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Sterput, parce que les galeries d’art traditionnelles c’est triste à mourir!

Jeudi 3 juin 2021

On vous présente aujourd’hui la galerie d'art associative « Sterput » à Bruxelles via Emilie Ouvrard, la fondatrice.
Un espace accessible à toutes et tous avec des expos, ateliers créatifs, rencontres autour de la micro-édition, etc.
Pour les artistes hors normes qui évoluent underground, en marge des circuits dits « conventionnels » et qui proposent autre chose que le politiquement correct et la pensée unique. Tout ce qu’on aime, quoi :-)



Crédit photo: Rosie Lehance

Bonjour Emilie. Une galerie d'art associative, ça veut dire quoi?
C’est une galerie d’art dont le but premier n’est pas la vente des œuvres d’art. C’est un projet qui n’est pas lucratif. C’est un projet humain. C’est un lieu riche de nombreuses rencontres. C’est un projet collectif. C’est un espace convivial avec une équipe de bénévoles et de membres.
C’est une galerie présentant et soutenant le travail d’artistes hors normes dont le travail n’est pas diffusé dans les circuits traditionnels et conventionnels. C’est un projet public qui essaie de défrayer au mieux les artistes invités.
C’est un espace où toutes et tous sont les bienvenus. C’est l’art accessible pour toutes et tous.

Comment a commencé cette aventure?
Nous étions en 2013 et en tant que petite collectionneuse d’images, je n’étais pas satisfaite de l’offre à Bruxelles et j’avais envie de m’investir plus là-dedans. J’adorais les éditions du Dernier Cri et United Dead Artists, ainsi que des artistes comme Anne Van Der Linden, Caroline Sury, Pole Ka, etc. Mais ils/elles n’étaient quasi pas diffusés à Bruxelles. Je pensais donc à monter une petite galerie d’art non conventionnelle et non professionnelle (j’ai toujours eu un emploi stable sur le côté). Mon amie Emilie (Madame Patate, musicienne bruxelloise) m’a proposé de faire une demande au Recyclart pour avoir une des vitrines pour 6 mois. Nous avons donc travaillé sur un projet mêlant expositions (une par mois) et concerts (un par semaine). C’était très intense et festif. Puis nous nous sommes retrouvés itinérants car la vitrine du Recyclart était éphémère.

Comment le projet a alors évolué ?
Nous avons donc organisé des expos dans des cafés (Le Chaff), des ateliers (L’Appât), des cinémas (Le Nova), des galeries d’art (La Chasse 666) sur un rythme de 3 ou 4 par an. Et nous faisions également un grand festival annuel avec une énorme expo collective sur un thème spécifique, des concerts, des ateliers, des salons de micro-édition. La première année au Barlok et au Kabinet et la deuxième année aux abattoirs d’Anderlecht.
Puis, fin 2016, après des mois de recherches, nous avons fini par trouver un local dans le quartier Alhambra de Bruxelles avec l’équipe de la distro de disques Attila Tralala. Nous avons appelé ce local Sterput.


Crédit photo: Rosie Lehance

Vous vous appelez E² ou Sterput ?
Nous avons nommé notre ASBL E² en référence à nos deux noms « Emilie ». Le Sterput regroupait donc l’asbl E² et Attila Tralala. Puis nous avons déménagé fin 2018 dans un local plus grand et plus charmant dans le même quartier au 122 rue de Laeken, là où nous sommes actuellement, sans Attila Tralala qui ne nous a pas suivis. Nous avons décidé de garder le nom Sterput et de ne pas revenir à Galerie E². Voilà pour l’histoire des noms (rires).

Qui fait quoi chez Sterput?
J’ai géré quasi seule le pan administratif, comptable et communicationnel ainsi que la programmation et l’organisation des expos et des ateliers, le stock de la distro et la publication et diffusion de nos éditions E² de 2013 à 2020. En 2020, nous avons changé les statuts de l’asbl et le CA. Nous avons également créé des comités avec les membres de l’asbl pour l’organisation des expos et des ateliers ainsi que pour la distro et les éditions. Et en 2021 nous avons obtenu des subsides de la Fédération Wallonie Bruxelles nous permettant d’avoir un emploi de 16h/semaine.
Nous travaillons donc maintenant de manière plus collective. Les membres et les bénévoles tiennent les permanences du Sterput du jeudi au dimanche. Les membres des comités gèrent les programmations, organisations, diffusions. La permanente (également membre active de l’asbl) gère le pan administratif, comptable et communicationnel. Le CA supervise, coordonne, veille au bon fonctionnement.

Pourquoi est-il important pour vous de développer un lieu artistique alternatif?
Car les galeries conventionnelles ne sont pas accessibles à certains artistes ni à certains publics (et nous les trouvons tristes à mourir).

Comment sélectionnez-vous les artistes que vous mettez en avant?
De 2013 à 2020, j’ai sélectionné seule les artistes dont j’aimais le travail. Je me chargeais de tout le gros du travail d’organisation, de promotion, de budget.
La première année, j’ai invité toutes celles et ceux que j’adorais sans aucun critère, sans aucune expérience d’organisation d’événement culturel ou de montage d’expo.
Petit à petit, des critères se sont fixés (tout en restant dans le cadre de notre ligne artistique) afin d’avoir une programmation annuelle cohérente et intéressante : des artistes hommes et femmes, reconnus et émergents, locaux et internationaux, aux techniques (peinture, dessin, gravure, etc.) et aux univers variés (pop, trash, etc.), en solo, duo ou collectif.
Depuis 2020, nous avons mis en place un comité expo au sein de l’ASBL et la programmation est donc faite de manière collective avec tous les membres du comité.
E² est une asbl ouverte à toutes et tous qui tend vers un fonctionnement plus collectif.


Crédit photo: Rosie Lehance

Au niveau de la micro-édition, quelles sont vos objectifs et votre ligne de conduite?
La diffusion d’ouvrages rares, artisanaux, DIY, etc. Notre coin distro (distribution de micro-édition) est assez grand maintenant. On y trouve des livres, fanzines, affiches, BD… tout ce qui tourne autour de l’image imprimée. On développe aussi une boutique en ligne. Nous vendons des ouvrages sur notre site depuis quelques semaines.

Quelques projets à annoncer pour le futur?
Dans un futur proche, pour cet été, une grosse expo collective avec plein d’affiches en sérigraphie ! Avec Turbo Comix/Matrijaršija (Serbie), Le Dernier Cri (France), Oficina Arara (Portugal), et La S Grand atelier (Belgique), ainsi que les ateliers bruxellois l’Appât, Ice Screen et Chromodrome.
Et nous allons commencer à travailler sur la programmation 2022, avec peut-être de nouveau un artiste japonais invité.
Aussi, nous allons lancer un projet en collaboration avec nos voisines du resto-disquaire Super Fourchette avec expo, micro-édition et concerts. Il y aura un samedi de lancement le 18 septembre, puis un événement chaque jeudi du mois !

Est-ce qu’un artiste ou une œuvre t'a particulièrement touché ?
C'était le tout début en 2013. Je préparais la programmation des 6 mois d'expos pour la Galerie E² dans la vitrine n°5 du Recyclart. J'écrivais à certains artistes que je pensais totalement inaccessibles. Comme par exemple l'artiste française Anne Van Der Linden dont j'adore le travail. Et elle m'a répondu en à peine une heure pour dire qu'elle était partante. J'étais très émue !
Elle dessine, peint, grave. Elle a fait beaucoup d'expos et est publié dans de nombreux journaux, magazines, revues... Elle a publié son premier ouvrage en 1995.
Elle est en marge des circuits traditionnels et n'est que trop peu exposée dans les musées et galeries conventionnels. Sa démarche est singulière et authentique. Une femme droite dans ses bottes.
On l'a donc exposée pour la première fois en juin 2014 aux côtés de Benjamin Monti et Caroline Sury au Recyclart.
Et on a fait une très belle expo solo d'elle dans notre nouvel espace au Sterput en novembre-décembre 2019. Elle avait préparé une série sur les ''petits métiers'' spécialement pour l'occasion. C'est la première fois que l'on exposait des toiles aussi grandes. C'était magnifique.

https://sterput.org
https://www.facebook.com/sterput.bxl
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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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