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Il était UneFois l'empowerment féminin

Vendredi 17 juin 2022

Dominique, Clémentine et Lucile.
Elles forment l'agence de management de musiciennes UneFois.
Elles organisent le festival « Unefois #Womenonstage » qui se déroulera à Bruxelles du 4 au 9 juillet 2022.
Au menu : ateliers musicaux, apéro réseautage pour musiciennes et concerts.
On vous présente l’agence et le festival !



Crédit photo : Séverine Bailleux

Bonjour les filles. Pouvez-vous chacune vous présenter en quelques mots ?

Dominique : Je suis une musicienne active dans la scène alternative bruxelloise depuis 30 ans. Je suis guitariste et chanteuse chez Baby Fire
Baby Fire


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, un groupe de post-punk que j’ai créé en 2009. Je chante aussi dans von Stroheim
von Stroheim


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et Veda
Veda


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. Récemment j’ai créé Fleur de Feu, auquel participent aussi Déhà
Déhà


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et Teuk Henri, ainsi que de nombreux autres musicien.nes. Il s’agit de musique ambient, qui comporte aussi une dimension spirituelle. Clémentine et moi avons co-fondé l’agence UneFois en 2016.

Clémentine : Je suis productrice, auteure, compositrice. Je suis aux manettes de mon projet solo Clemix
Clemix


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depuis 2017 qui mélange chanson et musiques électroniques. Avant cela, j’ai porté un certain nombre de projets avec d’autres musicien.nes (Hands up Boys, Panda Royal, etc.) et j’ai été également DJ pendant de nombreuses années.

Lucile : Je suis autrice, compositrice, interprète depuis plus de 15 ans. D’abord musicienne dans plusieurs groupes de folk-rock à Paris, je suis artiste solo du projet indie pop Lux Montes depuis 2015. En 2013, j’ai fondé l’association « Elles en Ont! » dont l'objectif est d’encourager la visibilité des femmes artistes, et pour laquelle je recueille des paroles de musiciennes. En 2015, j’ai créé mon label Verdad Records avec lequel j’ai autoproduit mes 2 EP et 2 albums. Depuis 2019, j’ai rejoint l’agence UneFois en Belgique.

Dans quel contexte et pourquoi avez-vous créé cette agence de management de musiciennes (et donc pas de musiciens) ?

Clémentine : L’agence a été fondée en 2016 par Dominique, Karine et moi suite à un stage de self management au Conseil de la Musique. Comme nous avions travaillé toute la semaine aux stratégies de développement et aux questions de management, nous avons eu naturellement envie de continuer à nous réunir pour travailler ces questions.

« On s’est retrouvées à trois, on était des femmes, outre d’être des musiciennes, c’était sans doute ce qui nous reliait le plus. »

Karine a préféré quitter l’agence en 2019 et Lucile nous a rejoint.

Comment fonctionnez-vous ? L’agence de management à cette caractéristique particulière d’être gérée collectivement par les artistes elles-mêmes.

Clémentine: C’est d’abord un lieu d’écoute bienveillante, de sororité, de partage des informations et d’entraide. C’est ensuite un lieu de travail des stratégies. A chaque réunion, on fait le point sur chaque projet et sur les éventuelles difficultés, on se penche éventuellement sur certains aspects de management qui concerne l’une ou l’autre. Enfin, c’est un outil afin de représenter nos projets dans le secteur musical puisqu’on fonctionne alors comme une agence classique qui promeut les groupes de son catalogue, notamment dans les salons et les évènements pros (en Belgique et à l’étranger).


Crédit photo : Séverine Bailleux


Concrètement, que faites-vous, par rapport aux autres agences, pour favoriser la représentation et la visibilité des femmes dans les musiques actuelles ?

Clémentine: En ayant un catalogue de projets 100% portés par des femmes, on favorise de fait la visibilité des femmes. Et puis, on se présente comme tel : une agence de MUSICIENNES, ça fait notre particularité, notre ADN. Et s’affirmer comme porteuse de projets musicaux en tant que femme libre et indépendante ou les défendre via l’agence c’est déjà un acte militant.

N’est-ce pas faire de la discrimination à l’envers ? Ne faudrait-il pas se baser sur la qualité des artistes, quel que soit leur sexe ?

Dominique : Il est un fait établi que les musiciennes sont sous-représentées dans les musiques actuelles. D’ailleurs c’est pour combattre cela qu’est né SCIVIAS. Cette plateforme œuvre à rendre le secteur musical plus inclusif en Fédération-Wallonie-Bruxelles, aussi bien pour les musiciennes que pour les postes décisionnaires dans les métiers liés à la musique (programmation, direction des salles de concert, etc.).

« Ayant échangé avec beaucoup de musiciennes au fil des ans, de façon récurrente, j’ai pu remarquer que les femmes ressentaient davantage un sentiment d’imposture, qu’elles questionnaient leur légitimité, contrairement à la majorité des musiciens. »

Il est donc essentiel à mes yeux de soutenir et d’encourager les musiciennes être autonomes et de pouvoir s’affirmer.

Clémentine : Je rajouterais que le copinage et l’effet Boys Club existent encore bel et bien et que tant que le pouvoir ne sera pas distribué plus équitablement (même s’il faut reconnaître des améliorations), les musiciennes seront de facto discriminées.

Vous êtes-vous fixé des objectifs, au sein de l’agence (en termes de représentativité, d’events, etc.) ?

Lucile : Notre premier objectif était de créer une espace de parole et d’échange où nous pourrions parler librement des difficultés, des doutes ou des challenges que nous rencontrons dans nos parcours artistiques. L’objectif suivant était de réunir nos forces et nos ressources pour représenter nos projets respectifs auprès des professionnel·les de la musique, des institutions, programmateur.rices. De gagner en autonomie dans la professionnalisation de nos projets sans dépendre toujours d'organes décisionnels de majorité masculine.

Vous organisez votre premier festival #womenonstage à Bruxelles du 4 au 9 juillet 2022. « Encore un festival féministe », diront certain·es, non ?

Lucile : Ce festival a pris forme dans le cadre de l’appel à projet Alter Egales initié par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui vise à assurer une meilleure représentation des femmes dans les secteurs professionnels.

« Notre volonté, en répondant à cet appel, était de mettre en lumière l'initiative originale de notre agence, de fédération de musiciennes, de co-management de projet, afin de gagner en visibilité et légitimité au sein du secteur des musiques actuelles où les statistiques montrent une représentation moindre des femmes. »

Cette première édition de festival a donc pour objectif de présenter les projets soutenus par l'agence, de fait, essentiellement féminins.
C’est une première étape vers, peut-être, l'organisation d’éditions futures, d'autres ateliers musicaux et d’autres projets ! l’avenir nous le dira (sourire).



Quels points d’attention mettez-vous en avant lors de ce festival ?

Lucile : Nous sommes parties autour du hashtag @womenonstage pour construire un programme visant à encourager les initiatives féminines dans le secteur de la musique. Au-delà de la soirée de concerts, nous proposons des ateliers d’expression musicale en mixité choisie pour musiciennes amatrices ou confirmées, ainsi qu’un temps d’apéro-réseautage afin que musiciennes et entrepreneuses de la musique puissent se rencontrer et échanger. Un temps pour créer des opportunités et de futures collaborations? Nous l'espérons.

Est-ce uniquement à destination des musiciennes et professionnelles de la musique ?

Lucile : Notre volonté première était d’encourager des envies et peut-être des vocations en proposant des ateliers découverte s’adressant majoritairement à un public d’amatrices ou néophytes.
Nous avons aussi souhaité nous adresser à des musiciennes professionnelles où ayant le désir de le devenir en organisant un apéro-réseautage où elles pourraient échanger avec des entrepreneuses du secteur de la musique.

Que direz-vous à quelqu’un·e qui hésite à participer au festival et à ses ateliers ?

Dominique : Ne soyez pas timides. Les ateliers seront donnés par des personnes bienveillantes, dans un cadre chaleureux et amical. Notre but, c’est de proposer des outils, des pistes afin de pouvoir s’épanouir créativement. La créativité artistique, c’est une part de nous qui peut nous aider à être plus fortes, plus résilientes. C’est aussi une source d’empowerment, d’autonomie.

Quelles sont vos attentes par rapport à l’évènement ?

Clémentine : On est une agence de management donc on veut bien sûr promouvoir nos groupes, c’est ce qu’on fera la soirée du 9 juillet. Mais on est avant tout des musiciennes qui portons nos propres projets, on est confrontée à la réalité de femmes dans les musiques actuelles, à la question de la visibilité, aux questions de parité dans les évènements.

« Parfois, il y a des choses qui nous rendent furieuses, par exemple quand on voit certaines programmations et qu’on sait qui est derrière (sourire). Du coup, avec cet événement, on avait aussi envie de rassembler les musiciennes, de montrer qu’on peut se regrouper, donner l’envie d’être collective, de s’entraider plutôt que de se concevoir comme des projets en rivalité. »

C’est ce qu’on fera à notre apéro-réseautage à destination des musiciennes et des femmes actives dans le secteur musical le jeudi 7 juillet. On avait envie aussi de transmettre nos savoir-faire à travers nos ateliers, de dire aux femmes, venez, faites, créez. C’est ce qu’on fera durant nos 3 jours d’ateliers musicaux. Nos attentes, c’est pouvoir toucher des femmes à ces différents moments et qu’on leur montre que tout ça, c’est possible.

Avez-vous un message pour les musiciens et les musiciennes ?

Clémentine: Fédérez-vous, rencontrez-vous, partagez, continuez de créer, ne vous découragez pas…

Que peut-on souhaiter à UneFois ?

Dominique : Une longue vie et de bonnes artères!

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AUTEUR : Isabelle
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière ve...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en ju...
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....
Ancienne journaliste notamment pour la presse régionale de la province de Luxembourg, elle a couvert, avec son carnet et son appareil photo, beaucoup de concerts et événements culturels et musicaux. Les conditions de travail des journalistes (qui ne sont toujours pas au top, soit dit en passant) ont fait qu’elle a réorienté sa carrière vers un autre secteur et qu’elle est devenue terriblement en manque… d’écriture. A rejoint l’équipe en juillet 2016....

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