Reportage

Cult of Luna, étendards de l’hypnagogie

Anvers (Trix), le 27-11-2019

Jeudi 28 novembre 2019



Les amateurs et amatrices de metal pratiqué hors des sentiers battus s’étaient donné rendez-vous ce soir à Anvers, au Trix, afin d’assister à guichets fermés aux shows de trois formations de qualité : A.A. Williams
A.A. Williams


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, Brutus
Brutus


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et, évidemment, Cult of Luna. Un voyage au cœur des sensations et de l’expérience transcendante, au-delà du cadre trop restreint de la raison.


Pas de doute : c’est l’automne. Le vent souffle et la pluie se déverse allègrement sur la route. Il n’en fallait pas plus pour bloquer les voies, notamment celle qui mène au Trix. Deux accidents, des travaux et des embouteillages, le temps d’arrivée affiché sur le GPS ne cesse de s’allonger, malgré un départ à l'heure. Il faut au final se faire une raison, les premières parties avant Cult of Luna
Cult of Luna


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, c’est râpé. Je finis par arriver aux alentours de la salle de concert. Un coup de volant, deux roues sur le trottoir, une place de parking improvisée. Plus trop de temps à perdre.


En pénétrant dans l'espace, force est de constater que le public s’est décidé à ne pas jouer les piliers de bar et à assister au show de Brutus
Brutus


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. Comme je les comprends ! Je me faufile tant bien que mal, il faut dire que la soirée est sold-out et que beaucoup de monde est déjà présent. Heureusement, l’arrière du Trix surplombe la scène, ce qui permet quand même de bien apprécier le band. Il est près de 20 h 20 et Brutus
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entame l'ultime morceau de sa setlist, Sugar Dragon, titre qui clôt également leur dernier album, Nest. La voix puissante et si fragile à la fois de Stefanie Mannaerts est toujours autant électrisante. Après un instant perché dans le temps, la batterie s’emballe. Dankjewel iedereen, lance-t-elle timidement à l’assemblée. À entendre quelques échos — et sans grande surprise — la prestation fut de qualité. Same player, shoot (me) again, je les reverrai une prochaine fois…

Quelques gorgées de houblon, la frustration passe. Il est à présent beaucoup plus facile d’approcher de la stage, les vessies doivent bien se vider et les verres se remplir… Il reste une paire de minutes avant que Cult of Luna
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n’occupe les lieux, le temps de d’observer l'installation scénique. On oublie les classiques backdrops. On se croirait ici face à un décor théâtral : d'imposants draps sont attachés à des barres, tels des rideaux, disposées de travers et en quinconce. Ils sont maculés d’une bande d’encre noire, comme si un large pinceau les avait entachés. À l’avant, le petit podium sur lequel repose la batterie ainsi que les amplis avoisinants sont de même recouverts d’un léger drap de couleur nacrée. Un paysage surréaliste, où des anges auraient pu livrer bataille.

À l’heure dite, les musiciens prennent place. Des bruits de grincement et de distros servent de décor sonore. Les lieux sont saturés de fumée. À l’arrière des draps s’enclenchent des souffleries, les animant comme par magie. La peinture prend vie. Généralement, lorsqu’un set débute, quelques voix gutturales issues du public se font entendre. Ici le silence — voire même un certain recueillement — est de rigueur. Les lumières, de teintes rouges, vertes, bleues ou se muant en stroboscope tout au long du show, sont disposées à l’arrière des artistes. Ces derniers sont donc constamment plongés dans l’obscurité. Ce ne sont que des ombres mouvantes, totalement englobées dans leurs bulles musicales. La machine s'enclenche. Et pas n’importe laquelle : trois guitares, une basse, un synthé et deux batteries. Autrement dit, un fameux mur de son.

Un état hypnagogique. Derrière ce terme un peu barbare se cache ce qui se passe actuellement sous nos yeux, c’est-à-dire un état de conscience particulier, intermédiaire entre celui où on est éveillé et celui où on commence à rêver. La voix lente et gutturale de Johannes Persson vient ajouter une couche supplémentaire de lourdeur et de pesanteur. Les têtes se mettent à dodeliner, les mines semblent détendues et prêtent à entrer dans cette heure et demie d’illusion collective. Neuf titres seront ce soir exécutés sur les terres anversoises, dont en toute logique quatre tirés de leur nouvel opus A Dawn To Fear, sorti en décembre dernier. Le reste est pioché dans Vertikal et Somewhere Along the Highway.

Plus le temps passe, plus on se sent dépossédé de son corps, jusqu’à ne faire plus qu’un. Une unité avec les personnes qui nous entourent, mais aussi avec les musiciens qui, à l’unisson, suscitent un état de transe particulièrement puissant. Un switch dans l’âme, graduel dans l’intensité. Comme il n’est pas question de rompre cette posture, le groupe ne communique pas avec la fosse et enchaîne les titres les uns après les autres, seuls des applaudissements nourris viennent ponctuer la setlist. Aussi naturellement qu’ils sont arrivés, les Suédois finissent par se retirer. Un signe de la main en guise de remerciement. Le public reste pourtant face à la scène, prostré dans un réveil trop abrupt et motivé par l’envie de prolonger, encore un peu et en-dehors de la société environnante, cette sensation unique entre deux mondes.


Setlist : The Silent Man—Finland—Nightwalkers— I : The Weapon— And With Her Came the Birds— Lights on the Hill— In Awe Of— Passing Through— The Fall
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AUTEUR : Sekhorium
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près ...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouve...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musica...
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....
Chargé de communication dans le secteur culturel et journaliste à ses heures perdues, Pierre explore les méandres du Metal depuis maintenant près de 20 ans. Privilégiant les sensations au détriment de la raison, il recherche sans arrêt de nouvelles formations qui viendront titiller les cinq sens. Si vous le croisez en concert, vous le trouverez certainement dans la fosse, voire face aux barrières quand le show s'avèrera intense. Plus qu'un style musical, le Metal est devenu est philosophie de vie....

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