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Elena Lacroix : « Sentir pleinement sa musique en étant en accord avec soi-même »

Mardi 12 septembre 2023

Elena Lacroix a 21 ans et suit un master de médecine à l’Université de Liège. Entre ses cours, elle compose, écrit, chante, joue de plusieurs instruments de musique.
Fondatrice, chanteuse et guitariste d’Eosine
Eosine


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(dream pop), elle traine aussi avec Lethvm
Lethvm


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(sludge/doom metal), au chant et au clavier.
Son premier album solo, sous le nom de Tokyo Witch
Tokyo Witch


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(ambient folk), sortira en décembre.
Assez impressionnante de créativité et de maturité, Elena Lacroix nous ouvre les portes de son univers où les choses pourraient avoir l’air incompatibles mais où tout a un sens. Celui du cœur, des tripes et de la passion pour la musique.



Crédit photo : Estelle Grandh


Bonjour Elena, comment vas-tu ?
Super bien !

La musique et toi, ça a commencé comment ?
Il y a très longtemps (environ 21 ans), j’ai chanté avant de parler ! Mes parents sont musiciens, et j’ai toujours entendu de la musique dans ma famille, sans jamais me poser la question de si ça ferait partie de ma vie ou pas, c’était très naturel pour moi. J’ai eu quelques cours de piano petite mais suis autodidacte pour le reste parce que ce que j’aime par-dessus tout, c’est écrire mes propres morceaux. Les premiers datent de 2018, après qu’un concert de Pale Grey
Pale Grey


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m’ait vraiment fait conscientiser que je voulais faire ça.

Pourquoi tu es restée accrochée à la musique ? Qu’est-ce qu’elle t’apporte ?
C’est un peu mon seul moyen d’expression. J’ai toujours ressenti les choses assez fort et à ma façon. La musique a été un peu ma manière d’extérioriser tout ça. Et je me suis rendu compte que c’était ce qui me permettait de canaliser, mais aussi de me défouler et de réfléchir à plein de situations sur lesquelles j’écris. Au fil des années, je rencontre de plus en plus de gens de la scène musicale belge et certains deviennent de très bons amis. Ça a un énorme rôle social aussi, il y a un contexte qui permet de rencontrer des gens et de s’en rapprocher super facilement et c’est vraiment hyper important.

« Et simplement, les concerts, la scène, c’est un endroit où j’ai confiance en moi et où je me sens bien, où je ne me pose pas de questions. Bref, ça remplit pas mal de besoins de l’être humain en fait ! »

Que renvoies-tu via la musique ? Que cherches-tu à faire passer ?
J’écris principalement sur des émotions personnelles et immédiates, la musique est vraiment un exutoire et une manière d’exorciser un peu tout ce que je ressens. Ça parle d’amour évidemment, mais sous beaucoup d’aspects et comment exister, trouver sa place parmi les autres, dans son couple, dans son cercle d’amis, dans la société, et tout ça quand on a 20 ans. C’est fort introspectif, mais j’essaie de rendre toutes ces expériences les plus universelles possibles parce que je pense que ça parle à énormément de gens, les questions existentielles, identitaires, amoureuses, dans le monde qu’on nous a laissés !

« J’ai besoin de me reconnaitre dans les paroles et de les vivre sur le moment pour pouvoir donner le plus possible en concert, pour moi, pour le groupe et pour les gens qui regardent ! »

Une autre chose que j’essaie de faire passer en jouant de la musique, c’est qu’il n’y a pas besoin de technique, de cours, de s’y dévouer complètement et de se faire du mal. La musique c’est pour tout le monde et personne ne devrait être complexé suite à ce qu’on montre sur les réseaux. Je crois que le message principal, c’est l’assumation de soi dans tous les sens du terme.

En plus du chant, du clavier et de la guitare, tu composes aussi. Ces différentes disciplines sont-elles complémentaires pour toi ou chacune t’apporte quelque chose de différent ?
En fait, je ne considère pas vraiment que ce soient des disciplines, car je suis autodidacte et je ne maitrise parfaitement aucun instrument ! L’objectif principal de tout ça est finalement de pouvoir composer des morceaux qui sont cohérents avec ce que je ressens. Ça passe par des moments plus envolés avec beaucoup de pistes, ce qui m’a demandé d’apprendre la basse, le synthé, d’apprendre à programmer des batteries, etc. La composition, c’est vraiment une finalité en soi pour moi. Mais j’ai fini par vraiment apprécier jouer, et je me rends compte que chaque instrument apporte un style de composition complètement différent. En entendant le résultat final, les autres membres du groupe savent dire si le morceau a été de base composé au piano ou à la guitare ! Mais mon but final, c’est d’exprimer quelque chose, et je le fais au travers de la composition, qui me demande du coup de
pouvoir jouer d’un peu de tout, pas très bien, mais d’un peu de tout !



Eosine
Eosine


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, c’est ton projet, tu en es la fondatrice. Qu’est-ce que ce groupe représente pour toi ?

Eosine
Eosine


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, c’est vraiment un bébé, c’est ce pour quoi je travaille le plus, c’est un projet à long terme pour lequel je mets tout mon coeur ! Le fait d’être leader d’un projet, c’est chouette parce que je suis très libre de l’emmener où je veux, et les musiciens d’Eosine
Eosine


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(Dima, Brieuc et Benjamin) sont très enthousiastes de la direction que prend le projet et s’impliquent de plus en plus. Evidemment, ça veut aussi dire beaucoup de responsabilités et de boulot. L’équipe s’agrandit et ça m’aide vraiment à pouvoir ne me concentrer que sur la musique, les vidéos projetées et le visuel du projet. La configuration actuelle est vraiment adéquate et me permet de donner vie aux morceaux, à leur forme finale et plus énergique, plus catalysante aussi pour moi. C’est vraiment un bel
équilibre.

Eosine
Eosine


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est un groupe à suivre, en devenir qui retient régulièrement l’attention des médias. Tu en es très souvent la porte-parole. Comment vis-tu cette reconnaissance et cette médiatisation ?

C’est assez étrange, car quand j’ai commencé ce projet, c’était dans ma chambre, c’était pour déclarer mon amour à quelqu’un ou pour dire que c’est compliqué de se faire des potes ! Tout est allé assez vite, le projet sous cette configuration a un an et demi, et quand on s’est inscrits au Concours Circuit, on n’avait strictement aucun espoir ! Tout s’est bien mis et on a vraiment eu de la chance, alors on s’est dit qu’il fallait saisir le moment et en tirer le plus possible. J’ai appris à mieux m’exprimer, à mieux parler du projet. C’est aussi grâce à l’exposition du Concours Circuit, on a eu énormément de bénéfices tant directs qu’indirects. Et ça me plait de parler de ce projet qui me tient tant à coeur, alors, plus il y a de gens qui en entendent parler, plus c’est motivant et plus ça nous donne envie de jouer et de bosser !

Pourquoi, selon toi, certains groupes/artistes, font la différence ?
En 2023, je pense que beaucoup de groupes/artistes sont en recherche d’identité, ce qui est normal car énormément de choses ont déjà été explorées. Parfois, ça passe par une espèce de course à l’expérimental en oubliant le pourquoi on fait de la musique au départ.

« Je pense que ceux qui font la différence, c’est ceux qui sont dans la nuance : ceux qui proposent des choses nouvelles en sentant pleinement leur musique et en étant en accord avec eux-mêmes. »

Le groupe qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est Psychotic Monks ! Localement, on a aussi pas mal d’artistes/groupes qui suivent cette lignée-là : Diemen Sniep
Diemen Sniep


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, Naked Passion
Naked Passion


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, Condore, etc. C’est vraiment transcendant ! Alors si en plus, iels sont connecté.e.s aux valeurs environnementales et humanistes, je ne peux que les soutenir !


Crédit photo : Antoine Larsille

Lethvm
Lethvm


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, c’est arrivé comment ?

Vincent Dessard, le leader de Lethvm
Lethvm


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, passait par le KulturA lors du Insert Name Festival en 2022.
C’est un festival orienté metal, post metal, et c’est donc assez logique d’y croiser des gens comme
Vincent et d’autres musiciens de la scène plus hard de la région. Nous avons eu la chance d’y jouer et à l’époque, il y avait un piano de scène dans notre setup et j’en ai joué sur quelques morceaux.
Vincent m’a demandé si je voulais bien venir jouer du clavier pour une date, le Dunk! Festival, quelques semaines plus tard. Puis deux, puis trois, etc. J’ai tout de suite accroché à l’univers et aux membres du groupe.

Lethvm
Lethvm


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est un univers assez différent de celui d’Eosine
Eosine


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. Comment tu jongles entre les deux ?

C’est au premier abord assez différent, c’est plus dur, Vincent est un super chanteur qui explore tant le clean que le saturé et c’était assez nouveau pour moi de jouer dans ce genre de projets, même si j’ai toujours été amatrice de ce style de musique. Mais finalement, le principe n’est pas très éloigné.

« Il y a aussi ce côté écorché, ce côté un peu (fort) tourmenté et qui vient du coeur, et qui est vraiment ce qui me plait dans la musique en général. »

Les deux projets sont très complémentaires, simplement parce que je n’y joue pas du tout de la même manière, je suis plus en avant dans Eosine, et plus instrumentiste et au service de la musique dans Lethvm. Le chant saturé a fini par trouver sa place dans Eosine, et les harmonies vocales clean dans Lethvm ! C’est aussi rencontrer plein de nouvelles personnes d’un autre milieu, pour finalement se rendre compte qu’on tombe aussi souvent sur les mêmes gens et c’est chouette de voir que le même public est très ouvert à énormément de styles différents.

Es-tu attachée à la scène liégeoise (au fait d’être belge) ou vois-tu plus loin sans t’embarrasser de tes racines/origines ?
La scène liégeoise est extrêmement riche, et aussi très consanguine et je trouve ça super. Il y a un esprit de partage et de rencontres, de mélange. Au sein des groupes, on trouve souvent les mêmes personnes, sans pour autant que ce soit fermé à de nouveaux musiciens qui voudraient faire partie de cette joyeuse folie ! Dans Eosine, on a Benjam, qui est le batteur de Constantine, et Dima, le chanteur de Naked Passion
Naked Passion


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. On a souvent des remplaçants d’autres groupes, qui finissent par devenir des amis, qui nous rappellent pour venir remplacer dans les leurs. C’est vraiment effervescent !

« Je remarque vraiment que quand on joue ailleurs, les gens sont souvent curieux et enthousiastes quand on parle de nos origines liégeoises. »

Je trouve que c’est un véritable petit berceau, à notre échelle de Belges évidemment, mais depuis des dizaines d’années, et maintenant, de nouvelles générations assurent le futur de cette fourmilière. C’est vraiment chouette d’en faire partie.


Crédit photo : Quentin Perot

Entre tes études (pas rien quand même médecine) et tes projets musicaux, comment répartis-tu ton temps?
C'est fort compliqué. Jusqu'à présent, j'ai pu regarder des podcasts car en médecine, avec les stages, tous les cours sont enregistrés. J'organise les cours autour des évènements musicaux fixes et pas l'inverse ! Cette année, on verra.

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
De continuer à découvrir ce chouette milieu bien peuplé et de peut-être un jour pouvoir vivre de la
musique que je fais !

Si tu veux ajouter quelque chose, n’hésite pas.
Mon premier album solo, sous le nom de Tokyo Witch
Tokyo Witch


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, sort en décembre ! Je viens de lancer un crowdfunding pour presser mon premier vinyle. C’est un projet ambient folk qui me tient fort à cour
et que je me réjouis de partager !



Barbie ou Oppenheimer ? Oppenheimer ! Deux fois même.
Chien ou chat ? Chat. Deux fois même !
Montagne ou plage ? Très montagne (j’en utilise énormément dans les vidéos projetées en live !)
Saut à l’élastique ou lecture d’un bouquin ? Plutôt bouquin, avec quelques tendances casse-cou quand même !
Scène ou studio ? Joker ! Les deux sont de vrais buts desquels je me réjouis à chaque fois !
On trouve qui dans ta playlist audio ? Principalement Radiohead
Radiohead


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! Et tout un tas d’autres trucs qui semblent pas très cohérents les uns avec les autres comme Tamino, Cocteau Twins, Swans
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, Fontaines D.C
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, Jeff Buckley, Bach ou la musique de Minecraft.
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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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