Interview

SPORT DOEN

Vendredi 19 mai 2006

Commençons par un petit historique du groupe :
On est 4… euh… c’est à la fois simple et compliqué ! Il y a 2 guitares, 2 basses, mais ce sont les deux mêmes personnes qui tiennent ces instruments là. Donc en fait, il n’y a pas un vrai bassiste et un vrai guitariste ! Yves et Gaston, puisque c’est leur nom, se partagent l’instrument au gré des morceaux en live et sur le ep. Puis il y a un deuxième Fred qui lui est à la batterie.
Pour ce qui est de l’historique, on s’est formé il y a deux ans… trois ans ? Je ne sais plus. (2 ans fait signe le Gourou le manager). Non, non, ça fait deux ans qu’on tourne mais ça fait trois ans qu’on existe en fait. On s’est formé à Bruxelles parce qu’on est bruxellois tout simplement. Au bout d’un an de répèt intensive, on a commencé à tourner. Et effectivement là on est dans une tournée internationale pour présenter l’album, qui va jusqu’à Lille.

Donc, en fait, Sport Doen est encore un assez jeune groupe !
Oui mais composé de vieux membres ! (rires) On a quand même bien tous roulé notre bosse pendant des années avant d’en arriver là. Moi j’étais chanteur des JEUNES pendant 7 ans. Les JEUNES ont splitté en 96, j’ai donc quand même d’autres trucs entre temps dont REDRUM avec Gaston. Yves et Fred ont joué dans pas mal de trucs à eux deux dans les années 90. C’est tous des gens qui ont quand même on va dire, un bon pedigree sur la scène alternative belge francophone de Wallonie-Bruxelles.

On parle de la scène francophone de Wallonie-Bruxelles… SPORT DOEN, c’est quand même un nom un peu étrange ?
Non, c’est parce que c’est flamand que c’est étrange ? Ca veut rien dire en plus ! C’est une faute en flamand ! On a eu une interview dans het Standaard à ce propos là qui nous a contactés juste avant qu’on ne joue Dour pour nous demander pourquoi on s’appelait comme ça parce que ça voulait rien dire. Si il y a un groupe flamand qui s’appelle VIVE LA FÊTE pourquoi il y aurait pas un groupe francophone qui s’appelle SPORT DOEN ! Quand tu entends, eux en plus ils chantent en français et ils font des fautes de français quand même … (rires)… nous on chante en anglais avec un nom flamand, on n’a pas poussé le cynisme jusqu’au bout !

Ok, il y a ce côté linguistique, mais en même temps, ça fait pas très punk, SPORT DOEN ça n’annonce pas vraiment la couleur …
Ouais, je sais pas ce que ça fait exactement, je me suis jamais trop posé la question… ça fait pas punk… ah ouais, possible ! Le nom a l’avantage, comme c’est du flamand, qu’on est francophone, que c’est une faute en flamand, ça attire l’œil et l’oreille. On pourrait s’appeler les « quelques choses » à mon avis … il y a plus de gens que cela interpellent, qui voudraient bien savoir ce qui a derrière que l’inverse, donc finalement, ça fait du marketing à peu de frais. Que ça fasse pas très punk, c’est pas très grave finalement, la surprise est à l’intérieur.

Cet album « We are SPORT DOEN and you are not » suit votre démo 11 titres…
Il y a eu une démo 4 titres d’abord puis une démo 11 titres. En fait ce mini album ci est une espèce d’upgrade des 7… 9…. En fait, la démo 11 titres c’était le 7 morceaux qu’on retrouve sur le mini album plus les 4 titres de la première démo. Ceci dit la différence pour le mini album, c’est que les 7 morceaux sont les mêmes mais remixés, remasterisés, il y a nettement un meilleur son, il y a pas photo, il y a une nouvelle pochette… et si vous venez nous voir en concert, vous recevez des badges (rires)…

C’est pour ça qu’il y a ce coté 7 titres un peu à l’arraché ?
Oui tout à fait. On a envie que ça sonne comme ça aussi de toute façon. On préfère que ça fasse pas trop soigné non plus. Que ça reste le plus garage possible on va dire.


Généralement dans les disques punk ou hard core, sans nécessairement faire de la politique, mais avec une musique politiquement moins correct, il y a souvent les textes des chansons parce ceux-ci peuvent avoir une importance. Je fais le constat (donc pas nécessairement celui de tout le monde) mais je trouve qu’il y a de moins en moins souvent ces textes dans les pochettes punk ou hard core. C’est entre autres le cas dans votre mini-album… pourquoi ?
Parce que si on mettait les textes, on se rendrait compte que je répète quasi tout le temps la même chose parce que j’écris 4 lignes par chanson. (rires)… en fait c’est aussi simple que cela et j’aurais l’air très con mais maintenant que je le dis j’ai l’air très con quand même… donc les prochains, on mettra les textes dedans … perdu pour perdu (rires).

Est-ce que tu crois sincèrement que répéter inlassablement 4 lignes, si c’est 4 lignes qui ont des idées, c’est n’avoir rien à dire ?
Quand je dis 4 lignes, j’exagère. J’ai tendance à écrire 2 couplets et 1 refrain et puis de les répéter parce que je me fatigue très très vite. Finalement, les punks c’est comme les hippies, ce sont des faignasses !

Mais c’est pas la quantité qui est importante…
Exactement, oui ! Mais je n’ai pas l’impression que mes textes même si ils sont minimalistes, soient très revendicateurs. J’ai l’impression aussi que quelque part on en revient comme souvent aux bases du rock’n’roll : parler de sexe, d’alcool et de drogues. C’est aussi con que ça mais … j’ai écris un ou deux textes dans SPORT DOEN qui sont un peu plus construits, qui racontent des histoires et qui sont finalement un petit peu plus engagés entre « » car je ne voudrais pas non plus faire croire que je suis un grand théoricien. Moi j’utilise plus la voix comme un instrument. Le contenu a finalement assez peu d’importance. C’est peut-être dommage mais moi, c’est comme ça que je fonctionne. Je préfère faire bouger les choses avec une musique un peu plus rentre dedans que d’essayer d’échafauder des théories politiques ou autres derrières lesquelles je ne tiendrais pas. La musique que je fais est plus un moyen d’essayer d’amuser les gens, de leurs faire passer un bon moment que vraiment de les faire réfléchir. Ce qui n’empêche pas certaines positions et d’essayer parfois de les faire passer dans ma musique mais ce n’est pas une priorité.

L’album est autoproduit, distribué par Mandaï (distributeur indépendant) et par rapport à d’autres distributeurs, tu disais « tant mieux » !
Effectivement, il peut très bien y avoir une démarche (on va pas dire politisée) consciente sans que pour autant le contenu des textes et musical le soit particulièrement. C’est vrai que par rapport à ça on fait fort attention à la manière dont on se comporte en marge de purement la musique on va dire. Donc dans le choix des labels, des endroits où on joue … on essaye à ce niveau là d’avoir une espèce d’éthique on va dire convenable.

J’ai eu des échos (nos regards se tournent vers Gourou) comme quoi quand SPORT DOEN était sous pression, grâce à votre résistance à cette pression, la prestation scénique était encore meilleure. Plus SPORT DOEN est mis sous pression, plus le concert sera chaud !

C’est tout à fait vrai. Je ne sais pas à quoi c’est dû. C’est dû à la somme de 4 personnalités qui, à mon avis, prises séparément sont des personnalités qui ne sont pas faciles. Je crois que jusqu’ici on a réussi à utiliser cette pression à bon escient. Il faut qu’il y ait une espèce d’enjeu derrière le truc.

Vous venez de faire une mini-tournée en Belgique ainsi qu’une date à Lille, avec DRIVING DEAD GIRL et les italiens de SUPER ELASTIC BUBBLE PLASTIC, raconte nous un peu cette tournée et cette rencontre avec les italiens.
La tournée a été disons, mitigée. On se rend compte qu’il est très difficile de faire des choses en Belgique francophone, en tout cas, dans certains coins. Mais bon, l’un dans l’autre, c’est quand même une mini-tournée qui s’est assez bien passée. Et ce fût une vraie rencontre avec les italiens SUPER ELASTIC BUBBLE PLASTIC, qui est vraiment un groupe exceptionnel. C’est du garage. Les types sont indémontables ! On leur a cassé leur camionnette à Liège et on leur a piqué leurs papiers, leur argent etc et le soir même ils faisaient le meilleur concert de la tournée. C’est gai de se retrouver avec des gens comme ça qui ont visiblement envie de mouiller leurs chemises. Des gens pour qui le rock’n’roll signifie encore quelque chose.

Vous avez joué à Lille, en France, et le reste de l’Europe s’intéresse-t-elle à vous ?
On espère… là on commence à avoir des contacts grâce à MySpace (http://www.myspace.com/sportdoen) ça marche bien cette histoire. On a été contacté par un groupe norvégien qui voudrait nous faire jouer là-bas. On a été podcasté à Los Angeles, c’est invraisemblable. On a été contacté … en Hollande me dit Gourou, … ah oui ! les Turbojungend (NDLR : le fanclub autoproclamé officiel de Turbonegro) !! J’avais un peu oublié cette affaire parce qu’on avait pas su le faire malheureusement. On a été contacté par le Grand Mix de Tourcoing pour faire la première partie des BUZZCOCKS, mais ça s’est pas fait. Ils ont pris un groupe local, c’est de bonne guerre. On a des propositions, on attend que cela se concrétisent.

Ca veut dire que pour le moment vous avez plus de retour de l’étranger ?
Pour le moment oui, mais ce sont des périodes. On continue à nous proposer pas mal de truc en Belgique aussi. Pour un groupe qui n’a pas de booker, on tourne bien. On n’a pas à se plaindre.

Enfin, est-ce que en tant que groupe figurant sur la compilation Massacrés Belges, tu ressens un impact du phénomène ?
OUI ! Massacrés Belges, c’est quelque chose dont la sauce a pris très facilement et très rapidement. On avait presque l’impression qu’il y avait une attente. Forcément au bout de trois ans à servir le même fast-food (il s’agit ici des Sacrés Belges) comme ça à tout le monde et à bourrer la gueule toujours avec les mêmes choses qui se ressemblent, il y a un moment, vous faites ce que vous voulez au niveau marketing mais ça gave ! On s’est peut-être présenté au bon moment avec Massacrés Belges, mais en tout cas ça marche. Il y a des retombés pour les groupes.


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