Reportage

Voyage dans l'enfer envoûtant de The Murder Capital

Bruxelles (Botanique), le 13-10-2023

Mercredi 18 octobre 2023



The Murder Capital
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était de retour dans une Orangerie comble en ce vendredi venteux d’octobre, après un dernier passage au Botanique trois ans et demi plus tôt. Ces deux concerts marquent cependant des étapes significatives dans la constitution de leur carrière et de leur processus créatif. Alors que les irlandais venaient nous présenter leur premier album When I Have Fears en février 2020, après un premier passage sur le sol belge à l’occasion de la précédente édition de Rock Werchter, les amateurs du genre les considéraient déjà comme les prochains talents de la scène post-punk britannique. Ardue est la tâche de réinventer la sauce post-punk, particulièrement au vu de sa résurgence ces dernières années, portée par une pléthore de formations comme Fontaines D.C., Idles ou encore Shame. Cependant sur When I Have Fears , le groupe dublinois ne peine pas à se distinguer avec sa marque sombre et pêchue sur les acclamés Feeling Fades, More Is Less et For Everything, des morceaux transpirants de fureur qui nous prennent aux tripes, exorcisant la tristesse de la perte de nos proches et les réalisations d’une jeunesse désabusée.

Coupé dans son élan prometteur par la situation sanitaire mondiale, on aurait pu croire que The Murder Capital
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serait tué dans l’œuf. Mais c’était sans compter sur la résilience du groupe qui se remet en activité dès 2022 avec l’arrivée des singles Only Good Things, A Thousand Lives, Ethel et Return My Head, tous présents l’année suivante sur le second opus Gigi’s Recovery paru en janvier 2023 (Human Season Records). Un album au rythme substantiellement ralenti qui casse les codes de leur étiquette post-punk tout en élargissant leur palette vers des couleurs plus lumineuses et épurées. Une guitare et une batterie plus lisse nous accompagnent sur un cheminement flirtant avec légèrement plus d’optimisme et de poésie. Gigi's Recovery est un véritable bond en avant dans l'écriture et la production, à tel point qu’on pense avoir à faire à deux groupes différents.



Après une tournée américaine au printemps, le public européen peut s’en mettre sous la dent avec deux mois de concerts sur le Vieux Continent. C’est les jeunes gars d’University qui servent d’entrée au menu du soir. L’esthétique du groupe colle à leur côté d’art-rock, qui regorge d’énergie mais manque de consistance et de maturité. Malheureusement, on est un peu forcé d’avaler de travers. Certainement la faute à une salle trop peu fournie et un changement de corde interminable qui aura anéanti le rythme établi au début du concert. Une réécoute de leurs productions en studio me force à croire que mon opinion évoluera, mais ce n’est pas ce soir qu’ils m’auront convaincu. La mise en scène aura néanmoins amusé plus d’un dans la salle, chaque fin de morceau étant ponctuée par l’annonce du suivant griffonné sur un bloc de feuilles A4 tenu par un énergumène encagoulé.

Place à la pièce de résistance avec l’arrivée tant attendue de The Murder Capital
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sur The Stars Will Leave Their Stage, ironie du titre alors que les musiciens s’approprient l’espace avec des airs de stars hollywoodiennes. La température monte déjà d’un cran quand la basse de Gabriel Blake vient arrondir les angles de la douce introduction pianotée sur le manche des guitares, saccadée par les coups de tambourin et la voix de James McGovern. Pas le temps de pleinement apprécier la fin du morceau que l’enchaînement sur More Is Less nous emporte comme un glissement de terrain inattendu. Ca se bouscule dans mon dos alors que les irlandais entament Return My Head, un hit instantané, au refrain fiévreux qui fait déjà hurler les connaisseurs. Vient Heart In The Hole sorti récemment en single, une sorte de ballade lyrique au ton qui frôle une ironie mordante, accentuée par des guitares criantes, un bref instant, avant de s’éteindre dans le même sarcasme. A Thousand Lives se veut plus atmosphérique et fixe le temps pendant un instant dans la salle. Le public retient encore sa respiration pendant The Lie Becomes The Self à la douceur bienvenue, avant de partir dans une plainte grinçante sur Crying.



A la surprise générale, le groupe entame Ethel, titre généralement réservé pour les fins de prestations, qui est précurseur des morceaux plus véhéments issus du premier album et attendus avec impatience par le public. Un faux départ volontaire cassé par le plus timide We Had To Disappear avant d’entendre arriver la basse galopante de For Everything agrémentée des notes aigues et distordues des guitares qui glacent le sang. James McGovern prend l’ampleur d’un politicien haranguant les foules scandant « for everything, for nothing » avec l’aide du public dans une répétition à couper le souffle. Suffisamment pour fatiguer les plus énergiques avant les plus sombres et cathartiques On Twisted Ground et Gigi’s Recovery.

Le concert se termine sur un somptueux enchaînement avec le rythme envoûtant de Green & Blue qui se fond sans transition sur le frénétique Feeling Fades. L’ébullition du public est totale lorsque McGovern se jette tête en arrière dans l’océan de bras humains prêts à le réceptionner, non sans manquer de se rompre la nuque. Les spots aux couleurs pourpres, la sueur qui perle sur les fronts et l’effervescence générale donnent le sentiment d’avoir franchi plusieurs couches de l’enfer de Dante. L’ambiance est propice pour entamer l’ultime et sinistre Don’t Cling To Life, qui considère la douceur et la brièveté de la vie.

Attendu au tournant, The Murder Capital
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passe haut la main l’examen périlleux du deuxième album, dérivant de son cap en termes d’exploration musicale et se concentrant davantage sur une écriture introspective et honnête. Le résultat est un effort authentique et riche de cohérence qui invite l’auditeur à accompagner cette balade mélancolique.The Murder Capital
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semble affranchi d’un poids émotionnel et libre d’entamer un futur plus exaltant. Ce sentiment est confirmé par une performance scénique mature et harmonieuse en adéquation avec leur évolution, qui m’aura agréablement surpris et repiqué ma curiosité pour leurs productions futures.

Un grand merci au Botanique pour l’invitation et à mon fidèle Nicolas pour les clichés.
Vous pourrez retrouver l'entièreté de la galerie sous cet article.


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AUTEUR : Piet
Amateur de punk et d'indie, tu peux croiser Pierre au détour d'une salle bruxelloise buvant son verre tranquillement dans un coin, ou au milieu du mo...
Amateur de punk et d'indie, tu peux croiser Pierre au détour d'une salle bruxelloise buvant son verre tranquillement dans un coin, ou au milieu du mosh pit. Toujours à l'affût des sorties alternatives et DIY, il espère te faire découvrir des perles avec ses chroniques d'albums et te faire vivre ses concerts au travers de live reports détaillÃ...
Amateur de punk et d'indie, tu peux croiser Pierre au détour d'une salle bruxelloise buvant son verre tranquillement dans un coin, ou au milieu du mosh pit. Toujours à l'affût des sorties alternatives et DIY, il espère te faire découvrir des perles avec ses chroniques d'albums et te faire vivre ses concerts au travers de live reports détaillés....
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Amateur de punk et d'indie, tu peux croiser Pierre au détour d'une salle bruxelloise buvant son verre tranquillement dans un coin, ou au milieu du mosh pit. Toujours à l'affût des sorties alternatives et DIY, il espère te faire découvrir des perles avec ses chroniques d'albums et te faire vivre ses concerts au travers de live reports détaillés....

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