Interview

THE OSCILLATION

Même si seulement quelques personnes l’écoutent, je préfère faire exactement la musique que je veux!


Vendredi 17 décembre 2021

Untold Futures, le huitième album studio des Anglais de The Oscillation
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, est paru le 29 octobre dernier. L’occasion de poser quelques questions à Demian Castellanos, l’homme qui pilote seul le vaisseau The Oscillation
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depuis 15 ans, au croisement du Rock Psyché, du Drone et de l’Ambient.


Salut Demian ! Ces 18 derniers mois ont été une sorte de cauchemar éveillé pour à peu près tout le monde et ont touché très durement les artistes qui vivent pour large part de la scène, donc j’aimerais tout d’abord te demander comment tu vas et comment tu as traversé cette période difficile ?
Hello ! Ça va bien, merci ! C'est vrai que ça a été une période vraiment intense, propice à la réflexion, à l’introspection. J’ai décidé de prendre les choses comme une hibernation et je suis entré dans cette zone mentale que je trouve très intéressante. Au final, je crois que j’ai fait tout ce que j’ai pu pour rester sain d’esprit et être aussi positif que possible.

Les dispositions liées au Brexit sont également entrées en vigueur début 2021 et j’imagine que cela n’a pas dû simplifier les choses pour les artistes qui tournent beaucoup en Europe, ce qui est le cas de The Oscillation
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. Peux-tu nous dire ce qui a changé ?

Je ne crois pas avoir grand-chose à ajouter sur le sujet du Brexit. Je pense que tout a déjà été dit par d’autres et de façon très argumentée… D’un point de vue personnel, j’étais prêt à faire une petite pause de toute façon, même si cela s’avère être un peu plus long que prévu. Ceci étant, je me rends bien compte que le Brexit est un énorme obstacle pour beaucoup de groupes et de créatifs en général. J’ai beaucoup d’amis qui sont dans des groupes et qui se sentent très frustrés par cette situation et je compatis totalement.

Et Tom Relleen, ton partenaire de toujours dans The Oscillation
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, est brutalement décédé en août 2020…

Oui. Ça a été un événement terrible, qui a complètement bouleversé ma vie, j’ai vraiment eu l’impression de traverser une nuit noire sans fin. Mais je fais de mon mieux pour accepter la situation et ressentir ce qui doit être ressenti. À un moment, j’ai été un peu en mode oubli, car je trouvais tout cela difficile à appréhender comme étant une réalité.
Tom était un véritable moteur, toujours en mouvement, toujours en action. Il fallait toujours qu’il fasse quelque chose. Je pense qu’il est juste de dire qu’il s’est constamment poussé à aller de l’avant. Il n’était vraiment pas du genre à rester assis, il travaillait en permanence sur des millions de choses, Tomaga
Tomaga


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et plein de collaborations. C’est lui qui bookait les concerts de The Oscillation aussi, en plus de tenir la basse sur scène bien sûr.
Cela semble si étrange que nous ayons finalement terminé les enregistrements pour ce projet que nous avions commencé vers 2007 et que nous avons fini par appeler Autotelia
Autotelia


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. Il avait été mis en veilleuse pendant des années. Puis Tom a soudainement dit qu’il pensait vraiment que nous devrions en faire quelque chose. Ce que nous avons finalement fait et je lui en suis très reconnaissant. [Ndlr : L’album I d’Autotelia est paru le 24 juillet 2020, tout juste un mois avant le décès de Tom Relleen]
Le temps est une chose étonnante quand je pense que nous nous sommes rencontrés en 2006, ce que je perçois comme une vie entière, et, pourtant, notre amitié et tous les concerts que nous avons donnés, toutes les choses que nous avons accomplies semblent avoir été comme un flash ou un rêve. C’était un individu vraiment unique et un grand ami. Il m’a aussi énormément appris sur moi-même, ce qui m’a beaucoup frappé récemment. Le tout a été totalement surréaliste… Et je crois qu’il me reste encore beaucoup à démêler.


Il est clair aujourd’hui que The Oscillation
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est un one-man band. Mais quand tu as lancé ce projet en 2006, beaucoup pensaient qu’il s’agissait en fait d’un quartet (puis d’un trio au début des années 2010). Peux-tu nous raconter comment le projet a évolué au fil du temps et comment tu l’as porté à la scène ?

Ça a toujours été une source constante de confusion et je dois dire que j’aime beaucoup ça. (Rires) Au début, je n’avais pas l’intention de jouer live, je préférais la sécurité du studio. C’est notre label de l’époque, DC Recordings, qui a commencé à mentionner l’idée de faire des concerts et Tom, qui travaillait alors chez DC Recordings, a soudainement annoncé qu’il « jouait un peu de la basse », ce qu’il n’avait jamais dit à personne auparavant, et c’est comme ça que The Oscillation a fini par tourner. Il y a eu pas mal de line-ups différents et j’ai beaucoup de bons souvenirs de chacun d’entre eux, des différentes personnalités et des expériences de concerts qui changeaient selon qui jouait dans le groupe.

Untold Futures, le dernier album de The Oscillation
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, est paru le 29 octobre dernier. Peux-tu nous raconter comment se sont passés l’écriture et l’enregistrement de l’album ? Qu’as-tu fait (ou peut-être vaut-il mieux dire : que n’as-tu pas fait) dans ce processus ?

Au total, de l’écriture au master final, environ 2 ans se sont écoulés. J’ai commencé à écrire et à enregistrer au début de 2019, puis j’ai eu environ six mois complètement off en 2020, l’album a été envoyé pour être masterisé en janvier 2021. Tout a été enregistré chez moi, dans ma chambre, de l’écriture au mixage. J’ai joué pas mal de choses dessus, à peu près tout ce qui fait un son en fait (Rires), principalement la guitare, la basse, les claviers et tous les effets. La batterie a été enregistrée au studio de Tim Weller dans le sud de Londres. Tim a été depuis le début une sorte de mystérieux membre caché de The Oscillation
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. Il a tenu la batterie sur la plupart des albums, mais jamais en live. C’est un batteur fantastique. Tout comme Jem Doulton d’ailleurs, qui a commencé à jouer en live vers la fin de 2017. Nous avons réalisé quelques sessions avec des percussions et des sons aléatoires que nous avons faits ensemble, en particulier pour Heart Of Nowhere, ce qui était très amusant. L’inconvénient de faire tous ces trucs tout seul dans ton coin c’est que tu manques de perspective et ça peut finir par te rendre complètement fou. Donc l’enregistrement avec Tim et Jem apportait un peu de plaisir et de compagnie, ce qui est définitivement une bonne chose parfois.

Du coup, est-ce que tu ne songes pas à faire de The Oscillation
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un « vrai » groupe ?

Pas vraiment… Les choses sont telles qu’elles doivent être, je pense. Il y a aussi beaucoup d’avantages à travailler seul.

Untold Futures me semble être l’album le plus sombre que tu aies jamais produit. Es-tu d’accord avec ça ?
Oui, complètement. Cela semblait aller dans cette direction dès le début, et, à un certain point, j’ai commencé à avoir du mal à y travailler. En fait, j’ai passé la majeure partie de 2020 à l’éviter, car je n’arrivais pas à me mettre dans les conditions qui allaient avec le son. Je trouvais qu’il y avait quelque chose d’autoritaire, de claustrophobique dans tout ça et j’ai failli tout abandonner. C’était à un stade où je ne voyais plus objectivement dans quelle direction aller. Et puis j’ai réussi à me rebooster et j’ai senti qu’il fallait que je pousse les morceaux pour qu’ils soient aussi sombres qu’ils devaient l’être. L’album a alors semblé prendre une meilleure forme et je suis parvenu à trouver un point commun sonore entre les différentes pistes. Quoi qu’il en soit, et peu importe comment ça sonne, je pense que c’était l’album que je devais faire et il fallait qu’il reflète ce qui devait être reflété. Il y a eu aussi beaucoup de dialogue interne avec Tom pendant que je mixais tout particulièrement.

Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ce « dialogue interne » ?
Tom a toujours été l’une des rares personnes à qui je faisais écouter les morceaux et les différents mixes en cours d’avancement. Il faisait des commentaires souvent très utiles. Malheureusement avec cet album je n’ai pas vraiment eu la possibilité de lui envoyer les morceaux car ils n’étaient pas arrivés à un stade suffisamment avancé et ils nécessitaient encore beaucoup de travail. D’après ce qu’il a entendu, il a surtout dit que ce devrait être un album assez lourd. Comme c’était la direction qu’Untold Futures prenait de toute façon, ça m’a conforté dans ce sens. En ce qui concerne le dialogue interne, je tenais un journal de bord et je lui envoyais des questions ouvertes, comme « est-ce que c’est assez lourd maintenant? » (Rires)

Où trouves-tu l’inspiration ?
Je ne sais pas exactement dire d’où viennent les idées. Je pense qu’elles existent et, à un certain moment, elles s’imposent à moi.

Quelles sont tes influences majeures ?
The Cure
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, The Stranglers, Jimi Hendrix
Jimi Hendrix


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, Tangerine Dream
Tangerine Dream


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.

Est-ce que tu envisages de tourner prochainement ?
Je n’ai aucun projet de tournée à l’heure actuelle et, honnêtement, je n’ai pas l’intention de jouer live en ce moment. J’apprécie vraiment le fait de disparaitre un peu pour être honnête. Parfois, je pense au live, mais je sais que je ne suis pas psychologiquement prêt pour ça. Ceci dit, je sais qu’un jour, l’appel de la scène reviendra !

Tu as donné beaucoup de concerts en Belgique au cours de ces 10 dernières années et d’ailleurs le seul album live de The Oscillation
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a été enregistré à Bruxelles en 2014. Est-ce que tu as un lien particulier avec la Belgique ?

Oui, nous avons beaucoup joué en Belgique ! Peut-être plus que partout ailleurs et définitivement plus qu’au Royaume-Uni. Au fil des années, nous nous sommes fait beaucoup d’amis, nous avons rencontré de bons promoteurs et nous avons commencé à voir des visages familiers lors des concerts, donc nous avions souvent l’impression de rentrer à la maison quand nous jouions en Belgique.

Quels sont tes 5 albums préférés ? Quels groupes/albums écoutes-tu en ce moment ?
Je trouve que c’est très dur de choisir 5 albums, parce que ça dépend vraiment de ce que j’ai envie d’écouter et ça n’arrête pas de changer ! (Rires) En ce moment, je réécoute Tangerine Dream
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, Psychic Ills
Psychic Ills


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, Curtis Mayfield, The Proper Ornaments, Bitchin Bajas
Bitchin Bajas


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Si je ne me trompe pas, tu as enregistré une fois seulement une cover, Head Hang Low de Julian Cope, sur ton premier album Out of Phase. Est-ce qu’il y a un titre en particulier que tu aimerais reprendre mais que tu n’oserais pas enregistrer ?
Ah ! il y a beaucoup de groupes et de chansons que je n’oserais pas reprendre. À un moment, on travaillait sur Manic Depression de Jimi Hendrix
Jimi Hendrix


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, mais dans un genre un peu bizarre, à la James Chance, avec cette sorte de punk vibe, un truc vraiment trippy. J’aurais aimé continuer à travailler là-dessus…

Oh ! j’adorerais entendre ça !
(Rires)

Tu viens de mentionner James Chance, est-ce que tu écoutes du jazz également ?
J’aime surtout ce genre de vibe no-wave, comme The Distortions ou Chrome
Chrome


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, mais je n’ai pas beaucoup de connaissance de cette scène et des groupes. Pareil pour le jazz, j’ai quelques albums, mais pas de grandes surprises. J’aime particulièrement In a Silent Way de Miles Davis
Miles Davis
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, mais c’est un peu un album universel. J’aime aussi une partie du jazz fusion des années 70, mais plus le côté abstrait, mental, répétitif, pas trop le côté proggy avec les flûtes, les solos de claviers Moog et tous ces trucs… (Rires)


Le monde de la musique a beaucoup changé au cours des quinze dernières années, principalement avec l’apparition des plateformes de streaming. Que penses-tu de ces outils qui semblent être devenus incontournables ?
Mon Dieu ! je n’en ai aucune idée ! Je ne sais pas si je suis vraiment qualifié pour répondre à ce genre de question tu sais.

De nombreux artistes se plaignent de la rémunération qu’offrent ces plateformes.
Ah ! Oui, bien sûr, j’aimerais mieux gagner ma vie avec la musique. Mais ça fait des années maintenant que j’ai accepté qu’il fallait que je prenne des boulots par intermittence. Et j’en ai fait plein ! Et je continue. Parfois, ça a été vraiment frustrant, mais c’est aussi formateur. Évidemment, ce n’est pas idéal, mais ça m’a permis de garder une forme d’équilibre je pense.

Tu sembles être très actif sur Bandcamp. Comme beaucoup de fans de musique, j’apprécie vraiment cette plateforme. Quel est ton point de vue de musicien ?
Bandcamp est génial, j’adore ça. J’aime vraiment l’idée qu’on puisse uploader quelque chose sans se soucier d’avoir un album à publier ensuite, avec une sortie physique, etc. Je mets souvent des titres sur Bandcamp, comme des versions alternatives qui pourraient finir par être différentes un an plus tard. Je trouve cela très stimulant. Surtout après tout le temps que j’ai passé à chercher des contrats avec des maisons de disques, il y a des années, et le sentiment qu’il était impossible de faire sortir ma musique sans que ces gens des labels se mettent en quelque sorte en travers de ce que j’avais envie de faire. Même si seulement quelques personnes l’écoutent, je préfère faire exactement la musique que je veux ! Et ne pas avoir de coûts de production est vraiment très libérateur. Ceci étant, je réfléchis toujours beaucoup à ce que je mets sur Bandcamp. Ça ne doit pas non plus servir à publier tout et n’importe quoi !

Untold Futures est paru il y a un peu plus de six semaines maintenant. Quelle a été la réaction des fans jusqu’à présent ? Et des critiques ?
Il semble que les gens apprécient Untold Futures, ce qui est génial ! Il y a eu quelques belles critiques aussi. De toute manière, je suis arrivé à un point avec The Oscillation où je n’ai pas de grandes attentes à propos de quoi que ce soit. Je fais juste du mieux que je peux et j’espère que c’est apprécié. Et si c’est le cas, c’est formidable !

Merci beaucoup Demian pour cet échange ! On te souhaite tout le meilleur pour la suite et on espère retrouver The Oscillation
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sur scène très prochainement !

Merci beaucoup à toi aussi ! Je vous souhaite également tout le meilleur, à toi et aux lecteur.rice.s de Shoot Me Again.

Crédits photos :
1. Demian Castellanos, promo photo par Julian Hand
2. Demian Castellanos & Tom Relleen sur scène en Irlande en 2008, archives personnelles de Demian Castellanos
3. Demian Castellanos, promo photo par John Imrie
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AUTEUR : Olivier
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le me...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux presta...
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....
Infatigable découvreur de sons, Olivier parcourt la planète musique depuis quelques décennies maintenant, avec un intérêt plus marqué pour le metal, le post-rock et le jazz. Il fréquente assidûment les salles de concerts de France et de Belgique, mais il n'hésite pas à passer les frontières et à tailler la route pour assister aux prestations de ses artistes favoris. Il a rejoint l'équipe en novembre 2020....

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