Reportage

All Shall Perish et le retour du MySpace Deathcore

Sint-Niklaas (De Casino), le 30-11-2025

Mardi 9 décembre 2025



Ça n’aura échappé à personne, mais quand un style musical qui tombe en désuétude voit l’apparition d’une scène revival le revitaliser, toutes les anciennes gloires profitent de ce nouvel élan pour revenir sur le devant de la scène. Je pense, par exemple, au retour en grâce du Pop Punk au tournant des années 2020 avec, notamment, la reformation du line up originel de Blink-182, Avril Lavigne qui se remet au style et dans une moindre mesure, les reformations de Yellowcard et My Chemical Romance. Bien évidemment, comme les modes sont souvent (pour ne pas dire toujours) cycliques, on pouvait s’y attendre et chaque année, les paris sont lancés pour savoir quel genre aura droit à sa remise au goût du jour.

Depuis 2-3 ans, c’est le Deathcore, et plus précisément sa scène MySpace de la fin des années 2000, qui se voit être réanimée (d’ailleurs, j’y reviendrai prochainement dans un article dédié). Entre les retours inespérés de The Crimson Armada, With Blood Comes Cleansing ou pour les plus connaisseurs Jerome, c’est toute une scène enterrée depuis bien longtemps qui réapparait grâce à une nouvelle génération biberonnée aux premiers Whitechapel, Chelsea Grin et autres As Blood Runs Black. Dans cette case des retours surprises, on retrouve également ceux qui nous intéressent aujourd’hui : All Shall Perish
All Shall Perish


Clique pour voir la fiche du groupe
. Abandonné en 2013 suite au départ de Eddie Hermida (chant) du côté de Suicide Silence, le groupe, qui a essayé de revenir à plusieurs reprises sans succès, semble avoir enfin réussi à trouver l’élan qui lui fallait pour reconstruire une base solide et venir reprendre la place qu’il avait laissé. N’étant plus venus en Europe depuis maintenant 13 ans, les Américains étaient plus qu’attendus avec une date belge annoncée comme sold out depuis déjà le mois d’août. Pour assister à ce petit évènement, il fallait se rendre à l’ouest du pays dans la bourgade de Sint-Niklaas, et plus précisément dans la sympathique De Casino et sa très bonne sonorisation. Après un voyage plus que calme, j’investis les lieux pour une soirée Deathcore qui va largement dépasser mes attentes !



Sur les coups de 19h, ce sont les Allemands d’Acranius
Acranius


Clique pour voir la fiche du groupe
qui ont la lourde responsabilité d’ouvrir les hostilités pour la dernière fois de la tournée. N’étant prévus que sur la première moitié de celle-ci, les natifs de Rostock seront remplacés, pour le reste des dates, par leur compatriote de Necrotted. Je suis donc plus que content de les retrouver ce soir et ce, afin de me faire éclater par leur mélange de Slamming Brutal Death Metal et de Deathcore. Normalement composé de deux chanteurs, le groupe est revenu à une configuration classique depuis le départ de son frontman originel, Kevin Petersen, en 2024. Depuis lors, c’est Marcus Jasak (ex-Science of Sleep et arrivé en 2020) qui a pris les rênes et qui doit se charger d’absolument toutes les parties vocales. Sans surprise, ce dernier est très solide et montre qu’il a largement les capacités pour assurer à la perfection ce nouveau rôle.

La setlist est hyper efficace et met en avant tous les classiques du répertoire comme « Defaced By Hollow Tips » ou l’assassine « Life Sustainment to Continue Mutilation ». Bien évidemment, nous allons avoir droit à des morceaux plus récents comme « Despairbound », « Rule of Seven » ou encore la nouvelle « Synchronized » qui passe bien mieux en live. Les breakdowns pètent dans tous les sens et le public est bizarrement déjà bien réveillé. Comme petite surprise, c’est Damonteal Harris (Peelingflesh
Peelingflesh


Clique pour voir la fiche du groupe
) qui viendra interpréter la rapide mais extrêmement méchante « Ghetto Brawl », pour un résultat tout bonnement écœurant. Après 30 minutes rudement menées, Acranius
Acranius


Clique pour voir la fiche du groupe
repartira sous les applaudissements et avec le sentiment du devoir accompli. Une grosse claque qui ouvre parfaitement la soirée !



Après seulement 10 petites minutes de pause, il est déjà temps de retourner se positionner devant la scène pour accueillir la machine brutale et technique nommée Vulvodynia
Vulvodynia


Clique pour voir la fiche du groupe
. Les Sud-Africains, que je vois pour la deuxième fois cette année, ont en tout cas une actualité assez chargée avec notamment comme sujet principal le némésis des groupes de Deathcore, à savoir les comportements problématiques des chanteurs. Déjà connu pour ce genre de drama en 2023 après l’éviction méritée de leur frontman, Duncan Bentley, qui avait violemment agressé l’un des membres de la formation ; Vulvodynia
Vulvodynia


Clique pour voir la fiche du groupe
semblait avoir tourné la page en mettant leur guitariste, Lwandile Prusent, au poste de parolier. Fin octobre, le groupe annonce avoir embauché un nouveau chanteur prénommé Zion Bittenbender, mais est dans la foulée accusé d’agression sexuelle. Face à ce deuxième drama qui les met encore une fois dans la sauce, Zion est finalement mis sur le banc et c’est de nouveau Lwandile qui assurera les parties vocales durant la tournée. Un beau bordel qui semble, malheureusement, inévitable dans la scène Deathcore.

Bref, concernant le concert du jour, Vulvodynia
Vulvodynia


Clique pour voir la fiche du groupe
va presque nous rejouer la même prestation qu’en février dernier, avec une setlist quasi identique, même si 2-3 petits changements sont à noter. Exécutant un Slamming Deathcore ultra technique, le groupe nous balance ses morceaux sans presque aucun temps mort. Le public est, cette fois-ci, plus concentré et se laisse happer par les envolées de guitares qui pleuvent sur lui. Entre un « Adamaster » d’une violence inouïe et un « Entabeni » diabolique, c’est plutôt plaisant dans son ensemble, bien que l’ambiance peine à vraiment décoller. C’est finalement sur « Psychosadistic Design » que se clôtureront les hostilités. En résumé, une performance marquée par une précision technique et chirurgicale, mais qui ne restera pas gravée dans les annales.



Si vous avez l’habitude de vous rendre à des concerts de Hardcore, vous avez plus que probablement vu l’arrivée de pal mal de groupes de Death Metal se joindre aux affiches. Et pour cause, depuis quelques années maintenant, on voit la résurgence d’une scène Death pour fan de Hardcore comme on dit dans le milieu. Que ce soit avec Sanguisugabogg, Kruelty, Maul et j’en passe, on retrouve cet alliage mêlant riffs bien gras et passages two step irrésistibles. Dans le même ordre d’idées, la scène Slamming Brutal Death Metal connait la même trajectoire avec des noms comme Snuffed on Sight, Final Resting Place, Corpse Pile ou justement, les prochains à se présenter face à nous : Peelingflesh
Peelingflesh


Clique pour voir la fiche du groupe
. Formés en 2021 à Oklahoma City, les Américains sont devenus, en très peu de temps, l’une des figures phares du Slam Death influencé autant par le Hardcore que le Rap. Face à cette popularité verticale, c’est donc un euphémisme que de dire qu’ils sont attendus !

Dès les premières notes de « Intro », les fans multiplient les side to side et actionnent le mode moulin à vent. C’est, sans surprise, très vite le bordel et je peux totalement le comprendre vu l’efficacité monstre de la musique qui nous est proposée. Même si le style est loin d’être le plus technique, ce n’est pas si simple de produire des riffs avec autant de groove et pourtant, Peelingflesh
Peelingflesh


Clique pour voir la fiche du groupe
sont les rois en la matière. Étant une caractéristique du genre, on se bouffe une flopée de samples (dont une version modifiée de l’horrible « All I Want for Christmas is You » de Mariah Carey) qui servent comme mini interlude, avant de se prendre en pleine poire des breakdowns plus dégoutants les uns que les autres. A l’instar du premier concert et pour rendre la pareille, nous verrons le chanteur d’Acranius
Acranius


Clique pour voir la fiche du groupe
participer à l’une des chansons pour un rendu, une nouvelle fois, plus que solide. Après 40 minutes qui sont passées à la vitesse de la lumière, le groupe terminera avec « F.F.W.A.S » qui sera ponctué d’un envahissement de la scène et d’une foule en délire qui reprend l’entièreté des paroles. Un premier concert belge juste incroyable et qui est loin d’être le dernier, car Peelingflesh
Peelingflesh


Clique pour voir la fiche du groupe
nous a déjà donné rendez-vous l’année prochaine.



All Shall Perish
All Shall Perish


Clique pour voir la fiche du groupe
est, sans conteste, l’une des formations les plus importantes des prémices du Deathcore comme on le connait aujourd’hui. Apparu en 2002 comme ses confrères de Suicide Silence et Despised Icon, il a contribué à façonner et poser les premières bases solides qui caractériseront le genre de nos jours (bien évidemment, je vulgarise le propos, sinon j’aurais dû revenir en long et en large sur les expérimentations du NYHC et de la scène H8000 à la fin des années 90, mais ce n’est pas un cours d’histoire). Grâce à 4 albums qui ont marqué toute une génération, All Shall Perish
All Shall Perish


Clique pour voir la fiche du groupe
est donc devenu un incontournable de la scène Deathcore de la fin des années 2000. Cependant, malgré ce statut, à minima culte, j’ai très peu écouté le groupe comparé à tous les autres de cette époque-là. C’est donc en tant que semi-touriste et sans grandes attentes que je me place devant la scène. Et comment dire… ça a été juste génial !

Directement aspiré par « Eradiction » puis « There is No Business to Be Done on a Dead Planet », je suis complétement subjugué par la puissance et l’efficacité des morceaux en live. Et dire que ça fait à peine un peu plus de 5 minutes et je suis déjà conquis ! Bref, les Américains sont en grande forme et vont focaliser la setlist sur les albums The Price of Existence (2006) et Awaken the Dreamers (2008). Cette prestation, presque anachronique, fait extrêmement plaisir à la foule qui, de son côté, donne tout ce qu’elle a, jusqu’à même provoquer quelques blessures. Après avoir pu me délecter du break iconique de « Stabbing to Purge Dissimulation », nous avons droit à « Promises » qui est jouée pour la toute première fois. Ensuite, le show se poursuit sur un rythme soutenu, balançant entre des mélodies ravageuses et des breakdowns assourdissants.

Eddie Hermida (chant) nous répétera à plusieurs reprises qu’il est content d’être là et ramènera les gars d’Acranius
Acranius


Clique pour voir la fiche du groupe
sur scène pour les féliciter et nous dire de les soutenir pour qu’ils puissent quitter leur job. Après un final composé de « Wage Slaves », « The Day of Justice » et « Laid to Rest » (qui, comme nous le rappelle Eddie, n’est pas une reprise de Lamb of God), nous avons droit à un rappel avec la classique « There is Nothing Left ». Avant celle-ci, Eddie nous racontera que cette chanson est dédiée à sa mère, avant qu’une femme ne gueule dans le public « Fuck Your Mum » dans le plus grand calme. Un moment totalement lunaire et irrespectueux, mais que le chanteur gérera avec le plus grand professionnalisme en terminant son petit speech par une sensibilisation sur la santé mentale.



Au final, en seulement 50 minutes, All Shall Perish
All Shall Perish


Clique pour voir la fiche du groupe
aura retourné toute la salle et m’aura laissé sur le cul, grâce à une prestation qui aura été droit au but. Un super concert qui devrait en annoncer d’autres dans le futur, car le groupe nous a confirmé la sortie d’un nouvel album pour l’année prochaine. En tout cas, merci à tous les acteurs pour cette super soirée et merci au MySpace Deathcore d’exister.

Remerciements à Biebob Concerts pour l’accréditation.
TU AS AIME ? PARTAGE !
Google +
Twitter
Facebook
Whatsapp
E-mail
E-mail
Google +
Twitter
Facebook
AUTEUR : Maxime
A la suite de son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant offici...
A la suite de son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs fo...
A la suite de son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
A la suite de son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....
A la suite de son stage de musicologie au sein du webzine, Maxime, fervent lecteur de chroniques, décide de prolonger l'aventure en rejoignant officiellement l'équipe en tant que rédacteur. Fan de breakdown et de pit bien énervé, il aura grand plaisir à te faire découvrir les scènes Metalcore et Deathcore (et bien plus) sous toutes leurs formes....

► COMMENTAIRES

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter !

Soit en deux clics via Facebook :

image

Soit via l'inscription classique (mais efficace) :

image

► A VOIR ENSUITE