A force d'entendre le nom de Full of Hell associé aux plus audacieuses collaborations (avec Merzbow en 2014 ou avec The Body en 2016) et aux splits les plus accrocheurs (longue liste dans laquelle on épinglera The Guilt Of..., Psywarfare ou Nails), l'on pourrait légitimement se demander quel est le style personnel du quatuor du Maryland en cette année 2017. Tâtant avec succès de l'expérimental hardcore (Root Of Earth Are Consuming My Home), du harsh noise expérimental (Thee Insurmountable Wall sur le split avec Psywarfare) ou de l' « avant-garde noise drone» (écoutez Attrition Of The Elm Caw sur cet autre split avec The Guilt Of...), Full of hell aime, depuis ses débuts en 2011, emmener les fans sur les terrains les plus accidentés et les moins convenus. Pour notre plus grand plaisir, il faut bien l'avouer !
Avec la sortie de leur troisième LP, Trumpeting Ecstasy, l'on pouvait donc s'attendre à une nouvelle surprise « éditoriale » détonante. Et Full of Hell de prendre tout le monde à contre-pied... en rentrant dans les clous ! Finies les expérimentations en tous genres... Trumpeting Ecstasy est un album de grindcore. Point. Mais bord... de mer..., quel album ! Riffs implacables (Fractured Quartz), drums impeccables, vocaux imperturbables de Dylan Walker, valsant entre grunt et growl (The Cosmic Vein), le tout à une vitesse immensurable, entrecoupé de nombreux breaks salutaires (Gnawed Flesh). Et même si le concept parait légèrement galvaudé... disons-le : c'est une boucherie. Mais à y regarder de plus près, une boucherie annoncée par la sortie début 2016, de Amber Mote In The Black Vault, EP quatre titres de six (!) minutes d'un grindcore complètement habité.
Trumpeting Ecstasy est l'album de la synthèse des styles ; au fond, avec une telle discographie, après de telles expériences sonores, que pouvait encore tenter Full Of Hell sinon affirmer un style plus direct. S'éloignant progressivement des géniales digressions ralenties de leur deuxième album (Rudiments Of Mutilation), c'est en effet la cohérence des uppercuts qui marque cette troisième réalisation au fer rouge.
Kurt Ballou dispose toute cette violence aux bons niveaux, Nate Newton hurle sur le titre de clôture (At The Cauldron's Bottom), Aaron Turner gueule sur le très « death début 90's façon Suffocation », Crawling Back To God... Trumpeting Ecstasy ou la parabole du verre à moitié plein ; ici, point d'expérimentations sonores et trébuchantes mais un album de grindcore presque parfait. Cruel dilemme ? Pas vraiment. Car après tout, c'est le choix du groupe ; alors on se souviendra de l'audacieux passé, on jouira de ces vingt-trois minutes de présent et on frémira en imaginant le futur. La classe...
A ne pas louper sur scène le 13 juillet prochain au Kavka d'Anvers.