Reportage

Quel zoo, ce Zu !

Bruxelles (Botanique), le 01-09-2025

Mercredi 3 septembre 2025



1er septembre : jour de rentrée ! Et le Botanique n’échappe pas … à la règle ! (calembour). Et pour se remettre vraiment dedans, quoi de plus productif que de réviser son italien... Et au programme de la soirée, c’est donc OvO
OvO


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et Zu
Zu


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qui s’installent au cœur de la Rotonde pour une leçon de conjugaison en cris gutturaux et une révision en basses vrombissantes, garanties sans sous-titres, mais avec beaucoup de décibels.


On pénètre d’entrée de jeu dans une atmosphère enfumée pour assister à la prestation de OvO
OvO


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, à ne pas confondre avec le spectacle du Cirque du Soleil… Il ne sera pas question de soleil, ni de Dolce Vita ici mais plutôt... des « Noise de Figaro ». Les protagonistes de cet opéra chaotique que sont Bruno Dorella et Stefania Pedretti débarquent comme s’ils avaient loupé l’horaire du tournage de la nouvelle série ‘Vikings’ et installent d’emblée un climat pesant et sournois. Alors voilà : dire qu’OvO
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ne ressemble à personne, c’est presque un euphémisme. Leur musique, c’est pas juste du noise rock, c’est pas juste du doom, ni juste de l’indus. C’est une espèce de soupe noire et épaisse, ultra viscérale, un exutoire total. On pourrait dire que c’est du sludge chamanique, ou du doom punk possédé. Un mélange toxique et vibrant, quelque part entre Swans
Swans


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, Diamanda Galás, Throbbing Gristle, et les rituels d’une secte dont tu ne veux pas vraiment connaître les détails. Depuis plus de 20 ans, Bruno et Stefania dont les dreadlocks donneraient des cauchemars à Max Cavalera développent leur propre langage sonore. Pas besoin de copier qui que ce soit : ils ont digéré tout un pan de l’avant-garde, du metal extrême et de l’électro lo-fi crade pour créer un truc qui leur est propre. Et pour ce dernier show de leur tournée, le duo va offrir un son brut, sale, rugueux, mais profondément maîtrisé. Le genre de musique qui ne cherche pas à plaire, mais qui veut purger. Purger les colères, les frustrations, les tensions — autant celles du public que les leurs. En utilisant une sorte d’équerre en plastique pour médiator, Stefania donne le ton de cette rentrée, c’est le cas de le dire… Mais ce soir, ce n’est pas du tout à un concert auquel nous avons assisté, c’est une désinfection émotionnelle. Une sorte de rituel de purification à coups de larsens, de rythmes cassés et de cris sortis du fond des entrailles. Silence jusqu’à la toute dernière note et mission accomplie : OvO
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n’a pas fait de première partie, ils ont fait un crash-test auditif grandeur nature. Et après ça, Zu
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pouvait débarquer tranquillement : le terrain était déjà fumant, sacralisé, et probablement classé zone sinistrée par l’OMS…



Jazzcore, noise, punk, metal, experimental, tout ça à la fois et rien de tout ça non plus. Certains appellent ça ''bruitiste'', d’autres “performance rituelle”, et les plus sensibles “attaque auditive non consentie”. Mais soyons clairs : Zu
Zu


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n’est pas là pour te faire un massage sonore aux huiles essentielles. Débarqués en 1997 depuis la ville d’Ostie, ils ne sont pourtant pas venus pour partager le corps du Christ, mais quitte à faire des petits morceaux autant que ça soit avec nos tympans ! Leur CV ? Long comme une dissonance bien tenue. Ils ont joué avec Mike Patton (Faith No More
Faith No More


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, Fantômas
Fantômas


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, Tomahawk
Tomahawk


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, Mr. Bungle
Mr. Bungle


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) , les Melvins
Melvins


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ou encore Dälek
Dälek


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, plus d’une quinzaine d’albums au compteur et des tonnes de concerts ! On a personnellement un petit coup de cœur pour cet excellent « Carboniferous » paru en 2009. Sur scène, on attend donc avec impatience la toute puissante déflagration, une tuberculose sonore sur le point d’exploser ! Arrivant sur scène sous de sinistres bruits caverneux, Luca Tommaso Mai, sax baryton en main, donne immédiatement le ton et fait sonner son instrument comme une corne de brume dans le brouillard. Le son est profond, abrasif, jazz, mais attention, pas le jazz de fond de café arty : le jazz qu’on écoute quand on se fait tatouer dans une décharge, passé minuit. Et derrière, le batteur Paolo Mongardi ne fait pas de la figuration. C’est lui qui envoie la sauce « metal », sans pitié, sans pause-café. Et puis y’a Massimo Pupillo à la basse. Toujours là, toujours carré, toujours dans la zone. Il donne à tout ça un poids, une épaisseur, une sorte de glu sonore ultra saturée. C’est lui qui soude les pièces du monstre, pendant que les deux autres jouent avec les étincelles...



Le groupe alterne entre passages plus aériens et fureur industrielle, on se serait presque sentis convoqués dans un film de Carpenter à un moment, et les morceaux s’enchaînent ainsi sans réelle pause. Pas de blabla. Zu
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ne parle pas : Zu
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énonce, Zu
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professe, Zu
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implose. Chaque titre est un chapitre de fin du monde différent. Un effondrement progressif mais artistique. Le son, globalement ? Millimétré, presque trop précis pour être humain. On sent l’expérience, le contrôle, la maîtrise… La batterie ? Une centrale thermique rythmique, entre syncopes tribales et bastonnade métronomique. Mongardi tabasse les fûts comme s’il essayait de déterrer un secret bien enfoui sous la Rotonde. Et spoiler alert : il y arrive ! Et les deux autres lui balancent des regards comme s’il était la seule boussole dans tout ce maelström sonore. Le sax passe dans une boîte à effets au nom probablement interdit par la convention de Genève, le son devient une véritable purée noise, Luca crache ses coups de sax comme des obus, Massimo appuie sur l’accélérateur et là, c’est le chaos organisé ! Et effectivement, plus ça avance, plus on plonge dans un délire sonore quasi mythologique. Une tension qui grimpe, qui serre, qui enveloppe. À un moment, l’ambiance devient tellement tendue que l’on pourrait presqu’entendre une goutte de sueur tomber sur une pédale d’effet. Puis, ça rebascule. Changements de rythmes en pagaille… Une voix féminine plane, psalmodiant peut-être du latin, ou une recette de gnocchis démoniaque, difficile à dire... Un final en forme d’épilogue occulte, digne d’un film de possession tourné au Vatican, avec des amplis en guise d’autel pour dix dernières minutes de clôture mystico-hallucinée. On en ressort flingué, sourire aux lèvres, les yeux dans le vague, les oreilles encore bourdonnantes. On a bu du petit lait mais avec un putain de katana dans le larynx...



Remerciements au Botanique

Ce live report est également disponible sous format vidéo via ce lien :



Texte, photos et vidéo : Panda
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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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