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Partycore : stop ou encore ?

Quelle place peut-on laisser à ces groupes de frat boys dans une scène qui prône le respect et l'éducation ?


Samedi 23 novembre 2013

Depuis le début du mouvement fin des années 70 la scène hardcore a toujours attaché une grande importance aux paroles, rendant parfois la musique secondaire. Qu’elles soient politiques, accusatrices, revendicatrices ou observatrices, les paroles sont là pour amener quelque chose. D’ailleurs plusieurs mouvements, de prime abord étrangers à la scène hardcore, ont été mis en avant et popularisés par la scène hardcore. Notamment, les mouvements de libération animale (végétarisme / végétalisme) et straight-edge.

Si cette tendance s’est considérablement amoindrie dans les 10 dernières années, la fusion des genres n’y est peut-être pas étrangère. Par exemple, le metalcore est par définition la fusion du metal et du hardcore. Et par extension, le mélange de metalheads et de hardcorekids. Et vous en conviendrez, il est plus simple d’inciter quelqu’un à boire une bière plutôt que d’arrêter. Il en va de même pour les autres philosophies intégrées à la scène hardcore, qui sont presque entièrement ignorées. En résulte des groupes qui mettent, dans les meilleurs cas, 90% de leurs efforts sur la musique et 10% sur le marketing. Et les paroles, souvent on s’en cogne. Faut juste que ça rime et que ça incite le public à faire du sing-along quand on fait le guignol sur scène. Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous, surtout dans nos contrées francophones où un gamin sur deux ne comprend de toute manière rien à ce qu’il entend voire à ce qu’il chante avec toutes ses tripes.

Seulement, voilà. Moi je suis un grand garçon vous savez, j’ai 32 ans et je pense avoir appris ce qui est bon pour moi, ainsi qu’à faire la différence entre le bien et le mal. Mais un gamin de 15 ans, qui est en pleine recherche de repères et va vouloir s’identifier à son idole, sera bien plus influençable. On est tous passés par là. Je me maquillais en blanc quand j’écoutais du black-metal pendant mon adolescence, et j’ai commencé à porter des baggys en découvrant le hardcore. C’est comme ça. Alors aujourd’hui, suivant ses préférences musicales, un jeune pourra soit entendre des messages encourageants et positifs en écoutant Stick To Your Guns
Stick To Your Guns


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:

We are the ones, who stay awake,
while the world sleeps.
Because we still believe.
We are the ones, who will achieve,
what the world dreams.
Because we still believe.


Ou alors, il pourra découvrir des groups comme Attila
Attila


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, les paroles lui resteront en tête et il sera bientôt en train de fredonner innocemment :

I like a bad bitch
She fucks me all night
Then she counts my money
While I'm on my playstation




Qu’on se comprenne, tous les groupes ne sont pas tenus de développer un débat politique sur chaque chanson et prendre pour son public un rôle d’éducateur. Mais on a le droit de se poser la question :

Est-ce qu’un artiste, sachant qu’il acquiert avec la notoriété un certain pouvoir d’influence, n’aurait pas un devoir de responsabilité quant aux messages qu’il véhicule ?

Come on, certains jeunes sont tellement dingues d’Attila
Attila


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qu’ils voient leur chanteur, Chris Fronzak, comme un véritable leader philosophique. Alors que bon le mec tout ce qu’il fait c’est déclencher son sourire pepsodent à qui veut le voir (ça c’est pour les filles) et a comme nouvelle passion de mettre des gonzesses à moitié à poil dans ses clips (ça c’est pour les mecs). Et ce qui m’interpelle (au risque de passer pour un vieux con), c’est que ces groupes qu’on qualifie maintenant de « partycore » côtoient des groupes engagés et conscients qui ont habitué leur public à lire les lyrics et à suivre leurs conseils. Parce que la base du sing-along, c’est chanter en chœur et avec tout son cœur des paroles pleines de sens qui servent de point commun, de communion entre le groupe et son public.

Et puis même, comment tu vis le fait d’être à la tête d’un groupe qui assume pleinement n’avoir absolument rien à dire, aucun message à faire passer, être aux commandes d’une arme aussi puissante que la communication et les medias, et accepter de n’absolument rien en faire ? Comment tu peux croiser en backstage de festivals metal / hardcore des gars de groupes qui utilisent leur succès et l’emprise qu’ils ont sur le public pour essayer de faire bouger les choses ? Comment tu peux ne pas baisser la tête quand tu parles avec des musiciens qui envoient leur surplus de merch à des associations comme le Hardcore Help Foundation alors que toi tu choisis de le poster 5 fois par jour sur Instagram pour essayer d’écouler les stocks et faire du pognon ?







Comme 80% du public du groupe, je suis conscient que l’approche d'Attila
Attila


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est complètement second degré et que comme ses collègues, Fronz n’est pas si con qu’il en a l’air. Actif sur tous les fronts avec sa ligne de vêtements (Stay Sick), son nouveau concept encore obscur sur la protection environnementale (Tree L1fe) et sa nouvelle activité de recycleur de téléphones portables (en bon état ou pas), Fronz n’est pas exactement ce qu’on peut appeler un décérébré. Mais dépourvu du recul nécessaire, la partie la plus jeune de son public prend les paroles au premier degré, si l’on en juge les commentaires que le groupe a reçus lors de la publication de la vidéo :





Et voir des gamins de 14 ans s’identifier à des gars qui passent 2 minutes 40 à se prendre des bitures et des gonzesses se lécher la langue ça me rend un peu triste, surtout dans un contexte musical où ils auraient autant de facilité à recevoir des messages positifs voire constructifs voire un minimum sensés et réfléchis.

Lors de l’interview qu’ils nous ont accordée il y a quelques semaines, les membres du groupe français Shoot The Girl First
Shoot The Girl First


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nous disaient « On fait du partycore, sur scène on s’amuse, on essaie de dégager une certaine ambiance et ça va avec notre image ». Et on ne peut leur reprocher de vouloir s’amuser et profiter au maximum de ce qu’ils sont en train de vivre. Il faut seulement rester prudent quand on veut faire l’apologie de la vie de débauche, même abordée au second degré. Car quand tu cries « on saute tous du pont », à côté des 99 mecs qui vont comprendre la blague il y en a toujours bien un qui va sauter pour de bon.
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AUTEUR : Erik
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentrÃ...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentré sur le développement du site, il est moins présent sur le front. ...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentré sur le développement du site, il est moins présent sur le front. ...
Rescapé de la scène hardcore underground de la fin des années 90, Erik a lancé Shoot Me Again en 2004 avec Julien, un autre gamin hyperactif de l'époque. Ecumant à eux deux les salles les plus improbables lors du lancement de ce webzine, ils se sont rapidement entourés d'autres camarades de jeu pour renforcer l'équipe. Aujourd'hui concentré sur le développement du site, il est moins présent sur le front. ...

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