Reportage

Brutal Assault Festival jours 3 et 4: Un dernier carré, debout sous la mitraille !

Jaromer (Forteresse Josefov), le 11-08-2017

Mercredi 20 septembre 2017

Troisième jour: Debout sous la mitraille

Après une nuit entière à prier les dieux noirs, Satan et Lemmy, pour ne pas être submergé, le moment est venu de faire le bilan des pertes.

Elles sont catastrophiques.



Notre campement a relativement bien supporté les trombes d'eau, mais pour d'autres festivaliers, c'est un carnage ! Dès le réveil, je contemple ce qui reste de la tonnelle de nos voisins tchèques : un amas de piquets et de toile éparpillé sur une centaine de mètres. A noter toutefois l'optimisme à toute épreuve de ces chaleureux Slaves : une bière matinale, et ils sont déjà sur la brèche à tenter de réparer leur abris. Et après s'être rendu compte qu'ils ne pourront pas la remettre en place, ils décident d'emblée de convertir les débris de tonnelle en étendoir à linge ! Un tel degré de débrouille mérite franchement le respect.

La journée sera donc ponctuée d'averses aussi drues que soudaines, qui forceront les festivaliers à se serrer sous tout ce qui peut servir d'abri, tout en changeant le site du Brutal Assault en une immense piscine de boue. Après la chaleur étouffante d'hier, on peut dire que la République tchèque nous aura fait une démonstration complète du concept de climat extrême.

En ce qui concerne les concerts de cette troisième journée de siège, j'en verrai assez peu. D'abord parce que peu de groupes m'intéressent, à part très tard dans la nuit (Der Weg Einer Freiheit
Der Weg Einer Freiheit


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à 2h du mat'...), et ensuite bien sûr parce que j'aimerais ne pas finir noyé. D'autres mésaventures joueront aussi un rôle, mais j'en parlerai en temps voulu. Ah, et petit point noir : trois versions du programme circulent, et aucune n'est correcte. Dans le genre petite erreur lourde de conséquence, le Brutal Assault fait fort.

On commence donc avec Teethgrinder
Teethgrinder


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. Les Hollandais semblent se débrouiller assez bien dans un style que je connais peu, mais le son n'est pas à la hauteur, selon des gens plus familiers de ce groupe de death/grind. De toute façon difficile d'en juger sous la capuche, car la pluie nous harcèle sans répit.



Je suis ensuite de loin et à l'abri la prestation de Infected Rain
Infected Rain


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, assez curieux de découvrir ce qui se fait en Moldavie. La prestation est sympathique, quoique, chose rare dans ma génération, je n'ai jamais eu le nu metal comme péché mignon. Elena Kataraga alterne assez bien le growl et le chant clair tendance punkette surexcitée, mais le jeu de scène à base de petits bonds sur place ne me transporte nulle part, tandis que la boue arrive encore à s'épaissir.



Je rate ensuite le début du show de Wolfhearth car, si le stand de pizzas vegan est à se damner, il est très logiquement pris d'assaut par les affamés, et l'attente y devient longuette. C'est le prix à payer pour la qualité, et j'y laisse un pourboire temporel en attendant la pitance d'un confrère de Horns Up tiraillé entre son estomac et son attirance pour le death symphonique finlandais. J'arrive donc juste après World on Fire et son riff tiré de Game of Thrones, choix efficace quoique quelque peu facile. Hélas le concert manque drastiquement de charisme, les morceaux s’enchaînent sans que ne perle d'autre émotion que le plaisir gustatif procuré par la pizza sus-citée. Vraiment dommage, car le dernier album de Wolfhearth, Tyhjyys, prouve pour moi qu'on peut composer du death mélo' à la fois accessible et honorable sans copier Arch Enemy
Arch Enemy


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. A revoir dans une salle plus petite, plutôt qu'à 30 mètres de la scène.



Dans l'épisode précédent, je tergiversais sur le respect accordé à la gente féminine dans le milieu du metal extrême. J'avais toujours été dubitatif devant les nombreuses assertions que les metalheads seraient moins machistes que la moyenne, et que les concerts constitueraient un endroit sûr pour les demoiselles. Je suis maintenant convaincu qu'aucun milieu n'échappe à une certaine proportion de salauds qui ne méritent que le pal.

De retour au campement en compagnie d'une bouteille de Becherovka, nous sommes donc interpellés par une paire de festivaliers qui nous demandent de l'eau dans un anglais approximatif et teinté d'inquiétude. Ces deux-là, vrais gentlemen, signalons-le, reviennent de l'infirmerie en soutenant une jeune femme qui a visiblement été droguée contre son gré par l'un ou l'autre déchet ! Je passerai donc une bonne partie de la journée à réviser mes notions de premiers soins auprès d'une Autrichienne, accompagné d'un Français et d'un Finlandais sympathiques et honorables, à réparer les méfaits d'on ne sait qui. La dame fut vite prise en charge par ses amies une fois que nous les ayons retrouvées. Finalement, la mésaventure s'est bien terminée. Mais le constat est sans appel ; il y a peut-être plus de mâles respectueux des femmes dans la scène metal, mais les ordures existent aussi. Ça devra hélas être rappelé aussi longtemps que nécessaire.

Désolé de m'épancher sur le sujet, mais il me tenait à cœur. Quant aux concerts, j'entends juste les dernières notes d'Igorr depuis le bourbier devant une Metalgate pleine à craquer, autant si ce n'est plus pour l'abri qu'elle procure que pour ce groupe étrange au succès grandissant. Pour ma part, il faudra donc une seconde découverte. Mêmes circonstances pour Swallow The Sun
Swallow The Sun


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, dont j'attendais pourtant beaucoup.

Je tente de rattraper ma réputation de hipster musical en me pressant devant Phurpa
Phurpa


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, étrange concept russe d'ambient à base de chants de gorge tibétains. Sur papier, ça devrait me plaire, mais au bout de dix minutes de balances, on commence à penser que la pluie n'excuse pas tout. Et puis on comprend que ce grésillement désagréable qui s'attarde dans les esgourdes, c'est bien le concert ! Au bout d'un quart d'heure, Phurpa
Phurpa


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, finalement, très peu pour moi.

Je finirai par battre en retraite assez tôt. Le Brutal Assault commence à marquer un certain essoufflement organisationnel, avec cette programmation aux airs de de playlist aléatoire. Mais surtout, le site a maintenant des airs de vrai champ de bataille, avec vingt centimètres d'une boue visqueuse et collante dans les endroits les plus secs, et des flaques qu'on peut qualifier d'étangs. C'est Verdun ! C'est la Somme ! Et je vous laisse imaginer le retour vers ce qui reste du camping dans une obscurité quasi totale.


Dernier carré


Dernier jour de lutte. Je commence à me demander si j'en sortirai indemne.


La journée commence dans la joie régressive et la scatophilie assumée avec une matinée consacrée au grind. On remarque d'ailleurs aisément les fans du genre, tous déguisés en médecins, licornes, phallus et j'en passe, en une sorte de Halloween pervers mais gai. Pas du tout mon ambiance de prédilection, mais c'est à cela que devaient ressembler les carnavals médiévaux, en somme.

Nuclear Vomit ouvre la sarabande et, si je reste à distance de sécurité dès les premiers jets de PQ, je peux comprendre qu'on aime. C'est bon enfant, crade mais très respectueux, et si le pitt est déchaîné, j'assiste plus à un défouloir joyeux qu'à un pugilat en règle. C'est punk, au sens le plus pur, et je peux difficilement critiquer. Les fans ont droit à des prolongations avec Collision
Collision


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, mais j'ai ma dose, merci.



Changement radical (si je puis dire) avec Oceans Ate Alaska
Oceans Ate Alaska


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, qui aurait pu au moins aiguiser ma curiosité si le groupe venait vraiment des îles Aléoutiennes. Mais les membres sont en fait britanniques, et offrent un metalcore tout ce qu'il y a de plus gentillet, les petits bonds à pieds joints inclus. Non merci.

Disperse
Disperse


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suit, et le groupe polonais, décrit dans le programme comme du prog', m'attire un moment,car c'est bien la première fois que j'entends parler de hussards ailés qui ne jouent ni du black misanthropo-forestier, ni du death bourrino-brutal. Pour ma part, je qualifierais plutôt Disperse
Disperse


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de gentil groupe de rock moderne. Il en faut, mais leur présence à l'affiche semble assez décalée.

La journée commence vraiment pour moi en début de soirée, avec les compatriotes d'Oathbreaker
Oathbreaker


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, qu'on me vante sans cesse en me rappelant leurs liens avec Amenra
Amenra


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. Je reconnais d'emblée la parenté, la voix et le jeu de scène de la chanteuse Caro Tanghe rappelant l'attitude torturée de Colin van Eeckhout. Dès les premières notes de 10:56, je comprends que j'ai devant moi un groupe vraiment puissant, mais qui vient d'être poignardé dans le dos par l'ingé son. Tout y est pour passer un excellent moment, à l'exception d'une balance correcte. Et c'est vraiment dommage, car la transe de cette véritable pythie de Tanghe ne peut se révéler dans toute son intensité, malgré ses efforts incontestables. Le groupe aurait souffert des mêmes problèmes à Dour, me confie-t'on. Je réécouterai donc Rheia chez moi, en espérant que Oathbreaker
Oathbreaker


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trouvera un jour l'incantation qui brisera cette malédiction du son en live.



Nombreux étaient ceux qui avaient fait le déplacement pour Tiamat
Tiamat


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. Moi pas. C'est donc sans véritable clef pour comprendre le groupe que je verrai un chef d’œuvre de surréalisme, voire d'art spontané. Tiamat
Tiamat


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était venu jouer son album Wildhoney en intégralité. Ce fut plutôt une déconstruction, entre un chanteur complètement à la ramasse ( drogue, déprime, alcool, mauvaise sauce piquante ? Tout est possible), des musiciens qui préfèreraient visiblement être ailleurs, et une setlist aléatoire, que le batteur doit brandir plusieurs fois devant Johan Edlund, qui est, lui véritablement à mille lieues du concert ! Au sein du public, le malaise est si dense qu'il a atteint le stade de conscience, et de nombreuses personnes désertent assez vite. Naufrage, et j'essaie de ne pas paraître méchant.

La nuit réveille le Brutal Assault, avec Zhrine
Zhrine


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sur l'Oriental véritablement bondée. Heureusement, le black atmosphérique s'apprécie très bien, sinon mieux, assis contre un mur plusieurs fois centenaire. Et dans le genre, les Islandais prouvent que leur île isolée apporte un sang frais très intéressant au black moderne. Le show est évidemment assez distant, d'autant que je le suis aussi par la force des choses, et je n'aperçois même pas la scène. Mais pour qui aime errer entre les monolithes rescapés d'éons oubliés, Zhrine
Zhrine


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est à connaître !



Autre nuance de sombre avec Tsjuder
Tsjuder


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sur la Metalgate. Les Norvégiens n'innovent certes pas dans le black metal venu du froid; ils offrent, ou plutôt imposent, un concert quelque peu steak-frites mais saignant à souhait, entrecoupé de quelques reprises bien senties, dont Sacrifice de Bathory
Bathory


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et Deathcrush de Mayhem
Mayhem


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, exécutés avec talent ! Ce n'est pas très novateur, mais Tsjuder
Tsjuder


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atteint pour moi le statut de valeur sûre en live, ce qui est somme toute assez rare dans le black metal norvégien.

Parlant de Mayhem
Mayhem


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, leur revient l'honneur de clôturer la journée pour une bonne partie des festivaliers. Gutalax
Gutalax


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et Monolithe
Monolithe


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suivront, mais après quatre jours, les organismes arrivent à saturation. Les tympans aussi, car dès les premières mesures de Funeral Fog, je me rue sur mes bouchons d'oreille, dont je n'avais jusque là jamais eu besoin. J'avais déjà vu Mayhem
Mayhem


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jouer De Mysteriis Dom Sathanas en intégralité au Eidhoven Metal Meeting, et j'étais resté sur ma faim. Cette fois par contre, les Norvégiens sont en grande forme ! Les morceaux s'enchainent, le son est bon, et Freezing Moon réveille de nombreuses âmes tourmentées. Quant au jeu de scène, Attila a enfin appris à le doser, à moins que ce ne soit l'obscurité qui donne un cachet particulier à la messe noire, qui ne tend à aucun moment vers le cheap comme ce fut le cas au Pays-Bas. Mayhem
Mayhem


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nous offre un très bon moment occulte emprunt de nostalgie pour cet album-relique, et pour peu, on demanderait un rappel. Mais cela tournerait au fantasme.

De retour sous ma tente, entre les borborygmes des gamins qui jouent à imiter Abbath, je perçois le doom soigné de Monolithe
Monolithe


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. Musique parfaite pour sombrer en songeant au long voyage de retour qui m'attend dès le lendemain.
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AUTEUR : Matthias Bertrand
Journaliste fraîchement diplômé, et déjà désabusé, il a découvert la musique via de vieux vinyles de punk rock, avant de se convertir au metal...
Journaliste fraîchement diplômé, et déjà désabusé, il a découvert la musique via de vieux vinyles de punk rock, avant de se convertir au metal extrême. Comme il aimerait écrire sur ses passions musicales, et que les dinosaures de Rock&Folk ne se décident pas à mourir pour faire place aux jeunes, il a rejoint Shoot Me Again. ...
Journaliste fraîchement diplômé, et déjà désabusé, il a découvert la musique via de vieux vinyles de punk rock, avant de se convertir au metal extrême. Comme il aimerait écrire sur ses passions musicales, et que les dinosaures de Rock&Folk ne se décident pas à mourir pour faire place aux jeunes, il a rejoint Shoot Me Again. ...
Journaliste fraîchement diplômé, et déjà désabusé, il a découvert la musique via de vieux vinyles de punk rock, avant de se convertir au metal extrême. Comme il aimerait écrire sur ses passions musicales, et que les dinosaures de Rock&Folk ne se décident pas à mourir pour faire place aux jeunes, il a rejoint Shoot Me Again. ...
Journaliste fraîchement diplômé, et déjà désabusé, il a découvert la musique via de vieux vinyles de punk rock, avant de se convertir au metal extrême. Comme il aimerait écrire sur ses passions musicales, et que les dinosaures de Rock&Folk ne se décident pas à mourir pour faire place aux jeunes, il a rejoint Shoot Me Again. ...

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