Interview

EMPTINESS

Un murmure menaçant à l’oreille… Rencontre avec Jeremie Bezier.


Mardi 1 décembre 2020

On vous l’annonçait il y a quelques jours, le sixième album des Bruxellois de Emptiness
Emptiness


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, « Vide », sortira le 12 février 2021 chez Season of Mist. Il a été produit par leur chanteur et bassiste, Jérémie Bézier. Eh bien, qu’est-ce qu’on a fait, nous, curieux comme on est ? On a discuté avec Jérémie pour en savoir un peu plus sur lui, tout d’abord, puis sur l’évolution d’Emptiness, un des groupes emblématiques de la scène underground belge. C’est parti !



Crédit photo: Emilie Foudelman

Salut Jérémie. Tout d’abord, comment vas-tu, par les temps qui courent ?
Je prends du plaisir à survivre sur cette planète, ce n'est déjà pas si mal. Que la vie humaine, prenne moins de place et fasse moins de bruit, ça me fait du bien. Je suis devenu un peu plus moi. En comprenant quelles sont mes propres limites, je suis aussi plus conscient de celles que l'on m'impose. Je continue donc à flotter dans cette dimension en essayant d'être le plus libre possible, en évitant les barrières, et si besoin, de les casser.

Peux-tu me raconter ton parcours musical ?
C'est très jeune que mon grand frère m'a fait aimer la musique et m'a poussé à jouer d'un instrument. Lui à la guitare et moi à la basse, on reprenait du Helmet
Helmet


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, Faith No More
Faith No More


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, etc. C'était le début des années 90 et il était à fond dans ce genre-là. Puis très vite, j'ai commencé à composer et à monter des groupes, et j'ai compris que c'était ça mon truc.

Et au niveau des groupes ?
Divine Blood ce n'était pas vraiment du death ou punk, mais pas loin, on jouait dans une cave avec des bougies partout et on écrivait des textes que l'on pensait sataniques. C'était mon premier vrai groupe avec mes compos et j'essayais déjà d'avoir le contrôle sur tout.
Ensuite, en 1998, il y a eu ma rencontre avec Olivier, les deux seuls du collège qui écoutaient du black. J'ai tout de suite su qu'on serait lié pour longtemps. On a créé The Empty qui est devenu Emptiness
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.

« On n’en a jamais rien eu à faire du monde extérieur et notre musique est toujours le seul monde réel que nous connaissons. »

Parallèlement aux années d'expérimentation qui ont suivi, il y a eu l'aventure Enthroned. J'ai eu la chance de parcourir le monde avec eux, d'y apprendre la scène et de faire toutes les conneries du jeune adulte en tournée. Il y avait un incroyable esprit de camaraderie. Ce sont des frères que j'ai laissés derrière moi, en quittant le groupe il y a quelques années.

Tu as produit le sixième album d’Emptiness qui sortira le 12 février 2021. Comment cela s’est-il passé ?
On voulait faire un album qui rend claustrophobe tout en étant un voyage dans son intégralité. Nous en sommes donc venu à nous isoler pour créer et pour enregistrer nos jams. Nos sessions se déroulaient dans de petites pièces, en appartement, ou même dans une cabane en forêt. Il y a aussi eu des prises sur un toit d'immeuble en ville. Seul la batterie a été enregistrée en studio.
De mon côté, je gardais ce qui m'inspirait de ces enregistrements, j'en faisais des morceaux en les éditant, et y en posant les voix. Pour garder ce côté authentique et irréel, personne d'extérieur au groupe n’a été impliqué. Olivier s'est donc chargé de l'artwork et moi du mix et du mastering.
Quand le virus est apparu, nous étions au milieu de nos démarches et c'était comme si le monde étouffant que nous étions en train de créer se matérialisait et prenait vie.


Crédit photo: Emilie Foudelman

Que peut-on déjà savoir sur ce nouvel album ?
C'est une étrange créature qui n'a rien pour plaire, mais elle a un savoir et des secrets. Il faut bien l'étudier avant qu'elle ne t'accepte dans son monde.

Le style d’Emptiness a évolué du black/death vers un metal plus atmosphérique/ambient. Comment expliques-tu ceci et comment décris-tu le style actuel d’Emptiness ?
J'aime penser qu'un être vivant évolue ou cherche à le faire en permanence. Que son art ou peu importe ce qu'il construit, reflète son expérience et son savoir. Notre musique est aujourd'hui un peu plus honnête et aboutie.

« Le côté ''extrême'' d'antan se retrouve maintenant plus dans le choix des mots, et dans les sentiments, que dans le son. »

Et puis, on vieillit... Pourquoi perdre son énergie à crier, alors que murmurer à l'oreille est bien plus menaçant. Le style actuel d'Emptiness? De la ''Misery pop'', un ''bad trip''.

Tu travailles aussi au Blackout Studio comme producteur.
Oui, toujours dans l'idée d'être meilleur compositeur, je me suis très vite ouvert aux indispensables connaissances de la production. D'abord formé par mon mentor et ami Xavier Carrion (Channel Zero
Channel Zero


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, Sons of Jonathas), nous avons ensuite eu l'idée, Olivier (Emptiness
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) et moi, de fonder le Blackout Studio, en 2009.
Le projet c'était d'avoir l'outil parfait pour créer nos univers sonores. Mais le Blackout servait surtout à développer la scène belge avec des groupes comme Possession
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, Goat Torment
Goat Torment


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, Length of Time
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, Sacra's Cult, Dehuman
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, Coldborn
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, Bathsheba
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, Hemelbestormer
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, Slaughter Messiah
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... . Les groupes étrangers ont commencé à suivre: Lvcifyre
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, Necrowretch
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, Corpus Christii, Nightbringer
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, Kthoniik Cerviiks, Adaestuo, Vortex of end
Vortex of end


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, Cirith Gorgor
Cirith Gorgor


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, Aevangelist, etc.
Aujourd'hui, je me suis délaissé de la gestion quotidienne du studio et suis un peu plus sélectif dans ce que je produis. Je me concentre essentiellement sur le travail de mix et de mastering . Cela me laisse plus de temps pour composer et apprécier les petites choses de la vie.


Crédit photo: Emilie Foudelman

Qu’est-ce qui te motive à passer de l’autre côté de la fenêtre ?
C'est pour rester le plus loin possible de la vie réelle.

« La musique est mon échappatoire préférée, et le fait de travailler sur le projet des autres, ça me permet de me cacher dans leur univers pendant un moment. »

J'aime donner la meilleure version de moi-même afin que le groupe, en confiance, en fasse de même. Quand il y a cet échange, ce n'est plus vraiment du travail.
Partager mon expérience me fait aussi gagner un peu d'argent terrestre, ce qui me permet de nourrir ce corps, et lui donner l'énergie nécessaire pour recommencer ce cycle infernal.

Tu fais également partie d’un groupe post punk « Meat Heart
Meat Heart


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». Tu n’es visiblement pas conditionné à un seul style musical. Pourquoi ?

Meat Heart est plutôt mon projet solo dans lequel la femme qui partage ma vie est forcée à faire de la musique avec moi. Il y a alors une mauvaise ambiance dans le couple que j'essaie de capturer dans les compositions. Le projet est un peu de côté pour l'instant car je donne tout à Emptiness et pour retrouver un peu de paix à la maison. Mais je compte bien replonger là-dedans bientôt.

Pas cool pour ta femme :-)
D’après ton expérience au studio et lors de tes nombreux shows, la scène underground/alternative belge gagne-t-elle à être connue ?

Je pense que les groupes belges s'exportent mieux aujourd'hui qu'il y a dix ans. La dernière décennie, à Bruxelles, a été très excitante, on a vu tellement de projets et de groupes se développer. La Belgique nous inspire par son incohérence et nous la chantons sans le savoir.
Pandémie oblige, penses-tu que les musiciens et les artistes doivent se réinventer et comment envisages-tu ton avenir et celui de la culture en général?
La culture est vivante, le reflet d'un monde toujours en mutation.

« Il sera intéressant de voir à quel point nous aurons été inspiré par cette expérience et comment nous allons le faire ressentir dans le monde obscur qui nous attend. »

Les gens ont soif de redevenir des humains, ils seront prêts à se battre pour ressentir à nouveau l'infini danser en eux. Être libre d'être inspiré et libre de créer. Ma bataille à mo, consistera à me cacher dans l'ombre et composer de la musique déprimante pour ce monde qui n'en a pas besoin.

Souhaites-tu ajouter quelque chose ?
Merci pour l'interview.


Blackout studio: http://www.blackoutstudio.be

Emptiness vide album: https://emptiness.bandcamp.com/album/vide

Emptiness website: http://www.emptiness.be

Listen to Meat heart EP:https://soundcloud.app.goo.gl/1UcG
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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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