Interview

LYSISTRATA

'' La vraie noise c'est vraiment très noise''


Jeudi 19 avril 2018

Juste avant leur concert à l’Atelier 210, rencontre avec le trio rock Lysistrata
Lysistrata


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. Des jeunes qui défient toutes les chroniques ces derniers mois et répondent en toute simplicité à nos questions. Assis sur les bancs du gymnase au dernier étage du bâtiment bruxellois, autour d’une bière, on a parlé de pleins de choses.



Photo : Rod Maurice

Clément : Salut les gars, alors cette interview on vous sort notre concept « interview spéciale », donc on va se boire une bière tout en discutant. Je vous laisse en choisir une tout en vous présentant.

Max : Moi je suis Max, je fais de la basse dans Lysistrata
Lysistrata


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et j’ai choisi la Tongerlo.

Ben : Moi je suis Ben, je fais de la batterie et j’ai choisi la 1830, la Libeté ambrée à 7°.

Théo : Moi c’est Théo, je fais de la guitare. J’ai choisi la Quintine, elle est à 8°… Il a dit qu’il ne ferait pas le salaud avec des bières fortes pourtant. (rires)

Bon alors c’est parti ! Je sais que c’est déjà votre 3ème date en Belgique. vu que vous avez joué dimanche à Marbehan et hier à Liège. Ça fait quelques liens avec la Belgique on dirait ? On voit que vous êtes assez copains avec It It Anita, vous avez fait un split avec La Jungle
La Jungle


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,…




Théo : On a beaucoup joué en Belgique, ça doit être la 4ème fois qu’on y vient en tournée.

Ben : C’est vrai que vu qu’on est devenu très potes avec It It Anita
It It Anita


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. Damien, qui est guitariste, a aussi un label - Luik Records – sur Liège. Et au Benelux c’est lui qui nous fait tourner, a sorti notre album.

Théo : Je pense aussi que c’est depuis qu’on a joué ensemble avec « It It », puis on a été boire un coup dans Paris. On a pas mal parlé avec Damien qui a dit directement « si je peux essayer de vous faire jouer en Belgique ça serait cool ». Notre première date belge a donc été à Namur, pour les Beautés Soniques

Max : Avec Mont-Doré
Mont-Doré


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et tout !

Théo : C’est donc Damien via Luik Records qui nous a lancé complètement en Belgique. Puis aussi, ici les concerts se passent toujours bien.

En Belgique y a une assez forte scène « noise », même si j’ai entendu que vous n’aimiez pas trop l’étiquette…

Max : Ce n’est pas qu’on l’aime pas trop, mais on se considère pas trop comme un groupe de noise. Et comme dès qu’un groupe fait des rythmes un peu composés, alors on le catalogue… Alors que la vraie noise ce n’est pas ça !

Les 3 : La vraie noise c’est vraiment très noise (rires).

Ben : Les gens disaient souvent qu’on était un groupe de post rock, de post-punk, de math-rock ou encore de noise. Mais nous c’est pas quelque chose de précis, c’est un mélange.

Théo : C’est pour ça qu’on dit que Lysistrata
Lysistrata


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c’est du rock alternatif. Au début on disait même rock, mais c’est toujours bien d’avoir un minimum d’orientation dans ce que tu dis. Au final je me dis que alternatif c’est pas mal, parce que quand j’ai vu Peter Kernel
Peter Kernel


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bah c’est pas non plus du noise rock..

Max et Ben : En live ça l’est quand même (rires)

Théo : Ou alors sinon Lightning Bolt
Lightning Bolt


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ça c’est vraiment du noise. Mais c’est tellement difficile de donner un nom à quelque chose.

On vous voit justement sur plein de scènes cet été, parfois importantes, comme Solidays, Dour, Paelo, etc. Des scènes souvent déjà très grandes pour un groupe dans votre catégorie (sans faire de préjugés). Mais surtout des festivaliers qui n’ont plus l’habitude de voir des mecs qui pètent des câbles sur scène et balancent un son assez dur.

Théo : Je trouve ça assez excitant de remettre la baston à l’ordre du jour… C’est un peu une question d’éducation, si tu leur met de la pop tous les ans ils perdent ça. Et c’est un peu l’idée de faire ça, de débarquer dans un truc où y a que de la pop, des trucs qu’on voit tous les ans, qui jouent sur tous les festivals. Au début ça nous faisait un peu chier quand même, puis on s’est dit « allez va-y ».



Ben : C’est assez drôle de jouer sur des scènes où les gens ne sont pas forcément prêts. Par conséquent ça donne vraiment un impact.

Même techniquement vous ne pouvez pas être descendre constamment, être proche des gens.

Théo : Ouais c’est vrai, c’est pour ça que parfois on aime bien revenir à des petites choses comme hier à La Zone.

Ben : C’est assez kiffant de débarquer sur une énorme scène, mais bon les petites comme hier c’est un vrai retour aux sources pour nous. Faire que de la grosse scène c’est gavant un moment, il nous faut des barres parfois, tu vois (rires)

Vous disiez tous les 3 que ça faisait du bien un retour aux sources comme La Zone : sans réelle scène, sans barrières. Et presque un mois avant vous étiez sur le plateau de Quotidien, ça doit changer du tout au tout ?

Théo : À Quotidien, on est arrivé comme on joue en live : avec nos amplis, notre son à nous, on n’a pas voulu être maquillés, etc. On s’est pas dit « on va être plus féroce », on s’en fout ! Sur le plateau les mecs ont juste poussé à fond le son, même si ça ne s’entend pas à la télé. En revanche, par après, on a reçu des messages de gens qui disaient : « wouaw ça fait longtemps que j’ai plus vu ça ».



Alors je viens d’entendre la phrase qui m’a fait vouloir une interview avec vous : « J’ai vu Lysistrata, ça faisait longtemps que je m’étais plus pris une claque pareille ». Chaque fois j’entends cette phrase, est-ce que vous savez m’expliquer pourquoi ?

Théo: Déjà, chaque fois nous on se prend une claque aussi (rire général) !

Ben : Quand on joue, on oublie un peu ce qu’il se passe autour.

Max : Un concert c’est un concert. On vit le moment de la même manière qu’on soit dans un bar ou sur une grosse scène, c’est un moment qu’on consacre. Je pense qu’on est pas mal inspiré d’artistes comme Fugazi
Fugazi


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, Sonic Youth
Sonic Youth


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, Karate
Karate
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, Slint : des choses hyper honnêtes qui te font chialer.
S’il y a bien quelque chose qui est important dans un groupe c’est son honnêteté, et c’est ce qu’on a envie de faire… Peut-être que parfois on fait des lives de merde parce qu’on n’est pas à l’aise, mais chaque fois on essaye de faire au mieux.

Vous avez un LP, un split avec La Jungle
La Jungle


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ainsi qu’un EP. Vous faites énormément de dates, vous n’avez pas peur que ça s’use trop vite ?


Max : C’est vrai que pour le moment on est resté en France et Belgique. Mais on va pas mal partir à l’étranger bientôt, notamment avec It It Anita
It It Anita


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au Canada, et après ça sera l’Asie. Franchement pour le moment ça a l’air d’aller, on compose tout le temps.

Ben : Même pendant les balances on compose.

A propos de ça, comment ça se passe ? Tous les 3 comme en concert ou bien chacun dans son coin et puis on additionne ?

Théo : Disons que parfois ça part d’un coup quand on est en répet ou en balance, c’est un puzzle assez fouillis on va dire (rires). D’autres fois c’est du travail à la maison, j’aime bien parler comme ça, ça fait un peu « devoirs ». On vit ensemble avec Max et un de nos techniciens, du coup certains moments on joue tous les 2. Quand on trouve des riffs, on les aligne puis Ben vient mettre quelque chose dessus. Le plus important c’est surtout qu’il n’y en a pas un qui compose plus que l’autre, c’est un résultat commun.

Ben : C’est ça, et dès qu’on a une structure de morceau terminée on enregistre. Même dès qu’il y a un riff on enregistre ça. Ça fait qu’on a des portables remplis très vite (rires). Lorsqu’un titre est « terminé », on réécoute au calme voir s’il n’y a pas des choses à changer.

C’est vraiment une production constante en fait…

Théo : Ouais ! Et tant que tous les 3 ont est pas satisfaits à 100%, que certaines choses sonnent bizarres, alors on recommence. On s’écoute tous, on est pas là à dire « ah non moi j’aime bien tu fais chier ». On arrive à se convaincre sans se taper dessus.

À partir du moment où vous composez constamment, comment vous arrivez à délimiter un album ou un EP ? Est-ce qu’il vous faut un thème ou bien x morceaux ?

Théo : Bah là on pourrait faire un truc. Étant donné que maintenant un enregistrement, un mixage et même un pressage de vinyle ça va assez vite c’est facile. Tu peux te dire que dans 4 ou 5 mois tu sors un truc quand t’as amassé suffisament. Nous on se fixe pas grand-chose, mais une prédate ce n’est pas compliqué et pas forcément obligatoire à tenir. Bien qu’on ne va pas sortir un album tous les 10 ans !

Ben : On sait qu’on veut sortir un album, mais on ne se presse pas. Déjà dans le fait de vouloir sortir quelque chose ça te boost dans ton inspiration.

Théo : Ce qu’on préfère dans la musique c’est composer, créer des morceaux.

Ben : En composant, on a appris à vouloir ce qu’on veut ou non.

Théo : Surtout ce qu’on ne veut pas en fait (rires) ! Genre : « ça, ça va pas marcher faut le supprimer » ou « faut le changer, sinon on voudra le changer quand même dans 6 mois ».

Ben : On peut même dire qu’on compose assez vite parce que sur un titre, en une répète’ on a quasi tout changé en étant super convaincus.

Max : Y a des fois où on bosse sur des trucs, on y croit pas trop puis à la fin de la journée on a quand même un morceau.

Théo : C’est souvent mouvant. Quand on rentre en studio ou en répétitions, certains jours il n’y a rien qui sort parce qu’on a la tête dans le cul ou je ne sais pas quoi. D’autres fois, ça va aller très vite.

J’ai vu/lu que vous faisiez énormément en DIY (Dot It Yourself) : les clips, les logos, l’enregistrement . Vous avez une grosse volonté de gérer tout par vous-même ?

Théo : Pour les clips, Asylum ont l’a fait nous-mêmes. The Thread avec des potes de Bordeaux, mais au final ça nous correspondait pas. Donc on a été là où habite un pote, on s’est filmé en train de courir et voilà (rire). Une fois sur une date on s’est regardé tous les clips de Peter Kernel et on a remarqué à quel point The Thread bah c’est pas ridicule alors qu’on est les seuls à l’apprécier ce clip…



Théo : Quand tu ne peux pas lire une vidéo en 1080P ça fait chier les gens…

Ben : Enfin tu peux la mettre en 18080P, c’est juste que la qualité de base est pas dingue. On avait mis mon appareil photo en automatique et voilà. Si tu montres ça à David Lynch, il te casse la gueule (rires).

Théo : C’était n’importe quoi, on a mis des tenues de foot, on a couru, je me suis éclaté les genoux et je devais être à 17H chez ma copine.

Ben : On a eu l’idée à midi, on a filmé, à 18H le montage était fini (rires).

Théo : Mais ça ne nous a rien coûté du tout ! Moins t’as de moyens et plus tu te démerdes en fait.

Ben : Comme pour Small Box, j’ai découpé des images de Grey's Anatomy que j’avais imprimé, j’ai filmé et monté sur Imovie. Même au milieu je me suis demandé si j’allais vraiment continuer (rire).
Je dois dire qu’on est assez fier d’avoir nos propres idées, parce qu’au final c’est assez dur de les partager avec quelqu’un que tu ne connais pas ou qui est extérieur au projet. T’as toujours peur que les gens viennent essayer de modifier à leur manière alors que c’est ton projet.

Et pour l’enregistrement musical, vous faites appel à quelqu’un ?

Max : The Thread on l’a fait avec Michel Toledo qui est l’un de nos ingé son, et a fait le mixage aussi. Du coup, il fait un pré-mix avant qu’on arrive, et par après on regarde tous ensemble pour mix. On aime bien laisser les choses au naturel aussi, comme la prise live s’est faite.

Ben : En studio c’est assez intimiste. Il y a nous 3 et Michel qui nous connaît parfaitement parce que c’est le premier mec qui a commencé à faire notre son. C’est aussi notre ingé son référent.
Il n’y a pas trop de tête et donc d’idées différentes pour ne pas se perdre.

Pour un prochain album, vous vous voyez travailler de la même manière ?

Max : Ouais je pense, on connaît le studio en plus.

Ben : Certainement, parce qu’en plus maintenant on connaît le matos et le studio donc ça devrait aller encore plus vite et mieux. On sait à quoi s’attendre !

Théo : Michel il connaît tout sur tout (rires) !

Max : Je pense que dans 5 mois on ne composera pas comme on compose aujourd’hui, on est toujours en évolution. Comme on se connaît depuis des années, on a des automatismes qui font qu’on sait que telle ou telle idée n’est pas folle. Donc je pense que sur un album quand on arrivera la prochaine fois on sera hyper à l’aise.




Pour vos concerts en 2018, l’agenda à l’air bien rempli…

Théo : Ouais on a déjà pas mal de trucs.

Ben : On va faire plus d’étrangers et vu qu’on tourne depuis un moment avec le même set c’est pas plus mal.

Théo : Mais par exemple, hier on a joué un nouveau morceau qui n’a pas encore de paroles. On aime bien parfois prendre des risques, mais on est pressés de bosser sur des nouveaux titres. Même s’il n’y a pas de date précise pour le prochain disque, il y a beaucoup de motivation !

Et voilà c’est la fin de l’interview, on devrait se revoir cet été à Dour et au Donkey Rock Festival. Merci à vous !

Lysistrata : Merci à toi et merci pour les bières mec !

L'écoute se passe par ici pour les découvrir en profondeur musicalement :


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AUTEUR : Clément
Etudiant en journalisme à l'IHECS. C'est un véritable dévoreur de musiques sous beaucoup de formes, avec une grosse dominante sur les musiques extr...
Etudiant en journalisme à l'IHECS. C'est un véritable dévoreur de musiques sous beaucoup de formes, avec une grosse dominante sur les musiques extrêmes et alternatives tout de même malgré un bon éclectisme. Jeune de la génération Y, il laisse avec plaisir les sonorités sorties des méandres de l'internet 2.0 se faire entendre. Mais la vie...
Etudiant en journalisme à l'IHECS. C'est un véritable dévoreur de musiques sous beaucoup de formes, avec une grosse dominante sur les musiques extrêmes et alternatives tout de même malgré un bon éclectisme. Jeune de la génération Y, il laisse avec plaisir les sonorités sorties des méandres de l'internet 2.0 se faire entendre. Mais la vie n'est pas pas que virtuelle et heureusement d'ailleurs, les concerts et festivals restent un plaisir inébranlable...
Etudiant en journalisme à l'IHECS. C'est un véritable dévoreur de musiques sous beaucoup de formes, avec une grosse dominante sur les musiques extrêmes et alternatives tout de même malgré un bon éclectisme. Jeune de la génération Y, il laisse avec plaisir les sonorités sorties des méandres de l'internet 2.0 se faire entendre. Mais la vie n'est pas pas que virtuelle et heureusement d'ailleurs, les concerts et festivals restent un plaisir inébranlable d'écouter et partager la musique selon lui. ...
Etudiant en journalisme à l'IHECS. C'est un véritable dévoreur de musiques sous beaucoup de formes, avec une grosse dominante sur les musiques extrêmes et alternatives tout de même malgré un bon éclectisme. Jeune de la génération Y, il laisse avec plaisir les sonorités sorties des méandres de l'internet 2.0 se faire entendre. Mais la vie n'est pas pas que virtuelle et heureusement d'ailleurs, les concerts et festivals restent un plaisir inébranlable d'écouter et partager la musique selon lui. ...

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