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« J’aime briser cette frontière entre l’artiste et le public. »

Mardi 23 août 2022

Vous avez déjà certainement vu sa tête sur une scène ou dans une salle de concert. Estéban Lebron-Ruiz est guitariste, bassiste, compositeur, chanteur, et manie aussi le synthé et le oud. Il est actif dans Hispÿn
Hispÿn


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VaathV


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, Black Sea
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, Cult of Noise et Lost Reverend And The Sinners Sons.
On ne pouvait pas ne pas en savoir plus sur ce passionné de musique fort investi dans la scène underground wallonne, celle qu’il développe avec ses projets et celles des autres qu’il soutient.



Crédit photo: Sharp147

Bonjour Estéban. Comment vas-tu ?

Bonjour Isabelle, merveilleusement bien et toi comment ça va ?

Pas trop mal, merci ! Peux-tu nous raconter ta rencontre avec la musique et pourquoi tu ne l’as pas lâchée depuis?

Mes parents écoutaient beaucoup de new wave quand j’étais petit et donc j’en ai pas mal bouffé. Après, étant ado, c’était marrant car j’avais le look « grunge » (hé oui, je suis de la génération 90) et j’écoutais du rap !
Puis un jour, mon cousin qui jouait de la guitare m’a dit : « Arrête avec ton rap français, je vais te faire écouter de la vraie musique ». Et là il m’a fait écouter « Hell’s Bells » de AC/DC et ce fut la révélation pour moi. Très vite je me suis mis à écouter les classiques du rock et du hard rock. J’ai fini par arriver sur Pink Floyd (mon groupe favori) et puis sur le metal et la musique plus extrême.

Quel genre de révélation ? Qu’est-ce qui t’a touché dans cette musique ?

L’ambiance qui s’en dégageait. Il y avait quelque chose de spécial. Le bruit de la cloche, la guitare qui arrive puis la voix aussi. C’était différent de ce que j’avais toujours écouté.

« Passionné au plus haut point, je n’ai jamais arrêté de découvrir, peut-être même de trop car je suis capable d’apprécier de l’électro comme de la harsh noise. »

Beaucoup de mes proches disent que je pourrais écouter n’importe quoi, ils n’ont pas vraiment tort (rires). N’empêche, ils sont bien contents que je remplisse leurs timetables de festivals pour savoir ce qui est bien d’aller voir en concert ! On m’appelle « Wiki-metal » (rires).

Peut-on dire que tu es multi-instrumentiste ?

Je dirai plutôt touche à tout (rires). J’ai commencé la guitare grâce à l’école qui organisait une semaine artistique. J’ai passé la semaine à apprendre les bases et, le dernier jour, quand je suis rentré, j’ai dit à mes parents : « Je veux une guitare ! ». J’étais vraiment déterminé comme je ne l’avais jamais été. Je me suis mis rapidement à la basse car je n’étais pas un bon guitariste (rires).
J’ai découvert le synthé plus tard lors d’une virée au Musicstore avec les membres d’Hispÿn. Je n’avais jamais testé de synthé et je suis tombé sur le MicroKORG. Putain c’était l’éclate ce truc, j’arrivais à en sortir des sons complètement fous. Je l’ai pas mal utilisé que ça soit dans VaathV ou même sur l’Outro de l’album d’Hispÿn. Je l’utilise encore plus souvent maintenant car je fais aussi de la Dungeon Synth et de l’électro en solo.


Crédit photo: Sharp147

Et au niveau du chant ?

Au début d’Hispÿn
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on avait un chanteur et je faisais les cœurs. C’était assez naturel car j’ai une voix qui porte assez fort. D’ailleurs, à l’école, je me faisais souvent avoir quand je chuchotais car ma voix grave résonnait dans la classe (rires). Puis quand le chanteur a quitté le groupe, en attendant d’en trouver un autre, je faisais le lead vocal et, au final, c’est Gilles et Mass (ancien batteur) qui m’ont poussé à continuer de chanter. J’ai bien fait de passer le pas car le fait de chanter me permet de faire passer beaucoup d’énergie. Même si je crie plus que je chante ! (rires)

Tu es aussi bien guitariste (Mirror
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), bassiste (Hispÿn
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) que compositeur (VaathV
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) et chanteur (Hispÿn
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). C’est pas un peu beaucoup tout ça (rires) ?

Tu as aussi oublié chanteur, bassiste, guitariste dans Black Sea
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, chant et synthé dans Cult of Noise et aussi bassiste dans Lost Reverend And The Sinners Sons (rires).

Oups, sorry !

C’est vrai que ça fait pas mal car j’ai aussi une femme et un travail (rires). Après, chaque projet musical ne me demande pas le même investissement. VaathV
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par exemple, je fais tout en solo donc j’avance au rythme que je veux. Mirror
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on ne fait que de l’impro avec Mika donc même pas besoin de répéter, on le fait déjà avec Black Sea
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(ahah) et Cult of Noise c’est surtout Laurent (Candidempire) qui gère, puis on improvise énormément aussi.

Comment tu mènes de front tes différents projets musicaux ?

Je lead beaucoup. Je ne vais pas m’en cacher, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai eu besoin d’un projet solo comme VaathV
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où je gère tout de A à Z. Je tiens quand même à ce que tout le monde trouve sa place et que la cohésion de groupe soit excellente dans mes différents projets musicaux.
Le meilleur exemple est Hispÿn
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où Gilles a beaucoup de responsabilités ainsi que German malgré qu’il soit arrivé en dernier. Je continue de lead le groupe mais pas seul. On a vraiment une cohésion incroyable et je sais d’ailleurs que ça se ressent quand on est sur scène.

Dernièrement, tu as créé le groupe Black Sea dont le premier concert a lieu ce soir. Peux-tu nous en dire quelques mots ?

Mika est venu me voir à plusieurs concerts de VaathV et il me voulait pour faire un groupe de black metal (rires)
En fait, on a créé ce groupe il y a déjà un moment maintenant. C’est juste que le COVID nous a pas mal ralentis. On veut créer une identité forte quand on lancera l’EP et tout ce qu’il y a autour. Au niveau du style, on est sur du post black metal.

« J’adore le black metal depuis longtemps et je voulais vraiment trouver un groupe dans lequel je ne serais que chanteur. C’est plutôt raté car je me retrouve à y jouer aussi la basse et la guitare (rires). »

François qui s’occupe de la guitare lead amène vraiment une patte post rock dans notre musique et Mika et moi on s’occupe du côté plus bourrin. C’est vraiment un mélange intéressant. Viens nous voir ce soir ou au MCP, on a vraiment une identité visuelle originale avec de la vidéo et un lightshow dynamique !


Crédit photo: Sharp147

Solo, duo ou trio : quelle est ta formule préférée et pourquoi ?

Trio sans hésitation. J’aime le fait de ne pas être trop nombreux car ça me permet de bouger et de prendre plus d’espace sur scène (rires). Non en fait, au niveau de la dynamique du son notamment, j’aime le fait que la basse soit assez mise en avant et puis, je trouve que c’est plus facile d’avoir de la cohésion quand on est un plus petit groupe. Après, en duo c’est vraiment chouette aussi mais il manque parfois vraiment d’un instrument en plus. Pour le solo, c’est beaucoup plus introspectif et donc c’est vraiment un moment plus « personnel ». J’aime que la musique soit un moment de partage. C’est pour ça que je vais à autant de concerts et que j’aime autant en jouer en groupe.

Quels sont tes objectifs et tes motivations, en tant que musicien ?

Le partage et créer des souvenirs. J’ai envie de vivre des moments positifs inoubliables. J’en ai déjà vécu et je veux encore en vivre. Après, j’ai des objectifs propres à chaque projet musical évidemment. Ce serait fort long si je devais tout t’expliquer (rires).

« Maintenant, quelque chose que j’adore particulièrement, c’est le moment où je descends de la scène après un concert et que les gens viennent à ma rencontre pour partager leurs émotions. C’est un moment de partage incroyable et rien que pour ça, je suis heureux d’être musicien. »

Un objectif important pour moi ce serait de faire une tournée en Europe et de jouer dans des lieux insolites comme une forêt, une église, en haut d’une montagne…

Est-ce un avantage ou un inconvénient d'être un musicien underground en Wallonie?

C’est clairement un inconvénient pour se faire connaitre. La scène underground wallonne n’est pas fort mise en avant. De plus, le public est très difficile à mobiliser pour remplir les salles de concert. En Flandre et à Bruxelles, j’ai l’impression que c’est différent. J’en ai discuté avec Tim (Amenra
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, Doodseskader
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) qui me disait que la musique extrême de manière générale en Belgique c’est compliqué. Après, l’avantage d’être un musicien underground wallon c’est que tu peux jouer au MCP tous les ans (rires). En vrai, j’adore aller là-bas, le public est rempli de passionnés et, à chaque soirée, on passe des moments incroyables.

Qu’est-ce que tu mets en place pour contrecarrer cette situation particulière propre à la Wallonie?

Je ramène mon cul à un maximum de concerts tout en essayant de ne pas mettre ma vie privée de côté. J’ai la chance d’avoir une femme extraordinaire qui me suit et me soutient dans ma vie de musicien. J’essaie aussi d’aider les groupes locaux, de leurs donner des conseils, de la visibilité et de leur acheter du merch évidemment ! Je suis un passionné et donc je discute beaucoup avec les fans de concert. Je ne suis pas le genre d’artiste « trop dark pour me rabaisser à parler aux gens ».

« Justement, j’aime briser cette frontière entre l’artiste et le public. On a d’ailleurs créé un bordel sonore incroyable avec Cult of Noise quand nous avons laissé des instruments à disposition du public. »

Ce concert était dingue et a marqué beaucoup de personnes. Moi y compris, cela fait partie de mes souvenirs inoubliables !


Crédit photo: Sharp147

Lors d’un précédent échange, tu m’avais dit que les troubles vécus par les jeunes que tu accompagnes dans ton travail te questionnaient et t’inspiraient beaucoup pour tes compos. Tu peux développer ?

Seulement pour Hispÿn
Hispÿn


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. Cela reste mon premier et principal groupe dans lequel je m’inspire du vécu des jeunes que je rencontre pour écrire les textes des morceaux. Dès le début, je voulais que l’on soit un groupe qui dénonce ces faits. Ce que subissent parfois les jeunes avec lesquels je travaille me révolte et je veux que ça soit entendu. Que le public se rende compte de ce qui se passe parfois à proximité d’eux. Ce n’est pas dire « La société c’est de la merde etc. », c’est plutôt pousser les gens à agir et surtout à se rendre compte de la violence que l’on peut commettre sans s’en rendre compte. D’ailleurs, pour la sortie de notre premier album, nous avons fait un partenariat avec des services sociaux qui seront mis en avant dans le livret du CD et dans notre background vidéo en concert. L’objectif étant d’informer le public pour qu’il s’oriente vers les institutions de la jeunesse pour venir en aide à des proches.

Quelles sont tes sources d’inspiration dans tes autres projets ?

Pour VaathV
VaathV


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c’est les voyages et surtout les temples mystiques. Je développe la mythologie hindoue aussi. Puis c’est mon projet solo et donc il y a vraiment un côté où je laisse complètement mon corps exprimer ce qu’il doit exprimer. Je suis souvent très fatigué après un concert de VaathV. Je ne vis pas ces concerts de manière positive mais ce sont des moments nécessaires.
Avec Black Sea
Black Sea


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, c’est surtout François qui écrit. On est plutôt dans l’idée de la pollution mentale et on joue du coup sur la métaphore avec l’eau et les abysses.
Mirror c’est de l’impro donc je chante ce qui vient sur le moment et en français en plus. L’inspiration générale se base sur les œuvres de Marina Abramovi? avec sa volonté de renvoyer à l’être humain son reflet le plus violent et le plus dérangeant.
Avec Lost Reverend and The Sinners Sons c’est mon cousin qui gère car c’est son projet solo à la base.
Cult of Noise c’est ce que je t’ai dit plus tôt, cette volonté de briser le lien artiste-public et de plutôt rassembler tout le monde sur scène pour expérimenter tous ensemble. Un genre de manifestation sonore (rires).

Faut-il être dépressif ou à tendance dépressive pour faire du dark, ambiant, parler de la déchéance de l’humanité, de la mort, des blessures de l’homme, etc. ?

Non, il faut vivre des expériences de la vie. Négatives comme positives. Chacun peut aborder la musique et même de manière plus général l’art comme il le souhaite. Je ne me considère pas comme quelqu’un de dépressif. Maintenant je suis conscient que pendant que l’on fait cette interview, des personnes sont en train de vivre un moment de souffrance et d’autres vivent un moment de bonheur. C’est comme ça. Si on se focalise que sur le négatif, évidemment que l’on aura tendance à être dépressif.
Le fait de faire de la musique à tendance sombre permet d’utiliser l’énergie négative et d’en faire quelque chose de puissant.


Crédit photo: Sharp147

Des actualités/infos à annoncer ?

Carrément ! Le premier album d’Hispÿn
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sort cette fin d’année et on ouvre le Desertfest d’Anvers le 14 octobre 2022!
Pour Black Sea
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, notre premier EP sort cette année aussi. Le premier concert a lieu ce soir, le 23 août, à Namur. Un autre est prévu au MCP Apache le 15 octobre 2022 pour le Black Khaos Assault.
Déhà
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et moi avons composé un nouvel album (dans lequel je joue du oud) qui sortira prochainement. Ensuite, je vais clôturer la trilogie « V » de VaathV pour 2023.
On va tout doucement commencer les concerts avec Lost Reverend and The Sinners Sons pour fin 2022/début 2023.
Avec Mirror
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et Cult of Noise, on attend que des organisateurs soient assez fou pour nous booker (rires).
Je termine en annonçant que je suis en train d’organiser mon tout premier festival avec Denis Halleux (Fading Bliss) qui je l’espère, pourra se tenir en 2023 !
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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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