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Les dessous des compilations FALLING DOWN

Entretien avec les deux passionnés qui se cachent derrière l'initiative des Compilations FALLING DOWN


Vendredi 26 mars 2010

Qui se cache derrière le projet des compilations Falling Down ?

X: Des êtres peu fréquentables, vraiment… des pervers pédophiles, drogués au speed, schizophréniques, misanthropes convaincus et nihilistes assumés, qui implorent chaque nuit Satan pour que le chaos s’abatte sur nos misérables existences. La Falling Down Company n’est qu’un prétexte… une couverture: tout le pognon amassé par les ventes des compilations est réinvesti dans la recherche pour le développement des armes bactériologiques. Mais la recherche avance péniblement, malheureusement, et nous manquons cruellement de moyens: ils se pourraient bien que les deux protagonistes décident par la suite de se lancer dans le trafic d’enfants ou celui d’organes… à voir où se situe la demande la plus forte: ce n’est rien de plus que de la science économique après tout.





D’où vous est venue l’idée de réaliser une telle compilation ?

Yann: L’idée originelle est simple, et c’est la même, je pense, qui te pousse à écrire des articles durant ton temps de libre: les groupes apportent tellement avec leur musique, leur art véhicule tellement d’émotions et de plaisirs, que tu te sens (presque) obligé de les soutenir en contre-partie, de t’investir modestement pour les remercier, de ne pas en profiter égoïstement. On s’est lancé dans ce projet de compilation, mais ce « soutien » aurait très bien pu se matérialiser autrement: organiser des concerts, monter une distro, créer un label, etc. Inconsciemment, je pense que nous avions à l’esprit une image assez naïve: faire le premier volume n’aurait du durer que quelques semaines. Il aurait juste suffit d’envoyer une poignée de mails, faire presser l’objet et point final. Pourquoi pas ? Or, si évidemment ça n’a rien à voir avec l’organisation d’un festival comme le Roadburn ou que sais-je, faire une compilation, sur plusieurs cds, avec pour objectif d’amasser le maximum de morceaux inédits de tes groupes favoris, n’est finalement pas une chose si simple que ça. On a tout appris sur le tas/tard : si cette expérience nous a pris un temps fou et réservée un lot incroyable de surprises. Avec le recul que nous avons, nous ne regrettons vraiment pas d’avoir dépenser autant d’énergie dans ce projet : juste pour les rencontres humaines, ça en valait vraiment le coup.



Le premier volume de la compilation a rencontré un succès. Pensez-vous que ce deuxième volume va rencontrer le même ou un plus grand ? Pourquoi ?

T : Je ne sais pas si on peut qualifier le premier volume de succès, mais il est évident qu'on ne s'attendait pas à réaliser un projet d'une telle envergure au début et la plupart des critiques ont été positives. De la à parler de succès...
Pour ce second volume, on espère bien sur aller au-delà de l'intérêt susciter pour le premier, notamment dans d'autres pays que la France. On a soigné l'objet en lui-même, on essaye de faire en sorte que le projet puisse se propager à travers les frontières.


Yann : Nous sommes contents que tu le perçoives comme ça, déjà. Succès est évidemment un mot extrêmement relatif, mais disons que oui, pour le projet en lui-même (une simple compilation), les groupes/scènes concernés, et notre terrible amateurisme, l’accueil qu’on nous a réservé nous a surpris, agréablement, et poussé d’une certaine manière à poursuivre l’aventure. L’objectif n’est/était pas de flatter nos egos ou sais-je : si des personnes ont pu découvrir des groupes via nos compilations, prendre du plaisir à écouter les morceaux inédits des groupes qu’ils chérissent, alors oui, c’est un succès. Concernant le second volume, et grâce au premier, nous avons pu nous permettre de contacter des groupes ayant une plus grande notoriété. Pour autant, je ne suis pas convaincu que cette nouvelle compilation rencontre un plus grand succès : la première était bien plus homogène, touchait un public bien plus précis. Là, nous nous sommes fait plaisir : tu retrouveras aussi bien du post-rock mielleux, que du grind en excès de vitesse, du space-rock/psyché totalement embrumé ou encore du doom funèbre. Plus hétérogène en somme, plus éclectique (même si je suis le premier à dire que je ne le suis pas) : on verra donc bien si les gens ont des goûts similaires aux notre.



Ce premier volume était composé de 3 cds. Il y avait pas mal de groupes français. Qu’en est-il de ce deuxième volume ?

T. : Ce deuxième volume est un 2CD Digisleeve, avec des groupes de tous horizons, aussi bien géographiques que musicaux d'ailleurs. On y trouve des groupes aussi bien Français que Suisse, Allemand, Américains, Suèdois, etc., aussi bien renommés ou très peu connus. La qualité de la musique est avant tout le critère déterminant, les autres sont moindres.

Yann : En effet, beaucoup de groupes français, mais également helvètes. Il y avait en tout 7 nationalités différentes sur le premier volume. Pour la seconde, nous avons mis un peu de temps avant de nous rendre compte que, finalement, il y aurait très peu de groupes français. Nous avons eu la chance de pouvoir faire participer la quasi-totalité de nos groupes français préférés : nous avons donc décidé de creuser dans la scène underground d’autres pays, l’Allemagne et les Etats-Unis principalement.





Est-ce que ce fût plus facile à mettre sur pied, avec l’expérience de la première compilation ?

T. : Oui dans le sens où, par rapport aux groupes, nous avions déjà quelque chose de matérialisé à leur montrer, et forcément, on a pu rassembler plus facilement les groupes qu'on espérait.

Yann : Oui, assurément. Même si cette expérience est toute relative, elle nous a permis de ne pas refaire certaines erreurs, de mieux gérer notre temps, d’avoir plus de crédibilité vis-à-vis des groupes qui ne nous connaissaient pas, d’avoir plus de faciliter dans la promotion, etc. Nous sommes encore jeunes (toujours étudiants), nous n’avions jamais rien fait auparavant, dans/pour la musique : nous sommes donc partis de rien, en quelque sorte. Nous ne pouvions donc que nous améliorer : nous devrions arriver à faire quelque chose de correct pour notre huitième volume, a priori.



Avec la sortie de Falling Down II, vous avez mis sur pied un webzine spécial : http://fallingdownzine.blogspot.com
Quelle est sa vocation ?


T. : Je dirais que c'est avant tout par envie, envie de pouvoir écrire simplement et librement ce qu'on veut, quand on veut. C'est cool d'écrire dans un univers qui va coller avec tes émotions musicales, ça évite déjà de voir des dizaines de chroniques de groupes inintéressants et de devoir trier pour s'y retrouver.
Des albums peuvent être revus sous autres formes qu'une description linéaire cloisonnée entre 4 murs. En bien ou en mal, peu m'importe.


Yann : Encore et toujours la même chose, se faire plaisir et supporter les groupes que nous chérissons. Nous avions déjà travaillé pour d’autres webzines auparavant, mais nous manquions de libertés. Nous avons donc décidé de nous lancer dans notre propre projet, d’imposer notre propre ligne directrice. Ecrire des articles est quelque chose qui me tient vraiment à cœur, je crois que j’aurais beaucoup de mal à m’en passer. L’objectif n’est pas de venir vous « concurrencer » ou que sais-je : nous souhaitons juste établir une relation de confiance entre nous et les lecteurs. S’il arrive qu’un jour une personne prenne le temps de se pencher sur tous les artistes que nous mettons en avant (via une interview, une review, un report, etc.) car elle sait que nous ne supportons pas n’importe quel groupe, alors je pense que nous pourrons être très fiers. Nous passons du temps quand nous nous lançons dans l’écriture d’un article, nous prenons donc soin de ne pas parler de n’importe qui, de ne pas chroniquer à foison pour embellir nos statistiques. Je suppose qu’il doit être plaisant d’être lu des milliers de fois en quelques jours, mais je crois que je préfère tout de même n’être lu que par quelques dizaines de personnes, mais passionnées. Si ça n’aurait pas été le cas, nous aurions intégré un gros webzine déjà existant.



Tant sur le premier volume que sur le deuxième volume, avez-vous rencontré des réponses surprenantes de certains groupes ? Inattendues ou décevantes ?

Yann : Des déceptions, il y en a eu… et on s’y attendait (nous savions, dès le début, que THE DILLINGER ESCAPE PLAN
THE DILLINGER ESCAPE PLAN


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serait annulé… c’était juste bien trop irréel d’avoir une telle sommité). Je pense que nos plus belles surprises ont surtout eu lieu sur le premier volume: à l’époque, juste de recevoir un mail de Kylesa
Kylesa


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, d’Amenra
Amenra


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, de Pelican
Pelican


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, etc. se révélait être une chose incroyable, pour nous. Quand nous avons appris que les mecs de Knut
Knut


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, de Cortez
Cortez


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, de Kehlvin
Kehlvin


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, d’Amenra
Amenra


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, etc. allaient en studio spécialement pour nous enregistrer un morceau inédit, quand on a appris qu’on aurait un morceau inédit de Kylesa
Kylesa


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, que Pelican
Pelican


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, participerait, etc., c’était juste de la folie pure dans la Falling Down Company. Pour le second volume, nous étions évidemment toujours aussi contents d’apprendre que tel groupe composait un morceau pour notre compilation, que tel groupe acceptait de figurer, etc., mais le plaisir était juste plus « contrôlé ». On a travaillé avec plus de 60 groupes : on apprend donc avec le temps à ne plus se pisser dessus à chaque confirmation.




Comment avez-vous choisi les groupes qui figurent sur la compilation, D’abord le premier volume… ensuite le deuxième.

T. : On essaye de faire au mieux en fonction des ambiances qu'on veut donner à la compilation, d'avoir un ou deux groupes un peu plus connu pour attirer l'attention, mais le critère essentiel reste tout simplement nos goûts personnels. Après on peut être toujours plus ou moins surpris d'une chanson d'un groupe qui ne le représenterait pas tellement, mais c'est bien souvent en positif.

Yann : Nos goûts évoluent, assurément, et ça se ressent sur la tracklist de ce second volume lorsque tu le compares au premier. Nous ne sommes pas du genre à écouter pendant des années les cinq mêmes groupes, nous sommes vraiment avides de découvertes. Le Roadburn Festival, par exemple, l’année dernière, nous a permis de découvrir des perles incroyables (Ufomammut
Ufomammut


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, White Hills
White Hills


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, USX, Farflung
Farflung


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, etc.) et ça se ressent donc, logiquement, sur nos projets. Qui plus est, refaire une compilation à nouveau principalement orientée vers cette post-hardcore/rock n’était pas vraiment envisageable, à moins de se répéter. Ça nous a semblé être une bonne idée de ne pas trop s’enfermer dans une scène et de surprendre un peu dans le choix des groupes. Je lisais récemment sur un webzine allemand qu’il y avait peu de compilation qui était en mesure de proposer aussi bien du God Is An Astronaut
God Is An Astronaut


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que du Gnaw Their Tongues
Gnaw Their Tongues


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: pourquoi pas ? Seules les émotions importent.




Pourriez-vous nous parler de Domino Media Agency ?

T. : J'vais appeler mon avocat.

Yann : Comme je le disais précédemment, nous avons besoin d’argent pour financer nos recherches. On a donc fait appel à des professionnels du marketing et du management: Domino Media Agency, géré entre autre par Monsieur Aurelio du W-Fenec. Nos ventes ont depuis explosé de 300%, notre part de marché s’est considérablement accrue et, surtout !, nous sommes désormais connus dans le monde entier: toujours plaisant. N’hésitez pas à prendre contact avec eux, ils sont adorables.





Falling Down II est tiré à 1.000 exemplaires. Pourquoi ce nombre ? Qu’en était-il du volume 1 ?

T. : 1000 exemplaires pour le premier, et 1000 exemplaires pour le second. Question pratique je présume... 500 ferait trop peu, et plus serait inaccessible. On aurait pu dire 997 ça fait plus collector mais bon, on y pensera...

Yann : Nous investissons des sommes d’argent assez importantes dans ces projets, plusieurs milliers d’euros entre les pressages, les masterings, la promotion, etc. Nous ne pouvons donc pas, malheureusement, aidé les groupes à payer le studio et les autres frais qu’ils peuvent avoir. Nous décidons donc de leur envoyer des exemplaires de compilations, qu’ils peuvent revendre de leur côté pour se rembourser. Donc, rien qu’avec ça, il y a une bonne partie des 1000 exemplaires qui ne nous appartient plus. Qui plus est, au niveau des frais de pressage, la différence entre 500 et 1000 copies n’est pas immense. Avoir 1000 exemplaires nous parait être un bon compromis, dans le sens où nous souhaitons vraiment faire un objet limité et qui, nous l’espérons, deviendra d’ici quelques temps collector. On verra bien ce que nous réserve la postérité…



Comment peut-on faire pour se procurer la compilation Falling Down ?
Reste-t-il des exemplaires du premier volume ?


T. : Et bien, pour ceux qui voudrait se la procurer directement, par Paypal, c'est possible ici : http://fallingdowncompilation.bigcartel.com
Sinon, simplement en envoyant un mail par là : .fallingdown


La première compilation est encore disponible oui, il y a un pack FDI + FDII relativement abordable.

Yann: Il nous en reste, oui, mais nous avons une envie incoercible d’afficher fièrement un « sold-out » sur notre page Myspace. Nous avons donc mis en place un pack, et vu les ventes jusqu’à présent, nous en sommes très agréablement surpris. Tout ceux qui trouvaient la première un peu cher, ou n’étaient pas arrivés à mettre la main dessus, semblent être intéressés. Les étrangers sont ceux qui semblent être les plus intéressés par ces packs: on a déjà reçu des demandes du Japon, Australie, Finlande, etc. On espère se séparer de nos derniers exemplaires tout prochainement… même si, je te l’avoue, l’aspect business n’est pas notre point fort: on a mis plus de deux ans avant de nous rendre compte qu’un compte Paypal serait, finalement, une bonne chose pour accroître nos ventes. On a des progrès à faire à ce niveau…



Allez-vous rempiler pour un troisième volume ?

Yann : Difficile à dire. Dans l’immédiat, il est certain qu’on ne va rien rempiler du tout: ça va faire trois ans que les compilations me hantent au quotidien. Ce genre de projet demande vraiment d’être continuellement connecté, et même en étant le plus souvent disponible, nous avons toujours mis au moins une année pour sortir une compilation. Ce n’est pas une fatigue physique, mais pourtant je peux t’assurer que pour chaque volume, à la fin, nous étions vraiment fatigués et las, prêt à baisser les bras dès la moindre complication. Si quelque chose doit être refait sous le nom de Falling Down, ce sera quelque chose d’une moins grande ampleur je pense : une compilation qui regrouperait une toute petite dizaine de groupes, avec 100% d’inédits, dans une magnifique box format LP en bois par exemple. Pourquoi pas ? Là encore, on verra bien ce que la postérité nous réserve… mais rien avant de (très) nombreux mois, c'est certain.

T. : Le temps des vaches grasses est terminé.


http://www.myspace.com/fallingdowncompilation

Les chroniques sur Shoot Me Again :
http://www.shootmeagain.com/chroniques/1410_fallingdowncompilation
http://www.shootmeagain.com/chroniques/1929_fallingdowncompilationvolumeii
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