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Mandaï

Plein feux sur Mandaï ! Acteurs méconnus et pourtant majeurs de la scène wallonne…

Mardi 7 décembre 2010

1_Olivier peux-tu nous expliquer les origines de Mandaï et qu’elles sont exactement vos activités (label, distro, distributions, concerts…) ?

Il y a près de 10 ans maintenant, nous sommes partis du constat avec deux amis que ce que nous écoutions à cette époque était difficile à trouver sur le marché et qu’il y avait toujours assez peu de monde aux concerts. Je peux citer des concerts de Guapo

Guapo

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, Ruins

Ruins

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, Present, Arab on Radar… où on devait être moins de 10 dans la salle. Donc on s’est premièrement dit qu’on ferait bien une commande groupée aux labels qui nous plaisaient et petit à petit, l’idée de les « représenter » a fait son chemin.
Actuellement, nous sommes uniquement actif dans la distribution classique (en magasins sur le BéNéLux), via notre Mail Order (Worldwide) et sur la promotion de nos sorties. Il arrive (ou est arrivé) que l’on fasse du management, du booking et quelques organisations de concerts, mais c’est souvent des one-shot. Peut-être que la structure évoluera vers le booking ou la production dans le futur ; ça dépend surtout de l’énergie, l’envie du moment. L’important, si on se lance dans une autre activité sérieusement est de pouvoir l’assurer à moyen terme.

2_Pour les non-Wallons, que signifie Mandaï ? Et pour tous, pourquoi avoir choisi un tel nom qui pour certains esprits mesquins peut avoir une connotation, disons peu valorisante ?

On imagine toujours le mandaï comme le petit gars oppressé occupé à bosser 15h dans une arrière boutique pour un salaire de misère. C’est loin d’être notre cas, à part pour la rémunération, vu que nous sommes tous bénévoles. C’est certainement plus par esprit de dérision que par sémantique que nous avions choisi ce nom, et puis, ça collait bien avec notre manière DIY de bosser.

3_Qu’est-ce qui vous a poussé dans ce projet, qui avouons-le avec le recul peut facilement paraître pour un peu fou ?

On ne s’est pas rendu compte tout de suite du manque et de la demande qu’il y avait pour la musique et les groupes que nous suivions aux débuts de Mandaï. Après avoir commencé le travail avec Skin Graft, nous avons attiré pas mal de zozos d’un peu partout, pour en arriver aujourd’hui à un catalogue de plus de 1500 références.

4_Le catalogue de mandaï compte une multitude de groupes et genres des plus pointus, comment faites-vous pour découvrir autant des groupes si divers ?
Du jazz qu’il soit ou non-core à la noise en passant par le post-rock voire le neo-classique post-rock (private joke), comment faites-vous pour couvrir autant de style, sans finir schizophrène ? Combien êtes-vous ? Quel est votre drogue ?

Au final, on ne distribue que ce qu’on apprécie ou des gens avec qui le contact humain se déroule bien. A la longue, nos goûts ont évolué et même si on reste fortement ancré dans la scène Rock pour la distribution, je pense qu’on a fait à peu près le tour. Il est donc normal, pour garder la motivation, de s’ouvrir à d’autres styles comme le Jazz, les expérimentations sonores, etc.
Nous n’avons pas vraiment d’impératifs financiers, ce qui nous laisse assez bien de liberté quant aux décisions à prendre.
A l’heure actuelle, nous sommes 3. Duby s’occupe principalement de toute la partie informatique, Christophe (Pif) donne un bon élan à la promotion depuis 2 ans et je m’occupe des affaires courantes. Maintenant, on est tous assez polyvalents et il est déjà arrivé que Pif encode des bases de données ou que Duby se mettent en contact avec des labels ou des clients. Ca se passe bien humainement et c’est le plus important.

5_Dans toutes les références au catalogue Mandaï, si tu ne devais choisir qu’un disque (vynil, cd), lequel serait-ce et pourquoi celui-là ?

Pour moi, on ne l’a pas encore sorti, sinon ce ne serait plus drôle. Il y a tellement de choses... Que ce soient les débuts de Lightning Bolt

Lightning Bolt

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ou Zu

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, Dälek

Dälek

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, des groupes étoiles fillantes comme Robotobibok ou Black Engine

Black Engine

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… Des groupes comme US Maple, Chevreuil

Chevreuil

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, Gastr del Sol ou bientôt Shipping News

Shipping News

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... Et d'énormes surprises comme MIR

MIR

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ou 16-17. Difficile à dire !

6_Mandaï a dans son catalogue pas mal d’artistes ou de label originaires d’Italie, pourquoi un tel attachement avec la péninsule ?

Il y a une dizaine d’années d’ici, nous avons reçu quelques disques du label Wallace et nous avons rencontré Mirko, le passionné à la base de ce label. Le courant est bien passé et après ça, nous avons reçu de plus en plus de demandes d’Italie. Il faut dire que la scène indépendante italienne était en pleine effervescence et que de nombreux labels, salles et groupes se sont développés ces dernières années.
On a vu débarquer des groupes comme Uncode Duello

Uncode Duello

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, Zu

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, Squartet, Aucan

Aucan

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, Tanake, … et vu le niveau, on ne pouvait simplement pas passer à côté.
Maintenant, j’ai un peu l’impression que ça stagne, mais un second souffle est toujours possible.

7_ comment percevez-vous l’évolution ou régression (c’est selon) de la scène belge ?
La question sérieuse…
Au niveau musical, je n’ai pas grand-chose à dire parce que je ne la connais pas vraiment à fond. Comme partout, il y a beaucoup de « suiveurs » (qui font mieux ou moins bien que les originaux) et peu de personnes qui font évoluer sensiblement les choses.
Là où je trouve qu’il y a un réel problème, c’est au niveau des subventions accordées aux artistes, alors que je trouve que ce sont les lieux de diffusion qui devraient bénéficier de meilleures infrastructures, en tout cas en Wallonie. Cela donnerait l’occasion aux organisateurs d’accéder à des artistes internationaux de manière plus confortable ou à des artistes locaux qui travaillent un spectre musical moins accessibles, ce qui favoriserait les échanges entre artistes d’ici et d’ailleurs.

Je pense que ce serait plus sain et que ça permettrait de renouveler ou fidéliser plus facilement un public.

8_Quels sont les projets de Mandaï pour 2011 ?

Nous avons un semblant de calendrier de sorties prévue pour 2011 et je suis en phase de reprendre un peu de booking. Maintenant, tout est possible : organiser quelques concerts, commencer la phase label ? Là, il n’y a encore rien de concret, nous verrons bien.

9_Comment percevez-vous, à titre personnel et à titre de label, l’évolution technologique et la dématérialisation de la musique ?

Le téléchargement nous a bizarrement toujours été bénéfique. Il m’est arrivé de discuter avec des gens en concert qui me disaient être venus parce qu’ils avaient aimé ce qu’ils avaient téléchargé et que si le concert leur plaisait, ils venait acheter le disque.
Il faut dire aussi que nous visons un public particulièrement responsable et qui sait que la vente de disques aident les artistes qu’ils apprécient.

En peu de temps, nous avons eu accès à un nombre incroyable de groupes et l’auditeur en est devenu de plus en plus sélectif et exigeant. A l’heure actuelle, on achète le disque davantage pour l’objet ou parce que l’on a réellement accroché au disque.

Vu ce qu’on distribue et notre approche, nous ne sommes pas vraiment touché par ce phénomène. Maintenant, nous ne sommes pas catégorisé pop et nous continuons à vendre des disques sortis il y a 10 ans. Nous sommes plus orienté sur une action culturelle pour faire découvrir des groupes, des musiques, que sur une action visant uniquement à liquider des stocks, c’est pourquoi nous n’avons jamais vu l’intérêt de faire du matraquage médiatique sur nos sorties.

10_ Mandaï est basé à Namur, capitale de la Wallonie, comment définirais-tu la scène musicale namuroise ?
Il y a eu toute une période faste dans les années 90’s grâce à toutes les structures qui organisaient les concerts un peu partout autour de Namur, Huy, Andenne, … Mais actuellement, la cadence a sacrément baissé.
Je ne pense pas que ce soit uniquement un problème politique, mais le fait que moins d’organisateurs osent prendre des risques et que les cachets des groupes ont énormément augmenté ces dernières années ne facilitent pas les choses.
Le public namurois est assez difficile à cerner de toute manière : certains se plaignent qu’il n’y a jamais rien à faire à Namur et lorsque quelque chose s’organise, personne n’est au rendez-vous.
Ceci dit, il y a toujours un noyau dur assez résistant et de nouvelles personnes qui s’investissent comme le Sgt Pepper qui vient d’ouvrir à Taviers et la nouvelle équipe du Belvédère.
Pour ce qui est de la scène locale elle-même, je ne peux pas vraiment en parler car je ne la suis pas énormément.

11_Dernièrement Joe Lally

Joe Lally

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(Fugazi

Fugazi

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) est passé par chez nous, considéré par beaucoup comme une légende, quel souvenir vas-tu garder de cette rencontre ?

Une rencontre humaine très sympathique et enrichissante. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, c’est toujours délicat de prendre en charge ou d’arriver comme un cheveu dans la soupe dans un groupe, mais pour le coup, j’ai été très agréablement surpris de la gentillesse et de la spontanéité des 3 membres du groupe.