Article

Christophe Szpajdel

Rencontre avec le seigneur des logos


Dimanche 13 avril 2014

Rencontre avec un artiste belge, Christophe Szpajdel, le fameux "Lord of the Logos", qui a réalisé plus de 7000 logos de groupes dont Emperor
Emperor


Clique pour voir la fiche du groupe
, Abigail Williams
Abigail Williams


Clique pour voir la fiche du groupe
, Arcturus
Arcturus


Clique pour voir la fiche du groupe
, Borknagar
Borknagar


Clique pour voir la fiche du groupe
, Enthroned
Enthroned


Clique pour voir la fiche du groupe
, Falkenbach, Fleshgod Apocalypse
Fleshgod Apocalypse


Clique pour voir la fiche du groupe
, Horna
Horna


Clique pour voir la fiche du groupe
, Melechesh
Melechesh


Clique pour voir la fiche du groupe
, Moonspell
Moonspell


Clique pour voir la fiche du groupe
, Old Man's Child
Old Man's Child


Clique pour voir la fiche du groupe
, Tsjuder
Tsjuder


Clique pour voir la fiche du groupe
et Wolves in the Throne Room
Wolves in the Throne Room


Clique pour voir la fiche du groupe
.

Certains de ses logos sont actuellement exposés au restaurant de l'Ancienne Belgique à Bruxelles.





© ChamO


Christophe Szpajdel : Le black metal a commencé en 1984. Ce n'est pas pour rien que cette exposition a lieu en 2014, 30 ans après. Ça fait 30 ans que j'ai commencé à écouter du black metal, à l'âge de 14 ans. J'ai découvert cette scène grâce au magasin Discomania, quelques rues plus loin. Je passais mes samedis après-midi à chercher des bons disques. C'est comme ça que j'ai déniché les premiers Venom
Venom


Clique pour voir la fiche du groupe
, les premiers Slayer
Slayer


Clique pour voir la fiche du groupe
à prix réduit. Je ne pouvais pas m'acheter des disques neufs car ça coûtait trop cher. Chez Discomania, il y avait de temps en temps des démos en import ou en liquidation. Michel Kirby, qui faisait Noise Metal Magazine, y bazardait des démos de groupes qui ne lui plaisaient plus et j'en ai acheté pas mal de groupes peu ou pas connus comme Vacant Grave du New Jersey, qui n'ont jamais sorti d'album. C'est dommage car c'est resté un bijou caché du black metal que personne ne connait. Dans les groupes plus connus, on mentionnera Venom
Venom


Clique pour voir la fiche du groupe
, qui ont inspiré Mayhem
Mayhem


Clique pour voir la fiche du groupe
, qui sont la raison pour laquelle il y a cette expo, avec leur single Mayhem with Mercy. Leur musique crue et rentre dedans était ce qui se faisait de plus extrême dans le metal. Venom
Venom


Clique pour voir la fiche du groupe
ont eux-mêmes été inspirés par Motörhead
Motörhead


Clique pour voir la fiche du groupe
, Black Sabbath
Black Sabbath


Clique pour voir la fiche du groupe
, qui sont les pionniers du black metal, ceux qui l'ont pressenti comme Léonard de Vinci a pressenti l'aviation. C'est autour de Venom
Venom


Clique pour voir la fiche du groupe
, Mercyful Fate
Mercyful Fate


Clique pour voir la fiche du groupe
, Celtic Frost
Celtic Frost
Clique pour voir la fiche du groupe
, le premier Slayer
Slayer


Clique pour voir la fiche du groupe
, Show No Mercy, que s'est forgée l'identité du black metal. C'est là que j'ai commencé à aimer tous ces logos comme ceux de Venom
Venom


Clique pour voir la fiche du groupe
, Kreator
Kreator


Clique pour voir la fiche du groupe
, Sodom
Sodom


Clique pour voir la fiche du groupe
et King Diamond
King Diamond


Clique pour voir la fiche du groupe
. C'est ça qui m'a inspiré à faire des logos. J'ai commencé à en faire en 1987 quand j'ai découvert un véritable eldorado de groupes peu connus. Sepultura
Sepultura


Clique pour voir la fiche du groupe
étaient sur le point de sortir Morbid Vision, Bestial Devastation, ...


Comment as-tu commencé à faire des logos pour des groupes ?

C.S. : J'achetais des démos, je faisais du tape trading, je faisais des artworks à gauche et à droite. En 1988, j'ai rencontré un gars qui faisait un fanzine dans ma région qui m'a dit qu'un groupe, Morbid Death
Morbid Death


Clique pour voir la fiche du groupe
, cherchait un logo. En 1989, un groupe finlandais qui s'appelait Disgrace (voir logo) voulait un logo death metal. J'ai un peu surpris les groupes et ça a fait effet boule de neige.
En 1991, ça s'est accéléré quand j'ai fait des logos comme Filii Nigrantium Infernalium (voir logo), Emperor
Emperor


Clique pour voir la fiche du groupe
(voir logo), Moonspell
Moonspell


Clique pour voir la fiche du groupe
(voir logo). C'était en janvier, quand j'étais entre deux sessions d'examens. J'ai surpris Emperor
Emperor


Clique pour voir la fiche du groupe
en leur envoyant un logo, un truc bien iconique. Je l'ai sorti d'un coup, sur une feuille de bloc de travail.

Le black metal est diversifié comme un arbre avec ses branches et ses subbranches. Quand on regarde mes logos, on voit qu'il y en a qui sont inspirés par la nature, par l'esprit du black metal. Un exemple qui m'a inspiré pour l'esprit arborescent du black metal, c'est le logo de Darkthrone
Darkthrone


Clique pour voir la fiche du groupe
. C'est un peu ma vision du black metal, beaucoup de logos arborescents, liés avec la nature, pas nécessairement avec des symboles comme des croix renversées.


Comment ça se passe quand un groupe te demande de faire son logo ?

C.S. : D'abord, je discute un peu avec eux. Je prends le temps de vraiment faire connaissance. Je regarde si le groupe est vraiment intéressé de travailler avec moi. J'annonce mon prix, qui est de 60 (environ 43€), ce qui repousse tous les gens qui ne sont pas sérieux ou qui pensent qu'ils peuvent avoir un logo gratuit sans aucun problème.
Une fois que j'ai reçu l'acompte de 30, je leur demande un briefing. Un lien avec leur musique est également nécessaire, mais non suffisant. C'est arrivé qu'un groupe de death metal me demande un logo Art déco ou Art nouveau dans un style super clean, un peu comme The Black Hand, qui font du death metal mais voulaient un logo black metal, Art déco. La même chose avec un groupe mexicain de black/folk, The Golden Age, qui m'ont demandé un magnifique logo Art déco avec des éléments de mythologie azthèque.
Le client me donne un briefing, des directives bien particulières. Je n'aime pas quand les clients sont vagues.
Du premier croquis au logo final, ça peut prendre un jour comme ça peut prendre six mois et même plus.
Je scanne mes logos à la bibliothèque à Exeter, je les sauve sur USB et puis je les envoie par e-mail à mes clients.



© ChamO


L'Art nouveau a été une énorme influence pour moi, tout comme l'Art déco. Le logo de Araziel (voir logo) par exemple est inspiré par le Jugenstil et le Wiener Secession. Le logo de Imundus a été inspiré par Victor Horta. Celui de Belle Rouge a été inspiré par Toulouse Lautrec. Le logo de A Hill to Die Upon (voir logo) a été inspiré par l'Art nouveau mais également par le site sur lequel je me suis trouvé, dans le Dartmoor.


Comment en es-tu venu à t'intéresser à l'Art déco et à l'Art nouveau ? Tu as fait des études artistiques ?

C.S. : Pas du tout. J'ai en fait fait des études d'ingénieur agronome. Mais j'ai été attiré par l'Art nouveau depuis mon enfance. L'Art nouveau est encore utilisé, comme par exemple sur ce flyer (voir flyer) qui est un exemple parfait du revival de l'Art nouveau. On retrouve l'Art nouveau dans le psychédélique, le stoner, l'aspect stoner du black metal.
Ce qui est bien dans l'Art déco, c'est cette géométrie, la symétrie, la structure.
Dans l'Art nouveau, Victor Horta est le premier à avoir inventé ça, c'est la valorisation de l'espace. Comment les lettres vont remplir un espace. C'est vraiment une ouverture et une meilleure utilisation de l'espace. Ça rend les lettres plus balancées, plus équilibrées. Avant de m'intéresser vraiment en profondeur à l'Art nouveau, j'ai fait certains logos comme par exemple celui de Agnorisis (voir logo) et celui de Apolokia (voir logo) puis l'Art nouveau m'a beaucoup inspiré pour les logos de Wolves in the Throne Room
Wolves in the Throne Room


Clique pour voir la fiche du groupe
(voir logo), A Hill to Die Upon (voir logo), Valdyr (voir logo), Araziel (voir logo), Liquid Angel, Illicid, Dragonfly (voir logo), Visalis, Acheron of Sorrow qui a été inspiré par l'architecte italien Giovanni Michelazzi, celui de Droefheid a vraiment été inspiré par Horta. Le logo de The Green Horn a été inspiré par l'Art déco avec des éléments de l'Art nouveau. Le logo de Samsas Traum a été inspiré par le Wiener Secession qui fait estampe Art nouveau.
Maintenant, j'essaie d'aller plus loin et j'explore le japonisme comme le logo que j'ai fait pour Aeternal in Black, avec utilisation de lettres verticales, estampe japonaise. Mon art continue à se diversifier.


Tu as fait énormément de logos pour des groupes de metal extrême, mais as-tu fait autre chose ? As-tu eu d'autres types de commandes ?

C.S. : Bien sûr. J'ai aussi fait des logos pour des compagnies, comme par exemple The Anchor Aquarium Services, Night Line, TV3 News, ou récemment Fast Company qui m'a demandé de revisiter les logos de Microsoft, Facebook, ... en version black metal (voir ici). Le lien a beaucoup été partagé ensuite. Je suis quand même sorti de ce cercle fermé du metal extrême.



© ChamO


Quelle est la demande la plus incongrue que tu aies eue ? Celle qui t'a le plus surpris ?

C.S. : Ce qui m'a le plus surpris, c'est Trivium
Trivium


Clique pour voir la fiche du groupe
qui m'ont demandé un logo black metal (voir logo). Pour moi, Trivium
Trivium


Clique pour voir la fiche du groupe
c'est du metal commercial pour les petits jeunes. Mais ils m'ont payé un supplément donc je me suis lancé dedans.


Le logo a été utilisé ?

C.S. : Il est sur le point de l'être. C'est tout récent.
Dans les logos incongrus, je pense à Meat Anchor, qui font du punk, qui m'avaient demandé un logo vraiment death metal avec un dauphin et une tortue empalée de chaque côté du logo. Puis un groupe de funkcore qui voulait un logo vraiment black metal. Leur musique était un mélange totalement incongru de salsa, calypso, jazz, techno, house music et grindcore. Il y avait en fait deux groupes comme ça : Satanic Marshmallows of Doom et Donkey Snatch. Ils n'ont pas fait long feu.


Tes prix restent fort accessibles. N'as-tu jamais voulu augmenter tes prix pour essayer de vivre de ton art ?

C.S. : Mes clients ont souvent des petits budgets. La plupart des groupes me disent que 60, c'est limite. Mais je suis sur le point de revoir mes tarifs à la hausse et de demander 100, ce qui va être déjà beaucoup moins accessible. J'ai peur d'être vu comme une rock star si mes prix deviennent trop élevés. Et il y a aussi la passion. Je suis addict. Ce logo de Heartbleed que je suis en train de concevoir devant toi (Ndlr : Christophe, inspiré par le logo du bug Heartbleed, a commencé un logo ce jour-là qu'il dessine en même temps qu'il répond à mes questions), je ne vais pas avoir un radis pour ça. Je le fais car ce nom Heartbleed m'a inspiré (voir logo).


De qui vient l'initiative du livre Lord of the Logos ?

C.S. : L'éditeur Gestalten avait lu une interview de moi dans Vice Magazine, en 2009, où je disais que mon projet principal était de sortir un livre avec tous mes logos. Beaucoup de mes fans m'en avaient fait la demande. Ils m'ont contacté en 2010. J'ai fourni pratiquement 6000 logos à Gestalten et ils en ont retenu 2500 qui se trouvent dans le livre.


TU AS AIME ? PARTAGE !
Google +
Twitter
Facebook
Whatsapp
E-mail
E-mail
Google +
Twitter
Facebook
AUTEUR : Elodie
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant ...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au déto...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au détour d'un backstage ou d'un coin de bar. ...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au détour d'un backstage ou d'un coin de bar. ...
Liégeoise immigrée dans la capitale, Elodie a rejoint l'équipe en 2012 et s'est rapidement imposée comme une rédactrice compulsive en alimentant abondamment la section 'News' tout au long de la journée. Plus intéressée par la musique sombre que par la pop-punk, elle réalise également des interviews d'artistes dans la confidence, au détour d'un backstage ou d'un coin de bar. ...

► COMMENTAIRES

Tu dois être connecté pour pouvoir commenter !

Soit en deux clics via Facebook :

image

Soit via l'inscription classique (mais efficace) :

image

► A VOIR ENSUITE