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« Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. » Proverbe africain.

Lundi 14 septembre 2020

Confinement, port du masque, plus de concert debout, avenir incertain, c’est le bordel, ok, on sait.
Cependant, cette période nébuleuse a vu, dans les métiers de la musique, l’apparition (ou en tout cas la structuration et/ou la médiatisation) d’un phénomène qui mérite qu’on s’y intéresse: le fait de se fédérer. C’est-à-dire, se rassembler, partager, s’écouter de manière inclusive, égalitaire, pour défendre un même objectif et avoir ainsi plus de poids.

Je vous propose un focus sur le Facir (Fédération des Auteurs Compositeurs et Interprètes Réunis) qui rassemble plus de 800 musicien.nes, tous styles confondus. Ce groupe se donne pour mission d’écouter la voix des musicien.nes et de la faire entendre auprès des politiques et dans la sphère de la musique. Et dans les faits ?




Intelligence collective

En matière de fédération et d’intelligence collective, François Custers en connait un rayon. Il a été très actif pour lancer, le 13 mai dernier, le CCMA (comité de concertation des métiers des musiques actuelles) dont le but est de représenter le circuit musical indépendant en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Le CCMA rassemble ainsi des organisateur·trices de concerts, des artistes musicien·nes (c’est de ça dont je vais vous parler plus bas), des labels indépendants, des booker·euses et manager·euses, des professionnel·les de la communication et des relations publiques et des technicien·nes et technico-créatif·ves.
« Il manquait un esprit de fédération entre les divers métiers de la musique, explique François. Notre but est de faire connaître la réalité des petites structures qui sont complétement oubliées. On ne veut pas que la musique et les concerts soient laissés pour compte. »
Concrétement, le CCMA a instauré un dialogue positif et plus fertile avec la RTBF et la ministre de la culture à propos des quotas. Il a aussi viellé à une meilleure répartition des aides au profit des petits et moyens acteurs (dans le cadre du fonds de solidarité pour la musique live belge « Live2020 »).

Le Facir, la parole des musicien·nes

Plus précisément en ce qui concerne les musicien·nes, et c’est là que je voulais en venir, c’est le Facir qui joue, depuis des années, ce rôle de fédération. Il paraît que peu d’artistes « rock dur » en font partie. J’ai d’abord vérifié cette information et, en effet, sur 50 musicien·nes sondé·ees (de manière rapide et non scientifique) parmi mes contacts Facebook, seul·es 6 ont déjà entendu parler du Facir, soit 12%. Et sur ces 6 personnes, une seule y est affiliée.

Gil Mortio (musicien touche-à-tout, producteur et membre fondateur du Facir), m’explique que le secteur musical est un des plus difficiles à fédérer parce que les gens sont très « perso ». En comparaison avec les revendications du théâtre, le secteur musical a toujours plus de mal à avancer groupés. « Un organe censé représenter des artistes se doit d’être représentatif, poursuit Gil. Il sera crédibilisé de facto par le nombre de ses membres. Chacun peut y apporter son énergie, son enthousiasme et… ses fantasmes. A chacun de nous dès lors de remplir ce « quelque chose » avec des propositions qui nous ressemblent et qui peuvent servir la cause. »



Fabian Hidalgo, coordinateur du Facir, m’explique que l'intérêt pour les musicien·nes de se fédérer c'est de porter ensemble une parole plus forte auprès des politiques. Cela a beaucoup plus de poids que des demandes individuelles. Et c’est beaucoup plus clair puisque le point de contact est unique et parle au nom de toutes les personnes concernées. Logique.
Concrètement et par exemple, en temps de covid, le Facir a fait quoi ? « Même si évidemment les résultats ne sont jamais à la hauteur de nos attentes, poursuit Fabian, sans l'action des fédérations, on ne serait nulle part. Interpellations politiques, cartes blanches dans la presse, élaboration de propositions de mesures d'urgence et de reprise, auditions au parlement pour exposer la réalité des artistes, manifestation #StillStanding réunissant la majorité des fédérations francophones et flamandes, etc.»
Facir a aussi une place au sein de la Chambre de Concertation des Musiques, l'organe consultatif de la FWB qui devra se positionner sur toutes les questions liées à la musique.
Fabian ne se voile pas la face, plusieurs problèmes subsistent toujours. Il précise : « Notamment les aides d'urgence mises en place par les régions qui ne sont pas applicables à tout le monde et la loi du parlement fédéral (arrivée seulement le 9 juillet !!!) qui n'est toujours pas bien appliquée par l'Onem et les syndicats. Les fédérations continuent leur combat sur ces sujets-là, en poussant les politiques à agir. »

Bouger dans la bonne direction

Arnaud Larcier (Billions of comrades
Billions of comrades


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) est affilié au Facir depuis plusieurs années sans jamais avoir eu l'occasion de participer à des réunions. Il s’était inscrit pour avoir une vue de l'envers du décor du milieu musical. « Il faut savoir que la musique n'est pas notre profession principale, ajoute-t-il. Par rapport à cette période très bizarre Covid, Facir a proposé de l'information intéressante par rapport aux législations, etc. C’est positif et ça permet de se rencontrer entre musiciens avec ses réalités différentes. »




Elie Pauwels (Endless Dive
Endless Dive


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) m’a lui expliqué qu’il a rejoint le Facir parce qu’il trouve nécessaire de revaloriser les artistes et créateurs en FWB. Il ajoute qu’à l'heure actuelle, le statut d'artiste est tellement compliqué à obtenir que beaucoup finissent par abandonner. « Il faut notamment soutenir le processus de création, continue Elie, car, en dehors du produit fini visible par tous et qui est souvent le seul à être valorisé, il y a tout ce travail fait en amont (répétitions, résidences, etc.) qui manque cruellement de reconnaissance. Même sans une implication assidue et régulière au sein du Facir, je peux dire que cela m’apporte cette sensation d'être moins seul face aux différentes problématiques rencontrées. »

Clément Nourry (Under the Reefs Orchestra) fait lui aussi partie des membres du Facir. Pour comprendre et pour agir. Pour peser dans la représentation politique de son milieu. Concrètement, être membre du Facir, pour lui, c’est prendre le temps de s'intéresser à ce qui s'y passe. De comprendre les enjeux soulevés et de se forger sa propre opinion. « On fait partie d'un mouvement et on en est acteur, dit Clément. Le monde bouge, à nous de le faire bouger dans la bonne direction. Mais pour ça, on a besoin de l'intelligence collective. C’est positif parce qu’on a un peu plus de poids politique que celui de voter pour untel et untel. »


Le néant règne en maître


Avis moins positif d’un musicien qui souhaite rester anonyme. Il m’explique ceci : « J’adhère rarement à ce type de structure où le néant règne en maître. Ça me fait penser à ces attroupements de professionnels de la musique à deux de tension qui aiment s’écouter parler, réunionnent, te demandent des remplir des tableaux pour jauger le secteur sous toutes ses formes alors qu’on vit et bosse tous sur un territoire de deux mètres carrés et enfoncent des portes ouvertes. »



Dominique Van Cappellen (Baby Fire
Baby Fire


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, von Stroheim
von Stroheim


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, Veda
Veda


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) contribue occasionnellement à la page Facir sur Facebook mais ne fait pas partie des membres adhérents. « Jusqu'à présent, dit-elle, j'ai hésité justement parce que je ne me sens pas représentée musicalement lorsque le Facir organise sa soirée annuelle de concerts ''Nuit des Clous''. Aussi parce que, jusqu'il y a peu, le Facir était très irrégulier dans ses interventions. Parfois, aucune nouvelle n’était donnée pendant 6 mois. » Dominique poursuit en me disant qu’elle trouve que le Facir a pris de bonnes résolutions par rapport à la régularité et à l'inclusion des musiciennes. Elle changera probablement d'avis dans les mois qui viennent.

Pierre Constant (Seno Nudo
Seno Nudo


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) connait aussi le Facir mais sans y être affilié. Il n’y a pas de raison particulière à ça, plutôt un manque de temps. Pierre m’avoue qu'entre ses activités de musicien, compositeur, producteur, ingé-son, programmateur, etc. il a besoin parfois de s'évader du monde musical et de penser à autre chose. « Mais qui sait, dit-il, je viens d'aller checker leur site et je pense que je vais m'inscrire, ne fût-ce que comme sympathisant. »

Naberus (Demenzia Mortis
Demenzia Mortis


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), lui, ignore totalement l’existence de cette structure et se demande comment elle opère et quel soutien elle a reçu pendant la crise. « Beaucoup d’artistes ne vivent pas de leur activité mais engagent tout de même pas mal de frais pour leur passion, poursuit Naberus. En tout cas, j’aimerai en savoir plus donc je ne manquerai pas de me renseigner. »

Alors, je ne suis pas musicienne mais j’aime bien l’idée de mettre les forces et les idées en commun. De continuer à apprendre et de faire avancer les choses.
Le Facir a le mérite d’exister et de faire bouger les choses, même s’il n’est pas parfait pour tout le monde.
Par contre, je trouve dommage que les musicien·nes alternatif·ves et underground connaissent peu la structure et y soient donc peu représenté·es. Faudrait pas encore qu’on passe aux oubliettes.
Je trouvais important de vous en informer. Ma mission s’arrête là :-)
Plus d’infos sur la page facir.be



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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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