Reportage

Ultima Ratio Fest 2023 : Si tu t'appelles Mélancolie...

Anvers (Trix), le 04-10-2023

Vendredi 13 octobre 2023



Après une édition 2022 remplie de succès et qui avait vu se succéder des formations aussi aguerries que Moonspell
Moonspell


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, Insomnium
Insomnium


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ou encore Borknagar
Borknagar


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, le festival itinérant Ultima Ratio proposait à nouveau une savoureuse brochette, de quoi donner l’eau à la bouche des amateurs de metal intense et mélancolique. Pour cette fraîche mouture, c’est en effet aux troupes de Paradise Lost
Paradise Lost


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, Primordial
Primordial


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, Omnium Gatherum
Omnium Gatherum


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et Harakiri For The Sky
Harakiri For The Sky


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que l’appel fut lancé… Et fort heureusement entendu ! Direction le Trix afin de prendre part aux hostilités de cette glaçante soirée…


Une soirée qui ne commence pas de la meilleure des manières pour votre serviteur qui, bloqué dans les embout’ à Zaventem, loupera la majeure partie du concert d’Harakiri For The Sky
Harakiri For The Sky


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. Cependant, suffisamment pour constater que les Autrichiens ne bénéficient pas du meilleur son qui soit et qui est loin de rendre justice à la qualité de leur post-black dont il est pourtant facile de distinguer les riffs mélodiques, les aboiements désespérés et les passages expérimentaux d’une fureur crasseuse et noircie à outrance (comme sur Sing for the Damage We've Done). On profite tout de même du picking immaculé de Calling the Rain et de ses harmonies rédemptrices mais la bouillie sonore entendue une nouvelle fois sur les passages plus énervés ne nous fera que légèrement regretter notre absence en début de show. À revoir dans de meilleures conditions et en entier cette fois ! Sorry, guys !



Les Finlandais d’Omnium Gatherum
Omnium Gatherum


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vont ensuite offrir une prestation d’une très grande maîtrise en distillant çà et là leur death melo avec une aisance monstre. De prime abord assez sombre, leur musique a su évoluer au fil du temps et se veut beaucoup plus lumineuse qu’à l’accoutumée. Jukka Pelkonen et sa troupe balancent d’entrée de jeu un tout nouveau morceau (Slasher), rapide et puissant plébiscite aux démons intérieurs dont on sait qu’ils peuvent être un ennemi mais aussi un allié de poids parfois… Fraîchement débarqué, le guitariste Nick Cordle (ex-Arch Enemy
Arch Enemy


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) démontre tout son savoir-faire et semble aussi à l’aise qu’un poisson dans son bocal. On poursuit dans une veine très AOR pour le coup avec Paragon, son mélange de death metal avec une sorte de fanfaronnade délicatement caressée par un refrain scandé en chant clair. Le tout est combiné à un glorieux galop à la ‘Iron Maiden’, parfait équilibre entre saine agressivité et mélodie accrocheuse. Impossible de ne pas évoquer Dark Tranquillity
Dark Tranquillity


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à l’écoute de Ego et ses riffs percutants comme on en faisait au début des années 2000. Une sensation très conventionnelle d’essence power metal mais jouée de façon particulièrement sinistre. Markus Vanhala semble prendre du bon temps et la connexion avec son nouveau collègue de jeu est rapidement trouvée. Le duo fait des merveilles sur Reckoning où l’on imagine In Flames
In Flames


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passer du bon temps du côté de Sunset Strip en 1985. L’imposant claviériste Aapo Koivisto est au four et au moulin afin de distiller soigneusement des nappes de synthé aussi savoureuses les unes que les autres. Se voulant à multiples facettes, le groupe revient quelques pas en arrière et envoie Soul Journeys dont la frénésie et le passage instrumental rappellent leurs compatriotes de Wintersun
Wintersun


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. On ne pourra reprocher à Jukka Pelkonen de tenter tout ce qu’il peut pour haranguer l’assemblée mais celle-ci ne semble pas décidée à se défouler. Son growl parfait imprègne pourtant Frontiers et Gods Go First, lourds et tranchants pavés death melo comme on les aime. On prend congé du band nordique avec les huit minutes de Solemn, ultime envolée mélancolique faisant la part belle à des riffs mordants et à de larges périodes de calme où la basse de Mikko Kivistö joue un important rôle. Des mélodies fortes qui tentent de se frayer un chemin certes tortueux afin d’accentuer toute la noirceur du propos, procurant par la même occasion un baiser final doux-amer. Une démonstration de plus qui ne peut que nous faire dire qu’Omnium Gatherum
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est bien un groupe sous-estimé…



C’est à une tout autre poésie que nous avons affaire ensuite. Primordial
Primordial


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est dans la place et le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’on va avoir affaire à une performance à l’intensité dévastatrice. Il va sans dire qu’Alan Averill captive d’emblée l’audience par sa gestuelle et ses expressions faciales dérangeantes. Et pourtant, tout ne commence pas de la meilleure des manières avec As Rome Burns pour lequel le groupe peine à trouver le bon rythme et surtout le bon son, les percussions étant bien trop omniprésentes que pour pouvoir être appréciées sans inconfort. Fort heureusement, la machine se met en marche bien rapidement avec le morceau éponyme de leur toute nouvelle plaque (How It Ends). L’encapuchonné Irlandais au teint livide éructe un cri déchirant s’évaporant dans une atmosphère pesante bien aidée par des lights d’un vert lugubre. On poursuit avec To Hell or the Hangman qui déborde d'une énergie indéniable et qui voit le band puiser dans les coffres de Killing Joke
Killing Joke


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. La marche doom Pilgrimage to the World's End continue de s’inscrire dans la tradition narrative à laquelle Primordial
Primordial


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nous a toujours habitués et pose les questions auxquelles chacun.e est confronté.e lorsque l’on revient sur les choix qui définissent notre vie. Dans ce contexte bien plombant, l’énergie déployée par ces riffs conquérants, ces inspirations celtiques et toute la violence héritée du black metal forment un ensemble homogène dont le point culminant émotionnel reste à mon sens ce Coffin Ships poignant et sinistre à la fois. Intensité, rythmiques implacables et mur de son ultra entraînant sont au rendez-vous. Mais toute la force des Irlandais est de faire fonctionner cette exaltation avec une profonde gravité, véritable gage de leur identité. À ce stade du show, si vous fermiez les yeux pour vous concentrer sur les différents instruments, vous pourriez tout entendre à merveille et en même temps vous rendre compte de la force se dégageant de la scène : passion, authenticité et classe vont forcément de pair. En osmose avec son public, le groupe doit beaucoup au charisme de son frontman qui permet à la tension accumulée de se libérer, jusqu'aux derniers instants de la poignante Empire Falls. Une corde de pendu autour du cou et la tête baissée, Alan Averill se recueille une dernière fois devant la foule qu’il vient de mettre K.O. mais qui paradoxalement déborde de gratitude. Pour l’avoir vécue, nous ne pouvons que conseiller cette croisade païenne extrême et renversante… Du tout grand art !



Si les trois formations précédentes bénéficiaient de beaux et imposants habillages de scène, dire que la tête d’affiche de cette soirée va faire dans le dépouillé est un euphémisme puisque c’est dans le plus simple appareil (façon de parler) que Paradise Lost
Paradise Lost


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va tenter de captiver son public. Le groupe, qui possède 16 albums au compteur (le 17ème devrait sortir dans le courant de 2024), continue d’écumer les scènes avec toujours autant de régularité sans jamais montrer de signes d’essoufflement. Ayant démarré sa carrière avec un death/doom mélancolique (à l’instar de leurs comparses de My Dying Bride
My Dying Bride


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et Anathema
Anathema


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) et les chefs-d’œuvre que sont « Icon » et « Draconian Times », la formation britannique va prendre le contre-pied à la fin des nineties et, gavée par les comparaisons incessantes avec Metallica
Metallica


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, va s’orienter vers une synthpop et un rock electro à la Depeche Mode
Depeche Mode


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dont les albums « One Second » et « Host » en seront d’ailleurs la quintessence sans pour autant perdre leurs influences gothiques. Le milieu des années 2010 avec notamment « The Plague Within » les voit enfin revenir à leurs racines doom pour lesquelles Nick Holmes reprend son growl ancestral. Il ne fait dès lors aucun doute que nous allons donc assister à une sorte de ‘best of’ puisant dans les 3 vies des cadors d’Halifax. C’est tout en sobriété qu’arrivent sur scène Nick Holmes, Greg Mackintosh, Aaron Aedy, Stephen Edmondson et le nouveau venu Guido Montanarini à la batterie. Dès le départ, la magie opère comme par Enchantment avec ces premières notes de piano conférant une atmosphère cinématographique rapidement suivie par ces notes de guitare et ces chœurs angéliques. Nick Holmes prend le temps de chauffer sa voix pour la suite et notamment Forsaken, plus agressif dans sa construction mais moins rythmé et bien moins épique en live que sur CD. Dommage… Mais l’ensemble se reprend pour le morceau suivant qu’est Faith Divides Us - Death Unites Us, petite perle goth’ émouvante et sombre dont le refrain prend aux tripes et vous colle la chair de poule. Au contraire de Requiem qui malheureusement pèche quelque peu à ce stade du show. Bien que ses couplets granuleux et ses riffs démolisseurs fassent le taf, la basse est bien trop mise en avant et gâche un peu le plaisir de la mélodie. Re-flûte ! Mais chez Paradise Lost
Paradise Lost


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, la vérité d’un jour n’est jamais celle du lendemain. Nick balance : « Are you happy in your life ? » avant que le groupe n’entame One Second dont on aurait souhaité qu’elle dure une éternité…



Aaron Aedy se dandine toujours autant et sa bonhomie fait plaisir à voir pendant que Greg Mackintosh reste aussi concentré que possible sous le peu de dreadlocks qu’il lui reste. Son jeu de guitare particulièrement inventif et intemporel surgit du néant afin de fournir ces mélodies plaintives comme sur le fort bienvenu Hallowed Land ou encore The Enemy, pur titre au refrain irrésistible. Bien sûr, une grande partie du public réclame son lot de hits à l’image de ce spectateur apostrophant le quintet après nous avoir servi un As I Die bien corsé comme il se doit : « Old shit is good shit ! ». Le lourd No Hope In Sight, illustrant leur grand retour au death/doom en 2015, cogne sévère et le chant rugueux de Nick réveille les maux de plus de mille âmes errantes. Nul doute que son petit séjour chez les Suédois de Bloodbath
Bloodbath


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lui aura servi à remettre son growl en selle ! L’abîme attendra encore un peu même si Embers Fire n’est pas loin de nous y emmener… Le temps passe à une vitesse folle et c’est déjà l’heure du rappel : l’intro de Say Just Words résonne alors dans l’enceinte du Trix et les sourires sont loin d’être difficilement repérables. La salle se transforme en piste de danse et on ne saurait pas faire autrement que de se déhancher à l’intérieur de cette ‘boîte de nuit de l’enfer’ admirablement représentée par la chanson de clôture qu’est Ghosts. Désormais classique parmi les classiques, c’est le morceau parfait pour guincher en fin de soirée comme la Batcave londonienne en raffolait au début des années 80. Avec une grosse influence Sisters of Mercy, une basse galopante et son tempo accrocheur, ce final dantesque est unanimement salué par la plèbe locale. For Jesus Christ…



Eh bien, doux Jésus ! Que ce fut bon ! On pourra certes reprocher au groupe un certain manque de prise de risque, un show extrêmement court (une petite heure et puis c’est tout) ou encore d’avoir omis l’excellent « Medusa » sorti en 2017 mais l’ensemble aura néanmoins tenu de belles promesses. On pourra les retrouver au Headbanger's Balls Fest d’Izegem et à l’Alcatraz Metal Festival de Courtrai l’an prochain.

Remerciements à Anne (Feat First Management)

Photos : Nicolas Lambinet
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AUTEUR : Panda
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, pas...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...
Mordu de concerts depuis de nombreuses années, Panda aime écumer les salles, clubs et festivals de tout le pays. Bibliothécaire-documentaliste, passionné d'Histoire, de théâtre, de bande dessinée et de football, il est très (voire trop) éclectique dans ses goûts musicaux (metal/rock mais aussi pop, folk, new wave, electro). Il a rejoint l'équipe de SMA en février 2016 en tant que chroniqueur de concerts désireux de partager ses expériences live ! ...

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