S'il est un créneau de l'univers metal où il n'est pas facile de s'imposer, tant la concurrence existante a posé des jalons solides, c'est celui du doom progressif. Pallbearer, Electric Wizard, YOB, pour ne citer que quelques-uns parmi les plus célébrés, ont, depuis plusieurs années, su imposer leur style au beau milieu du standard.
Qu'il s'agisse, de surcroît, de faire porter son projet par une voix féminine, et l'on s'inflige une comparaison plus hargneuse encore.
C'est pourtant dans ce contexte qu'un nouveau groupe italien, Messa, fondé en 2014, a décidé de sortir son premier album, intitulé Belfry.
Le quatuor italien manie les codes avec classe, se frottant à la comparaison; avec les groupes précités, certes, mais plus encore avec Blood Ceremony: les sonorités vocales de Sara, chanteuse de Messa semblent quelquefois si proches de celles d'Alia O'Brien...
L'on pense aussi à SubRosa ou encore à Windhand mais Messa, nonobstant ces évidents rapprochements, réussi à trouver un chemin quelque peu divergent pour dérouler son projet musical. Les singularités de Belfry sont aussi ses qualités; dès l'intro (Alba, 4min35 de drone-ambient), le groupe affirme ce choix obstiné pour la dualité «codes classiques du genre» vs expérimentations.
Les titres Faro, Tomba et Bell Tower fonctionnent tels des interstices «drone-ambient» et donnent une réelle épaisseur à l'album qui expose, par ailleurs, des plages de factures plus classiques dans lesquelles l'on retrouve tous les ingrédients des groupes «références» cités plus haut. Ainsi, Hour of the wolf, après une introduction et une montée en puissance qui nous fera penser à Danzig première période, donne dans un doom léger et quasiment atmosphérique avec une outro guitare lorgnant vers le Free bird de Lynyrd Skynyrd.
Blood ne déroge pas à cette règle: riffs solides et lourds coupés par un bridge «mandoline» rappelant l'illustre break de Holy war de la bande à Mustaine, puis long passage où une clarinette se fraie un joli chemin vers ce qui ressemble furieusement à une impro free jazz!
Un album fourmillant d'idées où il faut toutefois reconnaître, parfois, les défauts des qualités: les titres «doom» les plus classiques (Outermost) renvoient à des références que l'on aurait voulu ne pas entendre aussi clairement... Le style de Blood Ceremony n'est alors jamais loin (Confess, outro de l'album, façon Jefferson Airplane). Mais ceci n'est finalement pas pour nous déplaire...
Un premier effort très réussi et remarquablement produit pour Messa qui gagne, d'entrée, son pari: sortir du lot.