleurs dont notamment Richard-Paul Morellini. Une fois diplômé, j’ai continué mon parcours avec des cours privés ciblés, notamment en essayant de me concentrer sur la musique sud-américaine.
Tout au long de ces années, j’ai continuellement joué en groupe en intégrant plusieurs formations à la fois. J’ai eu la chance de prendre la route pour aller jouer à l’étranger, faire une tournée et entrer en studio plusieurs fois déjà avant mes dix-huit ans. A mon avis, ces expériences-là sont aussi importantes que les cours et font partie intégrante de ma formation musicale, un mix entre théorie et pratique.

Qu’est-ce que ça t’a apporté de suivre des cours dans une académie internationale de musique ?
Cela permet de s’orienter en tant que technicien de l’instrument. On y apprend les bases de l’instrument et ses applications selon les styles. On sait donc aborder de façon basique les différents styles de musique les plus courants avec un bagage technique assez conséquent. Cependant, une année ne saurait suffire, ça ne pose que les bases pour pouvoir ensuite passer toute une vie à perfectionner tout cela.

« Il faut préciser qu’en musique ce ne sera jamais le nombre d’heures de cours suivis ni même le nombre d'années pratiquées qui déterminera la capacité musicale de quelqu’un, mais bien la passion que l’on a et ce qu’on arrive à exprimer. »

Combien de musiciens révolutionnaires pour la musique n’ont jamais suivi de cours? Ce qui change réellement en suivant les cours de la M.A.I, au-delà de ce que j’ai mentionné précédemment, c’est qu’à la sortie de cette école notre vision de la musique et du musicien est tout à fait différente. Elle est plus réaliste et pragmatique de manière générale, ce qui manque peut-être à pas mal de musiciens.

Tu es batteur dans Skelethal
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, Bütcher Speed Metal et Schizophrenia
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. Comment organises-tu ton agenda entre ces trois groupes ?

Jouer dans plusieurs groupes n’est pas évident. Entre la composition, le calendrier des répétitions, celui des concerts, la préparation des enregistrements ou vidéo clips, l'administration des groupes, accessoirement les cours de musique que je donne et le travail quotidien de l’instrument, il est parfois dur de réussir à tout faire. C’est un énorme défi, mais très gratifiant!
Le tout, en ce qui me concerne, c’est de bien savoir planifier à l’avance et de structurer son agenda. Personnellement, je fonctionne par blocs, c’est-à-dire que je vais me concentrer sur un projet en fonction de la semaine ou du mois. Il suffit vraiment d’avoir de l’auto discipline, d’aimer ce que l’on fait et de travailler. Cela laisse très peu de temps pour du temps libre et des activités en dehors de la musique. Mais quand on aime ça, ce n’est pas un problème, au contraire. Ceci dit, ce n’est pas forcément un avis partagé par les personnes avec qui on vit (rires).


Crédit photo: Emilie Foudelman

Tu as aussi un quatrième groupe en gestation qui va sortir du bois prochainement. Peut-on déjà en parler ? Que peut-on en dire ?
Bien sûr! C’est un projet qui me tient énormément à cœur et sur lequel je me suis donné le plus personnellement. C’est aussi assez paradoxalement le plus ancien. Il est le fruit de plus de dix ans de travail en duo avec Lou-Indo Caspar, créateur de la Loukelele Music Acamedy ici à Bruxelles. Lou a par ailleurs notamment joué avec Vibrion
Vibrion


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et Dehuman
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. Nous avons appris à jouer ensemble et nous nous sommes mutuellement influencés musicalement depuis l’adolescence. A mon sens, c’est une des forces de ce groupe, on ressent une très grande symbiose entre lui (guitare) et moi (batterie).
On fait du death metal plutôt extrême à cheval entre les styles plus anciens mais déjà novateurs à l’époque comme Cannibal Corpse
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et Suffocation
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et ceux un peu plus récents voir contemporains comme Hate Eternal
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, Obscura
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ou First Fragment
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. C’est donc du death metal aux tempos assez élevés mais avec tout de même un élément mélodique important. Lou étant extrêmement inspiré par la composition de la musique classique comprise dans son sens large. L’objectif était double, insérer nos influences variées ainsi que nos différentes recherches musicales personnelles dans un même projet, et en même temps ne jamais perdre la brutalité propre au death metal. En effet, bien que nous soyons tous deux fan de Obscura
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par exemple, il est parfois dur d’y retrouver la brutalité que l’on avait à l’origine du style. Par la suite, nous avons su rajouter Lorena Moraes au chant. Une chanteuse directement venue du Brésil! Pour un avant-goût de ce qu’elle apporte je vous conseille d’aller voir sur You Tube sa cover de Kill or Become de Cannibal Corpse
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. Nous avons complété le lien-up avec un jeune talent à la guitare et mon frère à la basse.
Nous devions sortir, en 2020, notre debut EP mais avons décidé de reporter la sortie au moment où nous pourrions reprendre les concerts. Tout ce qu’on peut en dire pour l’instant c’est que ça s’appellera Triagone
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!

Y a-t-il un·e artiste ou un·e musicien·e qui t’inspire ?
Les musiciens qui m’inspirent sont ceux qui arrivent à faire vivre l’instrument différemment. C’est pourquoi j’adore des batteurs tels que Sein Reinart, Virgil Donati, Eloy Casagrande, Hannes Grossmann, Nicko Mcbrain pour son incroyable touché de la ride mais aussi Mike Smith de Suffocation
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ou Mikkey Dee sur les albums de King Diamond
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.
Si je dois vraiment nommer ceux qui m’ont inspiré de façon concrète ce serait Mike Smith pour son agressivité et son inventivité, Nicko Mcbrain pour sa musicalité et Zdenek le batteur de Master pour sa force de frappe et son jeu rock’n’roll au sein même du death metal.

« J’avoue que je suis aussi inspiré par des batteurs en dehors du champ du metal, par exemple par ceux de la musique sud-américaine dont les indépendances sont une inspiration croissante dans mon propre jeu. J’ai comme rêve de réussir à combiner les rythmes latins dans le death metal (rires). On verra si ça arrive un jour. »

De façon plus abstraite ou sinon, ce sont toutes les personnalités qui arrivent à révéler et vivre la vie autrement qui me fascinent et m’inspirent. C’est donc plus globalement une vision de l’artiste et de l’art. On y trouve tout autant Michael Jackson que GG Allin, Francisco Goya, Caravaggio ou même Stromae et Miles Davis. Ce sont des personnes qui ont vécu leur vie comme une œuvre d'art et qui ont ouvert le monde à un nouveau devenir.

Plusieurs musiciens que j’ai interrogés pour SMA m’ont dit que la musique était pour eux une catharsis. Est-ce aussi le cas pour toi ?
Je ne sais pas si c'est une catharsis. Cela serait peut-être trop romantiser la relation entre l'artiste et son art. La musique est plus simplement le centre de mon univers. Tout ce que je fais tourne autour de ça. Il y a quelques années, pour des raisons médicales, j'ai dû arrêter de jouer pendant deux ans. Ce sont deux années où j'ai cessé d'exister, presque littéralement. C'était très dur pour les personnes autour de moi de comprendre à quel point cela m'affectait en profondeur et comment cela pouvait être possible.

« La musique, ou plutôt la batterie, c'est la façon que j'ai de vivre et ressentir ma vie, sans elle je ne sais plus le faire (de la même façon) et je me sens démuni. »

Ceci dit, je vois en la musique une libération et l'expression de moi-même, mais ce serait plutôt dans le sens du travail chez Hegel. C'est-à-dire une sortie de soi. Dans la musique, comme dans le travail chez Hegel, on dépose une part de soi, on s'extériorise de sorte à pouvoir s'y retrouver par la suite et surtout pouvoir se présenter aux autres. C’est exactement parce qu’il y a cette similitude qu’il ne faudrait pas trop romantiser l’art. Je pense qu'il serait donc erroné de voir en l'art plastique ou musical quelque chose de plus que dans quelconque autre activité ou travail, comme si celles-ci avaient le monopole de l’expression libératrice ou de la catharsis. Ainsi, si la musique est une catharsis pour moi elle ne l’est pas plus que toute autre activité où l’on s'investit personnellement.


Crédit photo: Emilie Foudelman

Pas faux. Quels sont tes objectifs/tes envies pour le futur ?
Mon objectif premier est de devenir financièrement complètement indépendant avec la musique et de réussir à développer toujours plus mon jeu de batterie. Je voudrais donc réussir à porter mes groupes le plus loin possible et les professionnaliser toujours plus. Gravir les marches une à une et monter au plus haut possible, composer de la musique toujours meilleure, etc.
J’ai d’ailleurs pour but prochainement de lancer mon activité personnelle de batteur non plus forcément seulement liée à mes groupes. J’aime la musique et tous ses styles, j’aimerai donc en jouer le plus possible.

Qu’est-ce que tu aimes en dehors de la musique ?
Bien que je ne cuisine pas vraiment, la nourriture doit être première dans la liste. Tout depuis la pâtisserie jusqu’à la boulangerie, les procédés de fabrication des produits artisanaux italiens, la nourriture chinoise et indienne, etc. (rires) Ou sinon, évidemment j’aime énormément la philosophie et assez naturellement je suis aussi assez passionné de politique et d’histoire.

Pourquoi as-tu suivi des études de philosophie ?
En rhéto (dans le système français que mon frère et moi avons suivi), j’avais huit heures de philosophie par semaine. Ça a été mon cours préféré de toute ma scolarité. Il y avait une façon de porter un regard différent sur le monde, de pouvoir approfondir la réflexion sur les questions qui nous enflamment tous au quotidien. Lorsque j’ai été diplômé de l’école de musique, cette année fut tellement intense que je n’avais même pas lu un seul livre, ni vraiment eu le temps de réfléchir sur quelconque question existentielle. C’est pourquoi, en rentrant à Bruxelles, j’ai fait le choix de m’inscrire en philosophie. Non pas pour le diplôme mais simplement parce que je n’avais pas aimé passer une année de cette façon-là. Si je voulais faire de la musique, je ne pouvais m’imaginer vivre seulement avec ça et je voulais m’apporter un bagage intellectuel en plus. C’était une façon aussi de toucher un peu à tout. Pour finir, si j’ai une religion, c’est l’éthique Kantienne (du philosophe allemand Kant). Je vis entièrement sous sa doctrine éthique de la loi morale (rires) voilà pour la petite histoire.

Une anecdote ou révélation à faire à ton sujet (un scoop :-) )?
(rires) Je ne sais pas vraiment. En tout cas j’espère pouvoir dévoiler prochainement, mon site web et plusieurs vidéos playthrough de mes groupes. Je suis aussi en train de préparer plusieurs covers!

Des actualités à annoncer par rapport aux groupes dont tu fais partie ?
Que d’actualités! En étant tous coincés pour cause de la pandémie, chaque groupe est en train de préparer de façon assez intense sa nouvelle sortie! 2022 sera chargée ! On est en train de travailler avec mon frère sur la sortie d’un album heavy metal!
En tout cas merci à toi pour cette interview et ces questions et merci aussi à tous ceux qui auront pris le temps de la lire!

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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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