Interview

DEUIL

"Notre musique sera un peu différente mais toujours dans la même optique : le processus et le vécu du deuil"


Jeudi 23 janvier 2014

Bonjour Deuil
Deuil


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. Vous avez récemment réenregistré votre EP 2 titres depuis l’arrivée de Lionel à la basse avec donc un son un peu plus puissant. C’était vraiment nécessaire de revenir avec les mêmes morceaux quelques mois après avec juste un son différent ?


N : Je trouve que c’était important pour sortir le vinyle, pour inclure Lionel déjà dans le projet, puis pour avoir un son un peu plus agressif, un peu plus lourd aussi par rapport à ce qu’on avait fait avant dans notre local de répète vite fait, du coup c’était une bonne expérience. Puis on l’a fait avec le même processus, enregistré en live en une journée pour garder l’esprit du truc au maximum.

Et après ces deux titres, que vous avez intitulé Acceptance et Rebuild qui sont les deux dernières phases du deuil, vous avez envisagé de reprendre d’autres phases ou c’était juste un one shot comme ça ?

N : Oui c’est prévu.

R : La phase suivante ce sera la phase du choc et puis le déni. Et alors ce sera de nouveau deux morceaux aussi complémentaires que sont Acceptance et Rebuild donc on continue dans l’exploration des phases du deuil musicalement parlant et aussi par l’interprétation que chacun peut en faire.

N : Ce sera un peu différent mais ce sera toujours dans la même optique : le processus et le vécu du deuil.


Photo : Julien Férir

Et quand vous composez les morceaux, vous partez sur un titre et vous créez la musique sur base des ressentis que cela peut vous procurer ?

N : Bizarrement pour les deux qu’on fait là pour le moment, on a d’abord créé la musique puis on a trouvé quelles phases colleraient le mieux avec. C’est beaucoup plus agressif…

R : Plus dans l’immédiat que dans des phases qui seraient plus longues et plus lourdes. Donc maintenant on est plus dans des sons un peu plus agressifs et cela nous permet nous aussi de varier un peu les plaisirs de jouer ensemble et d’expérimenter aussi des nouvelles choses. On peut aussi changer un peu l’énergie du morceau, à ce niveau-là.

L : Et par rapport aux titres qu’on a fait qui étaient beaucoup plus posés, de pouvoir enchaîner avec des trucs plus rentre-dedans, cela peut apporter une variété beaucoup plus intéressante au niveau de la palette de sons. Ça permet de ne pas rester linéaire, d’avoir un truc qui casse, puis qui se reconstruit… c’est beaucoup plus intéressant.

Le deuil, c’est toujours quelque chose de très personnel donc ma question va être un peu plus perso mais est-ce que tout se base sur quelque chose d’autobiographique ou c’est plutôt la façon dont vous l’imaginez ?

N : J’ai déjà vécu des décès mais je n’essaie pas de retraduire ça parce que ce serait égoïste. Comme tu dis, c’est un truc personnel donc c’est plus une vision générale que tu pourrais avoir du deuil qu’un truc vraiment perso et chiant pour les autres.

R : Mais il n’y a pas d’expérience mise en avant de la part de chacun, chacun met ce qu’il a envie dedans et cela travaille plus un ressenti qu’une expérience très explicite et…

L : Ouais on n’a pas un copain qui est mort pendant l’enregistrement !

R : Oui voilà il n’y a pas de tragédie derrière, c’est juste un ressenti et quelque part peut-être une impulsion aussi, pour trouver un chemin musical et pouvoir composer avec ça !

Et au niveau musical, vous venez tous de la scène hardcore mais au sens large…

L : Ah oui, on ne vient pas du tout de la même scène (rires)

Non de fait, et vous arrivez sur un truc qui pourrait être un gros mix entre tout ça mais vous partez sur quelque chose d’assez différent, ça a été difficile de sortir chacun de votre style de départ ?

Tous : Non, pas du tout !

L : Non, on a quand même tous les mêmes influences à la base mais à côté on n’écoute plus du tout la même chose, moi je suis plus fan de hardcore et death-metal, Nico c’est plus screamo etc., Renaud aussi dans le même style…

R : Le truc aussi c’est que de toute manière c’est le fait qu’on s’entende tous très très bien ensemble, il n’y a pas de guerre d’influences musicales, c’est plus histoire de se mettre ensemble pour composer quelque chose qui nous est propre à nous quatre.

L : Le truc c’est qu’avant la musique on est surtout des potes.

R : Oui voilà, et chacun chez soi écoute ce qu’il veut. Si on a des idées à amener, chacun amène ce qu’il veut mais si ça marche on le fait. Il n’y a aucune hiérarchie, on est quatre, on compose et ça fonctionne comme ça.

Et il n’y a pas de ligne directrice non plus ? Vous vous êtes dits que vous partiriez dans ce style au départ, mais par la suite est-ce que vous vous imposez des trucs ou des contraintes ?

N : Non je ne pense pas, comme on le disait au départ on a les mêmes débuts musicaux, les mêmes influences puis on s’est tous dirigés dans des styles différents et puis voilà, on s’est revus, on a commencé à boire des coups ensemble puis on fait ce qu’on fait. Pas de contraintes non plus, puisqu’à la base on avait commencé le groupe avec Romain juste après le split d’Isaïah
Isaïah


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, puis on a pris Renaud au chant, ensuite Lio nous a rejoints et ça a tout de suite collé donc on n’essaie pas de se dire qu’on doit faire un truc super sombre, super dark, super black ou ce que tu veux, on prend ce qui vient…

R : On joue ce qui nous plaît ! A un moment donné, si quelqu’un amène de nouvelle choses, qu’on essaie et que ça ne passe pas on fait une espèce de table ronde où chacun peut donner son avis et si on sent que ça ne passera pas ou que la majorité n’est pas vraiment à fond dedans on abandonne. Les pistes, bonnes ou mauvaises, on les explore mais s’il faut revenir en arrière on revient en arrière et c’est pas un souci. On ne se bagarre pas…

N : Pas encore (rires) – mais c’est pour ça aussi que ça prend hyper longtemps pour refaire des nouveaux trucs parce que c’est à chaque fois un pas en avant trois pas en arrière, faut que ça plaise à tout le monde et même si on vient des mêmes horizons à la base, on est tous partis dans des directions différentes et c’est vrai que parfois c’est difficile de concilier ce qu’on fait maintenant qu’on écoute à côté ou qu’on a écouté. Et c’est vrai que c’est à chaque fois pas vraiment des compromis mais… des petits consensus quand même.



La version vinyle de votre deux titres est sortie sur douze labels quand même… comment est-ce possible ?

(rires)

N : En fait à la base on devait le sortir sur seulement six labels…

« Seulement »…

N : Oui « seulement » c’est relatif. Mais au final on a voulu faire un truc beaucoup plus beau et qui allait coûter plus cher et on s’est vite rendu compte qu’il fallait que d’autres labels se joignent à nous et chaque label a proposé à d’autres de participer… Et c’est vrai qu’il a douze labels mais certains labels ont mis un peu de sous, d’autres en ont mis énormément et au final ça reste une collaboration entre nous et ça c’était cool. C’était prise de tête aussi de s’assurer que tout le monde y trouve son compte. Le truc on en parlait depuis qu’on est partis en tournée c’était quand déjà ?

R : En mars non ?

N : Oui donc ça a commencé en mars et c’est sorti seulement maintenant tellement ça a dû mûrir.

R : Et je trouve ça aussi intéressant d’avoir des labels qui viennent d’horizons différents et de pays différents, ça permet d’avoir aussi une diffusion via les distros beaucoup plus importante. Ok douze labels c’est énorme mais c’est des labels qui viennent d’Allemagne, France, Espagne etc. et ça permet d’avoir une diffusion plus large, c’est plus prise de tête effectivement et ça Nico pourra le confirmer mais je trouve que ça amène vraiment quelque chose de bien aussi. Puis quand on peut se permettre de faire un concert dans un endroit où une personne d’un label peut venir nous rejoindre, on va la rencontrer, et dire « t’as fait ça pour nous, merci », on va discuter…

N : Et on se la met !

(rires)

Et alors quand c’est comme ça, le label va mettre imaginons 500€, et il va récupérer pour ses 500€ autant de disques ?

N : En gros voilà le vinyle a coûté un nombre X d’euros, le label a mis un nombre Y, donc il va recevoir X par Y de disques…

Ok je comprends.

N : Et je fais même des maths maintenant ! (rires)

Mais tu ne donnerais pas les montants exacts hein ?

N : (rires) non ça non !



Et quand on voit le résultat du vinyle, on comprend que vous vous êtes appliqués pour avoir quelque chose de très soigné et de très beau, mais est-ce que ça a toujours autant d’importance qu’avant de sortir un bel objet comme ça à l’époque où les gens écoutent beaucoup plus leur musique par MP3, Spotify etc ?

N : (réfléchit) Je pense que c’est important parce qu’un vinyle c’est quand même un peu ton bébé donc tu ne sortirais pas un truc avec un gribouillis comme ça vite fait donc ça a été important pour nous de bosser avec Pierre de Business For Satan qui a fait encore une fois un truc magnifique. Donc oui c’est important, autant la qualité de l’artwork, que la qualité du papier, que les couleurs du disque.

R : En plus c’est un aboutissement, c’est quelque chose de matériel qui existe et qu’on ne pourra pas t’enlever, qui a mis du temps à sortir. Donc après tu te dis que c’est là, c’est fait, c’est sorti, on l’a fait et peu importe ce qui se passera dans le futur en bien ou en mal, ça c’est là. C’est déjà une bonne étape d’un point de vue strictement personnel je trouve ça important de voir que le groupe avance d’une bonne manière.

Vous êtes maintenant sur un style qui n’est pas vraiment du black-metal mais qui est plutôt un mix de tout ce qui se fait de sombre en musiques violentes on va dire, mais quelque part ça vous rapproche d’une scène black-metal qui au niveau idéologie n’est pas toujours très positive ni acceptable… est-ce que vous avez été en contact avec des organisations ou des groupes un peu limite ?

N : Non, jamais de la vie…

R : C’est justement pour ça qu’il y a un message sur le vinyle, où on explique simplement qu’on n’a rien à voir avec les NSBM (ndlr : National Socialist Black Metal) et toutes ces idéologies pourries. On a fait ça parce que si parfois des organisations peuvent hésiter à nous faire jouer pour ça, nous on est très clairs avec ce message, c’est imprimé noir sur blanc sur la pochette du vinyle, sur notre Bandcamp c’est indiqué également. On fait peut-être cette musique-là qui peut se rapprocher parfois d’une scène à l’idéologie malsaine mais c’est deux choses différentes. Eux c’est eux, nous c’est nous, on est absolument pas du tout là-dedans et c’est malheureux de devoir le préciser mais c’est important de le faire car comme tu le dis l’amalgame est vite faite.

N : On partirait bien avec Burzum
Burzum


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en tournée !

(rires)

Et pour 2014, il y aura une nouvelle sortie ?

N : Normalement il y aura la suite oui, le deuxième album sortira en vinyle sur un label français si tout se passe bien.

Un seul label cette fois ?

N : Je pense ouais…

L : On va essayer ! (rires)

N : En tout cas ça va me faciliter les choses (rires) – oui bon un peut-être plusieurs mais on verra. Quelques projets de tournée et quelques dates cool qui s’annoncent aussi. On va partir avec Luik
Luik


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en tournée, faire France – Suisse – Espagne, pendant 10 – 12 jours.

Et vous partez quand ?

N : En avril, si tout se passe bien.

R : Parce que gérer les emplois du temps de chacun c’est pas toujours évident.

Un dernier message à faire passer ?

L : Je t’aime maman !

(rires)
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AUTEUR : Erik
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Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentrÃ...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentré sur le développement du site, il est moins présent sur le front. ...
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