Interview

PETROL GIRLS

Interview de la chanteuse Ren Aldridge


Mardi 18 février 2020

Le 15 février 2020, au Witloof Bar du Botanique, le groupe de post-punk harcore anglais très féministe et politisé du nom de Petrol Girls
Petrol Girls


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se produisait. Le groupe s’appelle ainsi en référence aux Pétroleuses, une communauté féministe parisienne des années 70. Le groupe manie un punk très vivace pour parler de problèmes sociétaux modernes, et ça marche plutôt bien.
L’énergie est très prenante, la chanteuse est très engagée. Entre chaque morceau, elle parle des engagements du groupe, invite les gens à se politiser, à agir. Elle explique la motivation de tel ou tel morceau. Une belle bannière « No Love For a Nation » décore la scène.
Etant très fan de leur initiative et de leur production, j’ai demandé un peu de temps à Ren Aldridge, la vocaliste, à la fin du concert afin de lui poser des questions sur ce projet qui mérite un maximum de visibilité. Elle me parle de ses influences, de son premier concert et de son point de vue sur l’actualité.




Quand et comment avez-vous formé les Petrol Girls ?

Nous avons commencé en 2013 dans une maison dans laquelle certains d’entre nous vivaient à Londres. Nous répétions dans notre cuisine, où nous devions renforcer le sol pour ne pas qu’il s’effondre [rires], c’était fou. J’organisais des évènements pour l’International Women’s Day, et nous avons joué dans cette cuisine pour notre premier concert. Nous avions répété deux fois, et nous avions deux chansons seulement à ce moment, nous étions très mauvais. Le concert est sur Youtube si jamais ! Mais c’était super amusant, donc nous avons décidé de continuer.

Il y a une énergie punk très présente. Quelle sont vos influences ?

Musicalement, nous ne sommes pas un groupe du mouvement Riot Grrrl du tout. Mais je pense que le mouvement en soi a été très inspirant pour moi. Je pense à des groupes comme Bikini Kill
Bikini Kill


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. Je pense à l’attitude de certaines personnalités féminines très engagées et en colère également, comme The Slits
The Slits
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, qui sont une énorme influence pour moi. J’ai commencé à les écouter quand j’avais à peu près 20 ans (j’ai commencé dans cette branche musicale assez tard), et ce fût une énorme révolution personnelle pour moi. Musicalement, on se tourne plutôt vers des groupes comme Refused
Refused


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.
Dans le groupe, nous avons tous des goûts musicaux assez distincts. La musique est bien évidemment une grosse inspiration, mais nous avons également de grosses motivations politiques derrière. Joe et moi [Ren] avons été très impliqués dans le mouvement des droits des étudiants en 2010, et dans beaucoup de mouvements anticapitalistes à Londres, puis dans des mouvements féministes et No Borders (pas de frontières).

En parlant de ça, comment vont les choses, non pas sur la scène, mais en général en Grande Bretagne ?

En ce moment ? C’est horrible, putain ! C’est dur, vraiment dur. Et j’ai appris que la Grande Bretagne, en conséquence du Brexit, allait être implémentée. Je ne savais même pas ce que cela voulait dire. Les temps sont vraiment très durs et tristes car le Brexit a été gagné par des nationalistes, des racistes, des homophobes, tous ces idéaux dégueulasses. J’ai une amie, qui est une femme de couleur vivant à Londres, qui m’a attesté que l’atmosphère a changé du tout au tout. Elle se sent moins en sécurité, elle a eu vent d’attaques racistes qui se font de plus en plus régulières. C’est la merde. Et beaucoup de nos amis qui ne sont pas natifs ni nationalisés en Grande Bretagne se font déporter. C’est très intense. Ça me rend dingue que Boris Johnson soit notre premier ministre, car c’est un être exécrable. Je n’ai aucune foi dans le gouvernement en vigueur maintenant et cela me brise le cœur qu’autant de gens aient voté pour ça.
Mon seul espoir que de plus en plus de personnes s’éveillent et se disent : « Je ne peux pas accepter ça, les choses ne peuvent pas continuer ainsi ». En pensant à la planète, à l’écologie, ou à toute forme d’espoir pour notre futur, les choses ne peuvent continuer ainsi. Le capitalisme ne peut pas continuer. Il faut une révolution massive. Et je pense que cette révolution arrive. Des choses incroyables se passent au Chili au Liban entre autres. J’ai espoir.



Vous parlez beaucoup entre vos chansons pour faire passer un message politique, des idéaux. Est-ce votre engagement qui vous a poussé à faire de la musique ou est-ce venu au fur et à mesure ?

Je pense que j’ai commencé le groupe avec beaucoup d’intentions politiques et féministes. Car j’étais très en colère. J’en avais marre d’être considérée comme naïve, que l’on me parle avec condescendance, qu’on me dise que je ne sais pas de quoi je parle, qu’on me dise de la fermer etc.
Même venant d’hommes de la scène punk. Je devais exprimer cette colère, c’était nécessaire. Cela fait 7 ans maintenant que nous faisons ce projet. Ce besoin d’exprimer une colère n’est plus, mais la raison pour laquelle je continue a totalement changé. Je le fais car je pense vraiment que la musique, l’art, la culture, toutes ces choses, font de nous ce que nous sommes. Et, par conséquence, ce qui nous rassemble en groupe dans un monde où nous sommes aliénés et très loin les uns des autres. Le sentiment d’appartenance est de nos jours véhiculé par le football, les drapeaux, toutes ces conneries. Mais la musique, l’art, peuvent démanteler des idées, en particulier la question du genre qui est en train de s’effriter. Je pense que les scènes politiques sont plus dures d’accès, plus fermées et c’est pour cela que je veux jouer également dans des salles plus « commerciales », pour toucher plus de gens, rendre notre message accessible à plus de monde qu’à quelques punk dans un salle inconnue qui partagent de toute manière nos idéaux.


As-tu des conseils pour les scènes féministes et politiques montantes en ce moment ?


Il faut juste foncer. Il faut se dire que beaucoup de gens attendent ce genre d’initiatives, surtout les femmes. Cela a de l’importance. Il ne faut pas que ça soit parfait pour que ça soit inspirant. Parfois, le fait de ne pas être nickel est encore plus inspirant car c’est plus humain, et d’autres personnes peuvent avoir envie de se réveiller et de se dire : « Moi aussi je veux le faire ». Il n’y a aucun premier concert qui se passe à la perfection.
C’est important dans la scène féminine actuelle car les gens sont plus durs avec nous. Si un groupe de femmes est « mauvais », tout le monde sera impartial. On mettra ça sur le genre. Au contre, si un groupe d’hommes est « mauvais », on sera beaucoup plus souples et patients avec eux.
Soyez terrible et aimez-ça. Amusez-vous.




Merci
.
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AUTEUR : Reshma Goolamy
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décén...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les con...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les concerts des scènes citées en Belgique. ...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les concerts des scènes citées en Belgique. ...
Française arrivée sur Bruxelles depuis 2015, Reshma écume la scène Doom/Drone/Sludge/Métal et Black Métal avec passion depuis plus d'une décénnie. Littéraire dans l'âme, elle use une plume immersive pour ses live-reports, pour une expérience amplifiée. Vous la croiserez souvent au Magasin 4, au Botanique, à l'AB et à tous les concerts des scènes citées en Belgique. ...

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